Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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Je retrouvai les miens : j’ai toujours eu quelque tendresse pour ma sœur Pauline, et Servianus lui même semblait moins odieux qu’autrefois. Ma belle-mère Matidie avait rapporté d’Orient les premiers symptômes d’une maladie mortelle : je m’ingéniai à la distraire de ses souffrances à l’aide de fêtes frugales, à enivrer innocemment d’un doigt de vin cette matrone aux naïvetés de jeune fille. L’absence de ma femme, qui s’était réfugiée à la campagne dans un de ses accès d’humeur, n’enlevait rien à ces plaisirs de famille. De tous les êtres, c’est probablement celui auquel j’ai le moins réussi à plaire : il est vrai que je m’y suis fort peu essayé. Je fréquentai la petite maison où l’impératrice veuve s’adonnait aux délices sérieuses de la méditation et des livres. Je retrouvai le beau silence de Plotine. Elle s’effaçait avec douceur ; ce jardin, ces pièces claires devenaient chaque jour davantage l’enclos d’une Muse, le temple d’une impératrice déjà divine. Son amitié pourtant restait exigeante, mais elle n’avait somme toute que des exigences sages.
Je revis mes amis ; je connus le plaisir exquis de reprendre contact après de longues absences, de rejuger, et d’être rejugé. Le camarade des plaisirs et des travaux littéraires d’autrefois, Victor Voconius, était mort ; je me chargeai de fabriquer son oraison funèbre ; on sourit de me voir mentionner parmi les vertus du défunt une chasteté que réfutaient ses propres poèmes, et la présence aux funérailles de Thestylis aux boucles de miel, que Victor appelait jadis son beau tourment. Mon hypocrisie était moins grossière qu’il ne semble : tout plaisir pris avec goût me paraissait chaste. J’aménageai Rome comme une maison que le maître entend pouvoir quitter sans qu’elle ait à souffrir de son absence : des collaborateurs nouveaux firent leurs preuves ; des adversaires ralliés soupèrent au Palatin avec les amis des temps difficiles. Nératius Priscus ébauchait à ma table ses plans de législation ; l’architecte Apollodore nous expliquait ses épures ; Céionius Commodus, patricien richissime, sorti d’une vieille famille étrusque de sang presque royal, bon connaisseur en vins et en hommes, combinait avec moi ma prochaine manœuvre au Sénat.
Son fils, Lucius Céionius, alors âgé de dix-huit ans à peine, égayait ces fêtes, que je voulais austères, de sa grâce rieuse de jeune prince. Il avait déjà certaines manies absurdes et délicieuses : la passion de confectionner à ses amis des plats rares, le goût exquis des décorations florales, le fol amour des jeux de hasard et des travestis. Martial était son Virgile : il récitait ces poésies lascives avec une effronterie charmante. Je fis des promesses, qui m’ont beaucoup gêné par la suite ; ce jeune faune dansant occupa six mois de ma vie.
J’ai si souvent perdu de vue, puis retrouvé Lucius au cours des années qui suivirent, que je risque de garder de lui une image faite de mémoires superposées qui ne correspond en somme à aucune phase de sa rapide existence. L’arbitre quelque peu insolent des élégances romaines, l’orateur à ses débuts, timidement penché sur des exemples de style, réclamant mon avis sur un passage difficile, le jeune officier soucieux, tourmentant sa barbe rare, le malade secoué par la toux que j’ai veillé jusqu’à l’agonie, n’ont existé que beaucoup plus tard. L’image de Lucius adolescent se confine à des recoins plus secrets du souvenir : un visage, un corps, l’albâtre d’un teint pâle et rose, l’exact équivalent d’une épigramme amoureuse de Callimaque, de quelques lignes nettes et nues du poète Straton.
Mais j’avais hâte de quitter Rome. Mes prédécesseurs, jusqu’ici, s’en étaient surtout absentés pour la guerre : les grands projets, les activités pacifiques, et ma vie même, commençaient pour moi hors les murs.
Un dernier soin restait à prendre : il s’agissait de donner à Trajan ce triomphe qui avait obsédé ses rêves de malade. Un triomphe ne sied guère qu’aux morts. Vivant, il se trouve toujours quelqu’un pour nous reprocher nos faiblesses, comme jadis à César sa calvitie et ses amours. Mais un mort a droit à cette espèce d’inauguration dans la tombe, à ces quelques heures de pompe bruyante avant les siècles de gloire et les millénaires d’oubli. La fortune d’un mort est à l’abri des revers ; ses défaites même acquièrent une splendeur de victoires. Le dernier triomphe de Trajan ne commémorait pas un succès plus ou moins douteux sur les Parthes, mais l’honorable effort qu’avait été toute sa vie. Nous nous étions réunis pour célébrer le meilleur empereur que Rome eût connu depuis la vieillesse d’Auguste, le plus assidu à son travail, le plus honnête, le moins injuste. Ses défauts mêmes n’étaient plus que ces particularités qui font reconnaître la parfaite ressemblance d’un buste de marbre avec le visage. L’âme de l’empereur montait au ciel, emportée par la spirale immobile de la Colonne Trajane. Mon père adoptif devenait dieu : il avait pris place dans la série des incarnations guerrières du Mars éternel, qui viennent bouleverser et rénover le monde de siècle en siècle. Debout sur le balcon du Palatin, je mesurais mes différences ; je m’instrumentais vers de plus calmes fins. Je commençais à rêver d’une souveraineté olympienne.
Chapitre 13
Rome n’est plus dans Rome : elle doit périr, ou s’égaler désormais à la moitié du monde. Ces toits, ces terrasses, ces îlots de maisons que le soleil couchant dore d’un si beau rose ne sont plus, comme au temps de nos rois, craintivement entourés de remparts ; j’ai reconstruit moi-même une bonne partie de ceux-ci le long des forêts germaniques et sur les landes bretonnes. Chaque fois que j’ai regardé de loin, au détour de quelque route ensoleillée, une acropole grecque, et sa ville parfaite comme une fleur, reliée à sa colline comme le calice à sa tige, je sentais que cette plante incomparable était limitée par sa perfection même, accomplie sur un point de l’espace et dans un segment du temps. Sa seule chance d’expansion, comme celle des plantes, était sa graine : la semence d’idées dont la Grèce a fécondé le monde. Mais Rome plus lourde, plus informe, plus vaguement étalée dans sa plaine au bord de son fleuve, s’organisait vers des développements plus vastes : la cité est devenue l’État. J’aurais voulu que l’État s’élargît encore, devînt ordre du monde, ordre des choses. Des vertus qui suffisaient pour la petite ville des sept collines auraient à s’assouplir, à se diversifier, pour convenir à toute la terre. Rome, que j’osai le premier qualifier d’éternelle, s’assimilerait de plus en plus aux déesses-mères des cultes d’Asie : progénitrice des jeunes hommes et des moissons, serrant contre son sein des lions et des ruches d’abeilles. Mais toute création humaine qui prétend à l’éternité doit s’adapter au rythme changeant des grands objets naturels, s’accorder au temps des astres. Notre Rome n’est plus la bourgade pastorale du vieil Évandre, grosse d’un avenir qui est déjà en partie passé ; la Rome de proie de la République a rempli son rôle ; la folle capitale des premiers Césars tend d’elle-même à s’assagir ; d’autres Romes viendront, dont j’imagine mal le visage, mais que j’aurai contribué à former. Quand je visitais les villes antiques, saintes, mais révolues, sans valeur présente pour la race humaine, je me promettais d’éviter à ma Rome ce destin pétrifié d’une Thèbes, d’une Babylone ou d’une Tyr. Elle échapperait à son corps de pierre ; elle se composerait du mot d’État, du mot de citoyenneté, du mot de république, une plus sûre immortalité. Dans les pays encore incultes, sur les bords du Rhin, du Danube, ou de la mer des Bataves, chaque village défendu par une palissade de pieux me rappelait la hutte de roseaux, le tas de fumier où nos jumeaux romains dormaient gorgés de lait de louve : ces métropoles futures reproduiraient Rome. Aux corps physiques des nations et des races, aux accidents de la géographie et de l’histoire, aux exigences disparates des dieux ou des ancêtres, nous aurions à jamais superposé, mais sans rien détruire, l’unité d’une conduite humaine, l’empirisme d’une expérience sage. Rome se perpétuerait dans la moindre petite ville où des magistrats s’efforcent de vérifier les poids des marchands, de nettoyer et d’éclairer leurs rues, de s’opposer au désordre, à l’incurie, à la peur, à l’injustice, de réinterpréter raisonnablement les lois. Elle ne périrait qu’avec la dernière cité des hommes.
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