Эмиль Ажар - Pseudo
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- Название:Pseudo
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
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- Год:2013
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— Et le reste ?
— La seule chose qui compte, ce sont les chefs-d’œuvre, Pavlowitch. Je relis toujours Dante, Shakespeare, Tolstoï, Dostoïevski avec une immense satisfaction.
— Et moi, vous m’avez lu ?
— Bien sûr. J’essaye de me tenir au courant des nouveautés. J’ai créé tout ça parce que je suis un passionné de littérature, de musique, de peinture. Sans ça, vous pensez bien, je m’y serais pris autrement. Et ne vous tracassez pas pour l’avenir. J’y veille. Il y aura, encore, quelques très beaux chants. Vous avez des dispositions, Ajar, mais vous vous intéressez trop à vous-même. Occupez-vous davantage de la souffrance des autres : il y a là encore des livres admirables qui attendent. Il ne faut pas que les hommes souffrent pour rien, mon petit. Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. Prenez vos distances envers vous-même et contentez-vous de la souffrance des autres : de l’épopée, Pavlowitch, de l’épopée. Le « moi » c’est trop intimiste, limité, trop vite épuisé : l’humanité est une mine de sujets, une véritable mine d’or pour un écrivain. Regardez autour de vous : encore quelques Chilis, quelques Goulags, quelques massacres, quelques persécutions bien senties, et vous serez un grand écrivain, Ajar, ils ne seront pas morts pour rien.
— Je vais aller vivre en Chine.
— Oui, ils ont un passage à vide, du point de vue littéraire.
Il parlait un peu anglais. Les Danois sont très loquaces. Il me servit mon whisky, laissa la bouteille, j’ai signé et il est parti. J’ai voulu appeler room service pour être sûr que c’était bien Lui, mais j’ai laissé tomber, c’est toujours quelqu’un d’autre.
J’ai presque fini. Le danois court parmi les arbres et aboie, car il y a écureuil. Mon Dieu, mon Dieu, il n’y a plus un mot de vrai, autour, sauf le mot Dieu, qui est bien un mot du vocabulaire. Ne cherche plus, Ajar, les arpates dans les castacrous, parce que l’alphabet à lui tout seul garde toutes les issues et est un bon garde-chiourme. Il y a bien la musique, mais elle collabore : elle aide à vivre. Il y a le rire des enfants mais il déchire le cœur par son ignorance. Il y a partout des signes qui ne trompent pas car c’est bien tel quel.
Des cavaliers immortels passent au galop dans le ciel, mais ce ne sont que des nuages, il n’y a pas mythe. À mes pieds les religions cassées pourrissent, tombées du vieux noyer qui ne sait même pas qu’il ne donne plus que des noix creuses. Il continue, car il a été conçu spécialement et dans ce but. Prémédité, persécuté. Des fumées au-dessus des toits pour rassurer le feu sacré, afin qu’il donne. Des oiseaux, des abeilles et des fleurs, qui banalisent. À l’horizon, pas un chat, car la raison a fait le vide. De nouvelles routes bien tracées, pour aller toujours plus loin nulle part. Des cataclysmes qui se retiennent, pour plus de plaisir.
S’accepter à perte de vue. Acceptation de soi-même jusqu’à la disparition de toute visibilité du monde, de toute souffrance d’autrui. Ou alors, acceptation de soi-même avec autodafé, pour libérer une chambre à l’hôpital psychiatrique.
— Paul, tes yeux recommencent !
— Ce n’est rien, ma chérie, c’est seulement l’autodafé. Je ne sais si j’ai été vaincu, si c’est par lâcheté, soumission, résignation, bref, si c’est une « guérison », mais je me sens prêt à m’accepter comme caricature, pour devenir enfin mon semblable, mon frère. Une ébauche, en attendant la gomme à effacer et un tout autre auteur. Nous pourrons nous aimer, comme on dit vulgairement, et personne ne s’étonnera d’un tel excès de platitude : l’amour est encore toléré chez les caricatures, parce qu’il leur est permis d’exagérer.
Elle me caressa les cheveux tendrement, sans pudeur littéraire.
— C’est vrai. Nous pouvons même vivre heureux, car les caricatures ne sont pas réalistes.
— On pourra parler de l’organe populaire, sans être accusés de médiocrité artistique, car on pardonne tout aux caricatures.
— Le soleil pourra enfin briller sans souci d’originalité…
Je fouillai vite dans ma poche. J’avais failli l’oublier, par habitude d’être, et pourtant, il y avait là un espoir immense qui montrait le bout de l’oreille. Je l’avais découpé le matin même, 24 janvier 1976 – je note ici cette date historique, où commence peut-être enfin le début de la compréhension –, dans le journal américain que je lis parce que c’est quand même une langue étrangère. C’était en première page.
— Écoute, Annie. Et si tu crois que je ne suis pas guéri ou que je fais une rechute, lis toi-même : « Jusqu’à présent, les savants croyaient savoir pourquoi le soleil brille. Mais de récentes découvertes ont tout remis en question. La cause demeure inconnue mais selon les rapports des savants anglais et soviétiques le soleil bat et palpite comme UN CŒUR GIGANTESQUE… »
Elle me regarda anxieusement et je savais qu’elle croyait à une rechute. Mais elle n’osa rien dire pour ne pas blesser l’espoir, car les mots sont des chasseurs impitoyables lorsqu’il s’agit de leur gibier préféré.
C’est au moment où je m’apprêtais à monter dans le train de Paris à la gare de Cahors que le docteur Christianssen m’apparut pour la dernière fois. Je l’ai vu venir vers moi avec ses brumes danoises alors que l’express était déjà sur rails et s’il était moins précis que d’habitude, c’est que la précipitation cardiaque aux instants de soudaine panique brouille toujours un peu la vue chez ceux qui simulent même avec le plus de détermination pour ne pas être repris. Je dus simplement m’écarter pour laisser passer un détachement de SS, mais ce n’était sans doute qu’un trouble de la mémoire. Je comprenais en effet que mon inquisiteur avait reçu de nouveaux ordres des instances tortionnaires et venait s’assurer que je pouvais être ré-in-séré et remis en circulation comme faux jeton de présence sans danger pour les autres pseudos-pseudos et pour moi-même, car il était payé pour savoir que ce qu’on appelle « guérison », dans la convention psychiatrique, ne peut être qu’une scrupuleuse obédience, une soumise et exemplaire dissimulation de symptômes. Sans aucune raison, car l’express n’était pas encore en marche et ne pouvait donc écraser personne, il y eut dans sa menaçante immobilité toute l’imminence angoissante d’Anna Karénine prête à se jeter sous les roues, mais ce n’était peut-être qu’une réminiscence littéraire. Christianssen, que j’appellerai ainsi par défi sans « docteur », car je n’en ai plus besoin, s’arrêta devant moi dans cette attitude délibérément plaisante et décontractée qui cherche à rassurer. Il me serra la gorge. Il n’avait pourtant rien de diabolique, souriant, les mains dans les poches de son pardessus gris au col de velours, avec sa barbe blonde qui n’a jamais fait de mal à personne, ses lunettes sans écaille et ses yeux légèrement bridés ; il ressemblait un peu à Zola et un peu à Verlaine, mais je savais qu’il était pourri de références littéraires et, pour la première fois depuis que nous nous connaissions, il cachait sous une toque d’astrakan le fait qu’il était chauve.
Je vins à sa rencontre, la main tendue, pour donner à sa soudaine apparition à la gare de Cahors un aspect plus naturel.
— Je vous apporte une prodigieuse nouvelle, écrivain Ajar, m’annonça-t-il. Pinochet va être limogé et ils ont déjà libéré Plioutch. Vous avez gagné, littérateur Ajar. Plioutch vient d’arriver à Paris, accueilli par des fleurs et des mathématiciens. Bravo.
— Je ne me savais pas le bras si long, dis-je modestement, car c’était de rigueur.
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