Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

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Construire, c’est collaborer avec la terre : c’est mettre une marque humaine sur un paysage qui en sera modifié à jamais ; c’est contribuer aussi à ce lent changement qui est la vie des villes. Que de soins pour trouver l’emplacement exact d’un pont ou d’une fontaine, pour donner à une route de montagne cette courbe la plus économique qui est en même temps la plus pure… L’élargissement de la route de Mégare transformait le paysage des roches skyroniennes ; les quelque deux mille stades de voie dallée, munie de citernes et de postes militaires, qui unissent Antinoé à la Mer Rouge, faisaient succéder au désert l’ère de la sécurité à celle du danger. Ce n’était pas trop de tout le revenu de cinq cents villes d’Asie pour construire un système d’aqueducs en Troade ; l’aqueduc de Carthage repayait en quelque sorte les duretés des guerres puniques. Élever des fortifications était en somme la même chose que construire des digues : c’était trouver la ligne sur laquelle une berge ou un empire peut être défendu, le point où l’assaut des vagues ou celui des barbares sera contenu, arrêté, brisé. Creuser des ports, c’était féconder la beauté des golfes. Fonder des bibliothèques, c’était encore construire des greniers publics, amasser des réserves contre un hiver de l’esprit qu’à certains signes, malgré moi, je vois venir. J’ai beaucoup reconstruit : c’est collaborer avec le temps sous son aspect de passé, en saisir ou en modifier l’esprit, lui servir de relais vers un plus long avenir ; c’est retrouver sous les pierres le secret des sources. Notre vie est brève : nous parlons sans cesse des siècles qui précèdent ou qui suivent le nôtre comme s’ils nous étaient totalement étrangers ; j’y touchais pourtant dans mes jeux avec la pierre. Ces murs que j’étaie sont encore chauds du contact de corps disparus ; des mains qui n’existent pas encore caresseront ces fûts de colonnes. Plus j’ai médité sur ma mort, et surtout sur celle d’un autre, plus j’ai essayé d’ajouter à nos vies ces rallonges presque indestructibles. À Rome, j’utilisais de préférence la brique éternelle, qui ne retourne que très lentement à la terre dont elle est née, et dont le tassement, ou l’effritement imperceptible, se fait de telle manière que l’édifice reste montagne alors même qu’il a cessé d’être visiblement une forteresse, un cirque, ou une tombe. En Grèce, en Asie, j’employais le marbre natal, la belle substance qui une fois taillée demeure fidèle à la mesure humaine, si bien que le plan du temple tout entier reste contenu dans chaque fragment de tambour brisé. L’architecture est riche de possibilités plus variées que ne le feraient croire les quatre ordres de Vitruve ; nos blocs, comme nos tons musicaux, sont susceptibles de regroupements infinis. Je suis remonté pour le Panthéon à la vieille Étrurie des devins et des haruspices ; le sanctuaire de Vénus, au contraire, arrondit au soleil des formes ioniennes, des profusions de colonnes blanches et roses autour de la déesse de chair d’où sortit la race de César. L’Olympéion d’Athènes se devait d’être l’exact contrepoids du Parthénon, étalé dans la plaine comme l’autre s’érige sur la colline, immense où l’autre est parfait : l’ardeur aux genoux du calme, la splendeur aux pieds de la beauté. Les chapelles d’Antinoüs, et ses temples, chambres magiques, monuments d’un mystérieux passage entre la vie et la mort, oratoires d’une douleur et d’un bonheur étouffants, étaient le lieu de la prière et de la réapparition : je m’y livrais à mon deuil. Mon tombeau sur la rive du Tibre reproduit à une échelle gigantesque les antiques tombes de la Voie Appienne, mais ses proportions mêmes le transforment, font songer à Ctésiphon, à Babylone, aux terrasses et aux tours par lesquelles l’homme se rapproche des astres. L’Égypte funéraire a ordonné les obélisques et les allées de sphinx du cénotaphe qui impose à une Rome vaguement hostile la mémoire de l’ami jamais assez pleuré. La Villa était la tombe des voyages, le dernier campement du nomade, l’équivalent, construit en marbre, des tentes et des pavillons des princes d’Asie. Presque tout ce que notre goût accepte de tenter le fut déjà dans le monde des formes ; je passais à celui de la couleur : le jaspe vert comme les profondeurs marines, le porphyre grenu comme la chair, le basalte, la morne obsidienne. Le rouge dense des tentures s’ornait de broderies de plus en plus savantes ; les mosaïques des pavements ou des murailles n’étaient jamais assez mordorées, assez blanches, ou assez sombres. Chaque pierre était l’étrange concrétion d’une volonté, d’une mémoire, parfois d’un défi. Chaque édifice était le plan d’un songe.

Plotinopolis, Andrinople, Antinoé, Hadrianothères… J’ai multiplié le plus possible ces ruches de l’abeille humaine. Le plombier et le maçon, l’ingénieur et l’architecte président à ces naissances de villes ; l’opération exige aussi certains dons de sourcier. Dans un monde encore plus qu’à demi dominé par les bois, le désert, la plaine en friche, c’est un beau spectacle qu’une rue dallée, un temple à n’importe quel dieu, des bains et des latrines publiques, la boutique où le barbier discute avec ses clients les nouvelles de Rome, une échoppe de pâtissier, de marchand de sandales, peut-être de libraire, une enseigne de médecin, un théâtre où l’on joue de temps en temps une pièce de Térence. Nos délicats se plaignent de l’uniformité de nos villes : ils souffrent d’y rencontrer partout la même statue d’empereur et la même conduite d’eau. Ils ont tort : la beauté de Nîmes diffère de celle d’Arles. Mais cette uniformité même, retrouvée sur trois continents, contente le voyageur comme celle d’une borne milliaire ; les plus triviales de nos cités ont encore leur prestige rassurant de relais, de poste, ou d’abri. La ville : le cadre, la construction humaine, monotone si l’on veut, mais comme sont monotones les cellules de cire bourrées de miel, le lieu des contacts et des échanges, l’endroit où les paysans viennent pour vendre leurs produits et s’attardent pour regarder bouche bée les peintures d’un portique… Mes villes naissaient de rencontres : la mienne avec un coin de terre, celle de mes plans d’empereur avec les incidents de ma vie d’homme. Plotinopolis est due au besoin d’établir en Thrace de nouveaux comptoirs agricoles, mais aussi au tendre désir d’honorer Plotine. Hadrianothères est destinée à servir d’emporium aux forestiers d’Asie Mineure : ce fut d’abord pour moi la retraite d’été, la forêt giboyeuse, le pavillon de troncs équarris au pied de la colline d’Attys, le torrent couronné d’écume où l’on se baigne chaque matin. Hadrianople en Épire rouvre un centre urbain au sein d’une province appauvrie : elle sort d’une visite au sanctuaire de Dodone. Andrinople, ville paysanne et militaire, centre stratégique à l’orée des régions barbares, est peuplée de vétérans des guerres sarmates ; je connais personnellement le fort et le faible de chacun de ces hommes, leurs noms, le nombre de leurs années de service et de leurs blessures. Antinoé, la plus chère, née sur l’emplacement du malheur, est comprimée sur une étroite bande de terre aride, entre le fleuve et le rocher. Je n’en tenais que plus à l’enrichir d’autres ressources, le commerce de l’Inde, les transports fluviaux, les grâces savantes d’une métropole grecque. Il n’y a pas de lieu sur terre que je désire moins revoir ; il y en a peu auxquels j’ai consacré plus de soins. Cette ville est un perpétuel péristyle. Je corresponds avec Fidus Aquila, son gouverneur, au sujet des propylées de son temple, des statues de son arche ; j’ai choisi les noms de ses blocs urbains et de ses dèmes, symboles apparents et secrets, catalogue très complet de mes souvenirs. J’ai tracé moi-même le plan des colonnades corinthiennes qui répondent le long des berges à l’alignement régulier des palmes. J’ai mille fois parcouru en pensée ce quadrilatère presque parfait, coupé de rues parallèles, scindé en deux par une avenue triomphale qui va d’un théâtre grec à un tombeau.

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