Сорж Шаландон - Retour à Killybegs
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- Название:Retour à Killybegs
- Автор:
- Издательство:Grasset
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:105422
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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Nos prisonniers politiques avaient été libérés, tous. Certains étaient entrés dans les conseils municipaux, les administrations, les ministères. Souris Tyrone, bon Dieu ! Regarde le cercueil de Tom porté à dos d’hommes au milieu de la ville. Combien de fois t’es-tu réveillé en bénissant ce rêve ? Quoi ? La méfiance ? Mais bien sûr elle subsiste, la méfiance ! Tout le monde le sait, Tyrone. La peur entre les deux communautés ? Oui ! Evidemment. Le difficile travail de deuil, la colère, la haine, même. Et aussi ce sentiment d’impunité qui blesse les familles des victimes. Mais quand même, et malgré tout. Le rêve de ton père, de Tom, de Danny. La paix, Tyrone ! C’est ce que tu es en train de vivre !
Dans quelques semaines Walder retournera en Angleterre, le flic roux fera la circulation au carrefour, Honoré enseignera l’histoire d’Irlande et tout sera éteint. Regarde autour de toi, Tyrone Meehan ! On t’acclame des yeux. Personne ne sait. Personne ne se doute. Tu vas t’en tirer, mon vieux camarade ! Cela fait des mois que tu ne donnes plus rien à l’ennemi. Et puis d’ailleurs, quoi lui offrir ? Plus besoin d’un cimetière secret, d’un bus à impériale. La guerre n’est plus d’actualité, Tyrone. Hier, tes chefs ordonnaient de bombarder le 10 Downing Street au mortier. Aujourd’hui, ils y prennent le thé avec le Premier ministre britannique. Des vieux de l’IRA et des anciens paramilitaires protestants font la queue à la cafétéria du Parlement en réclamant ensemble du rab de pain. La dernière fois que tu les as rencontrés, Walder t’écoutait par habitude. Et Honoré regardait sa montre. Tu ne leur sers plus à rien, Tyrone. Ça y est. C’est fait. C’est fini. Ils vont t’oublier. Tu vas les oublier. Tout peut s’oublier.
Je me suis retourné face à un mur. J’ai bu un chagrin de vodka.
— Tyrone ?
On m’a demandé de porter le cercueil. Les anciens l’avaient fait, nos chefs s’étaient relayés. Allez, à toi, Tyrone Meehan. Prends la tête des porteurs. Six, trois de chaque côté. Allez, Tenor, fais sourire tes amis anglais. Une photo, demain dans le journal ? L’assassin de Danny encombré de Tom. Je ne respirais pas. Je n’ai jamais bien respiré. J’ai toujours su que l’air finirait par manquer. Deux jeunes hommes m’ont aidé à caler le fardeau sur mon épaule droite. Je titubais un peu. Ils se sont regardés sans un mot. De l’autre côté du cercueil, un homme qui venait de Derry. Il a passé sa main autour de mon cou et je serrais le sien. Nous avons avancé à pas lents sous la charge. Je sentais le sliotar à travers ma poche de pantalon. Je contemplais le ciel d’hiver. J’avais mal. Je ne me souvenais pas du poids de la douleur. Je regardais la foule, sur les trottoirs, qui nous faisait honneur.
Je connaissais chaque visage. Je pouvais les nommer. Tim, rentré de prison après dix-huit ans, devenu étranger pour sa femme et ses enfants, qui avait tellement de mal à se retrouver père et qui dormait au bord de leur grand lit. Wally, qui expliquait aux gamins des rues qu’il ne fallait plus lancer des pierres sur les blindés, jamais, que ça c’était avant, quand des enfants mouraient de les avoir jetées. Les frères McGovern, officiers du 3 e bataillon, redevenus chômeurs avec autant de courage. Paul, qui avait cessé sa grève de la faim et qui toussait, qui claudiquait, qui somnolait en attendant la mort. Terry, Alan, Dave, Liam, devenus taxi, barman, videur de boîte et charpentier. Nous n’étions pas un pays, pas même une ville, juste une famille intense. Je répondais aux clins d’œil, aux gestes, aux hochements de tête. Je prétendais rendre à tous la fierté qu’ils m’offraient. Je jouais, je trichais, je mentais. Je n’avais plus de dignité pour leur répondre.
J’avais attendu ce jour pendant cinquante-huit ans, et il achevait de faire de moi un autre. Même si tous m’oubliaient, je ne m’oublierais pas. Après ces heures, il n’y aurait plus rien. Je ne marchais pas avec mon peuple, je le quittais. Je n’étais plus d’ici, plus des leurs, plus rien de nous. Lorsque j’ai vu Sheila, si belle sur le trottoir, j’ai fermé les yeux. Cathy, Liz, Trish, les femmes combattantes étaient à ses côtés. Elles devaient se signer au passage du cercueil, elles avaient aussi le cœur emballé. Les enfants étaient là, par centaines, en uniformes d’écoliers, avec leurs maîtres, qui répétaient le nom de Tom Williams écrit sur le tableau.
Lorsqu’on m’a demandé si je voulais laisser ma place, j’ai violemment refusé. J’ai repoussé le porteur suivant d’un coup de pied en crachant par terre. Tom Williams est à moi. Il a installé mon matelas brûlé dans notre nouvelle maison de Dholpur Lane, en janvier 1942. Il m’a tendu la main en me demandant de l’appeler par son prénom. J’ai surveillé nos rues, pour lui. Pour lui, j’ai appris l’histoire de mon pays, j’ai boxé sur le ring de Kane Street, j’ai mis le feu à l’ennemi. C’est lui qui a placé la première cartouche au creux de ma main. C’est avec lui que je me suis battu. C’est pour lui que j’ai été battu. Que j’ai quitté l’uniforme coloré du Fianna pour l’habit sanglant du soldat. Alors laissez-moi en paix. Laissez-moi le porter encore un peu, quelques mètres, laissez-moi ! Dans ce cercueil, il n’y a pas que Tom. Personne ne sait ça, hein ? Un soir, je me suis couché scout en culotte courte. Le lendemain au matin, j’étais ce vieillard. Et entre les deux, presque rien. Une poignée d’heures. Des odeurs de poudre, de merde, de tourbe, de brouillard. Alors écartez-vous !
J’emmenais Tom. Je portais mon chef sur mon dos, mon ami, mon frère. Je le ramenais chez lui. J’allais ouvrir son lit de terre et y jeter mon enfance.
21
Le 2 décembre 2006, j’ai été invité au mariage de Déirdre, la petite-fille de Pat Sheridan, un ancien de Long Kesh. Quelque chose n’allait pas, le silence de certains regards. Lorsque nous sommes arrivés, avec Sheila, la jeune mariée dansait sur une table du pub, bras en l’air et verre levé. La salle était comble. Je suis allé m’asseoir à notre table habituelle. Nos places étaient gardées. Sur scène, un orchestre jouait des airs des années 60. Nous avions raté l’hymne national, le discours du père de la mariée et je n’avais pas mis de cravate.
Lorsqu’elle m’a vu, Déirdre a fait de grands signes en riant.
— Tyrone, enfin ! Dix minutes plus tard et tu assistais à mon divorce !
J’ai cligné de l’œil et levé le pouce en guise de salut. Je ne voulais pas venir. Je m’apprêtais même à aller au lit quand Sheila a insisté. Elle avait passé sa robe de fête en velours vert, à jabot et manchettes blanches, et piqué un large peigne noir dans ses cheveux gris.
— Personne ne comprendra, Tyrone. Et puis je n’ai pas envie de leur mentir.
J’avais parlé d’un mal de tête, puis de ventre, puis de plus rien du tout. Pas envie, simplement. Sheila a posé mon costume gris sur le lit en souriant quand même. Alors je me suis habillé, et puis je l’ai suivie.
Le pub avait fermé son bar pour la soirée. Chacun était venu avec sa boisson. Dans mon sac en papier, six boîtes de Guinness et une fiasque de vodka. Sheila avait pris une petite bouteille de gin et une grande de tonic. Les jus de fruits étaient mis en commun, alignés sur le bar. Il y avait deux personnes à notre table, des habitants de Divis. Des chaises sont arrivées pour nous, passées de main en main par-dessus les têtes, frôlant les fleurs de papier blanc qui tapissaient le plafond. Quelques minutes plus tard, Sheila enlevait ses chaussures pour danser. Comme ça, à froid, dans un empressement un peu ridicule. Elle rattrapait la soirée, les copines et l’ivresse. En allant aux toilettes, j’ai croisé le frère du marié. Nous avions été emprisonnés ensemble.
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