Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

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La condition des femmes est déterminée par d’étranges coutumes : elles sont à la fois assujetties et protégées, faibles et puissantes, trop méprisées et trop respectées. Dans ce chaos d’usages contradictoires, le fait de société se superpose au fait de nature : encore n’est-il pas facile de les distinguer l’un de l’autre. Cet état de choses si confus est partout plus stable qu’il ne paraît l’être : dans l’ensemble, les femmes se veulent telles qu’elles sont ; elles résistent au changement ou l’utilisent à leurs seules et mêmes fins. La liberté des femmes d’aujourd’hui, plus grande ou du moins plus visible qu’aux temps anciens, n’est guère qu’un des aspects de la vie plus facile des époques prospères ; les principes, et même les préjugés d’autrefois, n’ont pas été sérieusement entamés. Sincères ou non, les éloges officiels et les inscriptions tombales continuent à prêter à nos matrones ces mêmes vertus d’industrie, de chasteté, d’austérité, qu’on exigeait d’elles sous la République. Ces changements réels ou supposés n’ont d’ailleurs modifié en rien l’éternelle licence de mœurs du petit peuple, ni la perpétuelle pruderie bourgeoise, et le temps seul les prouvera durables. La faiblesse des femmes, comme celle des esclaves, tient à leur condition légale ; leur force prend sa revanche dans les petites choses où la puissance qu’elles exercent est presque illimitée. J’ai rarement vu d’intérieur de maison où les femmes ne régnaient pas ; j’y ai souvent vu régner aussi l’intendant, le cuisinier, ou l’affranchi. Dans l’ordre financier, elles restent légalement soumises à une forme quelconque de tutelle ; en pratique, dans chaque échoppe de Suburre, c’est d’ordinaire la marchande de volailles ou la fruitière qui se carre en maîtresse au comptoir. L’épouse d’Attianus gérait les biens de la famille avec un admirable génie d’homme d’affaires. Les lois devraient le moins possible différer des usages : j’ai accordé à la femme une liberté accrue d’administrer sa fortune, de tester ou d’hériter. J’ai insisté pour qu’aucune fille ne fût mariée sans son consentement : ce viol légal est aussi répugnant qu’un autre. Le mariage est leur grande affaire ; il est bien juste qu’elles ne la concluent que de plein gré.

Une partie de nos maux provient de ce que trop d’hommes sont honteusement riches, ou désespérément pauvres. Par bonheur, un équilibre tend de nos jours à s’établir entre ces deux extrêmes : les fortunes colossales d’empereurs et d’affranchis sont choses du passé : Trimalcion et Néron sont morts. Mais tout est à faire dans l’ordre d’un intelligent ré-agencement économique du monde. En arrivant au pouvoir, j’ai renoncé aux contributions volontaires faites par les villes à l’empereur, qui ne sont qu’un vol déguisé. Je te conseille d’y renoncer à ton tour. L’annulation complète des dettes des particuliers à l’État était une mesure plus risquée, mais nécessaire pour faire table rase après dix ans d’économie de guerre. Notre monnaie s’est dangereusement déprimée depuis un siècle : c’est pourtant au taux de nos pièces d’or que s’évalue l’éternité de Rome : à nous de leur rendre leur valeur et leur poids solidement mesurés en choses. Nos terres ne sont cultivées qu’au hasard : seuls, des districts privilégiés, l’Égypte, l’Afrique, la Toscane, et quelques autres, ont su se créer des communautés paysannes savamment exercées à la culture du blé ou de la vigne. Un de mes soucis était de soutenir cette classe, d’en tirer des instructeurs pour des populations villageoises plus primitives ou plus routinières, moins habiles. J’ai mis fin au scandale des terres laissées en jachère par de grands propriétaires peu soucieux du bien public : tout champ non cultivé depuis cinq ans appartient désormais au laboureur qui se charge d’en tirer parti. Il en va à peu près de même des exploitations minières. La plupart de nos riches font d’énormes dons à l’État, aux institutions publiques, au prince. Beaucoup agissent ainsi par intérêt, quelques uns par vertu, presque tous finalement y gagnent. Mais j’aurais voulu voir leur générosité prendre d’autres formes que celle de l’ostentation dans l’aumône, leur enseigner à augmenter sagement leurs biens dans l’intérêt de la communauté, comme ils ne l’ont fait jusqu’ici que pour enrichir leurs enfants. C’est dans cet esprit que j’ai pris moi-même en main la gestion du domaine impérial : personne n’a le droit de traiter la terre comme l’avare son pot d’or.

Nos marchands sont parfois nos meilleurs géographes, nos meilleurs astronomes, nos plus savants naturalistes. Nos banquiers comptent parmi nos plus habiles connaisseurs d’hommes. J’utilisais les compétences ; je luttais de toutes mes forces contre les empiétements. L’appui donné aux armateurs a décuplé les échanges avec les nations étrangères ; j’ai réussi ainsi à supplémenter à peu de frais la coûteuse flotte impériale : en ce qui concerne les importations de l’Orient et de l’Afrique, l’Italie est une île, et dépend des courtiers du blé pour sa subsistance depuis qu’elle n’y fournit plus elle-même ; le seul moyen de parer aux dangers de cette situation est de traiter ces hommes d’affaires indispensables en fonctionnaires surveillés de près. Nos vieilles provinces sont arrivées dans ces dernières années à un état de prospérité qu’il n’est pas impossible d’augmenter encore, mais il importe que cette prospérité serve à tous, et non pas seulement à la banque d’Hérode Atticus ou au petit spéculateur qui accapare toute l’huile d’un village grec. Aucune loi n’est trop dure qui permette de réduire le nombre des intermédiaires dont fourmillent nos villes : race obscène et ventrue, chuchotant dans toutes les tavernes, accoudée à tous les comptoirs, prête à saper toute politique qui ne l’avantage pas sur-le-champ. Une répartition judicieuse des greniers de l’État aide à enrayer l’inflation scandaleuse des prix en temps de disette, mais je comptais surtout sur l’organisation des producteurs eux-mêmes, des vignerons gaulois, des pêcheurs du Pont-Euxin dont la misérable pitance est dévorée par les importateurs de caviar et de poisson salé qui s’engraissent de leurs travaux et de leurs dangers. Un de mes plus beaux jours fut celui où je persuadai un groupe de marins de l’Archipel de s’associer en corporation, et de traiter directement avec les boutiquiers des villes. Je ne me suis jamais senti plus utilement prince.

Trop souvent, la paix n’est pour l’armée qu’une période de désœuvrement turbulent entre deux combats : l’alternative à l’inaction ou au désordre est la préparation en vue d’une guerre déterminée, puis la guerre. Je rompis avec ces routines ; mes perpétuelles visites aux avant-postes n’étaient qu’un moyen parmi beaucoup d’autres pour maintenir cette armée pacifique en état d’activité utile. Partout, en terrain plat comme en montagne, au bord de la forêt comme en plein désert, la légion étale ou concentre ses bâtiments toujours pareils, ses champs de manœuvres, ses baraquements construits à Cologne pour résister à la neige, à Lambèse à la tempête de sable, ses magasins dont j’avais fait vendre le matériel inutile, son cercle d’officiers auquel préside une statue du prince. Mais cette uniformité n’est qu’apparente : ces quartiers interchangeables contiennent la foule chaque fois différente des troupes auxiliaires ; toutes les races apportent à l’armée leurs vertus et leurs armes particulières, leur génie de fantassins, de cavaliers, ou d’archers. J’y retrouvais à l’état brut cette diversité dans l’unité qui fut mon but impérial. J’ai permis aux soldats l’emploi de leurs cris de guerre nationaux et de commandements donnés dans leurs langues ; j’ai sanctionné les unions des vétérans avec les femmes barbares et légitimé leurs enfants. Je m’efforçais ainsi d’adoucir la sauvagerie de la vie des camps, de traiter ces hommes simples en hommes. Au risque de les rendre moins mobiles, je les voulais attachés au coin de terre qu’ils se chargeaient de défendre ; je n’hésitai pas à régionaliser l’armée. J’espérais rétablir à l’échelle de l’empire l’équivalent des milices de la jeune République, où chaque homme défendait son champ et sa ferme. Je travaillais surtout à développer l’efficacité technique des légions ; j’entendais me servir de ces centres militaires comme d’un levier de civilisation, d’un coin assez solide pour entrer peu à peu là où les instruments plus délicats de la vie civile se fussent émoussés. L’armée devenait un trait d’union entre le peuple de la forêt, de la steppe et du marécage, et l’habitant raffiné des villes, école primaire pour barbares, école d’endurance et de responsabilité pour le Grec lettré ou le jeune chevalier habitué aux aises de Rome. Je connaissais personnellement les côtés pénibles de cette vie, et aussi ses facilités, ses subterfuges. J’annulai les privilèges ; j’interdis les congés trop fréquents accordés aux officiers ; je fis débarrasser les camps de leurs salles de banquets, de leurs pavillons de plaisir et de leurs coûteux jardins. Ces bâtiments inutiles devinrent des infirmeries, des hospices pour vétérans. Nous recrutions nos soldats à un âge trop tendre, et nous les gardions trop vieux, ce qui était à la fois peu économique et cruel. J’ai changé tout cela. La Discipline Auguste se doit de participer à l’humanité du siècle.

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