Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

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L’homme qui arpentait impatiemment les vastes salles de ce palais bâti jadis par les Séleucides, et que j’avais moi-même (quel ennui !) décorées en son honneur d’inscriptions élogieuses et de panoplies daces, n’était plus celui qui m’avait accueilli au camp de Cologne il y avait déjà près de vingt ans. Ses vertus même avaient vieilli. Sa jovialité un peu lourde, qui masquait autrefois une vraie bonté, n’était plus que routine vulgaire ; sa fermeté s’était changée en obstination ; ses aptitudes pour l’immédiat et le pratique en un total refus de penser. Le respect tendre qu’il avait pour l’impératrice, l’affection grondeuse qu’il témoignait à sa nièce Matidie se transformaient en une dépendance sénile envers ces femmes, aux conseils desquelles il résistait pourtant de plus en plus. Ses crises de foie inquiétaient son médecin Criton ; lui-même ne s’en souciait pas. Ses plaisirs avaient toujours manqué d’art ; leur niveau baissait encore avec l’âge. Il importait fort peu que l’empereur, sa journée faite, s’abandonnât à des débauches de caserne, en compagnie de jeunes gens auxquels il trouvait de l’agrément ou de la beauté. Il était au contraire assez grave qu’il supportât mal ce vin, dont il abusait ; et que cette cour de subalternes de plus en plus médiocres, triés et manœuvres par des affranchis louches, fût à même d’assister à toutes mes conversations avec lui et de les rapporter à mes adversaires. De jour, je ne voyais l’empereur qu’aux réunions de l’état-major, tout occupées du détail des plans, et où l’instant n’était jamais venu d’exprimer une opinion libre. À tout autre moment, il évitait les tête-à-tête. Le vin fournissait à cet homme peu subtil un arsenal de ruses grossières. Ses susceptibilités d’autrefois avaient bien cessé : il insistait pour m’associer à ses plaisirs ; le bruit, les rires, les plus fades plaisanteries des jeunes hommes étaient toujours bien reçus comme autant de moyens de me signifier que l’heure n’était pas aux affaires sérieuses ; il guettait le moment où une rasade de plus m’enlèverait ma raison. Tout tournait autour de moi dans cette salle où les têtes d’aurochs des trophées barbares semblaient me rire au nez. Les jarres succédaient aux jarres ; une chanson avinée giclait çà et là, ou le rire insolent et charmant d’un page ; l’empereur, appuyant sur la table une main de plus en plus tremblante, muré dans une ivresse peut-être à demi feinte, perdu loin de tout sur les routes de l’Asie, s’enfonçait gravement dans ses songes…

Par malheur, ces songes étaient beaux. C’étaient les mêmes qui m’avaient autrefois fait penser à tout abandonner pour suivre au-delà du Caucase les routes septentrionales vers l’Asie. Cette fascination,

à laquelle l’empereur vieilli se livrait en somnambule, Alexandre l’avait subie avant lui ; il avait à peu près réalisé les mêmes rêves, et il en était mort à trente ans. Mais le pire danger de ces grands plans était encore leur sagesse : comme toujours, les raisons pratiques abondaient pour justifier l’absurde, pour porter à l’impossible. Le problème de l’Orient nous préoccupait depuis des siècles ; il semblait naturel d’en finir une fois pour toutes. Nos échanges de denrées avec l’Inde et le mystérieux Pays de la Soie dépendaient entièrement des marchands juifs et des exportateurs arabes qui avaient la franchise des ports et des routes parthes. Une fois réduit à rien le vaste et flottant empire des cavaliers Arsacides, nous toucherions directement à ces riches confins du monde ; l’Asie enfin unifiée ne serait pour Rome qu’une province de plus. Le port d’Alexandrie d’Égypte était le seul de nos débouchés vers l’Inde qui ne dépendît pas du bon vouloir parthe ; là aussi, nous nous heurtions continuellement aux exigences et aux révoltes des communautés juives. Le succès de l’expédition de Trajan nous eût permis d’ignorer cette ville peu sûre. Mais tant de raisons ne m’avaient jamais persuadé. De sages traités de commerce m’eussent contenté davantage, et j’entrevoyais déjà la possibilité de réduire le rôle d’Alexandrie en créant une seconde métropole grecque dans le voisinage de la Mer Rouge, ce que j’ai fait plus tard quand j’ai fondé Antinoé. Je commençais à connaître ce monde compliqué de l’Asie. Les simples plans d’extermination totale qui avaient réussi en Dacie n’étaient pas de mise dans ce pays plein d’une vie plus multiple, mieux enracinée, et dont dépendait d’ailleurs la richesse du monde. Passé l’Euphrate, commençait pour nous le pays des risques et des mirages, les sables où l’on s’enlise, les routes qui finissent sans aboutir. Le moindre revers aurait pour résultat un ébranlement de prestige que toutes les catastrophes pourraient suivre ; il ne s’agissait pas seulement de vaincre, mais de vaincre toujours, et nos forces s’épuiseraient à cette entreprise. Nous l’avions déjà tentée : je pensais avec horreur à la tête de Crassus, lancée de main en main comme une balle au cours d’une représentation des Bacchantes d’Euripide, qu’un roi barbare frotté d’hellénisme donnait au soir d’une victoire sur nous. Trajan songeait à venger cette vieille défaite ; je songeais surtout à l’empêcher de se reproduire. Je prévoyais assez exactement l’avenir, chose possible après tout quand on est renseigné sur bon nombre des éléments du présent : quelques victoires inutiles entraîneraient trop avant nos armées imprudemment enlevées à d’autres frontières ; l’empereur mourant se couvrirait de gloire, et nous, qui avions à vivre, serions chargés de résoudre tous les problèmes et de remédier à tous les maux.

César avait raison de préférer la première place dans un village à la seconde à Rome. Non par ambition, ou par vaine gloire, mais parce que l’homme placé en second n’a le choix qu’entre les dangers de l’obéissance, ceux de la révolte, et ceux, plus graves, du compromis. Je n’étais même pas le second dans Rome. Sur le point de partir pour une expédition périlleuse, l’empereur n’avait pas encore désigné son successeur : chaque pas en avant donnait une chance aux chefs de l’état-major. Cet homme presque naïf m’apparaissait maintenant plus compliqué que moi-même. Ses rudesses seules me rassuraient : l’empereur bourru me traitait en fils. À d’autres moments, je m’attendais, sitôt qu’on pourrait se passer de mes services, à être évincé par Palma ou supprimé par Quiétus. J’étais sans pouvoir : je ne parvins même pas à obtenir une audience pour les membres influents du Sanhédrin d’Antioche, qui craignaient autant que nous les coups de force des agitateurs juifs, et qui eussent éclairé Trajan sur les menées de leurs coreligionnaires. Mon ami Latinius Alexander, qui descendait d’une des vieilles familles royales de l’Asie Mineure, et dont le nom et la fortune pesaient d’un grand poids, ne fut pas davantage écouté. Pline, envoyé en Bithynie quatre ans plus tôt, y était mort sans avoir eu le temps d’informer l’empereur de l’état exact des esprits et des finances, à supposer que son incurable optimisme lui eût permis de le faire. Les rapports secrets du marchand lycien Opramoas, qui connaissait bien les affaires d’Asie, furent tournés en dérision par Palma. Les affranchis profitaient des lendemains de maladie qui suivaient les soirs d’ivresse pour m’écarter de la chambre impériale : l’ordonnance de l’empereur, un nommé Phœdime, honnête celui-là, mais obtus, et monté contre moi, me refusa deux fois la porte. Par contre, le consulaire Celsus, mon ennemi, s’enferma un soir avec Trajan pour un conciliabule qui dura des heures, et à la suite duquel je me crus perdu. Je me cherchai des alliés où je pus ; je corrompis à prix d’or d’anciens esclaves que j’eusse volontiers envoyés aux galères ; j’ai caressé d’horribles têtes frisées. Le diamant de Nerva ne jetait plus aucun feu.

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