Сорж Шаландон - Retour à Killybegs
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- Название:Retour à Killybegs
- Автор:
- Издательство:Grasset
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:105422
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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— Sacrée soirée, hein Gerry ? j’ai dit par politesse en pissant rudement.
Il se reboutonnait.
— Comme tu dis…
Gerry Sheridan n’avait jamais été très bavard. A Long Kesh, les matons l’appelaient « l’Huître ». Il ne leur lâchait rien, pas un mot. Il ne nous parlait pas non plus. Mais il avait le regard pour sourire. Ce soir-là, Gerry n’a pas tourné la tête. C’était la première fois. Peut-être me faisait-il payer mon retard.
Nous avions manqué la messe. Et aussi la cavalcade dans Falls Road, avec un blindé britannique Saracen loué pour ouvrir le cortège. Les mariés avaient été arrêtés sur les marches de l’église, par quatre faux soldats en uniforme anglais, au milieu des rires et des hourras, puis conduits au club, comme ça, salués par les klaxons, hissés sur la tourelle ouverte en hurlant à la vie. Je n’aimais pas ces jeux. Dix ans plus tôt, nous tenions ces cafards kaki au bout de nos lance-roquettes et voilà que nos enfants payaient pour circuler avec. Ils les décoraient de fleurs, de guirlandes, accrochaient le drapeau national à l’antenne, installaient des haut-parleurs, traversaient les quartiers nationalistes et diffusaient du rock en faisant hurler le moteur.
— C’est ça la paix, Tyrone, disait Sheila, lorsqu’une automitrailleuse maquillée de fête nous croisait en rageant.
Elle me prenait le bras, riait, levait une main heureuse.
— Contrairement à vous, ils ont réussi à s’en emparer sans un coup de feu.
Elle me taquinait, je me détachais d’elle le temps d’une fausse colère. Je hurlais « Vive l’IRA », agitant ma casquette à bout de bras.
Lorsque je suis ressorti des chiottes, j’ai observé la table de Gerry Sheridan. L’Huître parlait avec Mickey, front contre front. Il a détourné la tête. Et Mickey m’a regardé, lèvres blanches.
Lorsque Mickey est sorti de prison, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre. De tous les combattants réunis pour abattre Popeye le gardien, j’étais le seul à m’en être tiré. J’avais vendu Mickey, Terry est tombé peu après et aussi Jane, la fille à vélo qui devait nous débarrasser des pistolets. Même les deux gars de Divis, nos renforts, ont été emprisonnés.
Mickey avait parlé sous la torture. C’est à cause de lui que tous étaient tombés et jamais personne ne lui en a voulu.
Une fois qu’il avait bu, il s’est étonné publiquement que je n’aie pas été pris.
— Pourquoi ? Ils avaient appris quelque chose sur moi ?
Mickey a protesté. Rien ! Ils ne savaient rien, mais j’étais connu dans le quartier, alors ils auraient pu imaginer des choses, voilà tout. J’ai froncé les sourcils. Je me souviens parfaitement de cet instant.
— Tu es sûr que tu n’as rien à me dire, Mickey ?
Mon ami s’est mis à trembler, des lèvres et de la main. Les matraques avaient emporté la moitié de ses dents, il avait un bras invalide. Il ne comprenait pas ce que je voulais dire. Il jurait que non. Il paniquait. Je me suis trouvé salaud, odieux, plus malin que le diable. Il était pitoyable. Il avait tout dit de moi, tout. Il m’avait trahi dans le sang, chacun de mes gestes, chacune de mes pensées. Les Britanniques n’avaient plus eu qu’à me cueillir comme un fruit. Pendant des semaines, il a craint de me voir passer la porte de sa cellule. Peur de voir mon visage fracassé et mon regard en face lui demander des comptes. Ensuite, pendant des années, il a espéré que je serais arrêté. Il préférait affronter ma colère que douter de moi. Et il m’a attendu. En vain. Alors il a compris que ma liberté avait eu un prix. Et qu’il en était le montant.
Dans les bras l’un de l’autre, à sa sortie de prison, nous étions enchaînés. Lui avec son secret, et moi avec le mien. Nous allions devoir affronter la paix, blessés par ce silence. Depuis, nous nous évitons. Je suis toujours Tyrone, il est encore Mickey, mais en déposant les armes, nous avons enterré la vérité.
Ce ne pouvait être du mépris. Pas ça, pas à moi. J’avais dû surprendre une conversation douloureuse entre les deux hommes. Ces confessions de nuit que convoque l’ivresse. Mickey était veuf depuis neuf jours. Il disait que sans sa femme et sans la guerre, la vie n’était plus rien. C’était ça. Je venais simplement de surprendre la tristesse de Mickey, son désarroi face au deuil et à la paix.
Plus tard dans la soirée, j’ai croisé Mike O’Doyle. Lui aussi, m’a observé. Il est retourné à sa table et m’a épié par-dessus son verre. Quatorze jours plus tard, c’est lui qui m’interrogerait. Lui qui me demanderait mon nom, mon prénom et ma date de naissance pour un cérémonial ridicule. Lui qui essaierait de me faire parler.
— Tu nous trahis depuis quand, Tyrone ?
Pauvre gamin. Tout raide à côté du vieux combattant qu’il rudoyait de ses questions et de ses regards. Savait-il déjà, ce soir-là ? Je ne lui ai jamais demandé. Sheila s’étourdissait. Un instant, elle a heurté sa chaise. Mike s’est levé en riant, a esquissé quelques pas avec elle, et a repris son observation silencieuse.
Ils savent !
Et ce fut l’évidence. Ils savaient, tous. Ce mariage était un piège. Sheila m’avait traîné ici pour me faire parler. J’ai mélangé son gin à mon fond de bière. Je regardais les autres tables, les verres oubliés à moitié. J’aiderais à débarrasser tout ça, je boirais ce gâchis en cachette.
Non. Ils ne savent rien. C’est juste un mauvais soir. De ceux qui me hantent depuis plus de vingt-cinq ans. Je n’arrive plus à lire les yeux, je ne connais plus les lèvres. Je prends une accolade pour une bousculade et le silence pour du dédain.
Et pourtant, cette nuit-là dans mon club, des regards se sont tus. Pas ceux des femmes, des copains lointains, des compagnons de route, mais ceux des frères d’armes. Pour la première fois de ma vie, j’ai vu l’IRA comme la voit l’ennemi. Parce qu’elle était là, l’IRA. Malgré le cessez-le-feu, le processus de paix, malgré nos armes détruites une à une, elle était là. A cette table bondée, derrière ce bar, dans ce groupe murmurant, à la porte, dans les travées, dans ce costume sombre ou cette chemise claire. Elle était là, hostile. Je sentais sa méfiance. Je reconnaissais ses gestes, sa façon, cette manière d’évitement. Tout au long de ma vie, j’ai suspecté des hommes. Tellement. Je murmurais leur nom dans une oreille amie, je les montrais du doigt. Je descendais de mon tabouret ou traversais la rue et je me plantais là, bien en face, pour dire au suspect de passer son chemin. Et cet homme aujourd’hui, c’était moi. Tyrone Meehan, ce soir de fête, guetté, surveillé. Penché sur l’épaule de Mickey, l’Huître me désignait. J’ai bu un verre qui n’était pas à moi. Une liqueur amère. J’avais chaud, froid, plus de ventre ni de cœur. J’avais envie de vomir. J’avais peur. Au moment où Déirdre est venue à ma table, je me suis levé.
— Vite ! Un verre pour Tyrone Meehan ou il va déserter ! a crié la mariée.
Un type m’a tendu une bière noire. Cinq l’attendaient encore, pleines et plates d’avoir trop tardé. La fille Sheridan s’est assise sur mes genoux.
— Tu en fais une tête, petit homme de Sheila !
A force de m’appeler ainsi, ma femme avait passé le mot au quartier, puis à la ville et peut-être au pays. Je me suis excusé. Tu sais, jeune fille, j’ai tout de même quatre-vingt-un ans. Les journées sont longues quand on arrive au bout.
— Au bout ? Mais tu vas vivre cent ans, Tyrone Meehan !
Elle a ri. S’est levée, a embrassé Sheila qui revenait à table. J’ai croisé le regard gênant de Mike O’Doyle. Cent ans ? Je crois bien qu’il a secoué la tête pour dire non.
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