Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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Je les ai fait entrer et je suis allé chercher ma carabine. Mais j’avais toute ma raison et je savais que cela ferait seulement encore une cause célèbre, et rien d’autre. Je ne voulais pas collaborer avec les causes célèbres, parce que c’est toujours la même cause célèbre depuis cent mille ans et il y en avait marre de la célébrité.

Le photographe s’appelait Rolland et comprenait, parce que c’était encore un mec jeune. Bouzerand comprenait aussi, mais seulement parce qu’il était intelligent.

Ils ont été plutôt gentils, tout compte fait, car ils avaient le couteau sur la gorge. Tout le monde vit le couteau sur la gorge et du couteau sur la gorge, c’est une situation alimentaire.

Le photographe n’a demandé que mes yeux, parce que ce qu’il voulait, c’était les yeux de Momo, celui qui a douze ans ou peut-être cent mille, dans mon ouvrage autobiographique. Bouzerand était d’accord, car il n’était pas tout à fait mort. Ils ont téléphoné à leur patron du Point, Imbert, qui était d’accord aussi, parce que si je faisais une cause célèbre, en tuant son envoyé spécial, ce serait les quotidiens pendant quatre jours qui en profiteraient, avant la sortie de son hebdomadaire.

J’étais tellement normal que lorsque le couteau sur la gorge m’a demandé d’aller à Paris, j’ai accepté. J’ai voyagé avec eux librement et de mon plein gré, et ils ne m’avaient pas mis de menottes.

J’ai téléphoné au docteur Christianssen qui ne s’est pas montré concerné et m’a dit que j’allais m’en tirer très bien, avec seulement du Tranxène, comme bien d’autres auteurs.

— Tout ce que vous risquez maintenant, c’est encore un livre. Vous vous êtes récupéré, mon vieux, et vous continuerez à vous récupérer. Bonne chance.

À Paris, ils m’ont fait bouffer dans des restaurants chic. Je ne pouvais rien avaler, parce que je me sentais bien, à l’aise, sans angoisse, et cela me nouait l’estomac.

Ils ont tenu parole. Ils ne m’ont pris que les yeux. On ne voit pas le reste de mon visage, sur la photo. Ils n’ont pas donné mon vrai nom. Ça m’a achevé. Je perdais une chance de devenir célèbre. Je ne savais plus où j’en étais, dans mes convictions.

J’ai tenu le coup. Pendant le dîner, j’ai perdu la tête, mais ils ne se sont aperçus de rien. Je tiens beaucoup à la tête que j’ai, comme je l’ai dit, parce que ce n’est pas la mienne. Chaque fois que je vois ma gueule, le matin, je me fais peur et ça me donne du courage pour aller en ville et parler aux adultes.

La Dépêche du Midi, pendant ce temps, avait fait une enquête à l’hôpital de Cahors, et ils avaient appris ainsi que j’étais authentique. Que ma mère était authentique. Que mon frère était authentique. Brusquement, je fus entouré de tous côtés d’authenticité. C’était la fin du canular, de la mystification. Ce n’était plus Queneau ou Aragon qui m’avaient écrit. On ne disait plus, comme on l’avait fait, que j’étais un ouvrage collectif, mais là, ils ont tort. Je suis un ouvrage collectif, avec plusieurs générations qui m’ont donné un coup de main.

S’ils croyaient encore que j’avais derrière moi un autre Auteur, ils l’ont passé sous silence, parce qu’il y a des croyants parmi leurs lecteurs et ils ne voulaient pas choquer leurs sentiments religieux. Même Franco est mort pieusement et personne n’a pris ça pour un blasphème.

Je crois que Pinochet ira droit au ciel.

En sortant du dernier restaurant, je me suis précipité chez mon dernier avocat. Puisque j’étais en pleine authenticité, autant aller jusqu’au bout. J’ai déposé sur son bureau un document signé de ma main, certifiant que j’étais un taré génétique reconnu tel par tous les historiens, avec des bibliothèques et des musées de l’homme à l’appui, issu d’une souche de tarés elle-même issue d’une tare dans l’univers, et que j’autorisais ce document à rendre mon avocat public et mettre fin ainsi au mystère ajar. J’ai même signé Émile Ajar, débile mental, menteur invétéré, mythomane, affabulateur, truqueur, faux-jeton, imposteur, pseudo, mégalo, avec preuves historiques à l’appui. Il me regarda de travers.

— Ajar, vous essayez délibérément d’avoir un prix littéraire.

— Comment ça ?

— Vous êtes en train de vous créer une légende.

Merde. Je me suis mis à réfléchir. C’était vrai : ils avaient tous une légende. Villon avait une légende à cause des pendus. Lorca avait une légende à cause du peloton d’exécution. Malraux avait une légende à cause des guerres et des révolutions. Hölderlin avait une légende à cause de la folie. Soljenitsyne avait une légende à cause de l’univers concentrationnaire.

Tous les hommes avaient une légende à cause de la mort. L’humanité n’était même plus légendaire : elle était mythologique.

— Vous croyez que je devrais tuer quelqu’un ? demandai-je.

— Vous n’avez pas besoin d’aller aussi loin, pour avoir un prix littéraire.

— Je n’en veux pas, je me suis désisté. Mais prenez Raskolnikov : il a tué cette femme à coups de hache pour des raisons purement littéraires.

— Dostoïevski était un génie, mon vieux. Vous n’avez pas de vrai talent littéraire, vous vous racontez, c’est tout. C’est un document clinique.

— Alors, qu’est-ce qu’il faut faire, pour avoir une légende ?

— Ça suffit, Pavlowitch, on ne va pas parler du Christ en 1975, il y a quand même des limites. Et personne ne va vous crucifier, on sait que vous faites ça très bien vous-même.

— Ce n’est pas la même chose.

— Vous ne voulez définitivement pas de prix ?

— Définitivement.

— C’est beaucoup d’argent, vous savez.

— Je ne défends pas le sacré. Et l’environnement, je m’en fous.

L’avocat me regardait entre mes quatre yeux. Je n’en ai que deux, en ce moment : un pour me cacher, et un pour me voir. Lorsque je vais mal, j’ai cinquante paires d’yeux, je vois le quotidien et le familier partout, et c’est l’angoisse.

— Voilà qui est clair et net.

— Clair et net ? Moi !

— N’essayez pas d’en faire trop, Pavlowitch. Vous avez déjà réussi votre coup. Pas de photo du visage, rien que les yeux, pour plus de secret. Pas de biographie. Vous avez laissé dire : terroriste au Liban, médecin avorteur, maquereau ici et là, recherché par la police en France, donne des rendez-vous à Copenhague. C’est parfait. Il n’y a pas de meilleure légende pour un écrivain que le mystère.

J’ai téléphoné à Tonton Macoute avant de quitter Paris. Je lui ai parlé de l’interview dans Le Point.

— Ils ne t’ont pas demandé si je t’ai aidé à écrire tes livres ?

— Non, pourquoi ?

— Enfin, tu es quand même mon petit neveu-cousin, ou quelque chose comme ça.

Ou quelque chose comme ça.

— Ben oui, ils le savent.

— Et ils ne t’ont pas demandé si je t’ai donné un coup de main ?

— Non.

Je n’ai jamais entendu un silence aussi expressif au téléphone. Alors, il a fait un aveu d’une telle beauté que je le note ici, pour la postérité, comme un de ses chefs-d’œuvre.

— C’est quand même étonnant à quel point je suis sous-estimé en France, dit-il. Ils ont soupçonné Queneau, Aragon mais pas moi, alors que tu m’es si proche.

— Ils n’ont pas soupçonné Henri Michaux non plus, alors qu’il m’est beaucoup plus proche que toi et le plus grand de tous.

— C’est vrai, dit-il avec plaisir, mais quand même…

— Je peux leur téléphoner et les prier d’ajouter ton nom aux autres.

— Non, merci. Je m’en fous. S’ils ne sont pas capables de trouver tout seuls quels sont aujourd’hui les grands écrivains en France, tant pis pour la France. Je disais ça comme ça…

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