Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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Un certain nombre d’actions d’éclat, que l’on n’eût peut-être pas remarquées de la part d’un simple soldat, m’acquirent une réputation à Rome et une espèce de gloire à l’armée. La plupart de mes prétendues prouesses n’étaient d’ailleurs que bravades inutiles ; j’y découvre aujourd’hui, avec quelque honte, mêlée à l’exaltation presque sacrée dont je parlais tout à l’heure, ma basse envie de plaire à tout prix et d’attirer l’attention sur moi. C’est ainsi qu’un jour d’automne je traversai à cheval le Danube gonflé par les pluies, chargé du lourd équipement des soldats bataves. À ce fait d’armes, si c’en est un, ma monture eut plus de mérite que moi. Mais cette période d’héroïques folies m’a appris à distinguer entre les divers aspects du courage. Celui qu’il me plairait de posséder toujours serait glacé, indifférent, pur de toute excitation physique, impassible comme l’équanimité d’un dieu. Je ne me flatte pas d’y avoir jamais atteint. La contrefaçon dont je me suis servi plus tard n’était, dans mes mauvais jours, qu’insouciance cynique envers la vie, dans les bons, que sentiment du devoir, auquel je m’accrochais. Mais bien vite, pour peu que le danger durât, cynisme ou sentiment du devoir cédaient la place à un délire d’intrépidité, espèce d’étrange orgasme de l’homme uni à son destin. À l’âge où j’étais alors, ce courage ivre persistait sans cesse. Un être grisé de vie ne prévoit pas la mort ; elle n’est pas ; il la nie par chacun de ses gestes. S’il la reçoit, c’est probablement sans le savoir ; elle n’est pour lui qu’un choc ou qu’un spasme. Je souris amèrement à me dire qu’aujourd’hui, sur deux pensées, j’en consacre une à ma propre fin, comme s’il fallait tant de façons pour décider ce corps usé à l’inévitable. À cette époque, au contraire, un jeune homme qui aurait beaucoup perdu à ne pas vivre quelques années de plus risquait chaque jour allègrement son avenir.
Il serait facile de construire ce qui précède comme l’histoire d’un soldat trop lettré qui veut se faire pardonner ses livres. Mais ces perspectives simplifiées sont fausses. Des personnages divers régnaient en moi tour à tour, aucun pour très longtemps, mais le tyran tombé regagnait vite le pouvoir. J’hébergeai ainsi l’officier méticuleux, fanatique de discipline, mais partageant gaiement avec ses hommes les privations de la guerre ; le mélancolique rêveur des dieux ; l’amant prêt à tout pour un moment de vertige ; le jeune lieutenant hautain qui se retire sous sa tente, étudie ses cartes à la lueur d’une lampe, et ne cache pas à ses amis son mépris pour la manière dont va le monde ; l’homme d’État futur. Mais n’oublions pas non plus l’ignoble complaisant, qui, pour ne pas déplaire, acceptait de s’enivrer à la table impériale ; le petit jeune homme tranchant de haut toutes les questions avec une assurance ridicule ; le beau parleur frivole, capable pour un bon mot de perdre un bon ami ; le soldat accomplissant avec une précision machinale ses basses besognes de gladiateur. Et mentionnons aussi ce personnage vacant, sans nom, sans place dans l’histoire, mais aussi moi que tous les autres, simple jouet des choses, pas plus et pas moins qu’un corps, couché sur son lit de camp, distrait par une senteur, occupé d’un souffle, vaguement attentif à quelque éternel bruit d’abeille. Mais, peu à peu, un nouveau venu entrait en fonctions, un directeur de troupe, un metteur en scène. Je connaissais le nom de mes acteurs ; je leur ménageais des entrées et des sorties plausibles ; je coupais les répliques inutiles ; j’évitais par degrés les effets vulgaires. J’apprenais enfin à ne pas abuser du monologue. À la longue, mes actes me formaient.
Mes succès militaires auraient pu me valoir l’inimitié d’un moins grand homme que Trajan. Mais le courage était le seul langage qu’il comprît immédiatement, et dont les paroles lui allassent au cœur. Il finit par voir en moi un second, presque un fils, et rien de ce qui arriva plus tard ne put nous séparer complètement. De mon côté, certaines de mes objections naissantes à ses vues furent, au moins momentanément, mises au rancart, oubliées en présence de l’admirable génie qu’il déployait aux armées. J’ai toujours aimé voir travailler un grand spécialiste. L’empereur, dans sa partie, était d’une habileté et d’une sûreté de main sans égales. Placé à la tête de la Légion Minervienne, la plus glorieuse de toutes, je fus désigné pour détruire les derniers retranchements de l’ennemi dans la région des Portes de Fer. Après l’encerclement de la citadelle de Sarmizégéthuse, j’entrai à la suite de l’empereur dans la salle souterraine où les conseillers du roi Décébale venaient de s’empoisonner au cours d’un dernier banquet ; je fus chargé par lui de mettre le feu à cet étrange tas d’hommes morts. Le même soir, sur les escarpements du champ de bataille, il passa à mon doigt l’anneau de diamants qu’il tenait de Nerva, et qui était demeuré plus ou moins le gage de la succession au pouvoir. Cette nuit-là, je m’endormis content.
Chapitre 6
Ma popularité commençante répandit sur mon second séjour à Rome quelque chose de ce sentiment d’euphorie que je devais retrouver plus tard, à un degré beaucoup plus fort, durant mes années de bonheur. Trajan m’avait donné deux millions de sesterces pour faire des largesses au peuple, ce qui naturellement ne suffisait pas, mais je gérais désormais ma fortune, qui était considérable, et les soucis d’argent ne m’atteignaient plus. J’avais perdu en grande partie mon ignoble peur de déplaire. Une cicatrice au menton me fournit un prétexte pour porter la courte barbe des philosophes grecs. Je mis dans mes vêtements une simplicité que j’exagérai encore à l’époque impériale : mon temps de bracelets et de parfums était passé. Que cette simplicité fût encore une attitude importe assez peu. Lentement, je m’habituais au dénuement pour lui-même, et à ce contraste, que j’ai aimé plus tard, entre une collection de gemmes précieuses et les mains nues du collectionneur. Pour en rester au chapitre du vêtement, un incident dont on tira des présages m’arriva pendant l’année où je servis en qualité de tribun du peuple. Un jour où j’avais à parler en public par un temps épouvantable, je perdis mon manteau de pluie de grosse laine gauloise. Obligé à prononcer mon discours sous une toge dans les replis de laquelle l’eau s’amassait comme dans une gouttière, je passais et repassais continuellement la main sur mon front pour disperser la pluie qui me remplissait les yeux. S’enrhumer est à Rome un privilège d’empereur, puisqu’il lui est interdit par tous les temps de rien ajouter à la toge : à partir de ce jour-là, la revendeuse du coin et le marchand de pastèques crurent à ma fortune.
On parle souvent des rêves de la jeunesse. On oublie trop ses calculs. Ce sont des rêves aussi, et non moins fous que les autres. Je n’étais pas seul à en faire pendant cette période de fêtes romaines : toute l’armée se précipitait dans la course aux honneurs. J’entrai assez gaiement dans ce rôle de l’ambitieux que je n’ai jamais joué longtemps avec conviction, ni sans avoir besoin du soutien constant d’un souffleur. J’acceptai de remplir avec l’exactitude la plus sage l’ennuyeuse fonction de curateur des actes du Sénat ; je sus rendre tous les services utiles. Le style laconique de l’empereur, admirable aux armées, était insuffisant à Rome ; l’impératrice, dont les goûts littéraires se rapprochaient des miens, le persuada de me laisser fabriquer ses discours. Ce fut le premier des bons offices de Plotine. J’y réussis d’autant mieux que j’avais l’habitude de ce genre de complaisances. Au temps de mes débuts difficiles, j’avais souvent rédigé, pour des sénateurs à court d’idées ou de tournures de phrases, des harangues dont ils finissaient par se croire auteurs. Je trouvais à travailler ainsi pour Trajan un plaisir exactement pareil à celui que les exercices de rhétorique m’avaient donné dans l’adolescence ; seul dans ma chambre, essayant mes effets devant un miroir, je me sentais empereur. En vérité, j’apprenais à l’être ; des audaces dont je ne me serais pas cru capable devenaient faciles quand quelqu’un d’autre aurait à les endosser. La pensée simple, mais inarticulée, et par là même obscure, de l’empereur, me devint familière ; je me flattais de la connaître un peu mieux que lui-même. J’aimais à singer le style militaire du chef, à l’entendre au Sénat prononcer des phrases qui semblaient typiques, et dont j’étais responsable. À d’autres jours, où Trajan gardait la chambre, je fus chargé de lire moi-même ces discours dont il ne prenait même plus connaissance et mon énonciation, désormais sans reproche, faisait honneur aux leçons de l’acteur tragique Olympos.
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