Leïla Slimani - Dans le jardin de l'ogre

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Dans le jardin de l'ogre: краткое содержание, описание и аннотация

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« Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt.
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre. »
Leïla Slimani est née en 1981, elle vit à Paris.
est son premier roman.

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Ça la réveille brutalement. Elle a à peine le temps de se rendre compte qu’elle est nue, qu’elle a froid et qu’elle s’est endormie, le nez dans un cendrier plein. Ça lui secoue la poitrine, ça lui remue les tripes. Elle essaie de fermer les yeux, se retourne, supplie le sommeil de l’engloutir, de la sortir de cette mauvaise passe. Les paupières closes, elle s’enfonce dans le lit qui tangue. Sa langue se contracte à la faire hurler de douleur. Des éclairs verdâtres lui traversent le crâne. Son pouls s’accélère. La nausée lui écorche le ventre. Son cou tremble, elle a le ventre qui se creuse. Comme un grand vide avant l’expulsion. Elle essaie de soulever les jambes pour mieux irriguer son cerveau. Elle n’en a pas la force. Elle a juste le temps de marcher à quatre pattes vers les toilettes. Elle enfonce la tête dans la cuvette et se met à vomir un liquide acide et gris. Des hauts-le-cœur violents l’essorent tout entière, elle vomit par la bouche, par le nez, elle se sent mourir. Elle croit que ça s’arrête et puis ça reprend. Elle accompagne le vomissement par un geste outré, se tortille comme un serpentin et retombe, épuisée.

Elle ne bouge plus. Allongée sur le carrelage, elle retrouve une respiration lente. Sa nuque est trempée, elle commence à avoir froid et ça lui fait du bien. Elle ramène ses genoux contre sa poitrine. Elle pleure doucement. Les larmes déforment son visage jaune, fendillent sa peau asséchée par le maquillage. Elle balance d’avant en arrière ce corps qui la lâche, qui la dégoûte. Elle passe sa langue sur ses dents et sent un morceau de nourriture contre son palais.

Elle ne sait pas combien de temps a passé. Elle ne sait pas si elle s’est endormie. Elle rampe sur le carrelage pour atteindre la douche. Elle se relève, tout doucement, par étapes. Elle a peur de s’évanouir, de se briser le crâne contre la baignoire, de vomir encore. Accroupie, à genoux, sur ses pieds. Elle tient à peine debout. Elle voudrait enfoncer ses ongles dans les murs, elle inspire et tente de marcher droit. Son nez est bouché, plein de croûtes. Il lui fait mal. Une fois sous la douche, elle remarque le sang qui coule le long de ses cuisses. Elle n’ose pas regarder son sexe mais elle sent bien qu’il est à vif, déchiré et tuméfié comme un visage qu’on a passé à tabac.

Elle ne se souvient pas de grand-chose. Son corps est son seul indice. Elle ne voulait pas passer la soirée toute seule, ça elle s’en souvient. Ça l’avait terriblement angoissée, de voir les heures passer et de ne toujours pas savoir ce qu’elle ferait de cette nuit, seule, dans son appartement. Mehdi a répondu au bout d’une heure au mail qu’elle a laissé sur son site. Il est arrivé à vingt et une heures et, comme prévu, il a amené un ami et cinq grammes de cocaïne. Adèle s’était faite belle. Ce n’est pas parce qu’on paie qu’il faut être négligée. Ils se sont installés dans le salon. Mehdi lui a tout de suite plu. Les cheveux coupés ras, un visage de voyou, des gencives brunes et des dents de fauve. Il portait une gourmette et se rongeait les ongles. Il était admirablement vulgaire. Le copain était blond et discret. Un garçon jeune et maigre, du nom d’Antoine, qui a mis une heure à enlever sa veste.

Ils avaient l’air un peu surpris par l’appartement, la décoration moderne et raffinée. Assis sur le canapé, ils ressemblaient à deux petits garçons un peu gênés de prendre le thé chez une grande personne. Adèle a ouvert une bouteille de champagne et Mehdi, qui l’a tout de suite tutoyée, lui a demandé :

« Et toi, tu fais quoi ?

— Je suis journaliste.

— Journaliste ? Putain, c’est de la balle ! »

Il a sorti le sachet de sa poche, l’a agité devant Adèle. « Ah, oui, attends. » Elle s’est retournée et a tiré de la bibliothèque la pochette d’un dessin animé de Lucien. Mehdi s’est marré et a étalé six rails sur le DVD. « À toi l’honneur. C’est de la bonne », ne cessait de répéter Mehdi et il avait raison.

Adèle ne sentait presque plus ses dents. Ses narines la picotaient, elle avait une envie de boire joyeuse et compulsive. Elle a attrapé la bouteille de champagne, a renversé sa tête en arrière et quand le liquide s’est mis à couler sur ses joues, dans son cou, à imprégner ses vêtements, elle s’est dit que c’était le signal. Antoine s’est accroupi derrière elle. Il a commencé à déboutonner la chemise d’Adèle. Ils savaient exactement ce qu’ils faisaient, comme un ballet parfaitement chorégraphié. Mehdi lui a léché les seins, il a posé sa main entre ses cuisses pendant qu’Antoine la tenait par les cheveux.

Adèle se laisse glisser contre le mur. Elle s’accroupit sous le jet d’eau brûlant. Elle a envie de faire pipi mais son bas-ventre est dur, comme si un os y avait poussé dans la nuit. Elle contracte les pieds, serre la mâchoire et quand, enfin, l’urine infectée se met à couler le long de sa cuisse, elle pousse un hurlement de douleur. Son sexe n’est plus qu’un morceau de verre brisé, un labyrinthe de stries et de fêlures. Une fine paroi de glace sous laquelle flottent des cadavres gelés. Son pubis, qu’elle tond chaque jour avec application, est violet.

C’est elle qui a demandé. Elle ne peut pas lui en vouloir. C’est elle qui a demandé à Mehdi, au bout d’une heure d’ébats, au bout d’une heure de lui en elle, d’Antoine en elle, de jeux, d’échanges, c’est elle qui n’y a plus tenu. Qui a dit : « ça ne suffit pas », qui a voulu sentir, qui a cru supporter. Cinq fois, peut-être dix, il a relevé la jambe et son genou pointu, osseux, lui a éclaté le sexe. Au début, il a fait attention. Il a lancé à Antoine un regard interloqué, un peu moqueur. Il a levé la jambe et haussé les épaules. Il ne comprenait pas. Et puis, il y a pris goût, en la voyant se tordre, en entendant ses cris qui n’étaient plus humains.

Après, après, plus rien n’était possible. Après, elle s’est peut-être évanouie. Ils ont peut-être encore parlé. En tout cas elle s’est réveillée là, nue dans un appartement vide. Elle sort de la douche lentement, se tient à chaque meuble, à chaque pan de mur. Elle attrape juste une serviette, qu’elle enroule autour d’elle et elle s’assoit, doucement, tout doucement sur le bord du lit. Elle se regarde dans le grand miroir en pied. Elle est blanche et vieille. Le moindre mouvement lui affole le cœur, même penser suffit à faire tourner les murs.

Il faudrait qu’elle mange quelque chose. Qu’elle boive une boisson fraîche et sucrée. Elle le sait, la première gorgée sera délicieuse, elle étanchera sa soif puis, une fois le liquide dans son estomac vide, elle ressentira une nausée intense, une migraine atroce. Il faudra résister. S’allonger à nouveau. Boire un peu, dormir beaucoup.

De toute façon, le frigo est vide. Depuis que Richard est hospitalisé, Adèle n’a pas fait les courses. L’appartement est sale. Dans la chambre, des vêtements sont jetés partout, des culottes traînent par terre. Une robe dort sur l’accoudoir du canapé du salon. Des lettres non décachetées sont empilées dans la cuisine. Elle va finir par les perdre ou par les jeter. Elle dira à Richard qu’il n’y avait pas de courrier. Adèle n’est pas allée au travail de la semaine. Elle a promis un papier qu’elle est incapable d’écrire. Elle ne répond pas à Cyril qui la harcèle, puis elle envoie un texto minable, en pleine nuit, pour expliquer qu’elle passe ses journées à l’hôpital auprès de son mari. Qu’elle reviendra lundi.

Elle dort tout habillée, elle mange dans son lit. Elle a tout le temps froid. Sa table de nuit est jonchée de pots de yaourt à moitié vides, de cuillères et de morceaux de pain dur. Elle voit Xavier, dès qu’il peut, dans l’appartement de la rue du Cardinal-Lemoine. Quand il appelle, elle sort de son lit, prend une longue douche brûlante, jette par terre ses vêtements et éventre son placard. Elle est à découvert mais elle prend quand même un taxi. Chaque jour, il faut un peu plus de maquillage pour camoufler les poches sous ses yeux, pour raviver son teint brouillé.

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