Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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Il a ri.

— C’est un beau sujet.

— Je dis tout.

— Ça n’existe pas, tout, en littérature. C’est toujours des bribes. L’idée de tout dire, dans un livre, c’est une idée de débutant. Un manque de métier.

— Je raconte comment tu as couché avec ma mère, et comment tu n’as jamais voulu reconnaître cette responsabilité envers moi.

Le docteur Christianssen me mit une main amicale sur l’épaule. Alyette était à mes côtés. Il n’y avait pas d’Annie, que la réalité invente à ses moments perdus. Tonton Macoute était loin. Tout était familier, quotidien. J’étais couché, j’avais les yeux bien ouverts, mais je n’avais pas envie de hurler, car je n’ai pas peur des fantasmes. Ce sont nos meilleurs amis.

Et je luttais. Il y avait des acétates de bamum qui se mélangeaient avec des zazas, pour l’absence de sens. Il y avait des carnabus qui s’aspertaient pour plus d’insignifiance. Les clocs babotaient pour ezyauter les babettes et refouler les mots. Il y avait des viaducs qui potaient avec des viocs et jossuaient les abats pour plus d’informulé. Il y avait, certes, quelques fleurs qui tenaient bon, mais elles sentaient Saint-John Perse. Les ganettes s’aputaient avec les crates, pour empêcher les aveux. Mais parfois des bribes de Rimbaud réussissaient à franchir, et il y avait tentation, avec main et stylo. Je refoulais le poème, faute de moyens. Sous les abat-jour rouges, les galions chargés de mots vides qui coulaient à la recherche des profondeurs, revenaient à la surface plate sous le poids de leur cargaison. Le dire se formait cependant en dépit de mes efforts contre-nature, et la parole se mettait à errer à la recherche de quelqu’un à tromper.

Il était là, à mon chevet, et restait impassible. Rien, aucune réaction, à lui-même pareil.

Et puis il m’a regardé, de Paris.

De ses yeux bleus, un peu rougis, mais seulement par le travail. Sans trace de pitié. Le bleu, c’est encore une réputation surfaite.

— Bof, tu sais, tous les sujets se valent. C’est la manière de les traiter qui compte, et le talent. La culpabilité, le Père haï parce qu’il n’est pas aux cieux, l’inceste odieux et fraternel de l’espèce, sans rien d’incomparable pour qu’il pût y avoir amour, la malédiction génétique, une humanité d’hérédos… Pourquoi pas, si ça fait encore un beau livre ? Parle de moi, de toi-même, librement. Radek disait à Staline : « Une bonne ménagère doit savoir utiliser tout, même les ordures. » Je te fais confiance.

Il me regardait fixement de ses yeux aux reflets de moi-même. Le jansénisme du néant promettait la pureté rédemptrice de l’œuvre d’art.

— Parce que rien n’existe, rien ne compte… sauf la littérature ?

Ce n’était pas vrai, car il aimait aussi les cigares.

— Tu sais, après, quelque part, toujours, si c’est une œuvre de talent, la littérature rejoint la vie et la féconde… J’ai expliqué tout ça…

Il sourit.

— … Dans un livre, justement.

— Alors, Tonton, quelle est la différence entre un salaud intégral et un bienfaiteur de l’humanité ?

— Il y a des gens qui ont été des salauds dans leur vie et des bienfaiteurs de l’humanité dans leurs œuvres… En ce qui me concerne, je ne suis « intégral » en rien. Toi non plus. Personne. Il y a toujours une marge pour le meilleur… et pour le pire.

Et humaniste, avec ça, pensai-je. J’ai même dû le dire à haute voix, parce qu’accoururent alors de toutes parts dix mille curés qui me donnèrent à qui mieux mieux l’absolution du crime, en raison des souffrances morales et pures qu’il m’inspirait, et des œuvres d’art admirables auxquelles il avait donné naissance.

— Auschwitz n’a pas encore donné grand-chose du point de vue artistique, il faudra peut-être recommencer, dis-je. Le déclin de la syphilis explique le manque de plus en plus sensible de génies. Il faudrait reféconder par l’horreur, pour qu’il y ait encore Dostoïevski ou Goya. Tu n’es pas un monstre sacré, tu es seulement un monstre. Et je te hais de me voir si laid dans ce miroir.

— Il va venir vous voir, je lui ai parlé, dit le docteur Christianssen. Vous avez tort de vous accrocher au refuge de la clinique, en cherchant à passer définitivement de l’autre côté, Pavlowitch. Vous ne réussirez pas à fuir.

Je pensais aux villes allemandes que Tonton Macoute avait bombardées. Des milliers de civils bousillés. Or, dans les maisons qu’il faisait ainsi sauter, il y avait des canaris, des chiens, des chats. Des centaines de petits chats. Il avait dû tuer des milliers de petites bêtes innocentes.

Nini, pensais-je. C’était une idée de Nini. Il faut se méfier du cynisme, parce qu’il aide à vivre.

Tonton se leva. Il emplissait la chambre. Je lui dis :

— Je sais que j’ai une imagination déréglée et morbide, mais je suis sûr et certain que tu es mon père.

— Je me demande pourquoi ?

— Parce que des fois je te hais comme c’est pas possible.

Il me parut que son visage prit un coup de souffrance, mais peut-être je me vante. Et Dieu s’est toujours protégé contre la haine par une quantité innombrable de petits pères.

Je ne sais si le docteur Christianssen avait raison et si ce fut vraiment le fait de m’être vu étalé, au vu et au su, sur toute une page du Monde qui avait provoqué cette nouvelle crise d’angoisse. C’était le premier journal que je fus autorisé à lire depuis un mois. Je l’ai lu de la première à la dernière.

Il y eut agression.

Je n’ai plus eu droit à la radio ni aux journaux mais ça a continué à l’intérieur, avec envie immense d’une autre espèce.

Les singes s’enculaient autour de moi par grappes inhumaines et je sanglotais d’émotion devant tant d’innocence.

Il y avait des culs sans précédent qui passaient dans le ciel et je sanglotais de gratitude devant leur absence de crime.

Des têtes se mettaient parfois à pleuvoir, il y en avait qui rêvaient encore.

Dieu, la corde au cou, était ramené à FOR Corral, il était devenu un cheval pour s’innocenter. Les chevaux n’étaient pas croyants et ne le mêlaient pas à leur fumier. Dieu hénissait sa honte. Les chevaux ruaient pour se défendre, car ils connaissaient leur bonheur.

Je percevais parfois autour de moi des tentations de langage, mais les mots avorteurs reprenaient aussitôt les choses en main. Il y avait alphabet, grammaire, vocabulaire, syntaxe, civilisation, figure de style, ordre des choses, répression.

L’halopéridol n’a aucun goût. On peut en faire absorber à un dissident soviétique sans même qu’il le sache. C’était il y a un mois page trois du monde.

L’halopéridol est un hallucinotique qui calme la réalité et la rend moins agressive.

On en administre à la réalité cent cinquante gouttes par jour en trois fois.

Si vous êtes un délirant, l’halopéridol n’aura sur vous aucun effet parkinsonien : vous ne deviendrez pas raide comme du bois mort. Si vous êtes bien adapté à la réalité, normal, vous faites du Parkinson sous l’effet des gouttes. La preuve est ainsi faite que la schizo a une cause physiologique, avec espoir d’hérédité.

J’ai écouté ces rassurances que me donnait le docteur Christianssen. J’ai gueulé.

— Votre halopéridol est réac. Il est de droite. Il est répressif. Il diminue l’indignation, empêche la révolte, l’agressivité révolutionnaire. Il est contre l’imagination.

Le danois remua la queue. Il avait mis sa bonne tête sur mes genoux.

— C’est vrai, aboya-t-il. Seul l’anafranil est de gauche. Il est stimulant, excitant, infurionisant, survoltant, propulsant. L’halopéridol est facho, l’anafranil est gauchiste.

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