Сорж Шаландон - Mon traître
Здесь есть возможность читать онлайн «Сорж Шаландон - Mon traître» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2011, Издательство: J'ai Lu, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Mon traître
- Автор:
- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Mon traître: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Mon traître»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Mon traître — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Mon traître», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Je l’ai regardé. Il priait toujours. Il avait murmuré cela entre deux mots sacrés. Sa voix était étrange, à la fois métallique et grave. Une voix d’homme sans regret.
Tyrone Meehan savait que j’étais à Belfast. Sheila l’avait vu après son interrogatoire par l’IRA. Il avait demandé de ses nouvelles, des nouvelles de Jack. Il voulait aussi savoir comment j’allais. Quand Sheila lui a expliqué ce qui se disait de lui dans la rue, Tyrone l’a fait taire d’un doigt posé sur ses lèvres. Sheila m’a raconté cela dans la voiture, tandis que nous roulions. Elle parlait à mots fatigués. Elle répondait à mes questions en regardant la route. Je lui ai demandé ce que Tyrone voulait savoir de moi lorsqu’elle l’avait vu. Ce que je pensais de sa trahison ? Ce que j’en disais aux autres ? Sheila a secoué la tête. Non. Il voulait savoir si j’allais bien. Ce que je devenais depuis cinq mois. Je ne l’avais pas vu depuis le 10 juillet 2006. Nous nous étions quittés en été et nous voici lui et moi en hiver.
*
— Tu aimerais voir le Kesh ? m’avait-il proposé en juillet dernier.
Le camp où sont morts Bobby Sands et ses camarades allait être détruit. Une commission avait décidé que la prison serait rasée et remplacée par un stade, un complexe hôtelier, un cinéma multiplexe et des commerces. Les républicains s’étaient battus pour préserver la mémoire du site. Ils avaient échoué. Les autorités britanniques ont refusé le sanctuaire mais accepté que demeurent quelques traces, comme l’hôpital où sont morts les grévistes. En attendant les premières pelleteuses, chaque jour, d’anciens prisonniers, leurs familles et leurs amis sont revenus au camp. Ils voulaient revoir, montrer, raconter. Le Mouvement républicain établissait les listes de visiteurs. L’administration pénitentiaire organisait la visite.
Je n’étais jamais venu à Long Kesh. Juste une fois. J’avais accompagné Sheila pour visiter Jack, mais j’étais resté dans la voiture, sur le parking. J’avais accepté l’invitation de Tyrone. Nous étions neuf dans un minibus. Mon traître, trois anciens prisonniers, leurs femmes, un enfant et moi. La responsable de l’Office britannique pour l’Irlande du Nord nous a reçus en souriant. Elle a demandé s’il y avait d’anciens résidents parmi nous. Les hommes ont levé la main. Elle leur a souhaité la bienvenue. Puis nous avons marché. Au milieu du silence, des enclos barbelés, des lourdes portes, des hauts murs, des grilles, des miradors pour rien, des tôles déchirées et des herbes en désordre. Nous avons marché une heure. Le ciel était lourd de pluie. Dans les cellules désertes, les hommes se taisaient. Dans les couloirs, ils se taisaient aussi. Il y avait encore des couvertures sur les lits, des rideaux jetés bas, des cendriers ronds en carton argenté. Il y avait les tinettes sur les armoires, des serviettes de papier terni sur les étagères. En sortant du bloc H4, les prisonniers d’hier ont retrouvé leur petite aire de jeu. Une cour carrée, grillagée, avec un panier de basket et des traces de buts peints sur le sol. Le temps d’une cigarette, Tyrone et les trois autres ont repris place. Dos à la grille, jambe pliée, regard captif. L’un d’eux s’est assis sur une marche, dans son angle à lui, passant et repassant son doigt sur une blessure de pierre qu’il avait creusée. Un autre s’est accroupi sous un auvent, nuque calée contre un rebord. Il m’a souri. Il m’a dit qu’il avait passé 18 ans à cette place-là, assis sur ses talons et le regard au ciel. Il parlait souffle court. Il toussait beaucoup. Il était élégant et fragile. Il était en grève de la faim lorsque le mouvement de 1981 a cessé. Il a gardé en lui le manque et la souffrance.
Je suivais Tyrone. Il ne me disait rien, ne me regardait pas. J’étais comme en trop. Il observait le ciel barbelé. Il effleurait des doigts une porte de cellule. Il posait sa paume sur un matelas taché. Comme les autres, c’était la première fois qu’il revenait ici. Je ne le quittais pas. Il semblait infiniment triste et vieux. Lorsque nous sommes entrés dans l’hôpital, il a porté la main à sa poitrine.
— La cellule de Bobby Sands est la numéro 8, a murmuré la fonctionnaire qui nous accompagnait.
Et puis elle est sortie pour nous laisser seuls.
Je suis entré le premier. La pièce était minuscule, les murs sales, la peinture malade. Devant la fenêtre, il y avait un sommier de fer, étroit et fatigué. Voilà. C’était là. Je me suis assis sur le lit. J’ai écouté les pas des autres dans le couloir. J’ai fermé les yeux, mains posées sur les ressorts glacés. J’ai revu le visage de Bobby Sands. Son sourire à l’infini. J’ai senti une douleur dans mon ventre, une barre qui sciait ma poitrine, un violent mal de tête. Je crois que j’ai cessé de respirer. Tyrone Meehan est entré à son tour. Je me suis levé. Il a enlevé sa casquette et s’est adossé au mur. Puis il m’a regardé. Je tremblais. Il m’a demandé de le laisser seul. Il me l’a demandé tête basse et le regard fermé. J’ai été surpris. Je suis sorti de la cellule, de l’hôpital. J’avais les larmes aux yeux. J’ai attendu dehors. Il pleuvait. C’était le temps qu’il fallait. Je respirais vite. La tête me tournait. Je me sentais fragile, seul, loin de tout. Je rêvais de mon coin de rue parisien, de mon atelier, de l’odeur du vernis, du sandwich de midi avec des cornichons. Je crois que j’avais peur.
Tyrone Meehan avait pleuré. Il est ressorti, casquette sur la tête et mains dans les poches. Il avait les yeux rouges, la bouche ouverte et un trait de morve mal essuyé. Il a passé sa manche de veste sur ses lèvres puis est venu vers moi.
— Écoute bien ce que je vais te dire, petit Français, a murmuré mon traître.
Il s’est redressé. Il n’avait retrouvé ni son regard ni son sourire. C’était lui sans le sang. Il était pâle et gris. Sa bouche était sèche. Ses lèvres collées aux coins.
— Écoute, et ne dis rien.
Il était là, devant la porte de l’hôpital, au milieu de l’enclos grillagé. Il était là, tellement inquiet. Il a posé ses mains sur mes épaules et m’a regardé.
— Je t’aime, fils.
— Moi aussi, j’ai souri.
Tyrone Meehan a fermé les yeux. Il a secoué la tête.
— Ne dis rien. S’il te plaît, écoute.
Il m’a regardé à nouveau. Il avait le front grave et les mains lourdes.
— Je t’aime, a encore dit mon traître.
*
Sheila semblait fatiguée. Elle a allumé la radio. C’était une émission en gaélique. J’avais le front appuyé contre la vitre. Elle était glacée. Longtemps, nous avons longé un lac noir. J’ai revu notre lac à nous, avec notre tente et Tyrone qui me disait de ne pas avoir peur. Je me suis demandé s’il allait parfois en Angleterre. Ou en Ecosse. S’il y avait là-bas un autre lac, et un autre luthier qu’il serrait en souriant. Je me suis demandé pourquoi personne n’avait rien remarqué de sa traîtrise. Ni sa femme, ni son fils, ni ses camarades de combat, ni moi. Comment faisait-il ? Comment a-t-il fait ? Comment fait-il aujourd’hui ? Et s’il avait tout construit en double ailleurs ? Une vie en plus, pour lui tout seul. Je l’imaginais entrant dans une autre maison, en Ecosse, donc. Une grande maison, un chien fou dans les jambes, rangeant sa casquette molle et sa veste de tweed dans une armoire secrète en attendant de reprendre le bateau pour l’Irlande et de redevenir lui. Je l’imaginais se changer en sifflotant, se regarder dans une grande glace, passer un pantalon de laine verte à pinces et à revers, ajuster une chemise de lin blanc et boutonner un gilet de mohair gris. Je l’imaginais descendre un grand escalier pour rejoindre Molly, sa femme et Charles, son grand fils un peu sot. Je l’imaginais chassant, coiffé d’une casquette de tartan bleu-vert filetée de rouge et vêtu d’un Barbour usé d’à force. Je l’imaginais parler de nous, de moi, ou de ne rien en dire, oublier tout cela en contemplant la noirceur d’un loch. Je l’imaginais à Paris, sortant de ma chambre. Et après ? Il allait où, après ? Il voyait qui ? Je l’imaginais au restaurant avec deux Anglais, un homme et une belle femme qu’il faisait rire. Il tournait le dos à la rue pour ne pas être vu. Je l’imaginais boire du vin et manger du poisson. Pourquoi du poisson ? Parce qu’il n’aimait pas ça. Il n’en mangeait jamais. Alors forcément, avec eux, il devait commander une daurade en se félicitant qu’elle soit rose à l’arête. Il devait fumer autre chose que ses Gallagher. Je l’imaginais allumer une Dunhill en prenant des airs. Je l’imaginais. Que disait-il aux Anglais ? Il donnait des noms ? Il racontait les réunions secrètes ? Il livrait l’emplacement d’une cache ? Je ne saurai jamais. J’entendais seulement rire la femme. Voilà. Ça y est. Je sais. Il se moquait des Irlandais. Il ridiculisait leur combat et leurs souffrances. C’est pour ça que la femme riait. Ce n’était pas un repas de travail. C’était un repas amical, à côté de l’ambassade de Grande-Bretagne, avec des blagues anti-irlandaises en fin de repas. Je l’ai imaginé se lever le premier, serrer la main à l’homme et embrasser la femme. Il l’a embrassée. Elle lui a donné une enveloppe. Quand il l’a embrassée, elle a glissé une enveloppe dans sa poche de veste. Mais non, pas une enveloppe. C’est impossible, une enveloppe. Ça, c’est dans les vieux films. Dans le méchant de brumes, le Judas mis en ombres par Fritz Lang. Non. Il l’a juste embrassée comme on prend congé d’une collègue. De sa collègue anglaise. De sa collègue souriante qui travaille à l’ambassade ennemie.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Mon traître»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Mon traître» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Mon traître» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.