Emile Gary - Gros-Câlin

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Tout ce que j’exige impérieusement, avec sommation et hurlements intérieurs qui ne dérangent pas les voisins, c’est quelqu’un à aimer : je suppose que c’est ça qu’on appelle une société d’affluence. On comprend donc que tout cela n’était pas facile à dire à un homme aussi bien articulé que le professeur Tsourès, qui est agrégé de tout et qui n’aimait peut-être pas la viande rouge qui saigne sur le palier dans votre assiette et n’avait sans doute pas l’expérience des grands fleuves russes, nécessaire pour comprendre un tel goutte-à-goutte. Moi et lui, c’était le cru et le cuit, et c’est là tout le vrai problème du vrai langage, lequel est inaudible. Il avait d’ailleurs déjà introduit la clé dans la serrure, car c’était seulement une clé comme ça, pour les serrures préparées d’avance et d’un commun accord.

Et maintenant, il ne me reste plus, pour me dérouler entièrement sous vos yeux, qu’à conclure, en disant que si le professeur Tsourès acceptait d’accueillir ma souris et veiller sur elle, non seulement cela aurait créé entre nous une amitié extraordinaire, mais je me sentirais enfin débarrassé de moi-même, car il m’arrive souvent de me sentir de trop, comme tous ceux qui se sentent pas assez.

— Qu’est-ce que vous voulez que je fasse, moi, de votre souris ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

Il était en colère. Je n’en étais pas mécontent, j’étais même ému de voir que notre amitié se nouait déjà sur un mode passionnel.

— Et puis, pourquoi moi ? Pourquoi c’est moi que vous venez trouver avec votre souris ? Ça veut dire quoi ? Je n’ai pas de temps à perdre. Je suis poli, parce que vous êtes un voisin, mais j’ai d’autres chats à fouetter que m’occuper de votre souris, croyez-moi.

Je pouffai.

— Excusez-moi, bégayai-je. C’est cette façon spirituelle que vous avez de…

Je riais et je riais et je me tordais.

— … De penser tout de suite aux chats à propos d’une souris…

Je ne suis pas du tout haineux, mais ça fait quand même du bien de rire.

— Dites donc…

Il était devenu blême. Même le foulard qu’il portait autour du cou était devenu plus gris, sur ce fond plus blanc.

— Vous vous foutez de moi ! Fasciste ? Occident ? Vous venez faire de la provocation ?

J’ai eu peur. J’étais en train de perdre un ami. Ses yeux lançaient des foudres. Je m’excuse de prendre un ton littéraire élevé, ce n’est pas d’habitude mon genre, car il y a longtemps que le style ne fait pas son travail, ce n’est pas le papier d’emballage qui compte et moi, je crois à l’intérieur. Je cherche à garder ici un ton nudiste, humain, démographique. Les hauteurs ont perdu contact.

— Vous êtes un homme universellement généreux, balbutiai-je. Je ne sais pas quoi faire de la souris blanche que je cache chez moi. Je dis « cache », car tout est contre les souris pour cause de faiblesse.

— Et votre python, qu’est-ce qu’il mange ? Des souris, non ? Eh bien, alors ?

Il fit un pas en avant, les mains dans les poches, le gilet en avant également, le pardessus en arrière. Mégot, barbe, cache-nez et chapeau. Serviette sous le bras, bourrée de justice et de droits de l’homme. Je note scrupuleusement. Il n’était plus en colère du tout, il avait même l’air goguenard.

— Vous le nourrissez bien, votre python ? Et qu’est-ce qu’il bouffe ? Des souris, voilà. Vous ne vous en sortirez pas, jeune homme ! C’est la nature !

— Je n’y peux rien, dis-je. Je fais faire ça par quelqu’un d’autre. Je viens chercher du secours, c’est tout. Il y a une mortalité terrible chez les sentiments.

— Vous parlez un français très curieux, dit-il.

— Je cherche à faire une percée, c’est tout. On peut déboucher sur quelque chose d’autre, qui sait. Notre garçon de bureau dit que les mots ont été dressés spécialement pour préserver l’environnement. On peut entrer, à cause du droit sacré à la vie, mais une fois là, on ne peut plus sortir. Je ne sais pas si vous avez déjà tenu dans le creux de la main une souris sans protection, et puis, évidemment, vous avez des millions d’hommes qui crèvent de faim, ça soulage immédiatement. Je conclus, pour me présenter, que la télévision permet à tous et chacun de se consoler avec des atrocités sans compter. Il y a cinquante mille Éthiopiens qui viennent encore de mourir de faim, pour détourner notre attention, je sais, mais ça ne me fait pas de l’effet, je veux dire, je me sens aussi malheureux qu’avant. C’est mon côté monstrueux.

Il se radoucit.

— Vous avez bien quelques amis ?

— J’en aurais eu certainement mais les gens ont horreur des pythons et je ne peux pas abandonner une bête en difficulté. Je suis comme je suis. C’est une question d’extra-terrestres, ce que l’on appelle aide extérieure, avec impossible.

Il me mit la main sur l’épaule mais sans condescendance, car c’était un homme habitué à faire preuve de sympathie et de tolérance.

— Écoutez, mon petit, je comprends, je comprends très bien, mais je ne peux pas me laisser envahir. C’est un très petit appartement. Je ne peux pas vous prendre chez moi mais je viendrai vous voir chez vous un de ces jours. Tenez bon. Il faut avoir confiance. Évitez de rester seul. Tâchez de vous faire des amis.

Il me laissa là et rentra chez lui, grâce à sa clef, mais cela n’avait pas d’importance car j’avais malgré tout fait un pas de géant hors de ma petite boîte, et je suis resté là un bon moment le sourire aux lèvres, à regarder la porte fermée comme si elle non plus n’était pas en bois.

Je suis rentré chez moi mais ne pus dormir, ça chantait d’amitié et il y avait des coquelicots en fleurs. J’aime les coquelicots à cause du nom qu’ils portent, co-que-li-cots. C’est gai et il y a même là-dedans des rires d’enfants heureux. J’ai souvent ainsi des moments d’orchestre intérieur, avec danses et légèreté, encouragement des violons et gentillesse populaire, à l’idée de toutes les richesses amicales qui m’entourent, des trésors enterrés qu’il suffit de découvrir, les deux milliards d’îles aux trésors, baignées par le grand fleuve Amour. Les gens sont malheureux parce qu’ils sont pleins à craquer de bienfaits qu’ils ne peuvent faire pleuvoir sur les autres pour cause de climat, avec sécheresse de l’environnement, chacun ne pense qu’à donner, donner, donner c’est merveilleux, on crève de générosité, voilà. Le plus grand problème d’actualité de tous les temps, c’est ce surplus de générosité et d’amitié qui n’arrive pas à s’écouler normalement par le système de circulation qui nous fait défaut, Dieu sait pourquoi, si bien que le grand fleuve en question en est réduit à s’écouler par voies urinaires. Je porte en moi en quelque sorte des fruits prodigieux invisiblement qui chutent à l’intérieur avec pourrissement et je ne puis les donner tous à Gros-Câlin, car les pythons sont une espèce extrêmement sobre et Blondine la souris, ce n’est pas quelque chose qui a de gros besoins, le creux de la main lui suffit.

Il y a autour de moi une absence terrible de creux de la main.

Il fait nuit et je le dis comme je le pense enroulé intérieurement en moi-même là où ça chante avec danses populaires, flûtes, coquelicots et sourires d’amitié. Dans le noir, on peut se permettre. On disait jadis que les murs ont des oreilles qui vous écoutent, mais ce n’est pas vrai, les murs s’en foutent complètement, ils sont là, c’est tout. On vous conseille de vous mettre bien avec eux. Seule M lleDreyfus pourrait venir faire la récolte des fruits et les empêcher de pourrir sur pied, j’ai lu dans le journal qu’il y a des personnes qui sont restées trente-six heures ensemble dans un ascenseur qui est tombé en panne, si cela pouvait nous arriver. Une panne, une vraie, pourrait nous permettre de nous libérer des voies circulatoires à sens unique et obligatoire et de nous rencontrer. L’idée même m’est venue de saboter astucieusement l’ascenseur pour qu’il tombe en panne ; mais on ne peut pas le faire quand on est enfermé dedans et que ça marche, il faudrait des complicités. J’ai même pensé à demander au garçon de bureau une aide extérieure, mais je n’ai pas osé car je suis sûr et certain qu’il a des activités subversives.

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