Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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Attianus avait été le tuteur auquel on soutire de l’argent, le conseiller des jours difficiles, l’agent fidèle, mais c’était la première fois que je regardais avec attention ce visage aux bajoues soigneusement rasées, ces mains déformées tranquillement rejointes sur le pommeau d’une canne d’ébène. Je connaissais assez bien les divers éléments de son existence d’homme prospère : sa femme, qui lui était chère, et dont la santé exigeait des soins, ses filles mariées, et leurs enfants, pour lesquels il avait des ambitions, à la fois modestes et tenaces, comme l’avaient été les siennes propres ; son amour des plats fins ; son goût décidé pour les camées grecs et les jeunes danseuses. Il m’avait donné la préséance sur toutes ces choses : depuis trente ans, son premier souci avait été de me protéger, puis de me servir. À moi, qui ne m’étais encore préféré que des idées, des projets, ou tout au plus une image future de moi-même, ce banal dévouement d’homme à homme semblait prodigieux, insondable. Personne n’en est digne, et je continue à ne pas me l’expliquer. Je suivis son conseil : il perdit son poste. Son mince sourire me montra qu’il s’attendait à être pris au mot. Il savait bien qu’aucune sollicitude intempestive envers un vieil ami ne m’empêcherait jamais d’adopter le parti le plus sage ; ce fin politique ne m’aurait pas voulu autrement. Il ne faudrait pas s’exagérer l’étendue de sa disgrâce : après quelques mois d’éclipse, je réussis à le faire entrer au Sénat. C’était le plus grand honneur que je pusse accorder à cet homme d’ordre équestre. Il eut une vieillesse facile de riche chevalier romain, nanti de l’influence que lui valait sa connaissance parfaite des familles et des affaires ; j’ai souvent été son hôte dans sa villa des monts d’Albe. N’importe : j’avais, comme Alexandre à la veille d’une bataille, sacrifié à la Peur avant mon entrée à Rome : il m’arrive de compter Attianus parmi mes victimes humaines.
Chapitre 12
Attianus avait vu juste : l’or vierge du respect serait trop mou sans un certain alliage de crainte. Il en fut de l’assassinat des quatre consulaires comme de l’histoire du testament forgé : les esprits honnêtes, les cœurs vertueux se refusèrent à me croire impliqué ; les cyniques supposaient le pire, mais m’en admiraient d’autant plus. Rome se calma, dès qu’on sut que mes rancunes s’arrêtaient court ; la joie qu’avait chacun de se sentir rassuré fit promptement oublier les morts. On s’émerveillait de ma douceur, parce qu’on la jugeait délibérée, volontaire, préférée chaque matin à une violence qui ne m’eût pas été moins facile ; on louait ma simplicité, parce qu’on croyait y voir un calcul. Trajan avait eu la plupart des vertus modestes ; les miennes surprenaient davantage ; un peu plus, et on y aurait vu un raffinement de vice. J’étais le même homme qu’autrefois, mais ce qu’on avait méprisé passait pour sublime : une extrême politesse, où les esprits grossiers avaient vu une forme de faiblesse, peut-être de lâcheté, parut la gaine lisse et lustrée de la force. On porta aux nues ma patience envers les solliciteurs, mes fréquentes visites aux malades des hôpitaux militaires, ma familiarité amicale avec les vétérans rentrés au foyer. Tout cela ne différait pas de la manière dont j’avais toute ma vie traité mes serviteurs et les colons de mes fermes. Chacun de nous a plus de vertus qu’on ne le croit, mais le succès seul les met en lumière, peut-être parce qu’on s’attend alors à nous voir cesser de les exercer. Les êtres humains avouent leurs pires faiblesses quand ils s’étonnent qu’un maître du monde ne soit pas sottement indolent, présomptueux, ou cruel.
J’avais refusé tous les titres. Au premier mois de mon règne, le Sénat m’avait paré à mon insu de cette longue série d’appellations honorifiques qu’on drape comme un châle à franges autour du cou de certains empereurs. Dacique, Parthique, Germanique : Trajan avait aimé ces beaux bruits de musiques guerrières, pareils aux cymbales et aux tambours des régiments parthes ; ils avaient suscité en lui des échos, des réponses ; ils ne faisaient que m’irriter ou m’étourdir. Je fis enlever tout cela ; je repoussai aussi, provisoirement, l’admirable titre de Père de la Patrie, qu’Auguste n’accepta que sur le tard, et dont je ne m’estimais pas encore digne. Il en alla de même du triomphe ; il eût été ridicule d’y consentir pour une guerre à laquelle mon seul mérite était d’avoir mis fin. Ceux qui virent de la modestie dans ces refus se trompèrent autant que ceux qui m’en reprochaient l’orgueil. Mon calcul portait moins sur l’effet produit chez autrui que sur les avantages pour moi-même. Je voulais que mon prestige fût personnel, collé à la peau, immédiatement mesurable en termes d’agilité mentale, de force, ou d’actes accomplis. Les titres, s’ils venaient, viendraient plus tard, d’autres titres, témoignages de victoires plus secrètes auxquelles je n’osais encore prétendre. J’avais pour le moment assez à faire de devenir, ou d’être, le plus possible Hadrien.
On m’accuse d’aimer peu Rome. Elle était belle pourtant, pendant ces deux années où l’État et moi nous essayâmes l’un l’autre, la ville aux rues étroites, aux Forums encombrés, aux briques couleur de vieille chair. Rome revue, après l’Orient et la Grèce, se revêtait d’une espèce d’étrangeté qu’un Romain, né et nourri perpétuellement dans la Ville, ne lui connaîtrait pas. Je me réhabituais à ses hivers humides et couverts de suie, à ses étés africains tempérés par la fraîcheur des cascades de Tibur et des lacs d’Albe, à son peuple presque rustique, provincialement attaché aux sept collines, mais chez qui l’ambition, l’appât du gain, les hasards de la conquête et de la servitude déversent peu à peu toutes les races du monde, le Noir tatoué, le Germain velu, le Grec mince et l’Oriental épais. Je me débarrassais de certaines délicatesses : je fréquentais les bains publics aux heures populaires ; j’appris à supporter les Jeux, où je n’avais vu jusque-là que gaspillage féroce. Mon opinion n’avait pas changé : je détestais ces massacres où la bête n’a pas une chance ; je percevais pourtant peu à peu leur valeur rituelle, leurs effets de purification tragique sur la foule inculte ; je voulais que la splendeur des fêtes égalât celles de Trajan, avec plus d’art toutefois, et plus d’ordre. Je m’obligeais à goûter l’exacte escrime des gladiateurs, à condition cependant que nul ne fût forcé d’exercer ce métier malgré lui. J’apprenais, du haut de la tribune du Cirque, à parlementer avec la foule par la voix des hérauts, à ne lui imposer silence qu’avec une déférence qu’elle me rendait au centuple, à ne jamais rien lui accorder que ce qu’elle avait raisonnablement le droit d’attendre, à ne rien refuser sans expliquer mon refus. Je n’emportais pas comme toi mes livres dans la loge impériale : c’est insulter les autres que de paraître dédaigner leurs joies. Si le spectacle m’écœurait, l’effort de l’endurer m’était un exercice plus valable que la lecture d’Épictète.
La morale est une convention privée ; la décence est affaire publique ; toute licence trop visible m’a toujours fait l’effet d’un étalage de mauvais aloi. J’interdis les bains mixtes, cause de rixes presque continuelles ; je fis fondre et rentrer dans les caisses de l’État le colossal service de vaisselle plate commandé par la goinfrerie de Vitellius. Nos premiers Césars se sont acquis une détestable réputation de coureurs d’héritages : je me fis une règle de n’accepter pour l’État ni moi-même aucun legs sur lequel des héritiers directs pourraient se croire des droits. Je tâchai de diminuer l’exorbitante quantité d’esclaves de la maison impériale, et surtout l’audace de ceux-ci, par laquelle ils s’égalent aux meilleurs citoyens, et parfois les terrorisent : un jour, un de mes gens adressa avec impertinence la parole à un sénateur ; je fis souffleter cet homme. Ma haine du désordre alla jusqu’à faire fustiger en plein Cirque des dissipateurs perdus de dettes. Pour ne pas tout confondre, j’insistais, en ville, sur le port public de la toge ou du laticlave, vêtements incommodes, comme tout ce qui est honorifique, auxquels je ne m’astreins moi-même qu’à Rome. Je me levais pour recevoir mes amis ; je me tenais debout durant mes audiences, par réaction contre le sans-gêne de l’attitude assise ou couchée. Je fis réduire le nombre insolent d’attelages qui encombrent nos rues, luxe de vitesse qui se détruit de lui-même, car un piéton reprend l’avantage sur cent voitures collées les unes aux autres le long des détours de la Voie Sacrée. Pour mes visites, je pris l’habitude de me faire porter en litière jusqu’à l’intérieur des maisons privées, épargnant ainsi à mon hôte la corvée de m’attendre ou de me reconduire au-dehors sous le soleil ou le vent hargneux de Rome.
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