Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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J’allais avoir quarante ans. Si je succombais à cette époque, il ne resterait de moi qu’un nom dans une série de grands fonctionnaires, et une inscription en grec en l’honneur de l’archonte d’Athènes. Depuis, chaque fois que j’ai vu disparaître un homme arrivé au milieu de la vie, et dont le public croit pouvoir mesurer exactement les réussites et les échecs, je me suis rappelé qu’à cet âge je n’existais encore qu’à mes propres yeux et à ceux de quelques amis, qui devaient parfois douter de moi comme j’en doutais moi-même. J’ai compris que peu d’hommes se réalisent avant de mourir : j’ai jugé leurs travaux interrompus avec plus de pitié. Cette hantise d’une vie frustrée immobilisait ma pensée sur un point, la fixait comme un abcès. Il en était de ma convoitise du pouvoir comme de celle de l’amour, qui empêche l’amant de manger, de dormir, de penser, et même d’aimer, tant que certains rites n’ont pas été accomplis. Les tâches les plus urgentes semblaient vaines, du moment qu’il m’était interdit de prendre en maître des décisions affectant l’avenir ; j’avais besoin d’être assuré de régner pour retrouver le goût d’être utile. Ce palais d’Antioche, où j’allais vivre quelques années plus tard dans une sorte de frénésie de bonheur, n’était pour moi qu’une prison, et peut-être une prison de condamné à mort. J’envoyai des messages secrets aux oracles, à Jupiter Ammon, à Castalie, au Zeus Dolichène. Je fis venir des Mages ; j’allai jusqu’à faire prendre dans les cachots d’Antioche un criminel désigné pour la mise en croix, auquel un sorcier trancha la gorge en ma présence, dans l’espoir que l’âme flottant un instant entre la vie et la mort me révélerait l’avenir. Ce misérable y gagna d’échapper à une plus longue agonie, mais les questions posées restèrent sans réponse. La nuit, je me traînais d’embrasure en embrasure, de balcon en balcon, le long des salles de ce palais aux murs encore lézardés par les effets du séisme, traçant çà et là des calculs astrologiques sur les dalles, interrogeant des étoiles tremblantes. Mais c’est sur terre qu’il fallait chercher les signes de l’avenir.
L’empereur enfin leva le siège de Hatra, et se décida à repasser l’Euphrate, qu’on n’aurait jamais dû franchir. Les chaleurs déjà torrides et le harcèlement des archers parthes rendirent plus désastreux encore cet amer retour. Par un brûlant soir de mai, j’allai rencontrer hors des portes de la ville, sur les bords de l’Oronte, le petit groupe éprouvé par les fièvres, l’anxiété, la fatigue : l’empereur malade, Attianus, et les femmes. Trajan tint à faire route à cheval jusqu’au seuil du palais ; il se soutenait à peine ; cet homme si plein de vie semblait plus changé qu’un autre par l’approche de la mort. Criton et Matidie l’aidèrent à gravir les marches, l’emmenèrent s’étendre, s’établirent à son chevet. Attianus et Plotine me racontèrent ceux des incidents de la campagne qui n’avaient pu trouver place dans leurs brefs messages. L’un de ces récits m’émut au point de prendre à jamais rang parmi mes souvenirs personnels, mes propres symboles. A peine arrivé à Charax, l’empereur las était allé s’asseoir sur la grève, face aux eaux lourdes du Golfe Persique. C’était encore l’époque où il ne doutait pas de la victoire, mais, pour la première fois, l’immensité du monde l’accabla, et le sentiment de l’âge, et celui des limites qui nous enserrent tous. De grosses larmes roulèrent sur les joues ridées de cet homme qu’on croyait incapable de jamais pleurer. Le chef qui avait porté les aigles romaines sur des rivages inexplorés jusque-là comprit qu’il ne s’embarquerait jamais sur cette mer tant rêvée : l’Inde, la Bactriane, tout cet obscur Orient dont il s’était grisé à distance, resterait pour lui des noms et des songes. Dès le lendemain, les mauvaises nouvelles le forcèrent à repartir. Chaque fois qu’à mon tour le destin m’a dit non, je me suis souvenu de ces pleurs versés un soir, sur une rive lointaine, par un vieil homme qui regardait peut-être pour la première fois sa vie face à face.
Je montai le matin suivant chez l’empereur. Je me sentais envers lui filial, fraternel. Cet homme qui s’était toujours fait gloire de vivre et de penser en tout comme chaque soldat de son armée finissait en pleine solitude : couché sur son lit, il continuait à combiner des plans grandioses auxquels personne ne s’intéressait plus. Comme toujours, son langage sec et cassant enlaidissait sa pensée ; formant ses mots à grand-peine, il me parla du triomphe qu’on lui préparait à Rome. Il niait la défaite comme il niait la mort. Il eut une seconde attaque deux jours plus tard. Mes conciliabules anxieux reprirent avec Attianus, avec Plotine. La prévoyance de l’impératrice venait de faire élever mon vieil ami à la position toute-puissante de préfet du prétoire, mettant ainsi sous nos ordres la garde impériale. Matidie, qui ne quittait pas la chambre du malade, nous était heureusement tout acquise ; cette femme simple et tendre était d’ailleurs de cire entre les mains de Plotine. Mais aucun de nous n’osait rappeler à l’empereur que la question de succession restait pendante. Peut-être, comme Alexandre, avait-il décidé de ne pas nommer lui-même son héritier ; peut-être avait-il envers le parti de Quiétus des engagements sus de lui seul. Plus simplement, il refusait d’envisager sa fin : on voit ainsi, dans les familles, des vieillards obstinés mourir intestat. Il s’agit moins pour eux de garder jusqu’au bout leur trésor, ou leur empire, dont leurs doigts gourds se sont déjà à demi détachés, que de ne pas s’établir trop tôt dans l’état posthume d’un homme qui n’a plus de décisions à prendre, plus de surprises à causer, plus de menaces ou de promesses à faire aux vivants. Je le plaignais : nous différions trop pour qu’il pût trouver en moi ce continuateur docile, commis d’avance aux mêmes méthodes, et jusqu’aux mêmes erreurs, que la plupart des gens qui ont exercé une autorité absolue cherchent désespérément à leur lit de mort. Mais le monde autour de lui était vide d’hommes d’État : j’étais le seul qu’il pût prendre sans manquer à ses devoirs de bon fonctionnaire et de grand prince : ce chef habitué à évaluer les états de service était à peu près forcé de m’accepter. C’était d’ailleurs une excellente raison pour me haïr. Peu à peu, sa santé se rétablit juste assez pour lui permettre de quitter la chambre. Il parlait d’entreprendre une nouvelle campagne ; il n’y croyait pas lui-même. Son médecin Criton, qui craignait pour lui les chaleurs de la canicule, réussit enfin à le décider à se rembarquer pour Rome. Le soir qui précéda son départ, il me fit appeler à bord du navire qui devait le ramener en Italie, et me nomma commandant en chef à sa place. Il s’engageait jusque-là. Mais l’essentiel n’était pas fait.
Contrairement aux ordres reçus, je commençai immédiatement, mais en secret, des pourparlers de paix avec Osroès. Je misais sur le fait que je n’aurais probablement plus de comptes à rendre à l’empereur. Moins de dix jours plus tard, je fus réveillé en pleine nuit par l’arrivée d’un messager : je reconnus aussitôt un homme de confiance de Plotine. Il m’apportait deux missives. L’une, officielle, m’apprenait que Trajan, incapable de supporter le mouvement de la mer, avait été débarqué à Sélinonte-en-Cilicie où il gisait gravement malade dans la maison d’un marchand. Une seconde lettre, secrète celle-là, m’annonçait sa mort, que Plotine me promettait de tenir cachée le plus longtemps possible, me donnant ainsi l’avantage d’être averti le premier. Je partis sur-le-champ pour Sélinonte, après avoir pris toutes les mesures nécessaires pour m’assurer des garnisons syriennes. À peine en route, un nouveau courrier m’annonça officiellement le décès de l’empereur. Son testament, qui me désignait comme héritier, venait d’être envoyé à Rome en mains sûres. Tout ce qui depuis dix ans avait été fiévreusement rêvé, combiné, discuté ou tu, se réduisait à un message de deux lignes, tracé en grec d’une main ferme par une petite écriture de femme. Attianus, qui m’attendait sur le quai de Sélinonte, fut le premier à me saluer du titre d’empereur.
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