Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

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Nous sommes des fonctionnaires de l’État, nous ne sommes pas des Césars. Cette plaignante avait raison, que je refusais un jour d’écouter jusqu’au bout, et qui s’écria que si le temps me manquait pour l’entendre, le temps me manquait pour régner. Les excuses que je lui fis n’étaient pas de pure forme. Et pourtant, le temps manque : plus l’empire grandit, plus les différents aspects de l’autorité tendent à se concentrer dans les mains du fonctionnaire-chef ; cet homme pressé doit nécessairement se décharger sur d’autres d’une partie de ses tâches ; son génie va consister de plus en plus à s’entourer d’un personnel sûr. Le grand crime de Claude ou de Néron fut de laisser paresseusement leurs affranchis ou leurs esclaves s’emparer de ces rôles d’agents, de conseillers, et de délégués du maître. Une portion de ma vie et de mes voyages s’est passée à choisir les chefs de file d’une bureaucratie nouvelle, à les exercer, à assortir le plus judicieusement qu’il se peut les talents aux places, à ouvrir d’utiles possibilités d’emploi à cette classe moyenne dont dépend l’État. Je vois le danger de ces armées civiles : il tient en un mot : l’établissement de routines. Ces rouages montés pour des siècles se fausseront si l’on n’y prend garde ; c’est au maître à en régler sans cesse les mouvements, à en prévoir ou à en réparer l’usure. Mais l’expérience démontre qu’en dépit de nos soins infinis pour choisir nos successeurs, les empereurs médiocres seront toujours les plus nombreux, et qu’il règne au moins un insensé par siècle. En temps de crise, ces bureaux bien organisés pourront continuer à vaquer à l’essentiel, remplir l’intérim, parfois fort long, entre un prince sage et un autre prince sage. Certains empereurs traînent derrière eux des files de barbares liés par le cou, d’interminables processions de vaincus. L’élite des fonctionnaires que j’ai entrepris de former me fait autrement cortège. Le conseil du prince : c’est grâce à ceux qui le composent que j’ai pu m’absenter de Rome pendant des années, et n’y rentrer qu’en passant. Je correspondais avec eux par les courriers les plus rapides ; en cas de danger, par les signaux des sémaphores. Ils ont formé à leur tour d’autres auxiliaires utiles. Leur compétence est mon œuvre ; leur activité bien réglée m’a permis de m’employer moi-même ailleurs. Elle va me permettre sans trop d’inquiétude de m’absenter dans la mort.

Sur vingt ans de pouvoir, j’en ai passé douze sans domicile fixe. J’occupais à tour de rôle les palais des marchands d’Asie, les sages maisons grecques, les belles villas munies de bains et de calorifères des résidents romains de la Gaule, les huttes ou les fermes. La tente légère, l’architecture de toile et de cordes, était encore la préférée. Les navires n’étaient pas moins variés que les logis terrestres : j’eus le mien, pourvu d’un gymnase et d’une bibliothèque, mais je me défiais trop de toute fixité pour m’attacher à aucune demeure, même mouvante. La barque de plaisance d’un millionnaire syrien, les vaisseaux de haut bord de la flotte, ou le caïque d’un pêcheur grec convenaient tout aussi bien. Le seul luxe était la vitesse et tout ce qui la favorise, les meilleurs chevaux, les voitures les mieux suspendues, les bagages les moins encombrants, les vêtements et les accessoires les mieux appropriés au climat. Mais la grande ressource était avant tout l’état parfait du corps : une marche forcée de vingt lieues n’était rien, une nuit sans sommeil n’était considérée que comme une invitation à penser. Peu d’hommes aiment longtemps le voyage, ce bris perpétuel de toutes les habitudes, cette secousse sans cesse donnée à tous les préjugés. Mais je travaillais à n’avoir nul préjugé et peu d’habitudes. J’appréciais la profondeur délicieuse des lits, mais aussi le contact et l’odeur de la terre nue, les inégalités de chaque segment de la circonférence du monde. J’étais fait à la variété des nourritures, gruau britannique ou pastèque africaine. Il m’arriva un jour de goûter au gibier à demi pourri qui fait les délices de certaines peuplades germaniques : j’en vomis, mais l’expérience fut tentée. Fort décidé dans mes préférences en amour, je craignais même là les routines. Ma suite bornée à l’indispensable ou à l’exquis m’isolait peu du reste du monde ; je veillais à ce que mes mouvements restassent libres, mon abord facile. Les provinces, ces grandes unités officielles dont j’avais moi-même choisi les emblèmes, la Britannia sur son siège de rochers ou la Dacie et son cimeterre, se dissociaient en forêts dont j’avais cherché l’ombre, en puits où j’avais bu, en individus rencontrés au hasard des haltes, en visages connus, parfois aimés. Je connaissais chaque mille de nos routes, le plus beau don peut-être que Rome ait fait à la terre. Mais le moment inoubliable était celui où la route s’arrêtait au flanc d’une montagne, où l’on se hissait de crevasse en crevasse, de bloc en bloc, pour assister à l’aurore du haut d’un pic des Pyrénées ou des Alpes.

Quelques hommes avant moi avaient parcouru la terre : Pythagore, Platon, une douzaine de sages, et bon nombre d’aventuriers. Pour la première fois, le voyageur était en même temps le maître, pleinement libre de voir, de réformer, de créer. C’était ma chance, et je me rendais compte que des siècles peut-être passeraient avant que se reproduisît cet heureux accord d’une fonction, d’un tempérament, d’un monde. Et c’est alors que je m’aperçus de l’avantage qu’il y a à être un homme nouveau, et un homme seul, fort peu marié, sans enfants, presque sans ancêtres, Ulysse sans autre Ithaque qu’intérieure. Il faut faire ici un aveu que je n’ai fait à personne : je n’ai jamais eu le sentiment d’appartenir complètement à aucun lieu, pas même à mon Athènes bien-aimée, pas même à Rome. Étranger partout, je ne me sentais particulièrement isolé nulle part. J’exerçais en cours de route les différentes professions dont se compose le métier d’empereur : j’endossais la vie militaire comme un vêtement devenu commode à force d’avoir été porté. Je me remettais sans peine à parler le langage des camps, ce latin déformé par la pression des langues barbares, semé de jurons rituels et de plaisanteries faciles ; je me réhabituais à l’encombrant équipement des jours de manœuvres, à ce changement d’équilibre que produit dans tout le corps la présence au bras gauche du lourd bouclier. Le long métier de comptable m’astreignait partout davantage, qu’il s’agît d’apurer les comptes de la province d’Asie ou ceux d’une petite bourgade britannique endettée par l’érection d’un établissement thermal. J’ai déjà parlé du métier de juge. Des similitudes tirées d’autres emplois me venaient à l’esprit : je pensais au médecin ambulant guérissant les gens de porte en porte, à l’ouvrier de la voirie appelé pour réparer une chaussée ou ressouder une conduite d’eau, au surveillant qui court d’un bout à l’autre du banc des navires, encourageant les rameurs, mais utilisant son fouet le moins possible. Et aujourd’hui, sur les terrasses de la Villa, regardant les esclaves émonder les branches ou sarcler les plates-bandes, je pense surtout au sage va-et-vient du jardinier.

Les artisans que j’emmenais dans mes tournées me causèrent peu de soucis : leur goût du voyage égalait le mien. Mais j’eus des difficultés avec les hommes de lettres. L’indispensable Phlégon a des défauts de vieille femme, mais c’est le seul secrétaire qui ait résisté à l’usage : il est encore là. Le poète Florus, à qui j’offris un secrétariat en langue latine, s’écria partout qu’il n’aurait pas voulu être César et avoir à supporter les froids scythes et les pluies bretonnes. Les longues randonnées à pied ne lui disaient rien non plus. De mon côté, je lui laissais volontiers les délices de la vie littéraire romaine, les tavernes où l’on se rencontre pour échanger chaque soir les mêmes bons mots et se faire fraternellement piquer des mêmes moustiques. J’avais donné à Suétone la place de curateur des archives, qui lui permit d’accéder aux documents secrets dont il avait besoin pour ses biographies des Césars. Cet habile homme si bien surnommé Tranquillus n’était concevable qu’à l’intérieur d’une bibliothèque : il resta à Rome, où il devint l’un des familiers de ma femme, un membre de ce petit cercle de conservateurs mécontents qui se réunissaient chez elle pour critiquer le train dont va le monde. Ce groupe me plaisait peu : je fis mettre à la retraite Tranquillus, qui s’en alla dans sa maisonnette des monts sabins rêver en paix aux vices de Tibère. Favorinus d’Arles eut quelque temps un secrétariat grec : ce nain à voix flûtée n’était pas dépourvu de finesse. C’était un des esprits les plus faux que j’aie rencontrés ; nous nous disputions, mais son érudition m’enchantait. Je m’amusais de son hypocondrie, qui le faisait s’occuper de sa santé comme un amant d’une maîtresse aimée. Son serviteur hindou lui préparait du riz venu à grands frais d’Orient ; par malheur, ce cuisinier exotique parlait fort mal le grec, et fort peu en aucune langue : il ne m’apprit rien sur les merveilles de son pays natal. Favorinus se flattait d’avoir accompli dans sa vie trois choses assez rares : Gaulois, il s’était hellénisé mieux que personne ; homme de peu, il se querellait sans cesse avec l’empereur, et ne s’en portait pas plus mal pour cela, singularité qui d’ailleurs était toute à mon crédit ; impuissant, il payait continuellement l’amende pour adultère. Et il est vrai que ses admiratrices de province lui créaient des ennuis dont j’eus plus d’une fois à le tirer. Je m’en lassai, et Eudémon prit sa place. Mais, dans l’ensemble, j’ai été étrangement bien servi. Le respect de ce petit groupe d’amis et d’employés a survécu, les dieux savent comment, à l’intimité brutale des voyages ; leur discrétion a été plus étonnante encore, si possible, que leur fidélité. Les Suétones de l’avenir auront fort peu d’anecdotes à récolter sur moi. Ce que le public sait de ma vie, je l’ai révélé moi-même. Mes amis m’ont gardé mes secrets, les politiques et les autres ; il est juste de dire que j’en fis souvent autant pour eux.

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