Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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J'avais trahi. J'avais quitté ma femme peu après qu'elle avait été enceinte, j'avais refusé de m'intéresser à mon fils, j'étais resté indifférent à son trépas; j'avais refusé la chaîne, brisé le cercle illimité de la reproduction des souffrances, et tel était peut-être le seul geste noble, le seul acte de rébellion authentique dont je puisse me prévaloir à l'issue d'une vie médiocre malgré son caractère artistique apparent; j'avais même, quoique peu de temps, couché avec une fille qui avait l'âge qu'aurait pu avoir mon fils. Tel l'admirable Jeanne Calment, un temps doyenne de l'humanité, finalement morte à cent vingt-deux ans, et qui, aux questions bêtifiantes des journalistes: «Allons, Jeanne, vous ne croyez pas que vous allez revoir votre fille? Vous ne croyez pas qu'il y a quelque chose après ?», répondait inflexiblement, avec une droiture magnifique: «Non. Rien. Il n'y a rien. Et je ne reverrai pas ma fille, puisque ma fille est morte », j'avais maintenu jusqu'au bout la parole et l'attitude de vérité. Du reste j'avais brièvement rendu hommage à Jeanne Calment par le passé, dans un sketch évoquant son bouleversant témoignage: « J'ai cent seize ans et je ne veux pas mourir.» Personne n'avait compris à l'époque que je pratiquais l'ironie du double exact ; je regrettais ce malentendu, je regrettais surtout de ne pas avoir insisté davantage, de ne pas avoir suffisamment souligné que son combat était celui de l'humanité entière, qu'il était au fond le seul digne d'être mené. Certes Jeanne Calment était morte, Esther avait fini par me quitter et la biologie, plus généralement, avait repris ses droits; il n'empêche que cela s'était fait malgré nous, malgré moi, malgré Jeanne, nous ne nous étions pas rendus, jusqu'au bout nous avions refusé de collaborer et d'approuver un système conçu pour nous détruire.
La conscience de mon héroïsme me fit passer une excellente après-midi; je décidai quand même dès le lendemain de repartir pour Paris, probablement à cause de la plage, des seins des jeunes filles, et de leurs touffes; à Paris il y avait également des jeunes filles, mais on voyait moins leurs seins, et leurs touffes. Ce n'était de toute façon pas la seule raison, même si j'avais besoin de prendre un peu de recul (par rapport aux seins, et aux touffes). Mes réflexions de la veille m'avaient plongé dans un tel état que j'envisageais d'écrire un nouveau spectacle: quelque chose de dur, de radical cette fois, auprès duquel mes provocations antérieures n'apparaîtraient que comme un doucereux bavardage humaniste. J'avais téléphoné à mon agent, pris rendez-vous pour en parler; il s'était montré un peu surpris, cela faisait si longtemps que je lui disais que j'étais las, lessivé, mort qu'il avait fini par y croire. Il était, ceci dit, agréablement surpris: je lui avais causé quelques ennuis, fait gagner pas mal d'argent, dans l'ensemble il m'aimait bien.
Dans l'avion pour Paris, sous l'effet d'une fiasque de Southern Comfort achetée au duty-free d'Almeria, mon héroïsme haineux se mua en un auto-apitoiement que l'alcool rendait, au fond, pas si désagréable, et je composai le poème suivant, assez représentatif de mon état d'esprit au cours des dernières semaines, que je dédiai mentalement à Esther:
Il n'y a pas d'amour
(Pas vraiment, pas assez)
Nous vivons sans secours,
Nous mourons délaissés.
L'appel à la pitié
Résonne dans le vide,
Nos corps sont estropiés
Mais nos chairs sont avides.
Disparues les promesses
D'un corps adolescent,
Nous entrons en vieillesse
Où rien ne nous attend
Que la mémoire vaine
De nos jours disparus,
Un soubresaut de haine
Et le désespoir nu.
À l'aéroport de Roissy je pris un double express qui me dégrisa complètement, et en cherchant ma carte bleue je retombai sur le texte. Il est j'imagine impossible d'écrire quoi que ce soit sans ressentir une sorte d'énervement, d'exaltation nerveuse qui fait que, si sinistre soit-il, le contenu de ce qu'on écrit ne produit dans l'immédiat aucun effet déprimant. Avec le recul c'est autre chose, et je me rendis compte tout de suite que ce poème ne correspondait pas simplement à mon état d'esprit, mais à une réalité platement observable: quels qu'aient pu être mes soubresauts, mes protestations, mes dérobades, j'étais bel et bien tombé dans le camp des vieux, et c'était sans espoir de retour. Je rabâchai pendant quelque temps l'affligeante pensée, un peu comme on mâche longuement un plat pour s'habituer à son amertume. Ce fut en vain: déprimante au premier abord, la pensée restait, à plus ample examen, toujours aussi déprimante.
L'accueil empressé des serveurs du Lutetia me montra en tout cas que je n'étais pas oublié, que sur le plan médiatique j'étais toujours dans la course. «Venu pour le travail?» me demanda le réceptionniste avec un sourire complice, un peu comme s'il s'agissait de savoir s'il fallait faire monter une pute dans ma chambre; je confirmai d'un clin d'œil, ce qui provoqua un nouveau sursaut d'empressement et un «J'espère que vous serez bien…» glissé d'un ton de prière. C'est, pourtant, dès cette première nuit à Paris que ma motivation commença à fléchir. Mes convictions restaient toujours aussi fortes, mais il me paraissait dérisoire de m'en remettre à un mode d'expression artistique quelconque alors qu'était en marche quelque part dans le monde, et même tout près d'ici, une révolution réelle. Deux jours plus tard, je pris le train pour Cheviïly-Larue. Lorsque j'exposai à Vincent mes conclusions sur le caractère de sacrifice inacceptable qui s'attachait aujourd'hui à la procréation, je remarquai chez lui une espèce d'hésitation, de gêne, que j'eus du mal à identifier.
«Tu sais que nous sommes assez impliqués dans le mouvement childfree… me répondit-il avec un peu d'impatience. Il faut que je te présente à Lucas. Nous venons d'acheter une télévision, enfin une partie d'une télévision, sur un canal dédié aux nouveaux cultes. Ce sera le responsable des programmes, nous l'avons engagé pour l'ensemble de notre communication. Je pense qu'il te plaira.»
Lucas était un jeune homme d'une trentaine d'années, au visage intelligent et aigu, vêtu d'une chemise blanche et d'un costume noir au tissu souple. Lui aussi m'écouta avec un peu d'embarras, avant de me projeter la première d'une série de publicités qu'ils avaient prévu de diffuser, dès la semaine suivante, sur la plupart des canaux à couverture mondiale. D'une durée de trente secondes, elle représentait, en un seul plan-séquence qui donnait une impression de véracité insoutenable, un enfant de six ans piquant une crise de nerfs dans un supermarché. Il réclamait un paquet de bonbons supplémentaire, d'abord d'une voix geignarde – et déjà déplaisante – puis devant le refus de ses parents se mettait à hurler, à se rouler par terre, apparemment au bord de l'apoplexie mais s'interrompant de temps à autre pour vérifier, par de petits regards rusés, que ses géniteurs demeuraient sous son entière domination mentale; les clients en passant jetaient des regards indignés, les vendeurs eux-mêmes commençaient à s'approcher de la source de troubles et les parents, de plus en plus gênés, finissaient par s'agenouiller devant le petit monstre en attrapant tous les paquets de bonbons à leur portée pour les lui tendre, comme autant d'offrandes. L'image se gelait alors, cependant que s'inscrivait, en lettres capitales sur l'écran, le message suivant: «JUST SAY NO. USE CONDOMS.»
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