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Jean-Marie Le Clézio: Fantômes dans la rue

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Jean-Marie Le Clézio Fantômes dans la rue

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On passe à côté d’eux, souvent sans leur jeter un regard. Sans leur donner même quelques poussières de temps. Exclus, fugueuses, errants, immigrés sans racines, passants désemparés, foule mécanique, les voici saisis par un œil immobile qui les observe et les suit parfois jusqu’au tréfonds de leur âme blessée. Cette pupille dilatée sur l’obscurité du monde, c’est la caméra de surveillance, sentinelle immobile rendant « magnifiquement visibles » les fantômes des villes. En exclusivité pour ELLE, J.M.G. Le Clézio a écrit ce petit chef-d’œuvre d’humanité. Une nouvelle bouleversante. J.M.G. Le Clézio est considéré comme l’un des plus grands écrivains français contemporains. Il publiera en janvier, chez Gallimard, un recueil de nouvelles.

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Elle ne s’arrête jamais. Elle est tout le temps en train de marcher, de courir, ou plutôt de glisser, elle est si légère qu’on ne voit même pas le mouvement de ses jambes. Elle semble flotter au-dessus de la chaussée, sans bruit, comme si elle avançait sur les pointes. Elle est là un instant, et l’instant d’après elle a disparu, si vite qu’on peut même douter de l’avoir vue. Tard dans la nuit, elle est encore dans les couloirs, elle s’aventure jusqu’à Montparnasse, ou bien sur les quais du R.E.R. du côté d’Orsay. Elle ne va jamais au-delà. C’est comme si une frontière invisible la retenait. Parfois, sur son visage il y a une expression de souffrance, et puis cela s’efface. Personne ne lui a jamais vraiment parlé, personne n’oserait. Son regard est transparent, porté au loin, de l’autre côté de ces murs et de ces trous noirs. Il glisse sur vous, sans s’arrêter, on dirait le regard d’un animal à travers une vitre.

Chaque soir, le long des couloirs, le long des quais, rasant les murs, fuyant, glissant, frôlant. Mais nul ne l’a vue au-delà de minuit. Quand minuit s’approche, même à vingt mètres sous terre elle le sait. Elle disparaît. Elle retourne à son domaine, ses banques, ses affaires et son hôtel. Personne ne la voit plus d’une fois chaque jour.

La jeune fille aux cheveux noirs la cherche chaque soir. Si elle ne la voit pas, elle s’inquiète. Elle demande aux passants, mais ils haussent les épaules. Ils ne la croient pas. Alors elle interpelle un contrôleur sur le quai, elle essaie de lui expliquer : « Grande, élégante… une longue robe en voile clair, un châle, des espadrilles… Elle passe tous les jours sur ce quai. »

L’homme secoue la tête, il n’a vu personne. Peut-être qu’il a oublié. Les gens se pressent, se bousculent, il est six heures, c’est l’heure de pointe.

« Allons, ne restez pas là, vous voyez bien que vous obstruez. »

Personne n’a rien vu. Pour tous ces gens qui sont pressés de rentrer chez eux, la dame en robe claire et en espadrilles n’existe pas. Avec la même légèreté qu’elle passe, elle s’efface de la mémoire. Elle est un souffle, un rêve, elle peut se glisser dans le corps d’un autre, ou bien disparaître en suivant les canalisations souterraines. Un soir elle est ici, le lendemain à mille kilomètres. Elle peut se faire invisible. Elle peut entrer dans le circuit des caméras secrètes qui épient la ville d’heure en heure, de rue en rue.

TO 15

Arrivée 7 avr 2000 19.02

Ils viennent de partout à la fois. Ils sont si nombreux que je n’arrive pas à les voir séparément. C’est une masse vivante, compacte, qui pousse devant elle, qui se divise, se reforme, se délite sans aucune règle. Ils viennent du Prisunic, du centre commercial, des bureaux. Ils vont vers les boulevards, vers les parkings, vers la gare. C’est comme ça chaque vendredi soir.

Je les attends. Je sais qu’ils vont arriver, et c’est pourquoi je guette, je balaie la rue avec ma fièvre, je les espère de tout mon désir. Mes trois enfants, c’est ainsi que je les appelle. Il y a Max, ou Porthos, le plus grand, les cheveux coupés court, presque ras, un visage rougeaud, de grandes mains et de grands pieds, à quinze ans il fait déjà un mètre quatre-vingts et il doit peser quatre-vingt-dix kilos. Il a une bonne tête avec des yeux étonnés, une ride en virgule au milieu du front. Il y a Athos, un peu menu pour le rôle, des cheveux frisés noirs, des oreilles décollées et un nez en trompette, pas noble du tout. Plutôt Mickey que mousquetaire, d’ailleurs son vrai nom c’est Miguel. Et enfin, Aramis, c’est Leticia, la sœur de Miguel. Elle est fine et jolie, avec des joues fraîches et des dents très blanches.

Je ne me souviens plus comment je les ai vus la première fois. Ça doit être ma jeune fille aux cheveux noirs qui m’a guidée vers eux. Ils sont entrés dans l’image, sans que je m’en rende compte, et tout à coup, c’était comme si la foule s’ouvrait, et qu’un rayon de lumière tombait du ciel. Peut-être que les réverbères se sont allumés à cet instant, ou bien il y a eu une éclaircie dans le crépuscule, juste au pied de la tour. C’est certain, il y a eu un signe.

Au début, j’ai pensé que c’étaient des fugueurs du week-end, des petits galériens qui s’enfuient de chez eux le vendredi, et traînent dans le centre-ville au hasard, jusqu’au lundi matin. Personne ne sait d’où ils viennent. Ils entretiennent le plus grand mystère sur leur lieu d’origine. Ils changent plusieurs fois de train, ils prennent le bus, le métro, ils voyagent en stop. Quand il fait beau, même froid, ils dorment dans les jardins publics, ou dans des cours d’immeuble. Les nuits de pluie ou de gel, ils se réfugient à la gare d’Orsay, ou à Roissy. Quelquefois ils trouvent une cage d’escalier, ils s’installent au dernier étage, sur le palier. Mais ils ne vont jamais sous les ponts, parce qu’on y viole et on y tue les enfants.

Ils sont toujours ensemble, Leticia et son frère et Porthos. Ils marchent dans les rues, au hasard, en parlant aux gens, en racontant leurs histoires. Avant de les voir, souvent c’est leurs voix et leurs rires que j’entends, comme un bruit de vie au milieu de la rumeur étouffée de la ville. J’aime bien les entendre, ça me donne une impression d’optimisme, ça me rafraîchit, ça calme mes douleurs. Je bois leurs paroles comme une eau de jouvence. Ils arrêtent les gens sur l’esplanade, au pied de la tour, ils inventent des légendes incroyables. Max dit qu’ils sont des Kabyles d’un village très loin, perdu au milieu des montagnes, là-bas, de l’autre côté de la mer. Ils ont dû fuir, parce qu’il y avait une invasion, des gens armés de fusils, accompagnés de chiens. Ils disent qu’un jour tous les chiens de Paris se révolteront, et remplaceront leurs maîtres.

Miguel dit que sa sœur est une voyante, elle est capable d’entrer en transe sur une photo, sur un nom, sur une image, elle sait prédire l’avenir. Elle a vu en rêve l’arrivée des envahisseurs, leur armée de chiens sauvages… Elle dit que Paris va être bientôt anéantie par une grande crue, une grande pluie qui va tomber pendant des jours et des nuits et l’eau de tous les ruisseaux va monter lentement, et la Seine sera vaste comme une mer de boue. Alors ils viennent tous les jours voir la tour, parce que c’est là que la population trouvera son refuge, comme Noé sur son bateau. Leticia tourne sur elle-même comme un derviche, jusqu’au vertige, puis elle s’assoit en tailleur sur la place, les poings enfoncés sur ses yeux : « Ecoutez l’orage qui gronde sur les sources, vous entendez le tonnerre, vous voyez les éclairs ? La crue va bientôt arriver, l’eau va monter… » Mais les gens s’en vont en haussant les épaules, il y a des lazzis, des rigolades. Ils s’en fichent. Miguel a sorti de sa poche un objet magique que sa sœur a trouvé, il le montre aux passants : « Regardez, c’est une pierre radioactive, ça vient des quais, c’est la rivière qui l’a déposé, ça vient d’une centrale nucléaire, ça brille la nuit, c’est pour ça que notre sœur a des visions. » Leticia ne dit plus rien, elle est pâle, elle a l’air fatiguée. De temps en temps Miguel se penche et elle chuchote quelque chose à son oreille. Peut-être une prophétie. Mais sur l’esplanade personne ne les écoute. Seule dans son coin, la jeune fille aux cheveux noirs les observe.

L’été est proche maintenant. Je le vois à la couleur jaune du ciel, à la lumière qui dure jusqu’à huit heures, neuf heures, il y a même des insectes qui volent au-dessus de ce monde de pierre. Les nuages glissent, ils effacent par instants le haut de la tour. Les trois enfants inventent des pays, des noms de rivière, des villes blanches avec des monuments et des jardins plantés de cerisiers, c’est l’Inde, ou plus loin encore, le Japon. C’est le Maroc, le Mexique, la Normandie, peut-être Dijon. Je crois qu’ils ne savent plus très bien eux-mêmes qui ils sont, d’où ils viennent. Ce sont des histoires qui donnent envie de rire et de pleurer, des histoires de solitude, d’abandon. Ils sont mes enfants, échoués au bord de la grande esplanade où glissent les patineurs, sous les fenêtres de la tour qui montent jusqu’au ciel rouge.

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