Leïla Slimani - Dans le jardin de l'ogre

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Dans le jardin de l'ogre: краткое содержание, описание и аннотация

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« Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt.
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre. »
Leïla Slimani est née en 1981, elle vit à Paris.
est son premier roman.

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Son téléphone sonne. Elle tapote la couette, soulève lentement les coussins. Elle l’entend. Elle ne le trouve pas. Il était sous ses pieds. Elle regarde l’écran. Elle a raté six appels. Six appels de Richard, à quelques minutes les uns des autres. Six appels frénétiques, six appels furieux.

Le 15 janvier.

Richard sort aujourd’hui, il l’attend. On est le 15 janvier et elle avait oublié. Elle s’habille. Elle enfile un jean confortable et un pull d’homme en cachemire.

Elle s’assoit.

Elle se coiffe et se maquille.

S’assoit.

Elle range le salon, roule ses vêtements en boule puis s’adosse aux placards de la cuisine, le front glacé de sueur. Elle cherche son sac. Il est par terre, éventré, vide.

Il faut aller chercher Richard.

L’été, les parents d’Adèle louaient un petit appartement dans les environs du Touquet. Kader passait la journée au bar, avec une bande de copains de vacances. Simone jouait au bridge et se faisait bronzer sur la terrasse, un bandeau d’aluminium autour du cou.

Adèle aimait traîner seule dans l’appartement vide. Elle fumait des cigarettes à la menthe sur le balcon. Elle dansait au milieu du salon et fouillait dans les tiroirs. Un après-midi, elle avait trouvé une édition de L’insoutenable légèreté de l’être qui devait appartenir aux propriétaires. Ses parents ne lisaient pas ce genre de livre. Ses parents ne lisaient pas de livres du tout. Elle avait tourné les pages au hasard et était tombée sur une scène qui l’avait troublée aux larmes. Les mots résonnaient jusque dans son ventre, un courant électrique la parcourait à chaque phrase. Elle serrait sa mâchoire, contractait son sexe. Pour la première fois de sa vie, elle avait eu envie de se toucher. Elle avait attrapé les pans de sa culotte et l’avait remontée jusqu’à ce que le tissu lui brûle le sexe.

« Il la déshabillait et, pendant ce temps, elle était presque inerte. Quand il l’embrassa, ses lèvres ne répondirent pas. Puis elle s’aperçut soudain que son sexe était humide et elle en fut consternée. »

Elle remettait le livre à sa place, dans la petite commode du salon, et la nuit, elle y pensait. Elle essayait de se souvenir des mots exacts, de retrouver la musique puis elle n’y tenait plus. Elle se levait pour ouvrir le tiroir, regarder la couverture jaune et sentir sous sa robe légère s’éveiller des sensations inconnues. Elle osait à peine le prendre. Elle n’avait pas marqué la page, n’avait laissé aucune trace de son passage au milieu de cette histoire. Mais à chaque fois elle finissait par retrouver le chapitre qui l’émouvait tellement.

« Elle sentait son excitation qui était d’autant plus grande qu’elle était excitée contre son gré. Déjà, son âme consentait secrètement à tout ce qui était en train de se passer, mais elle savait aussi que pour prolonger cette grande excitation, son acquiescement devait rester tacite. Si elle avait dit oui à voix haute, si elle avait accepté de participer de plein gré à la scène d’amour, l’excitation serait retombée. Car ce qui excitait l’âme, c’était justement d’être trahie par le corps qui agissait contre sa volonté, et d’assister à cette trahison.

Il retira son slip ; maintenant elle était complètement nue. »

Elle répétait ces phrases comme un mantra. Elle les roulait autour de sa langue. Les tapissait tout au fond de son crâne. Elle comprit très vite que le désir n’avait pas d’importance. Elle n’avait pas envie des hommes qu’elle approchait. Ce n’était pas à la chair qu’elle aspirait, mais à la situation. Être prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive. Mimer l’orgasme épileptique, la jouissance lascive, le plaisir animal. Regarder partir un homme, ses ongles maculés de sang et de sperme.

L’érotisme habillait tout. Il masquait la platitude, la vanité des choses. Il donnait du relief à ses après-midi de lycéenne, aux goûters d’anniversaire et même aux réunions de famille, où il se trouve toujours un vieil oncle pour vous reluquer les seins. Cette quête abolissait toutes les règles, tous les codes. Elle rendait impossible les amitiés, les ambitions, les emplois du temps.

Adèle ne tire ni gloire ni honte de ses conquêtes. Elle ne tient pas de livres de comptes, ne retient pas les noms et encore moins les situations. Elle oublie très vite et c’est tant mieux. Comment pourrait-elle se souvenir d’autant de peaux, d’autant d’odeurs ? Comment pourrait-elle garder en mémoire le poids de chaque corps sur elle, la largeur des hanches, la taille du sexe ? Elle ne se souvient de rien de précis mais les hommes sont les uniques repères de son existence. À chaque saison, à chaque anniversaire, à chaque événement de sa vie, correspond un amant au visage flou. Dans son amnésie flotte la rassurante sensation d’avoir existé mille fois à travers le désir des autres. Et quand, des années plus tard, il lui arrive de recroiser un homme qui, un peu ému, avoue d’une voix grave : « J’ai mis du temps à t’oublier », elle en retire une satisfaction immense. Comme si tout cela n’était pas vain. Comme si du sens s’était, bien malgré elle, immiscé dans cette éternelle répétition.

Certains sont restés proches d’elle, l’ont touchée plus que d’autres. Adam, par exemple, dont elle aime dire qu’il est son ami. Elle a beau l’avoir connu sur un site de rencontres, elle se sent proche de lui. Elle passe parfois rue Bleue, garde ses vêtements et fume un joint avec lui, dans le lit qui lui tient lieu de bureau et de salon. Elle pose la tête sur son bras et elle aime cette camaraderie franche. Il ne lui a jamais fait de remarques, n’a jamais posé de questions sur sa vie. Il n’est ni intelligent ni profond, et ça lui plaît.

Elle s’est attachée à certains, elle a eu du mal à les perdre. Maintenant qu’elle y repense, cet attachement lui semble flou, elle n’y comprend plus rien. Sur le coup, pourtant, rien d’autre ne semblait compter. C’était le cas de Vincent et avant lui d’Olivier, qu’elle a rencontré pendant un reportage en Afrique du Sud. Elle a attendu de leurs nouvelles comme elle attend aujourd’hui les messages de Xavier. Elle a voulu qu’ils se consument pour elle, qu’ils l’aiment au point de tout perdre, elle qui n’a jamais rien perdu.

Aujourd’hui, elle pourrait sortir de scène. Se reposer. S’en remettre au destin et au choix de Richard. Elle aurait sans doute intérêt à s’arrêter maintenant, avant que tout s’écroule, avant de ne plus avoir ni l’âge ni la force. Avant de devenir pitoyable, de perdre en magie et en dignité.

C’est vrai que cette maison est belle.

Surtout la petite terrasse, sur laquelle il faudrait planter un tilleul et installer un banc qu’on laisserait un peu pourrir et se couvrir de mousse. Loin de Paris, dans la petite maison de province, elle renoncerait à ce qui selon elle la définit vraiment, à son être vrai. Celui-là même qui, parce qu’il est ignoré de tous, est son plus grand défi. En abandonnant cette part d’elle-même, elle ne sera plus que ce qu’ils voient. Une surface sans fond et sans revers. Un corps sans ombre. Elle ne pourra plus se dire : « Qu’ils pensent ce qu’ils veulent. De toute façon, ils ne savent pas. »

Dans la jolie maison, à l’ombre du tilleul, elle ne pourra plus s’évader. Jour après jour, elle se cognera contre elle-même. En faisant le marché, la lessive, en aidant Lucien à faire ses devoirs, il faudra bien qu’elle trouve une raison de vivre. Un au-delà au prosaïsme, qui déjà enfant l’étranglait et lui faisait dire que la vie de famille était une effroyable punition. Elle en aurait vomi de ces journées interminables, à être juste ensemble, à se nourrir les uns les autres, à se regarder dormir, à se disputer une baignoire, à chercher des occupations. Les hommes l’ont tirée de l’enfance. Ils l’ont extirpée de cet âge boueux et elle a troqué la passivité enfantine contre la lascivité des geishas.

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