Marc Levy - Une autre idée du bonheur

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Il céda le passage aux deux femmes et attendit qu'elles lui tournent le dos pour faire un clin d'œil à la vendeuse avant de lever les yeux au ciel.

Agatha flâna devant les rayonnages, choisit trois jupes, des paires de collants de différentes couleurs, des bodys, deux chemises, trois pantalons en toile, dont un à pattes d'éléphant que Raoul lui ôta immédiatement des mains, deux pulls légers à col en V, mit le tout dans les bras de Milly et l'entraîna vers la cabine d'essayage.

– Pas question que je porte ça ! s'insurgea Milly en lui rendant les vêtements, mais la mimique suppliante de Raoul la fit changer d'avis. Elle reprit les affaires, non sans manifester son mécontentement et tira le rideau derrière elle.

On l'entendit dire successivement : « Formidable, j'ai l'air d'une pute ! » ; « Une poule de luxe, maintenant ! » ; « Et puis quoi encore ! » tandis que jupes, collants et bodys valdinguaient au-dessus du rideau de la cabine. Agatha les récupérait chaque fois et présentait les tenues à Raoul dont la moue semblait toujours donner raison à Milly.

Presque tout le magasin y passa. Une heure plus tard, sous l'œil d'un Raoul à bout de forces, le silence se fit dans la cabine d'essayage. Milly, habillée d'un pantalon beige et d'un tee-shirt rayé sur lequel elle avait enfilé une chemise ouverte se contemplait, agréablement surprise par son reflet dans le miroir.

Agatha doubla le pantalon d'un modèle identique de couleur bleue, tripla le tee-shirt dans des déclinaisons de rouge et de blanc, acheta d'office autant de pulls en V et alla vers la caisse. Elle surprit le regard de Milly posé sur une paire de bottes en cuir.

– Essaye-les ! dit-elle.

– Non, elles doivent être hors de prix et je n'en ai pas besoin.

Agatha fit signe à la vendeuse qui se précipita.

Devant la glace en pied, Milly, plus haute de deux pouces, se découvrit une nouvelle silhouette.

– On les prend ! ordonna Agatha.

– Non, je ne peux pas accepter.

– Ce que tu ne peux pas, c'est passer à côté d'une paire comme celle-ci, on n'a qu'une vie, allez, ne discute pas.

Le visage agonisant de Raoul mit fin au débat.

En sortant de la boutique, Milly, radieuse, pensa à la tête que ferait Frank en la voyant ainsi. Elle eut envie de se faire prendre en photo et tendit son portable à Agatha.

Agatha regarda le téléphone et trouva la chose absurde. Un téléphone était fait pour téléphoner. Raoul s'empara de l'appareil et Milly adopta une posture volontairement provocante.

– Et tu vas envoyer cette image depuis ce tout petit truc ? demanda Agatha, incrédule.

Milly était censée être partie régler des affaires de famille, non pour s'amuser. La photo qu'elle observait prouvait tout le contraire. Elle hésita, avant de renoncer à l'envoyer, rangea son téléphone dans sa poche et prit Agatha par le bras pour l'embrasser sur la joue.

– Je ne sais pas comment vous remercier.

– C'est moi qui voulais te remercier de tout ce que tu as fait pour moi. Demain matin, nos routes se sépareront, mais chaque fois que tu enfileras ces bottes, tu repenseras à notre petite virée, et tu n'en garderas pas que de mauvais souvenirs.

Avant que Milly ne lui réponde, Agatha montra du doigt un magasin de lingerie ; Raoul fut catégorique et refusa d'y entrer. Il attendrait dehors.

Les emplettes terminées, il rangea les sacs de vêtements dans le coffre et reprit le volant.

– Vous, je ne sais pas, mais moi, je pourrais manger un bœuf ! Ce soir, nous dînerons en musique, et pas n'importe laquelle, je vous emmène dans un endroit qui n'est pas pour les touristes.

*

Milly s'attendait à de la country, mais dans le cabaret où Raoul les avait conduites, on jouait du Charlie Parker et du Miles Davis.

Il y avait toutes sortes de clients dans la salle où se promenaient des serveuses aux tenues aguicheuses. Des habitués et aussi des touristes, en dépit de ce que Raoul avait prétendu. Il les ignora, comme s'il les avait en horreur et désigna une table proche de la leur où un couple dînait en compagnie d'un homme à l'allure indigente.

– Tu vois ces deux-là, dit-il à Milly, ils viennent très souvent, et une fois par semaine ils invitent un vagabond à dîner. Il n'y a qu'ici qu'on voit des choses pareilles. Ce qui compte pour ce gars, ce n'est pas tant le repas, mais le temps et l'écoute qu'ils lui offrent. Quand on fait la manche, on devient transparent, comme si on rétrécissait de jour en jour. Ceux qui passent devant toi t'ignorent, à croire que la misère pourrait être contagieuse, et les plus généreux affichent une mine pleine de compassion qui te dépossède de la seule chose qui te reste encore en poche : cet amour-propre auquel tu t'accroches comme un diable, même quand tu es crade à salir le trottoir sur lequel tu fais appel à la bonté de ceux qui ont un toit.

Milly interrogea Agatha du regard et devina que Raoul connaissait son sujet.

Le patron de l'établissement vint les saluer. Le respect qu'il portait à Raoul était presque palpable, rien qu'à la façon dont il lui avait demandé s'il voulait bien grimper sur l'estrade pour pousser la chansonnette. Raoul se fit un peu prier et accepta de bonne grâce.

Il s'entretint un instant avec les musiciens et de sa voix grave entonna un air de blues, accompagné d'une trompette bouchée et d'une contrebasse.

Milly remarqua sur-le-champ que quelque chose en lui avait changé. Ce n'était plus le personnage affable qu'elle avait rencontré qui chantait devant elle, mais un homme dont les yeux semblaient porter d'autres vies que la sienne. Alors, Agatha se pencha vers Milly et lui raconta son histoire.

À l'âge de quinze ans, Raoul était arrivé en Californie dans un camion qui transportait les ramasseurs de fraises venus pour la plupart du Mexique. Ce n'était pas les champs de coton du Sud, mais les conditions de vie réservées aux cueilleurs de fraises n'avaient rien à leur envier. Débardeur, routier, gardien de parking, veilleur de nuit, portier de club, puis d'hôtel, il avait promené sa salopette usée aux quatre coins de l'État, jusqu'à ce qu'un jour un professeur de musique qui enseignait à Berkeley le repère. Herriman se faisait appeler « maître ». Ce grand type blond, maigre et guindé, appréciait la compagnie des beaux garçons et savait déceler ceux qui avaient du talent. Raoul avait de l'allure, une prestance imposante et une voix de bluesman qui, si vous fermiez les yeux, vous aurait laissé volontiers imaginer qu'il était né à La Nouvelle-Orléans. Comment Raoul avait réussi à se débarrasser de son accent relevait du mystère, sauf pour lui. Il avait une oreille musicale incroyable et savait imiter tout ce qu'il entendait. Son truc préféré pour draguer les filles était de prétendre à une érudition hors pair et de leur faire croire qu'il parlait presque toutes les langues. Après avoir prêté main-forte aux vendeurs de canards laqués dans les rues de Frisco, il était devenu aussi éloquent qu'eux en chinois, le vocabulaire en moins. Son faux allemand, il l'avait emprunté à Herriman dont les origines germaniques n'étaient un secret pour personne, son français était teinté d'un accent québécois pour avoir flirté avec l'une des plus jolies filles qu'il ait vues dans sa vie et qui avait fui Montréal et ses neiges pour venir cueillir des oranges au soleil.

Herriman avait repéré son nouvel élève dans un club de jazz où, alors que s'en allait la nuit, Raoul finissait de boire tout ce qu'il avait gagné.

À cette époque, Raoul dormait rarement deux fois de suite au même endroit. Trouver un lit était une préoccupation quotidienne, aussi quand le professeur de musique lui avait proposé un toit et une éducation, le jeune homme avait vu passer la chance de sa vie devant lui à la vitesse d'un train qui traverse la plaine. Il n'était pas dupe des goûts de Herriman, mais jamais ce dernier n'avait eu le moindre geste déplacé, si bien qu'en ces temps affranchis Raoul avait fini par en déduire que le maître de musique n'avait d'appétit sexuel d'aucune sorte. Sa drogue à lui était de prolonger sa jeunesse en s'entourant de ceux qui la possédaient encore. Herriman était un aumônier d'un genre étrange, qui s'était fixé pour mission de sauver des âmes et de changer des destins. Avec une ténacité admirable, il avait souvent échoué et parfois réussi. À Berkeley, une dizaine de jeunes gens lui devaient d'avoir une nouvelle existence. Raoul était l'un d'eux. Herriman lui avait appris à s'habiller, à se coiffer, à parler correctement et surtout à utiliser son don à d'autres fins que de mettre des filles dans son lit. Au cours des vingt-quatre mois durant lesquels il avait vécu chez son professeur, Raoul, entré en rédemption, n'avait plus caressé une paire de seins ou de fesses, sauf de temps en temps du regard, mais ça ne comptait pas.

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