Сорж Шаландон - Mon traître

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Mon traître: краткое содержание, описание и аннотация

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— Nous sommes arrivés, a dit Sheila.

Je dormais, bouche ouverte. D’un coup de langue, j’ai rattrapé un filet de bave. J’avais mal au dos. A un carrefour, en pleine campagne, il y avait deux voitures de la Garda, la police irlandaise. Et une autre un peu plus loin, sans signe de reconnaissance, avec trois hommes à bord et un quatrième, debout, adossé à la carrosserie. Sheila a ralenti. Elle est passée à hauteur du véhicule de police. Elle ne s’est pas arrêtée. Le fonctionnaire s’est penché, l’a reconnue. Il lui a fait un signe de tête et a noté quelque chose dans son carnet.

Tyrone Meehan m’avait parlé de la maison de son père. Je n’y étais jamais venu. C’était une ferme d’Irlande, de plain-pied, une bâtisse de chaux blanche et toit de chaume, en lisière de forêt. Une fumée légère sortait de la cheminée. Nous nous sommes garés sur le bas-côté de la route. Sheila a frappé trois fois du poing sur son avertisseur. Nous avons attendu dans la voiture. Et puis la porte s’est ouverte. Tyrone Meehan est apparu. Il avait mis un gilet de laine torsadé sous sa veste de tweed. Il portait sa casquette molle et une écharpe nouée. Il est sorti sur le seuil. Il a regardé à droite et à gauche. Il a fermé la porte à clef et m’a fait signe de le suivre en forêt.

— Je reviens te chercher dans une heure, m’a dit Sheila.

Je lui ai demandé si elle voulait rester. Elle a secoué la tête. Sheila Meehan n’a jamais beaucoup parlé. Dans les soirées, au pub, entre amis, elle a toujours gardé un silence terne. Depuis la trahison, elle est murée.

J’ai rejoint Tyrone sous le vent, au milieu des arbres morts. Il a cassé une branche de frêne pour se faire une badine. Il avait passé son pantalon dans ses bottes. Aucun bruit. Juste ses pas, les miens, sur le gelé d’hiver.

— On cherche du bois pour la cheminée, a dit Tyrone.

Il s’est baissé. J’ai fait pareil. Pendant de longues minutes, sans un mot, nous avons ramassé du bois humide et froid.

— Ça suffit ? j’ai demandé, montrant ma charge.

— Ça ne suffit jamais, a répondu Tyrone.

Et puis il s’est baissé encore, retournant une souche du pied. En relevant la tête, il a croisé mon regard. Je ne l’avais pas encore vu dans les yeux. Cela faisait dix-huit jours que j’attendais cet instant. J’y ai pensé toutes les nuits. Ce moment me privait de sommeil. Que serait le regard de Tyrone Meehan ? Est-ce qu’on perd son éclat après avoir trahi ? Est-ce que les yeux sont plus sombres ? Différents ? Sont-ils recouverts par un voile ? Un crêpe de soie terne ? Reconnaît-on un traître à son regard ? Tyrone a relevé la tête et nous nous sommes croisés. Nous sommes restés comme ça, quelques secondes immenses. Moi penché, lui levé à demi. C’était Tyrone Meehan. Un peu plus seul, peut-être, un peu inquiet aussi mais il gardait son sourire en coin de paupières, ses rides profondes tracées jusqu’à la tempe. Et puis il s’est relevé tout à fait. Je l’ai suivi. Nous sommes entrés dans la maison du père.

C’était une grande pièce, des murs vides, un sol de terre battue. Il y avait une porte. Une chambre, probablement. Un évier sans eau. Sur la table, une lampe à gaz et des bougies partout. Mon traître est allé à la cheminée. Il a déposé son fagot. J’ai déposé le mien dans l’angle. Il s’est agenouillé en soufflant. Son dos semblait lui faire mal, ses genoux aussi. Il a froissé du papier journal, posé quelques branches dessus et arrosé le bûcher de son essence à briquet. La flamme a été immédiate et vive. Il s’est relevé, il a jeté d’autres branches au feu. Et puis il est resté comme ça, face à l’âtre, mains dans les poches, me tournant le dos.

— Tu peux t’asseoir, a dit mon traître.

J’ai tiré une chaise et me suis attablé. Toujours ce silence, le simple bruit des choses. Après le craquement de nos pas, celui du bois humide qui claque dans le brasier. Tyrone a enlevé sa casquette, il l’a frappée contre sa cuisse et enfouie dans la poche arrière de son pantalon. J’avais froid. Le même froid que dans mon atelier, lorsque j’ai appris sa traîtrise. Je respirais mal. Je regardais la buée qui trahissait mon souffle.

— Tu veux savoir quoi, Tony ? a demandé mon traître.

Je me suis penché en avant, j’ai placé mes mains entre mes cuisses. Ce moment-là aussi, je l’ai pleuré cent fois. Lorsque je marchais dans Paris, tremblant dans mon atelier, gisant, fiévreux, tombé comme on meurt sur le lit de la cache. Je me disais que, quand je serais en face de lui, je le regarderais. Il serait tête basse et les mains lasses. Et je lui demanderais. Pourquoi ? D’abord. Pourquoi as-tu fait ça, Tyrone Meehan ? Pourquoi fait-on ça, Tyrone Meehan ? Qu’est-ce qui se brise en nous ? Dis-le-moi, Tyrone Meehan. Il vient d’où, ce poison ? De la tête ? Du cœur ? Du ventre ? C’est une bataille ou un renoncement ? C’est quoi, trahir, Tyrone Meehan ? Ça fait mal ? Ça fait du bien ? Ça pourrait arriver à n’importe qui ? A toi comme à moi, Tyrone ? Je me souviens d’un con, un salaud, un rien du tout, un parleur de bout de table en fin de repas parisien. Il avait bu. Je ne sais plus quelle était notre conversation. Il a prétendu qu’il ne parlerait jamais sous la torture. Jamais. Il a dit qu’il le savait, qu’il le sentait en lui, qu’il était de cette race d’hommes. Sa femme a mis la main sur la sienne. Elle lui a souri. Elle était fière. J’avais bu aussi. J’ai pris un couteau, je me suis levé en proposant d’essayer. Il a dit que j’étais fou. J’ai hurlé. J’ai jeté le couteau par terre et je suis parti. C’est ça, Tyrone ? C’est comme ça ? On croit qu’on va tenir, on le dit, on vit avec cette certitude et quelque chose arrive à l’âme qui est plus fort que tout ? Et après ? Comment fait-on après, lorsqu’on est traître, pour effleurer la peau des autres ? Celle de ta femme, de ton fils, de tes amis, de tes camarades, des vieilles dames qui t’applaudissent sous la pluie quand tu honores la République. On fait comment pour embrasser la joue d’un trahi ? Ça fait quoi, Tyrone Meehan, de tenir une épaule devant un lac noir, de serrer la main que l’on trompe, de vendre l’amitié, l’amour, l’espoir et le respect ? Ça fait quoi, Tyrone, de te retrouver face à ton luthier parisien ?

— Tu veux savoir quoi ? Je t’écoute, fils.

— Rien, j’ai dit.

J’ai dit « rien » et j’ai baissé la tête. J’ai regardé la porte. J’ai regretté tout ce temps offert par Sheila. Le feu bataillait avec l’humidité. La fumée était lourde et blanche. Une fois encore, Tyrone a jeté du branchage. Puis il est allé au buffet. Il a sorti deux gobelets. Il a fait chauffer de l’eau sur le réchaud à un feu.

— Du lait ?

— Non, merci.

Il ne me regardait pas. Il marchait lourdement dans la pièce. Il allait. Il faisait ce qu’il devait sans souci pour moi. Il s’est assis. Lui, moi, face à face, nos deux gobelets brûlants. J’avais croisé mes mains sur le métal. Il a porté le thé à ses lèvres. Il me regardait. Il m’a dit : – Tu veux savoir si des hommes sont morts par ma faute ?

— Non !

J’ai crié. J’ai levé une main. Si brutalement que j’ai renversé mon thé sur la table. J’ai levé la main, paume ouverte, doigts écartés. Je l’ai levée devant lui pour qu’il se taise.

— Tu ne veux pas savoir ?

Je n’ai pas répondu. J’ai bu mon fond de thé. Il s’est levé pour aller chercher une éponge et des biscuits au citron.

— Tu ne veux pas savoir ?

— Je ne sais pas.

— Tu ne sais pas ?

Je ne savais pas. Je ne savais plus rien. Je me demandais pourquoi j’étais venu jusque-là.

— Pourquoi es-tu venu ?

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