Мишель Монтень - Les Essais - Livre II
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À MADAME DE DURAS 786.
64. Madame, c'est là que j'en étais de mes « Essais » quand vous êtes venue me voir dernièrement. Comme il se pourrait que ces inepties tombent un jour entre vos mains, je veux aussi qu'elles témoignent de ce que leur auteur se sent très honoré de la faveur que vous leur accorderez. Vous y reconnaîtrez l'attitude et le comportement que vous lui connaissez dans sa conversation. Même si j'avais pu prendre une autre apparence que celle qui est la mienne d'ordinaire, une autre allure plus honorable et meilleure, je ne l'aurais pas fait : c'est que je n'attends rien d'autre de ces écrits que de me rappeler à votre souvenir tel que je suis naturellement. Ces façons d'être et ces dispositions d'esprit que vous avez connues et accueillies, Madame, avec bien plus de considération et de courtoisie qu'elles ne méritent, ce sont celles-là mêmes que je veux loger, sans altération ni changement, en quelque chose de solide, qui puisse durer quelques années ou quelques jours après moi, et où vous les retrouverez quand il vous plaira de vous en rafraîchir la mémoire, sans avoir à vous donner la peine de vous en souvenir — car elles ne le méritent pas. Mon désir est de vous voir maintenir votre amitié en ma faveur, grâce aux mêmes qualités que celles qui l'ont fait naître.
65. Je ne désire nullement qu'on m'aime et m'estime mieux mort que vivant. L'attitude de Tibère est ridicule, et pourtant courante : il avait plus le souci d'étendre sa renommée dans l'avenir qu'il n'en avait de se rendre estimable et agréable aux hommes de son temps. Si j'étais de ceux à qui le monde pût devoir des louanges, je l'en tiendrai quitte pour la moitié seulement pourvu qu'il me les payât d'avance : qu'elles se pressent et s'amoncellent autour de moi, plus épaisses que longues, plus pleines que durables. Et qu'elles s'évanouissent pour de bon quand j'en perdrai la conscience et que leur doux son n'atteindra plus mes oreilles.
66. Ce serait une idée bien sotte, alors que je suis sur le point d'abandonner la société des hommes, d'aller maintenant me montrer à eux sous prétexte de quelque nouveau mérite. Je ne tiens pas le compte des biens que je n'ai pu employer dans ma vie. Quel que je sois, je veux l'être ailleurs que sur le papier. Mon art et mon savoir-faire ont été employés à me mettre en valeur. Mes études, à apprendre à agir et non à écrire. J'ai mis tous mes efforts à donner forme à ma vie : voilà mon métier et mon ouvrage. Je suis moins un faiseur de livres que de toute autre chose. J'ai voulu avoir quelques capacités pour servir mes besoins présents et essentiels, non pour les mettre en dépôt ni en faire une réserve pour mes héritiers.
67. Que celui qui a quelque valeur le fasse connaître par sa façon d'être, et en ses propos ordinaires, à sa façon de traiter l'amour ou les querelles, au jeu, au lit, à la table, dans la conduite de ses affaires, en s'occupant de sa maison. Ceux que je vois faire de bons livres étant mal vêtus se seraient plutôt occupés d'abord de leur mise, s'ils m'avaient écouté. Demandez à un Spartiate s'il aime mieux être bon rhétoricien que bon soldat ! Moi-même, j'aimerais mieux être bon cuisinier, si je n'avais personne pour s'occuper de cela.
68. Mon Dieu ! Madame, comme je détesterais avoir la réputation d'être quelqu'un d'habile dans ce que j'écris et un homme de rien, un sot, par ailleurs ! J'aime encore mieux être un sot ici et là, plutôt que d'avoir si mal choisi l'endroit où employer ma valeur. C'est pourquoi il s'en faut de beaucoup que je cherche à me faire quelque nouvel honneur par ces sottises, et ce sera déjà bien si je n'y perds pas un peu de ce que j'avais acquis. Car au-delà de ce que ce portrait mort et muet cache de mon être véritable, il ne se rapporte pas non plus à mon meilleur moment, mais à celui où j'ai bien perdu de la vigueur et de l'entrain que j'avais à mes débuts, à celui où je tire sur le flétri et sur le rance. Je suis au fond du tonneau, qui sent la fin et la lie.
69. Au demeurant, Madame, je n'aurais pas osé agiter si hardiment les mystères de la médecine, étant donnée la confiance que vous et tant d'autres lui accordez, si je n'y avais été amené, et par ses auteurs eux-mêmes 787. Je crois bien qu'il n'y en a que deux chez les Latins : Pline l'Ancien et Celse 788. Si vous les lisez un jour, vous verrez qu'ils s'adressent bien plus brutalement à leur art que je ne le fais : je ne fais que le pincer, ils l'égorgent. Pline se moque, entre autres choses, du beau moyen qu'ils ont trouvé pour se défiler, quand ils sont « au bout du rouleau 789 » : ils renvoient les malades qu'ils ont secoués et tourmentés pour rien avec leurs drogues et leurs régimes, les uns demander du secours aux vœux et aux miracles, les autres aux eaux thermales. (Ne vous inquiétez pas, Madame, il ne parle pas de celles d'ici, sous la protection de votre maison, et qui sont toutes Gramontoises 790.) Ils ont encore une troisième façon de nous éloigner d'eux, et de se décharger des reproches que nous pouvons leur faire du peu d'amélioration de nos maux, sur lesquels ils ont pourtant régné si longtemps qu'il ne leur reste plus aucun moyen de nous leurrer : c'est de nous envoyer chercher le bon air dans quelque autre contrée. Mais j'en ai assez dit, Madame : vous me donnerez certainement la permission de reprendre le fil de mon propos, dont je m'étais détourné pour m'entretenir avec vous.
70. C'est Périclès, il me semble, qui a répondu, comme on lui demandait comment il se portait : « Vous pouvez en juger par ça... », en montrant les amulettes qu'il portait au cou et au bras. Il voulait dire par là qu'il était bien malade, puisqu'il en était arrivé à avoir recours à des choses aussi vaines, et à s'être laissé affubler de cette façon. Je ne dis pas que je ne puisse être amené un jour à cette idée ridicule de soumettre ma vie et ma santé à la merci et aux ordres des médecins : il se pourrait que je tombe dans cette sottise, je ne puis répondre de ma fermeté future. Mais même alors, si quelqu'un me demande comment je me porte, je pourrai lui dire, comme Périclès : « Vous pouvez en juger par ça... » en montrant ma main chargée de six dragmes 791d'opiate 792. Ce sera le signe tout à fait évident d'une maladie violente, puisqu'on y verra que mon jugement est complètement détraqué. Si la frayeur et l'incapacité de supporter le mal obtiennent cela de moi, on pourra facilement en conclure que mon âme est en proie à une fièvre vraiment terrible.
71. J'ai pris la peine de plaider cette cause, dans laquelle je ne suis pas très compétent, pour appuyer et conforter un peu ma tendance naturelle à me défier des drogues et des pratiques de notre médecine, tendance qui me vient de mes ancêtres. Et je l'ai fait pour que ce ne soit pas seulement une inclination stupide et incontrôlée, mais qu'elle ait un peu plus de tenue. Afin aussi que ceux qui me voient si ferme contre les exhortations et menaces que l'on me fait quand mes maladies me prennent, ne pensent pas qu'il s'agisse là d'une simple obstination ; ou qu'il n'y ait pas quelqu'un d'assez mauvais pour penser qu'il s'agisse d'un quelconque souci de gloriole. Ce serait vraiment un désir bien placé que de vouloir tirer honneur d'une attitude que j'ai en commun avec mon jardinier et mon muletier ! Certes, je n'ai pas le cœur assez enflé ni si plein de vent pour échanger un plaisir aussi solide, aussi charnu et substantiel que la santé contre un plaisir imaginaire, immatériel et creux. La gloire, même celle des quatre fils Aymon, est trop cher payée pour un homme comme moi, si elle lui coûte seulement trois sous de « coliques ». La santé, de par Dieu !
72. Ceux qui aiment notre médecine peuvent aussi avoir là-dessus des points de vue qui soient valables, grands et solides. Je ne hais pas les opinions contraires aux miennes. Cela ne m'effraie pas du tout de voir de la discordance entre mes jugements et ceux d'autrui, et je ne me coupe pas pour autant de la société des hommes qui ont un autre point de vue et sont d'un autre parti que le mien. Au contraire (comme la diversité est la méthode la plus générale que la Nature ait suivie, et surtout en ce qui concerne les esprits, plus que pour les corps, car les esprits sont faits d'une substance plus souple et plus susceptible d'avoir des formes variées), je trouve qu'il est bien plus rare de voir s'accorder des caractères et des desseins. Et il n'y eut jamais au monde deux opinions semblables, pas plus que deux cheveux, ou deux grains. Leur façon d'être la plus générale, c'est la diversité.
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