Мишель Монтень - Les Essais - Livre II
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54. Au demeurant, j'honore les médecins, non pas selon le précepte de l'Ecclésiastique 781, parce que c'est nécessaire — car à ce passage on en oppose un autre du prophète, qui reproche au roi Asa d'avoir eu recours à un médecin — mais par affection pour eux, ayant trouvé parmi eux beaucoup d'hommes estimables et dignes d'être aimés. Ce n'est pas à eux que j'en veux, mais à leur « art », et je ne les blâme guère de profiter de notre sottise, puisque la plupart des gens en font autant. Bien des métiers, moins honorables ou au contraire plus nobles que le leur, n'ont d'autre fondement et ne trouvent d'autre appui que dans la sottise populaire. Je les fais venir à mon chevet quand je suis malade, s'ils se trouvent justement dans les environs ; je demande à m'entretenir avec eux, et je les paie comme les autres. Je leur permets de m'ordonner de me couvrir chaudement, si c'est ce que je préfère ; ils peuvent choisir entre les poireaux et les laitues pour que mon bouillon soit fait comme il leur plaît, et m'ordonner le vin blanc ou clairet : et ainsi de suite, pour toutes les choses qui sont indifférentes à mon appétit et à mes habitudes.
55. J'entends bien que pour eux, cela n'est rien du tout, car l'amertume et la bizarrerie sont des particularités appartenant à l'essence propre du remède. Lycurgue prescrivait du vin aux Spartiates malades. Pourquoi ? Parce que, étant en bonne santé, ils le détestaient. Exactement de la même façon qu'un gentilhomme, mon voisin, s'en sert comme médicament très efficace contre ses fièvres, parce qu'il en déteste absolument le goût quand il est dans son état naturel.
56. Combien en voyons-nous, parmi les médecins, qui sont comme moi, qui dédaignent la médecine pour leur propre usage, et adoptent une façon de vivre libre, tout à fait contraire à celle qu'ils ordonnent aux autres ? N'est-ce pas là abuser de notre naïveté ? Car ils n'attachent pas moins d'importance que nous à leur vie et à leur santé, et ils mettraient leurs actes en accord avec leur science s'ils n'en connaissaient la fausseté.
57. C'est la crainte de la mort et de la douleur, l'incapacité à supporter la maladie, un besoin terrible et irrépressible de la guérison qui nous rend ainsi aveugles : c'est pure lâcheté que d'être aussi faibles et influençables. La plupart des gens, pourtant, ne croient guère à la médecine, même s'ils la laissent faire et la supportent : je les entends s'en plaindre et en parler — comme nous. Mais il leur faut s'y résoudre à la fin : « Comment faire autrement ? » Comme si refuser de souffrir était en soi un meilleur remède que la souffrance. Est-il quelqu'un, parmi ceux qui se sont laissés aller à cette misérable sujétion, qui ne se livre pas aussi à toute sorte d'imposture ? qui ne se mette pas à la merci de quiconque est assez hardi pour lui promettre la guérison ?
58. Les Babyloniens transportaient leurs malades sur la place publique 782 : le médecin, c'était le peuple. Chacun des passants devait, par humanité et politesse, s'enquérir de leur état et leur donner quelque avis salutaire tiré de leur propre expérience. Nous ne faisons guère autrement : il n'est pas une seule bonne femme 783dont nous n'utilisions ce qu'elle marmonne dans ses formules magiques. Et si je devais accepter quelque médecine, j'accepterais spontanément plutôt celle-ci, car elle offre au moins cet avantage qu'on n'en a rien à craindre.
59. Homère et Platon disaient des Égyptiens qu'ils étaient tous médecins. Cela peut se dire de tous les peuples, car il n'est personne qui ne se vante de connaître quelque remède, et qui ne soit prêt à l'essayer sur son voisin, à ses risques et périls s'il veut bien le croire. Je me trouvais l'autre jour dans un groupe de gens où quelqu'un qui souffrait comme moi, annonça la nouvelle d'une sorte de pilule faite d'une centaine d'ingrédients au moins, bien comptés. Ce fut une grande joie et un extrême réconfort ; quel rocher pourrait en effet résister au tir d'une telle batterie. J'ai pourtant appris, de ceux qui l'ont essayée, que la moindre petite « pierre » n'en fut même pas ébranlée.
60. Je ne puis quitter ce papier sans dire encore un mot sur le fait qu'ils nous présentent, comme une preuve de l'efficacité de leurs drogues, cette expérience qu'ils ont faite. La plupart, et même je crois bien plus des deux tiers des vertus médicinales relèvent de la « quinte essence 784 », ou propriété occulte des plantes ; et nous ne pouvons en avoir connaissance que par l'expérience, car cette « quinte essence » n'est pas autre chose qu'une qualité dont notre raison ne peut nous permettre de trouver la cause. Et parmi leurs preuves, je suis content d'accepter celles qu'ils prétendent avoir obtenu par l'inspiration de quelque divinité (car s'agissant de miracles, très peu pour moi), ou bien encore les preuves tirées des choses qui, pour d'autres raisons, font partie de celles que nous utilisons couramment. C'est le cas de la laine, que nous avons l'habitude d'utiliser pour nos vêtements, et en laquelle on a trouvé incidemment quelque occulte propriété desséchante capable de guérir les engelures du talon ; ou encore du raifort que nous mangeons, et dans lequel on a trouvé des vertus laxatives.
61. Galien raconte qu'il advint à un lépreux de guérir grâce au vin qu'il avait bu, parce qu'une vipère s'était introduite par hasard dans le récipient. Cet exemple nous montre par quel intermédiaire et de quelle façon les choses se sont produites : il en est de même pour les conclusions auxquelles les médecins disent avoir été amenés par l'exemple de certains animaux. Mais dans la plupart des autres cas, quand ils disent avoir été conduits par la chance, et n'avoir eu d'autre guide que le hasard, je trouve peu crédible la façon dont s'est déroulée la découverte.
62. J'imagine l'homme regardant autour de lui le nombre infini des choses, des plantes, des animaux, des métaux. Je ne sais par où lui faire commencer son observation. Et si sa première idée le fait se jeter sur la corne d'un élan, à laquelle s'attache une croyance bien commode et peu sûre, il n'en sera pas plus avancé pour la suite : tant de maladies et tant de circonstances se présentent à lui ! Avant qu'il soit parvenu à la certitude que devrait lui apporter l'expérience, l'esprit humain y perd son latin. Et avant qu'il ait trouvé parmi cette infinité de choses ce qu'est cette corne ; que parmi cette infinité de maladies, lui correspond l'épilepsie ; parmi tant de tempéraments, la mélancolie ; parmi tant de saisons, l'hiver ; parmi tant de nations, les Français ; parmi tant d'âges, la vieillesse ; parmi tant de mouvements célestes, la conjonction de Vénus et de Saturne ; parmi tant de parties du corps, le doigt... Et en tout cela n'être guidé par aucun raisonnement ni aucune conjecture, aucun exemple, aucune inspiration divine, mais seulement le hasard ! Il faudrait que ce fût par un hasard relevant tout à fait de l'art, réglé et méthodique. Et puis encore : la guérison obtenue, comment savoir si ce mal n'était arrivé de lui-même à sa fin, ou qu'il se fût agi d'un effet du hasard ? ou de l'action de toute autre chose, comme ce qu'il a mangé, bu, ou touché ce jour-là ? ou le résultat des prières de sa grand-mère ? Et en outre, quand cette preuve aurait été parfaitement établie, combien de fois a-t-elle été réitérée, et cette longue enfilade de hasards heureux et de rencontres favorables, combien de fois a-t-elle été reparcourue, pour qu'on puisse en déduire une règle ?
63. Et celle-ci une fois établie — par qui l'aura-t-elle été ? Parmi tant de millions, il n'y a peut-être que trois hommes qui prennent la peine d'enregistrer leurs expériences. Le sort aura-t-il rencontré à point nommé l'un de ceux-là ? Et que se passera-t-il si un autre, si cent autres ont fait des expériences contraires ? Peut-être y verrions-nous un peu plus clair si tous les jugements et raisonnements des hommes nous étaient connus. Mais que trois témoins et trois docteurs représentent le genre humain, ce n'est pas là quelque chose de raisonnable ; il faudrait que la nature humaine les eût choisis, élus, et qu'ils fussent déclarés comme étant nos représentants 785par une procuration formelle.
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