Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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— Vous avez vaincu, combattant suprême Ajar. Vous pouvez être fier de votre œuvre.

— D’autant qu’elle n’a pas encore été publiée, dis-je, car je flairais un piège.

— Pinochet en connaissait le contenu par sa police politique, et a paniqué. Il va fuir. Et le RGB, qui est partout, savait que votre livre puissant allait paraître, et comme ils n’ont pas pu vous modifier à leur gré, malgré le traitement chimique auquel ils vous ont soumis à Copenhague, ils ont libéré Plioutch en toute hâte… triomphant Ajar !

— Je sème à tous les vents, dis-je ironiquement, car l’ironie est toujours une bonne garantie d’hygiène mentale.

Derrière le docteur Christianssen, il y avait le rabbin Schmulevitch aux bas blancs qui n’était pas là, et le fait que je ne le voyais pas prouvait définitivement que je ne présentais aucun signe.

— Combien vous dois-je, docteur ? demandai-je car il y avait déjà droits d’auteur.

— Ne vous défendez pas, croyant Ajar. La preuve est faite : Plioutch est libéré, Pinochet chancelle, on ne tue plus en Argentine, au Liban, c’est la fraternité, votre livre a soulagé une immense détresse humaine. Continuez, écrivez, il y a des millions d’opprimés qui attendent. Sauvez-les, libérez-les, faites-en encore un peu de littérature, lauréat Ajar. Il ne suffit pas d’être guéri, il faut guérir l’humanité entière… Écrivez !

— Cela voudrait dire que je suis encore atteint de tentations messianiques, réformatrices et schizoïdes, docteur. Rien à faire.

Mon investigateur me regarda avec estime, car il savait que j’étais déterminé à prendre victorieusement le train de 8 h 47, il n’y en a pas d’autre, qui attendait en gare parce que le Christ avait du retard et il faut savoir attendre.

Mais le génial scrutateur fit cependant encore une tentative, car il connaissait toutes les ruses et savait que la plupart des gens dits « normaux » sont seulement de bons simulateurs.

— Bravo, écorché vif Ajar ! Vous avez démontré la toute-puissance de notre organe populaire qui soulève les montagnes, ouvre les prisons, comble les vœux, essuie les larmes, panse les plaies, soigne les lépreux, bouffe la merde, lèche les culs, cire les bottes, ordonne l’exécution, tire dans le tas, rase les villes, bénit les foules, viole les veuves, tue les orphelins, perpétue l’horreur, caresse les chiens, relève les ruines, sauve la paix, fait pisser le sang, fleurit les déserts, illumine le monde, décrucifie Jésus, débûche Jeanne d’Arc, grince des dents, s’arrache les cheveux, se fait hara-kiri, massacre les innocents, fusille les otages, égorge les victimes, achève les blessés, donne-lui tout de même à boire dit mon père ! En avant toute, écrivaillon Ajar ! Écrivaillez ! Pensez aux millions de persécutés qui attendent, songez aux tirages ! Saisissez votre Saint Stylo, sauvez, libérez, nourrissez, désopprimez, écrivez ! Encore un peu de littérature ! Et encore ! Et encore ! Et encore ! Vive l’encore, vive l’encre ! Foncez ! Volez ! Vive mumuse ! Ne faites pas semblant de nier l’immense œuvre de bonheur, de justice et de salut accomplie par Tolstoï et tous les autres sauveurs du genre humain, sauveur Ajar ! Samouraï Ajar ! Bayard Ajar ! Merdapied Ajar ! Ne vous sentez pas trop petit, il n’y a pas de trop petit, lorsqu’il s’agit de grandeur humaine… colosse Ajar !

— Mon cul n’est pas le roi Nabuchodonosor, lui répondis-je calmement, pour lui montrer que je ne me prenais pas, que j’avais le sens des proportions, et en général, pour m’accrocher à quelque chose de solide et mettre une note d’espoir.

— Ne vous cachez pas sous le cynisme, idéaliste Ajar…

Mais le grand inquisiteur commençait à s’effacer, car il comprenait que j’étais devenu intraitable.

— Je crois que vous n’aurez plus jamais de moi, ami, dit le docteur Christianssen d’une voix déjà lointaine et ce fut non sans tristesse, car je l’aimais bien et lui devais une fière chandelle.

— Adieu, guéri Ajar. Simulez bien. C’est la loi du genre.

— Adieu, ami Christianssen. Mais je vais prendre un risque et vous indiquer quand même les limites de ma guérison. Ici demeure et demeurera toujours pour moi la caricature déchue d’un ailleurs. Grâce à vos excellents soins, si persuasifs, mais aussi parce que j’ai une femme que j’aime plus que le reste du monde, j’accepte néanmoins vos conditions, j’accepte notre état. Oui, je, soussigné Paul Pavlowitch accepte par la présente d’être une caricature d’Émile Ajar, une caricature d’homme dans une caricature de vie dans une caricature de monde : je choisis la fraternité, même à ce prix. Oh, je sais, je sais, à qui le dites-vous : je serai accusé de lâcheté, de capitulation par ceux qui luttent pour sortir du toc et de la caricature, mais je n’y peux rien, je vous l’ai déjà expliqué : je suis incapable d’un choix de victimes. J’accepte donc de me caricaturer et de m’autodafer et je n’irai plus jamais brûler les chefs-d’œuvre dans les musées au nom de la vie, pour qu’elle prenne corps…

Le lendemain matin, alors que j’étais accroché au téléphone pour savoir où en était la vente des droits cinématographiques, Tonton a grimpé les six étages sans ascenseur et vint frapper à ma porte. Il était plus soufflé qu’essoufflé.

— Je ne comprends pas, dit-il. C’est encore toi, sans doute ?

Il me tendit un carton gravé. Riki et ses sœurs l’invitaient à venir présider les Assises mondiales de la prostitution qui se tenaient à Paris le soir même. J’avais reçu une invitation, moi aussi, mais j’avais dû faire des pieds et des mains et faire jouer mon prix Goncourt refusé pour l’avoir.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Eh bien, Tonton, tu es un monument officiel, décoré, respecté, les putes ont besoin de ton soutien moral. On y va ?

— Pas question. Merde, j’ai même refusé d’être à l’Académie française. J’ai assez d’honneurs.

— Allez, vieux. On va y aller ensemble, pour faire la paix.

J’ai ajouté, mine de rien :

— C’est une bonne publicité.

Il me jeta un coup d’œil soupçonneux :

— Pour qui ?

— Pour les putes, quoi.

— Je n’irai pas.

— On dira que tu es un sale bourgeois.

— J’irai, dit-il tout de suite.

Nous y sommes allés. On n’a pas voulu nous laisser entrer. Il y avait un barrage de vraies putes à l’entrée.

— Ici, c’est pour les putes du cul, nous dirent-elles. Pour la tête, c’est partout, mais c’est pas ici.

J’avais prévu le coup. Je leur ai dit que c’était moi, celui qui avait refusé le prix Goncourt. Quand elles ont vu que j’étais sincère, elles nous ont laissés entrer.

On a eu beaucoup de mal pour arriver jusqu’à la tribune : les Nations unies étaient représentées, ça faisait du monde. Ulla n’était pas là. C’était Riki qui présidait. Nous nous sommes approchés d’elle. Nous lui avons serré la main et elle a accepté sans fausse honte. J’ai demandé à lui laver les pieds, mais elle m’a dit que je me prenais, et que je n’étais pas le pape.

Il y avait longtemps que je n’avais vu Tonton Macoute aussi heureux. C’était comme s’il était enfin tiré de son bloc de glace à la Bacon, la gueule ouverte sur un cri de silence.

Nous avons posé pour les photographes. Avant de partir, j’ai demandé à une pute qui nous accompagnait à la porte :

— Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ?

— Continuez à écrire, dit-elle.

Ceci est mon dernier livre.

Paris, le 27 janvier 1976.

POSTFACE

> La rédaction de Pseudo, dans toutes ses étapes, le torrent verbal ininterrompu et sans suite où se précipita d’abord, et se libéra, tout son mal, puis sa transformation en œuvre, d’allure incohérente mais en réalité maîtrisée et écrite, est peut-être à lire comme une automédication spontanée. Sur le plan de l’œuvre en tout cas, elle l’apaisa.

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