Сорж Шаландон - Mon traître
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- Название:Mon traître
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- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
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J’avais décidé de passer une semaine à Belfast. J’y suis resté onze jours. Le 29 décembre 2006, j’ai rencontré l’IRA. Pas l’IRA en uniforme de parade, pas les soldats enjambant les murets sous les vivats, pas ces femmes et ces hommes qui tirent des salves d’honneur au-dessus des cercueils de leurs compagnons, mais l’Armée républicaine irlandaise comme jamais je ne l’avais vue. Je marchais sur Falls Road, ce vendredi soir. Une camionnette s’est arrêtée.
— Monte, Tony, m’a dit un homme.
Il n’était ni menaçant ni souriant. Il était comme il devait. Il a ouvert la porte arrière, c’est tout. Devant, ils étaient deux. Il m’a donné des lunettes noires, verres masqués par du coton et de l’adhésif. Il m’a demandé de les plaquer sur mes yeux. Il m’a expliqué que c’était pour ma sécurité. Si nous étions interceptés, je n’avais qu’à dire que j’avais été enlevé. Nous avons roulé longtemps. Lorsque nous sommes arrivés, l’homme m’a pris par le bras. J’ai traversé une rue. Il y avait des cris d’enfants joueurs, des voix de femmes. Je me suis imaginé, masqué, fermement conduit, marchant dans l’indifférence irlandaise. Une porte s’est ouverte. J’ai senti la chaleur et le thé. On a enlevé mes lunettes. Une dame était là, cheveux gris, qui me proposait un sandwich d’œufs et d’oignons piles.
— A l’étage, a dit l’homme de la camionnette. J’avais mon pain en main, et aussi un mug brûlant.
Nous sommes entrés dans une chambre étroite. Lit, crucifix, chaise. L’homme s’est assis sur la chaise. Il m’a montré le lit. D’abord, il m’a regardé. Puis il a mis ses mains sur ses cuisses. Il était grand, le visage sec, cheveux courts et moustache grise. Il semblait embarrassé.
— Tu sais qui nous sommes ?
— Je sais.
J’ai répondu ça comme ça. Comme dans un film où les mots sont rares. J’avais peur et pas. Je ne craignais rien d’eux. Rien de mon ami à col rond, rien de mon Jim, rien de Jack qui me parlait la nuit tandis que je dormais. Je ne craignais rien de la terrible beauté, rien. L’homme m’a dit que Tyrone avait été interrogé par l’IRA. Il m’a dit que Tyrone avait refusé de collaborer avec l’Armée républicaine. Il a dit qu’il m’avait mis hors de cause. Il m’a dit qu’à toutes les autres questions posées l’agent britannique avait refusé de répondre. Il m’a dit que, peut-être, Tyrone demanderait à me voir. Moi, le Français, le luthier, l’ami de rien du tout. Il m’a dit que je ne devais pas accepter cette invitation. Il m’a dit que Tyrone était en République d’Irlande, près de la frontière. Il m’a dit qu’il n’était pas en sécurité. Il m’a dit que les Britanniques et les loyalistes pourraient peut-être tenter de l’éliminer. Il m’a dit qu’alors l’IRA serait suspectée et que le processus de paix serait mis à mal. Il m’a dit que Tyrone Meehan avait été un homme merveilleux, un républicain courageux, un combattant sans peur. Il m’a dit que tout cela était le passé. Il m’a dit que l’IRA ne toucherait pas Tyrone, car Tyrone n’était plus.
— C’est comme un mort. Il est mort, m’a dit l’homme.
Mort en novembre 1981, du premier jour où il a trahi.
— Il faut fermer la porte et faire ton deuil, m’a-t-il dit encore avant de me tendre une cigarette.
Je lui ai répondu que je ne comprenais pas tout. Son accent, sa façon de finir chaque mot par un « che » dublinois. Alors il s’est penché. Il a repris ma cigarette et l’a glissée dans son paquet. Il m’a expliqué que si je rendais visite à Tyrone je serais suspecté de connivence avec un traître. Ou soupçonné de complicité avec ses ennemis si quelque chose lui arrivait. Dans les deux cas, ma visite serait malvenue. Il m’a dit que si j’allais le voir quand même, si Tyrone Meehan parlait, s’il m’avouait des choses qu’il n’avait osé dire à son armée trahie, jamais plus je ne pourrais revenir en Irlande. Jamais. Parce que je détiendrais des secrets beaucoup trop grands pour moi. S’il confessait, s’il avouait ses victimes, beaucoup de gens voudraient m’entendre, de gré, de force, maintenant, ici et ailleurs jusqu’à la fin des temps. Les loyalistes, les dissidents républicains, tous ceux qui refusent le cessez-le-feu, des familles nationalistes qui se demandent depuis toutes ces années qui a trahi leur fils, qui a vendu leur fille, qui a placé les SAS britanniques en embuscade dans le dos d’une unité républicaine pour les décimer tous les huit une nuit de mai 1987. Ils voudraient tout savoir, et moi je saurais tout. J’aurais une réponse à leurs douleurs, mais je ne pourrais rien révéler. Jamais je ne pourrais trahir Tyrone Meehan. Il m’aurait parlé en secret, en confiance, en fraternité. Il m’aurait fait jurer de me taire. Et même, et quand bien même. Si je parlais, mes lèvres ne seraient pas les siennes. Mes mots ne seraient pas les siens. Personne ne m’entendrait mais tout le monde me haïrait de l’avoir entendu. Nous aurions un secret, lui, moi, c’est tout. Une violence partagée, une trahison commune, une responsabilité, une complicité. Et bientôt, deux exils frères.
Le silence
Sheila conduisait lentement. Nous avions passé la frontière à Strabane et roulions vers Donegal. Quelle frontière, d’ailleurs ? Durant la guerre, les petites routes étaient barrées par l’armée britannique. Les soldats venaient la nuit, avec des camions, des bulldozers, et déversaient d’énormes blocs de pierre sur la chaussée. Au matin, les habitants des villages tentaient de dégager la voie. Des affrontements avaient lieu partout. Pour les Britanniques, il était militairement plus efficace de contrôler les grands axes et de fermer les dizaines de chemins de traverse. Leurs miradors de surveillance, leurs hélicoptères, leurs patrouilles, leurs blindés rendaient difficiles les déplacements frontaliers de l’IRA. Depuis le processus de paix, tout cela a disparu. Les tours de surveillance ont été presque toutes démontées. Les patrouilles n’existent plus. Il n’y a plus de rochers sur les routes de campagne, plus de contrôles policiers, plus de frontière, plus rien. Juste, on remarque soudain que les plaques d’imma triculation ont changé et que les kilomètres ont remplacé les miles sur les panneaux routiers.
Nous étions le mardi 2 janvier 2007. Vent de givre. Il avait neigé dans la nuit mais au matin, le blanc avait disparu. Sheila m’avait dit que nous partirions tôt. Jack était à Dublin. J’ai dormi dans sa chambre. J’ai été réveillé par des coups griffés contre ma porte. Le thé était prêt et aussi quelques toasts. Sheila ne disait rien. Elle faisait ce que son mari voulait, c’est tout. Elle n’était pas d’accord.
— Une folie, a-t-elle soupiré lorsque Tyrone a demandé à me voir.
Il avait fait passer un message par le père Byrne, un vieil abbé de Donegal qui connaissait Tyrone depuis l’enfance. Une phrase simple, courte, répétée mot à mot à Sheila par le curé.
— Si le Français le veut, il est le bienvenu.
Byrne voulait me voir. Nous nous sommes rencontrés le jour même dans Divis Street, à la cathédrale Saint-Pierre. Il m’a demandé si j’étais catholique.
— Un peu, j’ai répondu.
Il a ri. Il a dit qu’ici être un peu catholique c’était déjà beaucoup. Il m’a emmené au premier rang du chœur. C’était l’après-midi. Il s’est agenouillé. Je l’ai suivi. Il m’a dit que nous allions prier pour Tyrone Meehan. Il a fermé les yeux, baissé la tête. Nous étions presque seuls. Quelques vieilles femmes, seulement, qui toutes semblaient dormir.
— Si tu veux rencontrer Tyrone, tu es le bienvenu, m’a dit le curé.
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