Richard Bach - Un

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Un: краткое содержание, описание и аннотация

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— Le document brûlera, mais la vérité restera, répondit Le Clerc. Car la vérité est à la portée de quiconque désire la trouver. Ceci dit, c’est à vous qu’il revient de décider si oui ou non les feuillets doivent être détruits. Vous pouvez contribuer à l’avènement d’une nouvelle religion et être portés au rang des saints, ou vous pouvez … »
Ces dernières paroles m’horrifièrent. Je regardai alors Leslie et lus, sur son visage, une répulsion semblable à la mienne.
Puis, je vis Leslie prendre le tison des mains de l’ermite et mettre le feu aux quatre coins du manuscrit. Celui-ci s’enflamma immédiatement, puis s’envola en fumée, ne laissant que quelques cendres éparses, çà et là sur le sol.
Le vieil homme soupira d’aise. « Quelle soirée bénie, murmura-t-il enfin. Car ce n’est pas tous les jours qu’il nous est donné de protéger le monde contre la venue d’une nouvelle religion ! »

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— Sommes-nous si ennuyeux ? s’enquit alors Tatiana qui m’interrogeait du regard.

— Vous n’êtes pas si ennuyeux, lui répondis-je, quoiqu’on ne puisse nier le fait que certains aspects du système communiste le soient et que certains aspects du système capitaliste américain le soient aussi. Ceci dit, des bonnes choses se retrouvent chez chacun de ces deux gouvernements privilégiant des valeurs différentes. Car n’est-il pas vrai que vous, les Russes, vous avez sacrifié la liberté à la sécurité et que nous, les Américains, nous avons sacrifié la sécurité à la liberté ? Et que chez vous, il n’existe pas de pornographie et chez nous, pas de lois interdisant les voyages ? Mais quoi qu’il en soit, personne n’est désagréable au point que nous devions espérer la fin du monde.

— Tout conflit peut devenir un outil de croissance et de connaissance, dit Leslie en prenant la parole à son tour. Car qu’arriverait-il si nous choisissions d’apprendre plutôt que de nous défendre et que nous nous montrions curieux plutôt qu’apeurés ?

— Et n’est-ce pas là ce qui est graduellement en train de se produire dans le monde ? dis-je en guise de commentaire et en me demandant ce que nous étions venus faire en ce pays et ce que les Russes pouvaient bien avoir à nous apprendre. Car tous, pensai-je, que nous soyons américains, russes, africains, chinois, arabes, scandinaves ou indiens, nous sommes partie intégrante de ce même tout qui a choisi de se manifester dans l’espace-temps et de s’incarner en chacun de nous sous des formes différentes !

Et ainsi nous passâmes la soirée à discuter avec nos amis russes de ce qui nous plaisait et de ce qui nous plaisait moins chez chacun de nos gouvernements respectifs, ces deux superpuissances qui avaient mainmise sur nous. Et plus la soirée avançait, moins il nous serait venu à l’idée de penser que nous pourrions déclencher une guerre contre ceux qui nous étaient si chers et que nous avions l’impression de connaître depuis l’enfance. Bref, pour nous, la roue s’était arrêtée de tourner, et ces gens qu’on disait appartenir à l’empire du mal ne nous effrayaient plus du tout et nous apparaissaient maintenant comme des êtres humains ordinaires, essayant comme nous de donner un sens à leur vie.

« J’aimerais vous raconter une histoire qui nous est chère à nous les Soviétiques, dit Ivan au bout d’un moment, et qui parle d’un loup et d’un lapin dansant. »

Et au moment où il allait se lever debout pour mimer la fable, Tatiana fit un geste de la main pour lui dire de rester assis et, en faisant chut avec la bouche, elle nous intima l’ordre de prêter l’oreille à ce qui se passait à l’extérieur.

Ivan la regarda surpris, tandis que dehors, on entendit une espèce de gémissement qui allait grandissant, comme si la ville tout entière s’était mise à se plaindre.

Puis il y eut des bruits de sirènes, et on aurait cru qu’elles étaient des centaines à déchirer l’espace de leurs longs cris stridents. Et quand elle les entendit, Tatiana se mit debout sur ses pieds et dit : « Vanya, ce sont les Américains. »

Tous, nous accourûmes aux fenêtres et nous nous rendîmes compte que des lumières éclairaient maintenant la ville tout entière.

« C’est impossible, dit enfin Leslie au bout d’un moment.

— Impossible mais vrai », rétorqua Ivan en se tournant vers nous, l’air angoissé. Puis, sans plus de commentaire, il se dirigea vers une garde-robe et en sortit deux sacs de couchage. Il en conserva un pour lui et tendit l’autre à Tatiana qui s’empressa d’y fourrer Pétrouchka, à moitié endormie. Puis, ils se précipitèrent à l’extérieur, laissant la porte ouverte derrière eux.

Mais l’instant d’après, Ivan réapparut à la porte et, s’adressant à nous, il nous dit : « Mais ne restez pas là à attendre. Venez avec moi, car nous disposons de cinq minutes à peine. »

Nous déboulâmes les escaliers quatre à quatre et nous nous retrouvâmes dans la cohue, au beau milieu de la rue. Partout autour de nous, des gens se pressaient en direction d’abris souterrains. Des parents tenaient des bébés dans leurs bras, et des enfants s’accrochaient aux rebords de leurs manteaux. Des personnes âgées essayaient de se frayer un chemin à travers cette masse terrifiée qui déambulait, impatiente ou résignée, dans la mesure où les individus qui la constituaient savaient ou non que déjà il était trop tard.

À un moment donné, Ivan, qui avait essayé de se dégager de la foule et qui avait entraîné Tatiana dans son mouvement, se tourna vers nous et nous dit, les larmes aux yeux et le sourire brisé :

« Il est inutile, Richard et Leslie, que vous nous accompagniez. Car vous êtes les seuls à pouvoir quitter les lieux. » Puis, en essayant de reprendre son souffle et, sans la moindre trace de colère ou de haine à notre égard, il poursuivit en disant :

« Retournez-vous-en de la même manière que vous êtes venus et allez leur dire à eux les Américains ce qu’ils ont fait. Et arrangez-vous ensuite pour que cela ne vous arrive jamais … »

Puis nous n’entendîmes plus rien, car ils furent emportés par la foule, et Leslie et moi, nous restâmes là tous les deux, au beau milieu de cette rue de Moscou à observer le cauchemar qui prenait forme. Et ni l’un ni l’autre, nous ne nous souciions alors de savoir si nous allions vivre ou mourir ou si nous trouverions le moyen de nous enfuir.

Et pourquoi, me dis-je alors à moi-même, aller discuter de la chose avec les Américains, puisque le problème n’est pas qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, mais qu’ils ont décidé en toute connaissance de cause de détruire le monde ? Et le monde serait-il différent s’il savait … ?

Puis nous ressentîmes une brusque secousse, et la ville tout entière se mit à trembler devant nous. Ensuite, elle alla voler en éclats contre le pare-brise de l’hydravion et se dissipa en milliers de gouttelettes translucides qui retombèrent dans l’océan. Et pendant un long moment, nous restâmes assis sans mot dire dans l’hydravion, Leslie, la main encore posée sur la manette des gaz.

Chapitre XII

« Pourquoi ? hurlai-je. Le génocide est-il si merveilleux que personne encore dans toute l’histoire n’a pu trouver de solutions de rechange aux problèmes du genre humain ? Et sommes-nous si peu intelligents que nous ne puissions penser à rien de mieux que de tuer quiconque n’est pas d’accord avec nous ? Serions-nous donc encore des hommes des cavernes qui ne savent que dire : Zog a peur, donc Zog tuer toi !.. C’est … Je n’arrive pas à croire que nous ayons toujours été aussi … aussi stupides ! Que personne n’ait pu … »

Je ne me contenais plus et me sentais tellement frustré que je n’arrivais pas à terminer mes phrases. Tournant enfin les yeux en direction de Leslie, je vis que des larmes jaillissaient de ses yeux et roulaient le long de ses joues. La raison qui m’avait poussé à une telle rage l’avait fait verser, elle, dans un abîme de chagrin.

« Tatiana … Ivan … Ce cher, adorable et spirituel … Et Pétrouchka … Oh ! mon Dieu ! »

Elle éclata en sanglots.

Je sentis que je devais reprendre les commandes de notre vie et pris donc la main de Leslie pour la réconforter. Comme j’aurais aimé que Pye fût là. Qu’aurait-elle dit devant notre fureur et nos larmes ?

Zut et zut ! me dis-je. En dépit de toute la beauté qu’il nous est donné d’être, de toute la gloire que tant d’entre nous sommes déjà, faut-il vraiment que tout se limite au plus insignifiant des abrutis qui ira appuyer sur un bouton pour ainsi décréter qu’il n’y aura désormais jamais plus de lumière ? N’y a-t-il vraiment personne, dans tout ce plan, qui ait une meilleure idée de …

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