Эмиль Ажар - Pseudo
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- Название:Pseudo
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
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- Год:2013
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— À moi ! Au secours ! À l’assassin !
J’ai sauté dans le train et le soir j’étais chez lui à Paris. Il n’était pas là. Il avait sauté dans le train et il était chez moi à Caniac.
On a essayé de se téléphoner, mais ça sonnait tout le temps occupé : chacun de nous essayait d’avoir l’autre.
Finalement on s’est eu.
On a gueulé en même temps la même chose :
— Espèce de salaud !
Et encore :
— Ça ne se passera pas comme ça ! Je te ferai un procès !
En enfin :
— Tu essayes de me déshonorer !
Et on a décroché. J’ai couru chez mon nouvel avocat. Je lui ai dit que mon père m’avait volé mon manuscrit, qu’il cherchait à s’attribuer mon œuvre, qu’il répandait la rumeur en faisant mine de démentir, en multipliant les démentis, et que je voulais lui faire un procès.
Il allait même me faire assassiner pour plus de tranquillité, comme il l’avait déjà fait pour cet officier cosaque.
Mon avocat me dit qu’il se dessaisissait de mon dossier. Il refusait de représenter un mythomane pareil. J’étais, me dit-il, « moche ». Et même dégueulasse. Tonton Macoute n’était pas un pilleur de cadavres.
Je lui ai gueulé que tous les grands romanciers, d’un Tolstoï à l’autre, étaient des pilleurs de cadavres. Des suceurs de sang et des exploiteurs de la souffrance humaine.
— Je suis Émile Ajar ! hurlais-je, en me frappant la poitrine. Le seul, l’unique ! Je suis le fils de mes œuvres et le père des mêmes ! Je suis mon propre fils et mon propre père ! Je ne dois rien à personne ! Je suis mon propre auteur et j’en suis fier ! Je suis authentique ! Je ne suis pas un canular ! Je ne suis pas pseudo-pseudo : je suis un homme qui souffre et qui écrit pour souffrir davantage et pour donner ensuite encore plus à mon œuvre, au monde, à l’humanité ! Quand il s’agit de mon œuvre, il n’y a pas de sentiment, de famille qui tienne ! La seule chose qui compte, c’est mon œuvre !
Il m’a fait une piqûre.
J’ai téléphoné au docteur Christianssen. Il n’était pas là.
C’était une conspiration.
Je courus chez un autre avocat et lui expliquai que mon oncle voulait m’assassiner pour voler le premier volume du Don paisible sur mon cadavre.
— Vous faites une petite paranoïa, Pavlowitch !
— Ne m’appelez pas Pavlowitch, je suis Émile Ajar, le seul vrai, l’unique !
Il m’a fait une piqûre.
J’ai réussi à avoir le docteur Christianssen le lendemain matin. Il s’était fait tuer trois jours auparavant, donnant sa vie pour essayer de sauver un bébé des flammes, tellement il était admirable, mais j’avais besoin de lui.
— Il essaye…
— Je sais, je sais, il m’a téléphoné.
— Ah ! Ah ! Il avoue ?
— Il m’a dit que vous étiez fou à lier et qu’il fallait vous interner d’urgence.
— Vous voyez ! Vous voyez ! Il veut me faire enfermer pour avoir les mains libres ! Docteur, enfin, ce prix Goncourt, enfin, comprenez ce que ça représente pour moi.
— Ça représente beaucoup, je sais.
— C’est la consécration ! La gloire ! La liberté !
Il se tut, à l’autre bout du fil. Il me savourait.
— Émile Ajar, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Vous étiez déjà guéri avant, mais à présent, votre guérison est définitive. Vous êtes tout à fait normal. Vous n’avez plus aucun trouble de la personnalité. Plus de trace de culpabilité. Le coupable, pour vous, désormais, c’est l’autre. Les coupables, c’est les autres. Vous n’y êtes pour rien. Vous pouvez circuler. Je vous prononce guéri !
J’étais paralysé d’horreur, mais je m’en foutais, ça ne se voit pas au téléphone.
— Docteur, dis-je avec dignité. Moi, là-dedans, je ne compte pas. Le fric, les honneurs, je m’en fous. Tout ce que je veux, c’est que le monde entier lise mon livre.
Là, je tenais quelque chose de solide. Ce n’est pas moi qui compte, dans tout ça. C’est mon livre. Les auteurs, on s’en fout. Il n’y a que le don de l’œuvre qui compte.
Je me sentais bien.
Je me sentais propre.
Je me sentais en règle.
J’avais fait don de ma personne à la France, à l’humanité. L’humanité m’a donné sa souffrance et je lui ai donné en échange un livre. On était quitte.
Merde, la littérature est plus grande que nous tous.
Jamais je ne m’étais senti aussi à l’aise dans ma peau. J’étais même tellement bien, que j’ai eu un peu peur : je ne souffrais plus, pas même sous Ponce Pilate, j’étais peut-être au bout de mon inspiration. La crise des sujets, pensais-je. Je vais me remettre à lire les journaux, il y a peut-être encore quelque source d’angoisse créatrice.
— Vous êtes en grande forme, Ajar. C’est bien continuez. Donnez-nous encore quelque chose.
— Mais ce salaud de Tonton ?
— Je vous jure qu’il n’a jamais rien copié de sa main. Voyez-le. Vous êtes fait pour vous entendre.
— Qu’est-ce que vous dites ? Non mais, qu’est-ce que vous dites ?
— Vous êtes fait pour vous entendre.
Et il m’a raccroché.
Tonton Macoute est entré dans ma piaule à cinq heures du matin en enfonçant la porte, des couteaux dans les yeux.
— Rends-moi le manuscrit.
— Je ne l’ai pas.
— Rends-moi le manuscrit ou je te tue.
— Ton, il y a déjà une crise d’auteurs sans ça.
— Je te fais la peau.
— Oui, comme ça tu pourras continuer à laisser dire que c’est toi.
— J’ai démenti.
— Trop.
— Rends-moi le manuscrit, Ludovic.
Ludovic. C’était quand même gentil de sa part. Il essayait de faire copain-copain. Il avait l’air défait, tellement qu’il paraissait même sans âge. Ça nous remontait loin. Ça avait dû commencer avec les premiers auteurs.
— Écoute-moi, Valentin. Je suis commandeur de la Légion d’honneur. Je ne vole pas les manuscrits des autres sur des cadavres…
Tiens tiens, il y avait quand même pensé, lui aussi.
— Je ne me fais pas passer pour l’auteur des livres que je n’ai pas écrits. J’ai une œuvre derrière moi et j’en suis fier.
Les aveux. Les aveux complets. Ce détrousseur de cadavres était fier de son œuvre.
— Quand est-ce que tu vas nous donner un remake de Guernica ?
C’est encore là, comme sujet.
— Je veux le manuscrit, Valentin.
J’ai essayé d’être gentil avec lui, moi aussi.
— Je n’ai pas le manuscrit, Anatole, je te le jure sur tout ce que j’ai de sacré…
Ça, je n’aurais pas dû le dire, entre auteurs.
— Enfin, je te l’affirme. J’ai peut-être halluciné, Fernand.
— Ça suffit, Moïse. Quand j’étais à Copenhague pour m’arrêter d’écrire, on m’a fait une cure de sommeil et une cure de désintoxication : ça fait quarante ans que j’écris. Je n’étais plus moi-même. Ils m’ont donné une drogue de substitution, pour éviter une rupture trop brutale et un état de manque. Je me suis drogué de littérature toute ma vie, alors, c’était dangereux de m’exposer à la réalité, d’un seul coup.
— Le quotidien familier, murmurai-je, et je me suis couvert de sueur froide, rien qu’à y penser.
— Oui. Christianssen m’a donné une drogue de substitution, en diminuant les doses peu à peu. Le chrotopromate. J’étais drogué à mort. Ce « geste d’amour », dont tu parles, je ne m’en souviens pas, mais c’est tout à fait vraisemblable. Comme on m’avait privé de ma drogue, j’ai peut-être en effet, en cachette de Christianssen, pris n’importe quoi, n’importe quelle merde, et recopié ton texte, dans un état de manque… Je ne m’en souviens pas.
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