Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
Здесь есть возможность читать онлайн «Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Les mémoires d'Hadrien
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 100
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Les mémoires d'Hadrien: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les mémoires d'Hadrien»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Les mémoires d'Hadrien — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les mémoires d'Hadrien», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
L’an dernier, peu après la conspiration où Servianus a fini par laisser sa vie, une de mes maîtresses d’autrefois prit la peine de se rendre à la Villa pour me dénoncer un de ses gendres. Je n’ai pas retenu l’accusation, qui pouvait naître d’une haine de belle-mère autant que d’un désir de m’être utile. Mais la conversation m’intéressait : il n’y était question, comme jadis au tribunal des héritages, que de testaments, de machinations ténébreuses entre proches, de mariages inattendus ou infortunés. Je retrouvais le cercle étroit des femmes, leur dur sens pratique, et leur ciel gris dès que l’amour n’y joue plus. Certaines aigreurs, une espèce de loyauté rêche, m’ont rappelé ma fâcheuse Sabine. Les traits de ma visiteuse semblaient aplatis, fondus, comme si la main du temps avait passé et repassé brutalement sur un masque de cire molle ; ce que j’avais consenti, un moment, à prendre pour de la beauté, n’avait jamais été qu’une fleur de jeunesse fragile. Mais l’artifice régnait encore : ce visage ridé jouait maladroitement du sourire. Les souvenirs voluptueux, s’il y en eut jamais, s’étaient pour moi complètement effacés ; il restait un échange de phrases affables avec une créature marquée comme moi par la maladie ou l’âge, la même bonne volonté un peu agacée que j’aurais eue pour une cousine surannée d’Espagne, une parente éloignée arrivée de Narbonne.
Je m’efforce de ressaisir un instant des boucles de fumée, les bulles d’air irisées d’un jeu d’enfant. Mais il est facile d’oublier… Tant de choses ont passé depuis ces légères amours que j’en méconnais sans doute la saveur ; il me plaît surtout de nier qu’elles m’aient jamais fait souffrir. Et pourtant, parmi ces maîtresses, il en est une au moins que j’ai délicieusement aimée. Elle était à la fois plus fine et plus ferme, plus tendre et plus dure que les autres : ce mince torse rond faisait penser à un roseau. J’ai toujours goûté la beauté des chevelures, cette partie soyeuse et ondoyante d’un corps, mais les chevelures de la plupart de nos femmes sont des tours, des labyrinthes, des barques, ou des nœuds de vipères. La sienne consentait à être ce que j’aime qu’elles soient : la grappe de raisin des vendanges, ou l’aile. Couchée sur le dos, appuyant sur moi sa petite tête fière, elle me parlait de ses amours avec une impudeur admirable. J’aimais sa fureur et son détachement dans le plaisir, son goût difficile, et sa rage de se déchirer l’âme. Je lui ai connu des douzaines d’amants ; elle en perdait le compte ; je n’étais qu’un comparse qui n’exigeait pas la fidélité. Elle s’était éprise d’un danseur nommé Bathylle, si beau que toutes les folies étaient d’avance justifiées. Elle sanglotait son nom dans mes bras ; mon approbation lui rendait courage. À d’autres moments, nous avons beaucoup ri ensemble. Elle mourut jeune, dans une île malsaine où sa famille l’exila à la suite d’un divorce qui fit scandale. Je m’en réjouis pour elle, car elle craignait de vieillir, mais c’est un sentiment que nous n’éprouvons jamais pour ceux que nous avons véritablement aimés. Elle avait d’immenses besoins d’argent. Un jour, elle me demanda de lui prêter cent mille sesterces. Je les lui apportai le lendemain. Elle s’assit par terre, petite figure nette de joueuse d’osselets, vida le sac sur le pavement, et se mit à diviser en tas le luisant monceau. Je savais que pour elle, comme pour nous tous, prodigues, ces pièces d’or n’étaient pas des espèces trébuchantes marquées d’une tête de César, mais une matière magique, une monnaie personnelle, frappée à l’effigie d’une chimère, au coin du danseur Bathylle. Je n’existais plus. Elle était seule. Presque laide, plissant le front avec une délicieuse indifférence à sa propre beauté, elle faisait et refaisait sur ses doigts, avec une moue d’écolier, les additions difficiles. Elle ne m’a jamais tant charmé.
Chapitre 8
La nouvelle des incursions sarmates arriva à Rome pendant la célébration du triomphe dacique de Trajan. Cette fête longtemps différée durait depuis huit jours. On avait mis près d’une année à faire venir d’Afrique et d’Asie les animaux sauvages qu’on se proposait d’abattre en masse dans l’arène ; le massacre de douze mille bêtes fauves, regorgement méthodique de dix mille gladiateurs faisaient de Rome un mauvais lieu de la mort. Je me trouvais ce soir-là sur la terrasse de la maison d’Attianus, avec Marcius Turbo et notre hôte. La ville illuminée était affreuse de joie bruyante : cette dure guerre, à laquelle Marcius et moi avions consacré quatre années de jeunesse, devenait pour la populace un prétexte à fêtes avinées, un brutal triomphe de seconde main. Il n’était pas opportun d’apprendre au peuple que ces victoires si vantées n’étaient pas définitives, et qu’un nouvel ennemi descendait sur nos frontières. L’empereur, déjà occupé à ses projets d’Asie, se désintéressait plus ou moins de la situation au nord-est, qu’il préférait juger réglée une fois pour toutes. Cette première guerre sarmate fut présentée comme une simple expédition punitive. J’y fus envoyé avec le titre de gouverneur de Pannonie et les pouvoirs de général en chef.
Elle dura onze mois, et fut atroce. Je crois encore que l’anéantissement des Daces avait été à peu près justifié : aucun chef d’État ne supporte volontiers l’existence d’un ennemi organisé installé à ses portes. Mais l’effondrement du royaume de Décébale avait créé dans ces régions un vide où se précipitait le Sarmate ; des bandes sorties de nulle part infestaient un pays dévasté par des années de guerre, brûlé et rebrûlé par nous, où nos effectifs insuffisants manquaient de points d’appui ; elles pullulaient comme des vers dans le cadavre de nos victoires daces. Nos récents succès avaient sapé la discipline : je retrouvais aux avant-postes quelque chose de la grossière insouciance des fêtes romaines. Certains tribuns montraient devant le danger une confiance imbécile : isolés périlleusement dans une région dont la seule partie bien connue était notre ancienne frontière, ils comptaient, pour continuer à vaincre, sur notre armement que je voyais diminuer de jour en jour par l’effet des pertes et de l’usure, et sur des renforts que je ne m’attendais pas à voir venir, sachant que toutes nos ressources seraient désormais concentrées sur l’Asie.
Un autre danger commençait à poindre : quatre ans de réquisitions officielles avaient ruiné les villages de l’arrière ; dès les premières campagnes daces, pour chaque troupeau de bœufs ou de moutons pompeusement pris sur l’ennemi, j’avais vu d’innombrables défilés de bétail arraché à l’habitant. Si cet état de choses persistait, le moment était proche où nos populations paysannes, fatiguées de supporter notre lourde machine militaire, finiraient par nous préférer les barbares. Les rapines de la soldatesque présentaient un problème moins essentiel peut-être, mais plus voyant. J’étais assez populaire pour ne pas craindre d’imposer aux troupes les restrictions les plus dures ; je mis à la mode une austérité que je pratiquai moi-même ; j’inventai le culte de la Discipline Auguste que je réussis plus tard à étendre à toute l’armée. Je renvoyai à Rome les imprudents et les ambitieux, qui me compliquaient ma tâche ; par contre, je fis venir des techniciens, dont nous manquions. Il fallut réparer les ouvrages de défense que l’orgueil de nos récentes victoires avait fait singulièrement négliger ; j’abandonnai une fois pour toutes ceux qu’il eût été trop coûteux de maintenir. Les administrateurs civils, solidement installés dans le désordre qui suit toute guerre, passaient par degrés au rang de chefs semi-indépendants, capables de toutes les exactions envers nos sujets et de toutes les trahisons envers nous. Là encore, je voyais se préparer dans un avenir plus ou moins proche les révoltes et les morcellements futurs. Je ne crois pas que nous évitions ces désastres, pas plus que nous n’éviterons la mort, mais il dépend de nous de les reculer de quelques siècles. Je chassai les fonctionnaires incapables ; je fis exécuter les pires. Je me découvrais impitoyable.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Les mémoires d'Hadrien» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.