Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

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La paix était mon but, mais point du tout mon idole ; le mot même d’idéal me déplairait comme trop éloigné du réel. J’avais songé à pousser jusqu’au bout mon refus des conquêtes en abandonnant la Dacie, et je l’eusse fait si j’avais pu sans folie rompre de front avec la politique de mon prédécesseur, mais mieux valait utiliser le plus sagement possible ces gains antérieurs à mon règne et déjà enregistrés par l’histoire. L’admirable Julius Bassus, premier gouverneur de cette province nouvellement organisée, était mort à la peine, comme j’avais failli moi-même succomber durant mon année aux frontières sarmates, tué par cette tâche sans gloire qui consiste à pacifier inlassablement un pays cru soumis. Je lui fis faire à Rome des funérailles triomphales, réservées d’ordinaire aux seuls empereurs ; cet hommage à un bon serviteur obscurément sacrifié fut ma dernière et discrète protestation contre la politique de conquêtes : je n’avais plus à la dénoncer tout haut depuis que j’étais maître d’y couper court. Par contre, une répression militaire s’imposait en Maurétanie, où les agents de Lusius Quiétus fomentaient des troubles ; elle ne nécessitait pas immédiatement ma présence. Il en allait de même en Bretagne, où les Calédoniens avaient profité des retraits de troupes occasionnés par la guerre d’Asie pour décimer les garnisons insuffisantes laissées aux frontières. Julius Sévérus s’y chargea du plus pressé, en attendant que la mise en ordre des affaires romaines me permît d’entreprendre ce lointain voyage. Mais j’avais à cœur de terminer moi-même la guerre sarmate restée en suspens, d’y jeter cette fois le nombre de troupes nécessaires pour en finir avec les déprédations des barbares. Car je refusais, ici comme partout, de m’assujettir à un système. J’acceptais la guerre comme un moyen vers la paix si les négociations n’y pouvaient suffire, à la façon du médecin se décidant pour le cautère après avoir essayé des simples. Tout est si compliqué dans les affaires humaines que mon règne pacifique aurait, lui aussi, ses périodes de guerre, comme la vie d’un grand capitaine a, bon gré mal gré, ses interludes de paix.

Avant de remonter vers le nord pour le règlement final du conflit sarmate, je revis Quiétus. Le boucher de Cyrène restait redoutable. Mon premier geste avait été de dissoudre ses colonnes d’éclaireurs numides ; il lui restait sa place au Sénat, son poste dans l’armée régulière, et cet immense domaine de sables occidentaux dont il pouvait se faire à son gré un tremplin ou un asile. Il m’invita à une chasse en Mysie, en pleine forêt, et machina savamment un accident dans lequel, avec un peu moins de chance ou d’agilité physique, j’eusse à coup sûr laissé ma vie. Mieux valait paraître ne rien soupçonner, patienter, attendre. Peu de temps plus tard, en Moésie Inférieure, à l’époque où la capitulation des princes sarmates me permettait d’envisager mon retour en Italie pour une date assez prochaine, un échange de dépêches chiffrées avec mon ancien tuteur m’apprit que Quiétus, rentré précipitamment à Rome, venait de s’y aboucher avec Palma. Nos ennemis fortifiaient leurs positions, reformaient leurs troupes. Aucune sécurité n’était possible tant que nous aurions contre nous ces deux hommes. J’écrivis à Attianus d’agir vite. Ce vieillard frappa comme la foudre. Il outrepassa mes ordres, et me débarrassa d’un seul coup de tout ce qui me restait d’ennemis déclarés. Le même jour, à peu d’heures de distance, Celsus fut exécuté à Baïes, Palma dans sa villa de Terracine, Nigrinus à Faventia sur le seuil de sa maison de plaisance. Quiétus périt en voyage, au sortir d’un conciliabule avec ses complices, sur le marchepied de la voiture qui le ramenait en ville. Une vague de terreur déferla sur Rome. Servianus, mon antique beau-frère, qui s’était en apparence résigné à ma fortune, mais qui escomptait avidement mes faux pas futurs, dut en ressentir un mouvement de joie qui fut sans doute de toute sa vie ce qu’il éprouva de mieux comme volupté. Tous les bruits sinistres qui couraient sur moi retrouvèrent créance.

Je reçus ces nouvelles sur le pont du navire qui me ramenait en Italie. Elles m’atterrèrent. On est toujours bien aise d’être soulagé de ses adversaires, mais mon tuteur avait montré pour les conséquences lointaines de son acte une indifférence de vieillard : il avait oublié que j’aurais à vivre avec les suites de ces meurtres pendant plus de vingt ans. Je pensais aux proscriptions d’Octave, qui avaient éclaboussé pour toujours la mémoire d’Auguste, aux premiers crimes de Néron qu’avaient suivis d’autres crimes. Je me rappelais les dernières années de Domitien, de cet homme médiocre, pas pire qu’un autre, que la peur infligée et subie avait peu à peu privé de forme humaine, mort en plein palais comme une bête traquée dans les bois. Ma vie publique m’échappait déjà : la première ligne de l’inscription portait, profondément entaillée, quelques mots que je n’effacerais plus. Le Sénat, ce grand corps si faible, mais qui devenait puissant dès qu’il était persécuté, n’oublierait jamais que quatre hommes sortis de ses rangs avaient été exécutés sommairement par mon ordre ; trois intrigants et une brute féroce feraient ainsi figure de martyrs. J’avisai immédiatement Attianus d’avoir à me rejoindre à Brundisium pour me répondre de ses actes.

Il m’attendait à deux pas du port, dans une des chambres de l’auberge tournée vers l’Orient où jadis mourut Virgile. Il vint en boitillant me recevoir sur le seuil ; il souffrait d’une crise de goutte. Sitôt seul avec lui, j’éclatai en reproches : un règne que je voulais modéré, exemplaire, commençait par quatre exécutions, dont l’une seulement était indispensable, et qu’on avait dangereusement négligé d’entourer de formes légales. Cet abus de force me serait d’autant plus reproché que je m’appliquerais par la suite à être clément, scrupuleux, ou juste ; on s’en servirait pour prouver que mes prétendues vertus n’étaient qu’une série de masques, pour me fabriquer une banale légende de tyran qui me suivrait peut-être jusqu’à la fin de l’Histoire. J’avouai ma peur : je ne me sentais pas plus exempt de cruauté que d’aucune tare humaine : j’accueillais le lieu commun qui veut que le crime appelle le crime, l’image de l’animal qui a une fois goûté au sang. Un vieil ami dont la loyauté m’avait paru sûre s’émancipait déjà, profitant de faiblesses qu’il avait cru remarquer en moi ; il s’était arrangé, sous couleur de me servir, pour régler un compte personnel avec Nigrinus et Palma. Il compromettait mon œuvre de pacification ; il me préparait le plus noir des retours à Rome.

Le vieil homme demanda la permission de s’asseoir, plaça sur un tabouret sa jambe enveloppée de bandelettes. Tout en parlant, je remontais une couverture sur ce pied malade. Il me laissait aller, avec le sourire d’un grammairien qui écoute son élève se tirer assez bien d’une récitation difficile. Quand j’eus fini, il me demanda posément ce que j’avais compté faire des ennemis du régime. On saurait, s’il le fallait, prouver que ces quatre hommes avaient comploté ma mort ; ils avaient en tout cas intérêt à le faire. Tout passage d’un règne à un autre entraîne ses opérations de nettoyage ; il s’était chargé de celle-ci pour me laisser les mains propres. Si l’opinion publique réclamait une victime, rien n’était plus simple que de lui enlever son poste de préfet du prétoire. Il avait prévu cette mesure ; il m’avisait de la prendre. Et s’il fallait davantage pour concilier le Sénat, il m’approuverait d’aller jusqu’à la relégation ou l’exil.

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