Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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Je bichais. C’est un mot qui est passé de mode, lui aussi.

— Écoute, t’en fais pas. Tu es au-dessus de ça.

— Bien sûr. Je ne me souviens plus si tu as pensé à garder les droits cinématographiques…

— Oui, sur tes conseils, papa chéri.

— Je t’ai déjà demandé de ne pas m’appeler papa, putain de merde, le vocabulaire bidon-freudien, il y en a marre.

— Je suis quand même un peu ton fils spirituel, non ? Avec traces d’influence…

— Je t’emmerde.

J’étais content. Je lui faisais du bien, il rajeunissait, même au téléphone, retrouvait sa sève originelle.

— Enfin, j’ai gardé les droits. Le pognon, c’est le cinéma.

— Tu penses trop au pognon.

Moi ?

— Oui, toi. Quand on pense tout le temps contre le pognon, on pense vraiment beaucoup trop au pognon.

— La dialectique, je connais. Mais j’ai assuré le coup.

— Ça veut dire quoi ?

— Je vais faire une donation.

— À qui ?

— Au comité pour l’Aide et le Soutien aux putes. Aux prostituées, comme ils disent. Je vais consulter Ulla, notre mère à tous, Jackie, Sonia et quelques autres. Je vais même créer un fonds de lutte pour la Défense, l’Encouragement et l’illustration des Putes de France, avec avocats-conseils et dix pour cent de mes droits d’auteur par tête de pipe. Quelque chose de vraiment représentatif. Nos saintes mères et sœurs les putes sont ce qu’il y a aujourd’hui de moins pseudo. La pute est encore ce qu’il y a de plus authentique. C’est pourquoi tout ce qui est bidon est contre. Cachez mon sein que je ne saurais voir. On les persécute parce qu’elles disent la vérité avec leur cul, là où la vérité s’est réfugiée, là où elle est encore à peu près intacte. Les putes sont tellement représentatives qu’elles n’ont même pas le droit de se présenter aux élections. C’est pour ça qu’il n’y en a pas, au Parlement, tu comprends.

— Je pensais que tout ce que lu voulais, Alex, c’était de vivre inaperçu.

— Tout le monde vit inaperçu.

— … que tu ne voulais pas passer pour un idéaliste caché, bêlant. Pour un « aspirateur », comme tu dis. Si tu donnes ton argent aux putes, on comprendra que tu n’es qu’un idéaliste désespéré, un de plus, un « aspirateur ».

— À propos, j’ai oublié de te dire que dans l’article du Point , lundi prochain, ils ont ajouté ton nom à celui d’Aragon et de Queneau comme mon auteur putatif.

— Tu me dis ça à propos de quoi ?

— Comment, à propos de quoi ? À propos de putes.

J’ai raccroché. Je passe mon temps à raccrocher, mais je n’y arrive jamais.

Je suis reparti. À Cahors, le type de La Dépêche du Midi a été très bien. Il avait découvert que j’étais d’une famille authentique, mais il ne l’a pas imprimé. Il a même téléphoné à Paris pour qu’on ne publie pas les détails sur mon authenticité. De Paris, le gars a demandé :

— Mais vous ne vous êtes pas aperçu que vous avez affaire à un psychopathe ?

Bref, la légende s’affermissait, prenait corps. On allait me laisser en paix, par respect humain. J’ai voulu aller au Café de la Poste et avaler des rats vivants en public, mais le python, c’était mon premier livre et on allait dire que je me répétais.

Nous avons pris la Volks que Tonton Macoute m’avait laissée quelques années auparavant, j’ai pris ma tête de bandit avec moi, pour me faire respecter sur les routes, et nous sommes partis dans la nature, Annie, Nini et moi. Nini ne me quitte jamais vraiment, car elle a encore des espoirs. Elle croit encore qu’elle arrivera à m’inspirer une œuvre néantiste, car ce qu’il y a de marrant avec le nihilisme, c’est qu’il vit d’espoir.

Nous sommes restés en balade trois jours. On est rentré le mardi 18 novembre.

La première chose que j’ai apprise à la radio, c’est que j’avais reçu le prix Goncourt pour La Vie devant soi et qu’on me cherchait partout.

Je fus très calme. Je suis toujours très calme quand je perds la tête. Parce que c’est justement ma tête qui m’empêche d’être calme.

J’ai appelé Tonton Macoute au téléphone, calmement. Il paraissait enchanté.

— Félicitations, Alex. Tout ce mystère s’est révélé payant. Bien joué. Ta mère aurait été si heureuse.

— Fous la paix à ma mère une fois pour toutes. Tu as déjà eu le prix Goncourt avec la tienne…

— Pas du tout. C’était mon livre précédent…

— Tu as des comptes à me rendre. Je t’avais confié des lettres de désistement, que tu t’étais engagé à faire porter aux jurys la veille des prix. Tu ne l’as pas fait. Tu les as gardées délibérément dans la poche. Tu l’as fait délibérément, pour me faire avoir un prix littéraire, pour me mettre sur ta bonne voie… la bonne voie : la tienne…

— Quelles lettres ? Qu’est-ce que tu racontes ? Est-ce que tu auras fini de te mentir, un jour ? Ou est-ce que tu es vraiment complètement fou ? Tu ne m’as jamais donné de lettres. Jamais !

J’avais des gouttes de sueur froide aux tempes et de petits frissons glacés qui me couraient le long du dos. J’ai regardé Annie, pour un peu de réalité.

— Je t’ai donné ces lettres, espèce de salaud ! Tu l’as fait exprès !

Il s’était soudain calmé, comme celui qui comprend. Oui, compréhensif.

— Alex, je t’en prie. Tu ne m’as jamais donné de lettres. Je suis sûr que tu es sincère, tu crois me les avoir confiées mais… tu as dû te l’imaginer à Copenhague, pendant ta période de… désintoxication.

Je me taisais. Il me prenait à la gorge. J’étais sans défense. Je n’ai jamais pris d’héroïne, ce n’était pas vrai. Il me tenait.

J’essayais de vomir ce boulet de canon dans ma gorge, mais c’était au-dessus de mes moyens.

— J’affirme que tu ne m’as jamais donné ces lettres, Alex.

J’y suis arrivé en hurlant.

— Ce que tu es en train de me dire, c’est que je suis un fou reconnu et certifié, que j’ai des hallucinations et que je ne distingue pas mes fantasmes de la réalité ? C’est ça ?

— Tu les as peut-être remises à quelqu’un d’autre. Pas à moi. Je ne les aurais pas acceptées. Je pense que tu méritais un prix littéraire et je suis heureux que tu aies eu le Goncourt.

— Tu ne les as pas fait porter aux jurys, parce que tu voulais me donner une leçon. Tu voulais me prouver que toi et moi, c’est la même merde.

Il se mit à gueuler.

— Je te défends de me parler sur ce ton ! J’en ai marre de t’avoir sur le dos, tu m’entends ?

— Tu veux dire que je t’ai coûté assez d’argent et que tu m’as laissé aller au Goncourt pour être débarrassé de moi financièrement ?

Il s’est calmé.

— Tu es un salaud, Paul.

— Ne m’appelle pas Paul, nom de Dieu ! C’est quelque chose de vrai, n’y touche pas !

— Tu es une ordure. Tu n’as jamais été fou. Tu as inventé ça pour faire encore un livre. Tu as toujours fait pseudo-pseudo parce qu’il y avait là une astuce qui te permettait de fuir tes responsabilités.

— Oui. Copenhague, la clinique, tout ça c’est du bidon ? Tu as jeté ton pognon par la fenêtre ?

— Je voulais que tu puisses écrire ton livre en paix. Christianssen était d’accord.

— Christianssen m’a donné des certificats médicaux irréfutables !

— Les Danois ont toujours caché et aidé les Juifs. Et je vais te dire ceci. Je te crois. Tu es probablement convaincu que tu avais écrit ces lettres de désistement et que tu me les avais données. Mais comme dans ton subconscient tu voulais avoir le Goncourt, que tu ne voulais que ça…

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