Эмиль Ажар - Pseudo
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- Название:Pseudo
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
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- Год:2013
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Mais je n’étais plus un enfant et je n’avais plus d’excuses. Et je sais, certes, qu’il y a quelques très beaux cris mais ces chefs-d’œuvre que l’on ne cesse de jeter au rebut dans les musées et les bibliothèques ne sont eux aussi que des lettres à l’anonyme. Je ne suis pas un dément et je n’irai pas les brûler ou les lacérer au nom d’une vie authentique. Je répondis donc au rabbin du toc au toc :
— Je n’ai que faire de vos consolations et de vos ruses espératrices. Il demeure que l’humanité est le seul fruit tombé qui n’ait point connu d’arbre. La seule solution possible est d’accepter son caractère tombé, échoué, inachevé et mutilé en évitant de l’apercevoir. Les psychiatres sont justement chargés de cette mission sacrée, qui est de lutter contre les excès de lucidité. C’est pourquoi je suis ici. L’art, monsieur le rabbin, est une caricature d’un ailleurs. J’ai quelque mal à l’accepter. Mais j’y parviendrai.
Il se tortilla la barbiche en méditant sur l’anonyme.
— On peut concevoir des poèmes qui ont pris corps céleste et où vivent des familles heureuses, me lança-t-il.
— Il y a en effet toutes sortes d’espoirs de première bourre, répliquai-je, et je reconnais que nous ne sommes pas sans susucre. Cependant, monsieur le rabbin, si on fait la somme de toutes les prières qui ont été adressées depuis le premier cri, on est tenté d’admettre avec Mao que huit cents millions de Chinois ont plus de chance d’y arriver. La vérité est qu’il n’y a pas eu d’or originel et que le toc est resté du toc.
Il me lança un regard triste et s’effaça, car il n’était pas en mesure de lutter contre mes cent cinquante gouttes d’halopéridol.
Je reçus également un coup de téléphone de mon éditeur : madame Simone Gallimard voulait savoir quel titre j’entendais donner à mon nouveau livre. Quand je lui dis que le titre était PSEUDO, elle garda longtemps le silence et je me demandai si je n’avais pas blessé ses sentiments religieux.
Il y avait cependant des moments où le toc devenait intolérable et je nous cherchais des excuses. Je me disais que nous étions peut-être dans cet état informe, mutilé, inachevé et souvent mis de côté dans lequel Faust avait vécu pendant le temps pour lui interminable que Gœthe avait mis à l’écrire. Il existe sur ce point divers témoignages, notamment dans une lettre du jeune Heine, qui avait rendu visite à Faust alors que celui-ci n’avait qu’un demi-visage, pas de bras et une seule couille. On oublie en général que Gœthe avait travaillé plus de quinze ans pour finir son œuvre. Il s’agit donc peut-être d’un auteur qui existe bel et bien mais qui n’est pas pressé ou qui n’a pas la notion du temps. Il faut faire la part du feu sacré et de l’inspiration chez un créateur même si en attendant il vous jette au rebut d’ébauche en ébauche, depuis des millénaires. Je m’amusais parfois à imiter sur mon ventre, au crayon rouge, la signature de Tonton Macoute, dont on ne disait point à ce moment-là qu’il fût mon auteur. Personne ne soupçonnait encore nos liens héréditaires.
J’allais mieux, mes tendances suicidaires avaient disparu, je n’avais plus envie de me supprimer en laissant ce mot d’explication : « enfin authentique ». Je voyais plus clairement ce qu’il y avait d’universel dans l’indifférence dont j’étais l’objet et dans mon conflit de non-fils avec un non-père.
Il y avait aussi d’autres moments où cette absence devenait intolérable et je me remettais à lutter. Je regardais le grand arbre du jardin et je me demandais : qui est là ? comme au temps de mon enfance. C’était, je le savais bien, ce qu’on appelle dans leur jargon une « conduite régressive », mais de régression en régression, il est peut-être possible de rencontrer quelqu’un. Les murs de la clinique étaient insonorisés, à cause des combats de Beyrouth, mais j’entendais autour de moi la circulation de deux milliards de faux jetons de présence qui œuvraient à la bonne marche du toc. Il y avait surtout chaque nuit des meutes de mots qui se réunissaient en concile et vérifiaient méticuleusement pour le lendemain leur pouvoir frauduleux. Il fallait même se taire avec une extrême circonspection car le pouvoir était déjà à l’intérieur ; pour échapper à son emprise, même les poètes se laissaient mourir de silence. Parfois un mot se frayait un chemin par surprise, avec son bidon de sens, mais les neuroleptiques colmataient aussitôt cette brèche. J’entendais quelqu’un me murmurer que j’étais un lâche et que la seule façon de se défendre était les armes à la main, mais je n’étais pas capable d’un choix de victimes. Le docteur Christianssen nous avait prêté deux stéthoscopes, Alyette s’allongeait près de moi et il nous arrivait de nous parler ainsi jusqu’à l’aube.
Le docteur Christianssen s’est révélé un salaud. C’était son tour d’être un salaud. Car il ne faut pas croire, ils ont des salauds au Danemark aussi. C’est leur côté démocratique. Les Danois choisissent chaque année des personnes qui assument le rôle fraternel de salauds, par rotation. Les Danois sont très conscients et solidaires du reste du monde et ils ne veulent pas rompre les liens.
Le docteur Christianssen s’est révélé donc un salaud à son tour quand il refusa de me garder à la clinique, en octobre 1975. Il savait que mon troisième livre était presque fini et il me dit que j’avais déjà tiré profit de mon état et de mon séjour à Copenhague. Il décida que j’avais réussi à me récupérer moi-même et à mon propre profit et me prononça normal et guéri.
Je lui dis pour l’attendrir que j’allais rentrer à Cahors pour m’occuper de mon frère aîné et des enfants retardés. Mais il refusa de m’aider.
— Je connais votre système de défense, Ajar. Votre frère, c’est vous môme. L’autre est un adulte parfaitement mûri. L’enfant « demeuré » qui a toujours douze ans, malgré son âge, c’est chez vous. Vous le dissimulez de votre mieux et vous vous êtes même laissé pousser une grosse moustache, pour mieux vous cacher. Je reconnais qu’il y a là une situation difficile, mais féconde. Le besoin d’affabulation, c’est toujours un enfant qui refuse de grandir. Continuez à écrire et vous aurez peut-être un prix littéraire.
Et il m’éjecta, car il remplissait un rôle social.
J’avais peur d’aller à Paris à cause des passages cloutés. Étant donné la nature au volant, c’est sur les passages cloutés que l’on a le plus de chance d’être écrasé. C’est étroit, bien défini et le gars au volant peut viser juste.
Et puis il y a les feux verts qui cherchent à vous baiser, en vous encourageant à traverser pour vous piéger. Moi je traverse toujours au feu rouge.
Je m’arrêtais quand même à Paris pour voir Tonton Macoute. Je n’avais rien à lui dire. On pourrait donc se parler normalement. Il portait une robe de chambre bleue, avec des éléphants dessus, pour faire de la pub à un de ses livres…
Il me tendit la main.
— Comment va ?
— Toc-toc.
— Tu as fini ?
— Oui. J’ai même en tête un autre livre.
— Ah ?
J’attendais. Il s’en foutait avec tact.
— Tu veux savoir le sujet ?
— J’aime mieux le lire.
— J’aurai besoin de ton autorisation pour publier.
— Quoi ?
Il a sur le front des veines qui se gonflent, sous excès d’intérieur.
— Paternaliste, c’est ça ? Tu peux me dire à quel moment j’ai exercé sur toi la moindre autorité ?
— Jamais, au grand jamais. Tu n’as jamais eu le moindre geste de cette nature. Il ne s’agit pas de ça. Mais dans ce livre je parle de toi.
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