Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
Здесь есть возможность читать онлайн «Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Les mémoires d'Hadrien
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 100
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Les mémoires d'Hadrien: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les mémoires d'Hadrien»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Les mémoires d'Hadrien — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les mémoires d'Hadrien», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Chapitre 14
En Germanie, des fortifications ou des camps à rénover ou à construire, des routes à frayer ou à remettre en état, me retinrent près d’une année ; de nouveaux bastions, érigés sur un parcours de soixante-dix lieues, renforcèrent le long du Rhin nos frontières. Ce pays de vignes et de rivières bouillonnantes ne m’offrait rien d’imprévu : j’y retrouvais les traces du jeune tribun qui porta à Trajan la nouvelle de son avènement. Je retrouvais aussi, par-delà notre dernier fort fait de rondins coupés aux sapinières, le même horizon monotone et noir, le même monde qui nous est fermé depuis la pointe imprudente qu’y poussèrent les légions d’Auguste, l’océan d’arbres, la réserve d’hommes blancs et blonds. La tâche de réorganisation finie, je descendis jusqu’à l’embouchure du Rhin le long des plaines belges et bataves. Des dunes désolées composaient un paysage septentrional coupé d’herbes sifflantes ; les maisons du port de Noviomagus, construites sur pilotis, s’accotaient aux navires amarrés à leur seuil ; des oiseaux de mer juchaient sur les toits. J’aimais ces lieux tristes, qui semblaient hideux à mes aides de camp, ce ciel brouillé, ces fleuves boueux creusant une terre informe et sans flamme dont aucun dieu n’a modelé le limon.
Une barque à fond presque plat me transporta dans l’île de Bretagne. Le vent nous rejeta plusieurs fois de suite vers la côte que nous avions quittée : cette traversée contrariée m’octroya d’étonnantes heures vides. Des nuées gigantesques naissaient de la mer lourde, salie par le sable, incessamment remuée dans son lit. Comme jadis chez les Daces et les Sarmates j’avais religieusement contemplé la Terre, j’apercevais ici pour la première fois un Neptune plus chaotique que le nôtre, un monde liquide infini. J’avais lu dans Plutarque une légende de navigateurs concernant une île située dans ces parages qui avoisinent la Mer Ténébreuse, et où les Olympiens victorieux auraient depuis des siècles refoulé les Titans vaincus. Ces grands captifs du roc et de la vague, flagellés à jamais par un océan sans sommeil, incapables de dormir, mais sans cesse occupés à rêver, continueraient à opposer à l’ordre olympien leur violence, leur angoisse, leur désir perpétuellement crucifié. Je retrouvais dans ce mythe placé aux confins du monde les théories des philosophes que j’avais faites miennes : chaque homme a éternellement à choisir, au cours de sa vie brève, entre l’espoir infatigable et la sage absence d’espérance, entre les délices du chaos et celles de la stabilité, entre le Titan et l’Olympien. À choisir entre eux, ou à réussir à les accorder un jour l’un à l’autre.
Les réformes civiles accomplies en Bretagne font partie de mon œuvre administrative, dont j’ai parlé ailleurs. Ce qui compte ici, c’est que j’étais le premier empereur à réinstaller pacifiquement dans cette île située aux limites du monde connu, où Claude seul s’était risqué pour quelques jours en qualité de général en chef. Pendant tout un hiver, Londinium devint par mon choix ce centre effectif du monde qu’Antioche avait été par suite des nécessités de la guerre parthe. Chaque voyage déplaçait ainsi le centre de gravité du pouvoir, le mettait pour un temps au bord du Rhin ou sur la berge de la Tamise, me permettait d’évaluer ce qu’eussent été le fort et le faible d’un pareil siège impérial. Ce séjour en Bretagne me fit envisager l’hypothèse d’un état centré sur l’Occident, d’un monde atlantique. Ces vues de l’esprit sont démunies de valeur pratique : elles cessent pourtant d’être absurdes dès que le calculateur s’accorde pour ses supputations une assez grande quantité d’avenir.
Trois mois à peine avant mon arrivée, la Sixième Légion Victorieuse avait été transférée en territoire britannique. Elle y remplaçait la malheureuse Neuvième Légion taillée en pièces par les Calédoniens pendant les troubles qui avaient été en Bretagne le hideux contrecoup de notre expédition chez les Parthes. Deux mesures s’imposaient pour empêcher le retour d’un pareil désastre. Nos troupes furent renforcées par la création d’un corps auxiliaire indigène : à Éboracum, du haut d’un tertre vert, j’ai vu manœuvrer pour la première fois cette armée britannique nouvellement formée. En même temps, l’érection d’un mur coupant l’île en deux dans sa partie la plus étroite servit à protéger les régions fertiles et policées du sud contre les attaques des tribus du nord.
J’ai inspecté moi-même une bonne partie de ces travaux engagés partout à la fois sur un glacis de quatre-vingts lieues : j’y trouvais l’occasion d’essayer, sur cet espace bien délimité qui va d’une côte à l’autre, un système de défense qui pourrait ensuite s’appliquer partout ailleurs. Mais déjà cet ouvrage purement militaire favorisait la paix, développait la prospérité de cette partie de la Bretagne ; des villages se créaient ; un mouvement d’afflux se produisait vers nos frontières. Les terrassiers de la légion étaient secondés dans leur tâche par des équipes indigènes ; l’érection du mur était pour beaucoup de ces montagnards, hier encore insoumis, la première preuve irréfutable du pouvoir protecteur de Rome ; l’argent de la solde la première monnaie romaine qui leur passait par les mains. Ce rempart devint l’emblème de mon renoncement à la politique de conquête : au pied du bastion le plus avancé, je fis ériger un temple au dieu Terme.
Tout m’enchanta dans cette terre pluvieuse : les franges de brume au flanc des collines, les lacs voués à des nymphes plus fantasques encore que les nôtres, la race mélancolique aux yeux gris. J’avais pour guide un jeune tribun du corps auxiliaire britannique : ce dieu blond avait appris le latin, balbutiait le grec, s’étudiait timidement à composer des vers d’amour dans cette langue. Par une froide nuit d’automne, j’en fis mon interprète auprès d’une Sibylle. Assis sous la hutte enfumée d’un charbonnier celte, chauffant nos jambes empêtrées de grosses braies de laine rude, nous vîmes ramper vers nous une vieille créature trempée par la pluie, échevelée par le vent, fauve et furtive comme une bête des bois. Elle se jeta sur de petits pains d’avoine qui cuisaient dans l’âtre. Mon guide amadoua cette prophétesse : elle consentit à examiner pour moi les volutes de fumée, les soudaines étincelles, les fragiles architectures de sarments et de cendres. Elle vit des cités qui s’édifiaient, des foules en joie, mais aussi des villes incendiées, des files amères de vaincus qui démentaient mes rêves de paix ; un visage jeune et doux qu’elle prit pour une figure de femme, à laquelle je refusai de croire ; un spectre blanc qui n’était peut-être qu’une statue, objet plus inexplicable encore qu’un fantôme pour cette habitante des bois et des landes. Et, à une distance de quelques vagues années, ma mort, que j’aurais bien prévue sans elle.
La Gaule prospère, l’Espagne opulente me retinrent moins longtemps que la Bretagne. En Gaule Narbonnaise, je retrouvai la Grèce, qui a essaimé jusque-là, ses belles écoles d’éloquence et ses portiques sous un ciel pur. Je m’arrêtai à Nîmes pour établir le plan d’une basilique dédiée à Plotine et destinée à devenir un jour son temple. Des souvenirs de famille rattachaient l’impératrice à cette ville, m’en rendaient plus cher le paysage sec et doré.
Mais la révolte en Maurétanie fumait encore. J’abrégeai ma traversée de l’Espagne, négligeant même entre Cordoue et la mer de m’arrêter un instant à Italica, ville de mon enfance et de mes ancêtres. Je m’embarquai pour l’Afrique à Gadès.
Les beaux guerriers tatoués des montagnes de l’Atlas inquiétaient encore les villes côtières africaines. Je vécus là pendant quelques brèves journées l’équivalent numide des mêlées sarmates ; je revis les tribus domptées une à une, la fière soumission des chefs prosternés en plein désert au milieu d’un désordre de femmes, de ballots, et de bêtes agenouillées. Mais le sable remplaçait la neige.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Les mémoires d'Hadrien» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.