Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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Je me suis mis à hurler d’une voix d’homme. J’ai raccroché, mais comme je l’ai dit, c’est une façon de parler. Il n’y a pas moyen de raccrocher et j’ai trop peur de la mort.

J’ai téléphoné à mon éditeur pour lui dire que je refusais le Goncourt. Il exigea une lettre manuscrite. Ça a pris encore deux jours. Pendant ce temps la publicité Goncourt battait son plein. Un copain m’a téléphoné :

— C’est très fort, mon vieux, d’avoir refusé. Ça va faire une pub énorme. Une pour le Goncourt, une pour le refus. Bravo. T’es un as, Alex.

J’ai essayé de devenir un salsifis sans fibre, mais j’étais vraiment guéri. Et puis, ça revenait au même. Si Tonton Macoute avait raison et que j’avais un subconscient à prix littéraires, c’est que j’étais déjà exactement ça, un salsifis sans fibre.

La maison était assiégée par les journalistes. La nuit, je prenais ma carabine et je tirais dans le tas. Mais je suis incapable de tuer quelqu’un, parce que la vie, je ne prendrais ça à personne.

J’avoue aussi que j’ai calomnié Pinochet, dans ces pages, car je serais incapable de torturer qui que ce soit, comme c’est presque toujours le cas des gens qui sont passés maîtres dans l’art de se torturer eux-mêmes.

J’étais sans défense, visible à l’œil nu et j’avais cinquante paires d’yeux que je n’arrivais pas à fermer pour ne plus voir clair en moi-même. Dès que je fermais une paire, les quarante-neuf s’ouvraient et me regardaient impitoyablement.

Moins j’essayais d’être et plus j’étais. Plus je me dérobais, et plus j’étais publicitaire. Toutes mes difformités secrètes devenaient visibles à l’œil nu.

Ce que les médecins appelaient mes « fissures schizoïdes » s’étaient refermées, colmatées par les substances chimiques, mais si elles empêchaient ainsi le quotidien familier de m’envahir, elles me bloquaient aussi en moi-même et l’équation flagrante Ajar=Pavlowitch offrait au monde extérieur une cible unique, concentrée, circonscrite, que la presse magnifiait, rendait chaque jour plus visible, d’une vulnérabilité à la merci. C’était l’identité dans toute son horreur.

Lorsque La Dépêche du Midi révéla mon nom en première page, dans l’instant qui suivit, je fus dans chaque avion qui quittait Caniac-du-Causse pour le Cambodge, parce que les Khmers rouges qui luttent là-bas pour le droit d’être personne avaient dispersé toute la population de Phnom Penh à travers les campagnes et avaient ensuite changé le nom de chacun pour le rendre anonyme et irrepérable. Je voulais aller là-bas pour être ainsi dispersé à travers la campagne et débarrassé de mon état. Inconnu, de père inconnu et garanti introuvable. Les citoyens de Phnom Penh libérés de leur identité et dispersés dans les campagnes avaient perdu leurs origines, leurs antécédents, leur en mon âme et conscience, et c’est en vain que le fils, là-bas, chercherait son père coupable, il y a heureuse impossibilité, indépendance de la volonté. Au Cambodge, tous les Pavlowitch s’appelaient autrement. Mais j’avais été bien traité. La chimie avait bloqué toutes les issues et tous les avions pour le Cambodge quittaient Caniac-du-Causse sans moi.

Ma visibilité augmentait avec photos fournies par les Renseignements généraux et je n’osais même plus conduire, car je savais que le Destin avait pris connaissance et risquait de s’intéresser.

Heureusement, une Tout-Paris pour qui j’avais fait autrefois de pauvres jobs certifiait que j’étais une nullité incapable d’écrire deux lignes, et que c’était Tonton Macoute qui était mon véritable auteur. C’était très doux, quelque chose, malgré tout, comme une illusion de paternité par intuition féminine, comme un début de commencement d’un extrait de naissance, avec fin d’hérédité alcoolique et psychiatrique. Il restait, certes, le diabète, la tuberculose et le cancer, mais toutes les reconnaissances de paternité ont leur prix. La rumeur se répandait et je tendais de nouveau vers l’inexistence, avec de moins en moins d’identité où le destin pourrait venir me coincer. Je n’étais plus qu’un couvre-chef. Tonton Macoute se démenait, émettait des démentis, jurait avec indignation qu’il n’y était pour rien. Il faisait des pieds et des mains comme s’il avait honte de ce que j’écrivais, de ce que j’étais : ce n’était pas digne de lui, il refusait toute paternité.

Je prenais du thymergix, mais malgré tous les euphorisants, j’étais incapable de me supprimer, et de toute façon, comme antifasciste, je ne me reconnaissais pas le droit à la solution finale. Le Nouvel Observateur publia une demi-photo de moi avec un point d’interrogation : Ajar ? Malgré le doute, il y avait néanmoins demi-existence, comme tout le monde.

C’est alors qu’au milieu de la nuit, et bourré d’euphorisants, je me suis dit : autant pousser pour me fuir jusqu’à la caricature. M’autodafer. Me bouffonner jusqu’à l’ivresse d’une parodie où il ne reste de la rancune, du désespoir et de l’angoisse que le rire lointain de la futilité.

J’ai attendu le matin et je rappelai Tonton Macoute.

— Dis donc.

— Oui, oui, oui, quoi encore ?

— T’énerve pas, papa chéri.

— Paul, tu as déjà tout tiré du « papa chéri ». Passe à autre chose. Renouvelle ton talent.

— Je t’appelle pour te dire que je me suis trompé. Je ne t’avais donné aucune lettre de désistement pour les prix. Il n’y avait pas de raison…

— C’est ce que je me tue à te dire depuis le début.

— … il n’y avait aucune raison, parce que c’est toi qui as écrit mon deuxième livre. Pas le premier, mais le second. C’est pour ça qu’il s’est mieux vendu. Tu l’as écrit de ta main.

Là, je sentais que je l’avais vraiment étonné.

— Mais qu’est-ce que c’est que cette connerie maniaque ? À propos, tu sais comment on t’appelle maintenant dans Le Canard enchaîné ? Le maniaque-du-Causse.

— C’est toi l’auteur de La Vie. Il y a des journaux qui le disent et j’ai un brouillon écrit de ta main.

— Paul, enfin, Alex… Émile, je veux dire. Ça suffit. Je n’ai jamais écrit aucun brouillon, je ne sais pas de quoi tu parles.

— À Copenhague.

— Quoi, à Copenhague ?

— Le geste d’amour ?

— Quel geste d’amour, putain de merde ?

C’est son expression favorite, « putain de merde » : il cumule.

— Tu te souviens, quand j’ai eu ma crise de « rejet » ? Quand je me sentais rejeté par tout le monde et toi le premier ?

— Je ne me souviens pas de toutes tes crises, je ne suis pas abonné.

— Rappelle-toi, à Copenhague. Tu avais accepté de recopier le début du manuscrit de ta main. Dans un cahier noir. Le geste d’amour, d’acceptation ? Je savais que tu étais à bout de souffle, vidé, bloqué… C’est pour ça, d’ailleurs, que tu venais chez le docteur Christianssen. Tu ne pouvais plus écrire. Je l’ai fait pour toi. On m’a assez fait chier. Je vais faire un communiqué disant que c’est toi l’auteur.

Je ne lui ai même pas laissé le temps d’un infarctus. Je l’ai raccroché.

Ils ne me tenaient pas encore.

Je me suis mis à la recherche du cahier écrit de sa main. Je ne le trouvais pas. Pourtant il devait bien exister quelque part.

Et c’est alors que j’ai failli avoir cet infarctus que je lui destinais. Ce cahier, ce manuscrit, il l’avait gardé ! Il voulait me voler mon œuvre, mon Goncourt ! Il l’avait volé, traîtreusement, comme un quelconque Cholokhov qui avait volé le premier volume du Don paisible sur le corps d’un écrivain cosaque blanc, selon Soljenitsyne ! J’avais Soljenitsyne pour témoin ! C’est ce qu’il avait en tête dès le début, en me proposant de recopier de sa main les premiers chapitres ! Car c’est lui qui me l’avait proposé, je m’en souvenais parfaitement ! Une idée démoniaque, typique des sorciers haïtiens et de Tonton Macoute ! Il allait réclamer le Goncourt, les honneurs, le fric… Tout le fric !

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