Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

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Nous sommes encombrés de statues, gorgés de délices peintes ou sculptées, mais cette abondance fait illusion ; nous reproduisons inlassablement quelques douzaines de chefs-d’œuvre que nous ne serions plus capables d’inventer. Moi aussi, j’ai fait copier pour la Villa l’Hermaphrodite et le Centaure, la Niobide et la Vénus. J’ai tenu à vivre le plus possible au milieu de ces mélodies de formes. J’encourageais les expériences avec le passé, un archaïsme savant qui retrouve le sens d’intentions et de techniques perdues. Je tentai ces variations qui consistent à transcrire en marbre rouge un Marsyas écorché de marbre blanc, le ramenant ainsi au monde des figures peintes, ou à transposer dans le ton du Paros le grain noir des statues d’Égypte, à changer l’idole en fantôme. Notre art est parfait, c’est-à-dire accompli, mais sa perfection est susceptible de modulations aussi variées que celles d’une voix pure : à nous de jouer ce jeu habile qui consiste à se rapprocher ou à s’éloigner perpétuellement de cette solution trouvée une fois pour toutes, d’aller jusqu’au bout de la rigueur ou de l’excès, d’enfermer d’innombrables constructions nouvelles à l’intérieur de cette belle sphère. Il y a avantage à avoir derrière soi mille points de comparaison, à pouvoir à son gré continuer intelligemment Scopas, ou contredire voluptueusement Praxitèle. Mes contacts avec les arts barbares m’ont fait croire que chaque race se limite à certains sujets, à certains modes parmi les modes possibles ; chaque époque opère encore un tri parmi les possibilités offertes à chaque race. J’ai vu en Égypte des dieux et des rois colossaux ; j’ai trouvé au poignet des prisonniers sarmates des bracelets qui répètent à l’infini le même cheval au galop ou les mêmes serpents se dévorant l’un l’autre. Mais notre art (j’entends celui des Grecs) a choisi de s’en tenir à l’homme. Nous seuls avons su montrer dans un corps immobile la force et l’agilité latentes ; nous seuls avons fait d’un front lisse l’équivalent d’une pensée sage. Je suis comme nos sculpteurs : l’humain me satisfait ; j’y trouve tout, jusqu’à l’éternel. La forêt tant aimée se ramasse pour moi tout entière dans l’image du centaure ; la tempête ne respire jamais mieux que dans l’écharpe ballonnée d’une déesse marine. Les objets naturels, les emblèmes sacrés, ne valent qu’alourdis d’associations humaines : la pomme de pin phallique et funèbre, la vasque aux colombes qui suggère la sieste au bord des fontaines, le griffon qui emporte le bien-aimé au ciel.

L’art du portrait m’intéressait peu. Nos portraits romains n’ont qu’une valeur de chronique : copies marquées de rides exactes ou de verrues uniques, décalques de modèles qu’on coudoie distraitement dans la vie et qu’on oublie sitôt morts. Les Grecs au contraire ont aimé la perfection humaine au point de se soucier assez peu du visage varié des hommes. Je ne jetais qu’un coup d’œil à ma propre image, cette figure basanée, dénaturée par la blancheur du marbre, ces yeux grands ouverts, cette bouche mince et pourtant charnue, contrôlée jusqu’à trembler. Mais le visage d’un autre m’a préoccupé davantage. Sitôt qu’il compta dans ma vie, l’art cessa d’être un luxe, devint une ressource, une forme de secours. J’ai imposé au monde cette image : il existe aujourd’hui plus de portraits de cet enfant que de n’importe quel homme illustre, de n’importe quelle reine. J’eus d’abord à cœur de faire enregistrer par la statuaire la beauté successive d’une forme qui change ; l’art devint ensuite une sorte d’opération magique capable d’évoquer un visage perdu. Les effigies colossales semblaient un moyen d’exprimer ces vraies proportions que l’amour donne aux êtres ; ces images, je les voulais énormes comme une figure vue de tout près, hautes et solennelles comme les visions et les apparitions du cauchemar, pesantes comme l’est resté ce souvenir. Je réclamais un fini parfait, une perfection pure, ce dieu qu’est pour ceux qui l’ont aimé tout être mort à vingt ans, et aussi la ressemblance exacte, la présence familière, chaque irrégularité d’un visage plus chère que la beauté. Que de discussions pour maintenir la ligne épaisse d’un sourcil, la rondeur un peu tuméfiée d’une lèvre… Je comptais désespérément sur l’éternité de la pierre, la fidélité du bronze, pour perpétuer un corps périssable, ou déjà détruit, mais j’insistais aussi pour que le marbre, oint chaque jour d’un mélange d’huile et d’acides, prit le poli et presque le moelleux d’une chair jeune. Ce visage unique, je le retrouvais partout : j’amalgamais les personnes divines, les sexes et les attributs éternels, la dure Diane des forêts au Bacchus mélancolique, l’Hermès vigoureux des palestres au dieu double qui dort, la tête contre le bras, dans un désordre de fleur. Je constatais à quel point un jeune homme qui pense ressemble à la virile Athéna. Mes sculpteurs s’y perdaient un peu ; les plus médiocres tombaient çà et là dans la mollesse ou dans l’emphase ; tous pourtant prenaient plus ou moins part au songe. Il y a les statues et les peintures du jeune vivant, celles qui reflètent ce paysage immense et changeant qui va de la quinzième à la vingtième année : le profil sérieux de l’enfant sage ; cette statue où un sculpteur de Corinthe a osé garder le laisser-aller du jeune garçon qui bombe le ventre en effaçant les épaules, la main sur la hanche, comme s’il surveillait au coin d’une rue une partie de dés. Il y a ce marbre où Papias d’Aphrodisie a tracé un corps plus que nu, désarmé, d’une fraîcheur fragile de narcisse. Et Aristéas a sculpté sous mes ordres, dans une pierre un peu rugueuse, cette petite tête impérieuse et fière… Il y a les portraits d’après la mort, et où la mort a passé, ces grands visages aux lèvres savantes, chargés de secrets qui ne sont plus les miens, parce que ce ne sont plus ceux de la vie. Il y a ce bas-relief où le Carien Antonianos a doué d’une grâce élyséenne le vendangeur vêtu de soie grège, et le museau amical du chien pressé contre une jambe nue. Et ce masque presque intolérable, œuvre d’un sculpteur de Cyrène, où le plaisir et la douleur fusent et s’entrechoquent sur ce même visage comme deux vagues sur un même rocher. Et ces petites statuettes d’argile à un sou qui ont servi à la propagande impériale : Tellus stabilita , le Génie de la Terre pacifiée, sous l’aspect d’un jeune homme couché qui tient des fruits et des fleurs.

Trahit sua quemque voluptas . À chacun sa pente : à chacun aussi son but, son ambition si l’on veut, son goût le plus secret et son plus clair idéal. Le mien était enfermé dans ce mot de beauté, si difficile à définir en dépit de toutes les évidences des sens et des yeux. Je me sentais responsable de la beauté du monde. Je voulais que les villes fussent splendides, aérées, arrosées d’eaux claires, peuplées d’êtres humains dont le corps ne fût détérioré ni par les marques de la misère ou de la servitude, ni par l’enflure d’une richesse grossière ; que les écoliers récitassent d’une voix juste des leçons point ineptes ; que les femmes au foyer eussent dans leurs mouvements une espèce de dignité maternelle, de repos puissant ; que les gymnases fussent fréquentés par des jeunes hommes point ignorants des jeux ni des arts ; que les vergers portassent les plus beaux fruits et les champs les plus riches moissons. Je voulais que l’immense majesté de la paix romaine s’étendît à tous, insensible et présente comme la musique du ciel en marche ; que le plus humble voyageur pût errer d’un pays, d’un continent à l’autre, sans formalités vexatoires, sans dangers, sûr partout d’un minimum de légalité et de culture ; que nos soldats continuassent leur éternelle danse pyrrhique aux frontières ; que tout fonctionnât sans accroc, les ateliers et les temples ; que la mer fût sillonnée de beaux navires et les routes parcourues par de fréquents attelages ; que, dans un monde bien en ordre, les philosophes eussent leur place et les danseurs aussi. Cet idéal, modeste en somme, serait assez souvent approché si les hommes mettaient à son service une partie de l’énergie qu’ils dépensent en travaux stupides ou féroces ; une chance heureuse m’a permis de le réaliser partiellement durant ce dernier quart de siècle. Arrien de Nicomédie, un des meilleurs esprits de ce temps, aime à me rappeler les beaux vers où le vieux Terpandre a défini en trois mots l’idéal Spartiate, le mode de vie parfait dont Lacédémone a rêvé sans jamais l’atteindre : la Force, la Justice, les Muses. La Force était à la base, rigueur sans laquelle il n’est pas de beauté, fermeté sans laquelle il n’est pas de justice. La Justice était l’équilibre des parties, l’ensemble des proportions harmonieuses que ne doit compromettre aucun excès. Force et Justice n’étaient qu’un instrument bien accordé entre les mains des Muses. Toute misère, toute brutalité étaient à interdire comme autant d’insultes au beau corps de l’humanité. Toute iniquité était une fausse note à éviter dans l’harmonie des sphères.

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