Max Gallo - Caïn et Abel
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Un instant, nos deux corps unis avaient réalisé l’unité du monde. Vivre, c’était d’abord s’accoupler, posséder une femme avec la violence de l’égorgeur qui sacrifie un agneau.
Vivre, était-ce donc accepter d’être aussi une bête ?
Mais macérer dans la culpabilité du péché originel revenait à refuser l’élan vital, à faire de la vie ce calvaire au terme duquel il y avait, dressée, la croix du supplice.
J’avoue ici sans honte ce que j’ai pensé dans les heures qui ont suivi ma nuit partagée avec Claudia.
J’ai refermé le livre de l’Apocalypse de Jean et l’Évangile éternel de Joachim de Flore.
Je me suis séparé de saint François, dont le corps n’était que maladie et souffrance, qui avait la peau crevée par les clous et la lance de la Crucifixion.
J’ai condamné les disciples du Poverello qui martyrisaient leur corps au lieu d’en jouir.
À moins qu’ils n’aient trouvé la joie dans et par la douleur ?
Leur vie n’était qu’un long chemin vers la mort dans l’espoir de la résurrection.
Était-ce cela, célébrer la beauté et l’harmonie du monde, ou, au contraire, être aveuglé par le Diable ?
D’eux ou de moi, qui était fidèle à Dieu ?
Dans l’aube naissante, il m’a semblé que je n’avais plus besoin de la résurrection.
C’était sur cette terre, dans cette vie, avec tout mon corps, mon unique bien, que je devais chercher la paix de mon âme.
C’était ici-bas, et non dans leurs songes, que les hommes devaient instaurer un royaume de justice et d’égalité.
C’est alors que je me suis souvenu de Thomas Münzer, le révolté, l’hérétique.
Il avait inspiré la guerre qu’en 1525 les paysans avaient menée contre leurs princes. Ils avaient été vaincus et Münzer avait été torturé, puis décapité.
« À Mühlhausen, petite ville de Thuringe, raconte un témoin, sur l’emplacement où fut empalée sa tête, on dit que les pas des visiteurs, habitants de la ville et étrangers sans aveu, ont si fréquemment foulé le sol du sentier qu’on croirait presque une route publique, et si les magistrats n’y mettaient bon ordre, on en viendrait sans doute à vénérer Thomas Münzer comme un saint. »
30
Thomas Münzer avait été ordonné prêtre, puis, devenu disciple de Luther, il devint pasteur et se maria.
Râblé, la tête carrée, les mains épaisses, il avait la démarche pesante d’un homme de la terre habitué à suivre les sillons. Son éloquence était celle d’un prophète. Il accusait, menaçait.
Il était né en 1490 à Stolberg, au nord de Weimar, capitale de la Thuringe. Ses parents étaient de pauvres gens. Il avait connu la misère, l’injustice, mais aussi la honte et l’amertume qui lui font escorte. Son père avait été pendu à la potence seigneuriale, peut-être pour une injure, un regard insolent, un geste de rébellion.
Quand Thomas prêche, il se souvient qu’il est le fils d’un pendu.
Il interpelle les nobles princes, les comtes qui interdisent qu’on assiste à ses sermons porteurs de révolte.
« Vois-tu, pauvre misérable sac d’asticots, lance-t-il au comte de Stolberg, qui t’a fait prince de ce peuple que Dieu a payé de son sang ?… Si tu n’acceptes pas de t’humilier devant les petits, sache que nous avons un ordre immédiatement exécutoire, je te le dis : le Dieu éternel et vivant a promis que nous t’arracherions de ton siège avec tout le pouvoir qui nous a été confié. Car tu es inutile à la chrétienté, tu es un fléau pernicieux pour les amis de Dieu, ton nid doit être détruit, réduit en miettes ! »
En Thuringe, en Souabe, en Franconie, en Alsace et en Franche-Comté, paysans, tisserands, mineurs s’étaient rassemblés autour de lui, armés de faux, de coutelas, de fourches, de bâtons et aussi d’arquebuses.
Ils étaient près de quarante mille et priaient, chantaient des psaumes, brûlaient récoltes et châteaux, pillaient les couvents.
Ils voulaient le règne de Dieu sur terre. Tout au long de l’année 1524, ils avaient vu des signes annonçant la fin des temps d’injustice.
Thomas Münzer avait lu l’ Évangile éternel de Joachim de Flore. Il croyait aux âges du monde. L’année 1525 devait être celle de la purification. Plus de mille châteaux furent alors incendiés.
Luther, qui avait rencontré Münzer et l’avait soutenu, se dressait à présent contre lui, prêchant la soumission à l’autorité :
« Jésus Christ lui-même attaché à la Croix, que fait-il ? Ne prie-t-il pas pour ses persécuteurs ? ne dit-il pas : “Ô mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font…” ? Moi, Luther, je n’ai point tiré l’épée, je n’ai point fait de révolte, j’ai toujours prêché l’obéissance à l’autorité, même à celle qui me persécutait. Je me reposais toujours sur Dieu, je remettais tout entre Ses mains. Vous, vous profanez le nom du Christ et de sa sainte Loi. Quelque justes que puissent être vos demandes, il ne convient pas au chrétien de combattre ni d’employer la violence : nous devons souffrir l’injustice, telle est notre loi ! »
Depuis la mort de Marie, j’avais oublié Münzer et rallié le camp de Luther. La vie était souffrance, j’étais coupable, je marchais parmi les flagellants et j’attendais qu’on me punisse.
Et voilà qu’une seule nuit partagée avec Claudia me rappelait la révolte de Thomas Münzer, de tous ceux qui en ce monde se dressaient contre l’iniquité et acceptaient de brandir le glaive.
Quel était le camp de Dieu ?
Je me souvenais de mes premières rencontres avec Münzer. J’avais dix-sept ans. Je lisais Voltaire, Goethe, Marx, Engels et Sartre. Tous avaient évoqué la Bauernkrieg , cette guerre des paysans conduite par Thomas Münzer, prophète du royaume de Dieu ici-bas, sur cette terre.
Dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations , Voltaire avait écrit :
« Luther avait réussi à faire soulever les princes, les seigneurs, les magistrats contre le pape et les évêques, Münzer souleva les paysans contre tous ceux-ci ; lui et ses disciples s’adressèrent aux habitants des campagnes… Ils développèrent cette idée dangereuse qui est dans tous les cœurs, c’est que les hommes sont nés égaux et que si les papes avaient traité les princes en sujets, les seigneurs traitaient les paysans en bêtes… Münzer et ses disciples réclamaient les droits du genre humain, mais ils les soutinrent en bêtes féroces… »
Les paysans revendiquaient l’égalité. Ils contestaient le droit de propriété.
Et Thomas Münzer leur criait :
« Dieu ne peut se révéler avant longtemps, vous devez passer à l’action ! Si vous ne le faites pas, les sacrifices, les douleurs, tout aura été vain… »
Mais que pouvaient-ils, ces paysans, contre les bombardes, les cavaliers et lansquenets des princes ?
Ils ignoraient la discipline et les règles de la guerre. Ils s’élançaient, puis se débandaient et fuyaient.
Ils furent cent mille à être abattus, sabrés, écrasés sous les boulets, et par centaines ils furent pendus, par milliers égorgés ou décapités.
Le corps brisé par les tortures, Thomas Münzer posa sa tête sur le billot.
« Je crois, hélas, dit-il avant de mourir, que c’était folie que de confier la défense de la liberté à des hommes qui n’ont pas la liberté intérieure… Les paysans ne méritent pas encore d’être libres. »
Les pauvres gens le seront-ils un jour, ou bien devront-ils se contenter de prier, de souffrir, d’espérer dans l’attente d’un autre monde ?
La question me taraude.
« J’ai voulu de trop grandes choses, dit encore Münzer. Mais prendre patience, un homme comme moi ne le peut pas ! »
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