Philippe Djian - Frictions

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Cinq séquences d'une vie, cinq démons impossibles à chasser. Tel est le programme de 'Frictions'. Beau gosse, fou de sa mère, marié à un mannequin et ayant trouvé la solution à ses soucis d'argent, le narrateur a tout pour s'en sortir, enfin en théorie, car en pratique c'est beaucoup beaucoup plus compliqué.

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Donc, ma mère a pris le volant. C’était une grosse voiture pour elle, avec le ciel étoilé au-dessus de nos têtes. Elle me semblait toute petite sur son siège et je la sentais décontenancée sur les bords avec tous ces boutons et la direction assistée qui lui donnait l’impression de patiner sur de l’huile.

Elle trouvait que les phares n’éclairaient pas si bien que ça, pour ce genre de véhicule. A côté d’elle, mon père grimaçait toujours, certainement à cause de sa jambe. Une autre fois, c’était en sautant par une fenêtre et en atterrissant sur un tas de cailloux qu’il s’était fracturé le poignet, mais il avait l’air content de lui, il remerciait sa bonne étoile tandis que ma mère boudait dans un coin et lui répétait que ça finirait mal.

J’avais la banquette arrière pour moi tout seul mais j’étais assis sur le renflement du milieu et je me creusais la tête pour dire quelque chose qui aurait détendu l’atmosphère ou signalé ma présence. Sauf que le paysage, les bâtiments perdus dans l’ombre et la morne circulation du périphérique ne m’inspiraient pas.

Au bout d’un moment, mon père a dit: «C’est reposant de faire un voyage avec vous. Ça devient quelque chose d’inoubliable.»

On s’est garés dans les sous-sols. Avec son sac sous le bras, mon père s’est traîné vers l’ascenseur. Il voulait qu’on reste avec lui, qu’on donne l’impression d’être une famille, trois couillons en partance pour une semaine en Tunisie, a-t-il expliqué, et il a dit qu’il allait nous offrir un verre.

Ma mère a répliqué: «J’ai pas soif», mais on s’est quand même installés à la cafétéria, dans le fond, à une table qui donnait sur la piste d’envol. Mon père a tourné le dos à la baie et il a reculé son siège dans l’ombre d’un arbuste en plastique avec des fausses fleurs.

«Je le crois pas», a grogné ma mère entre ses dents.

Il a ricané: «S’il te plaît. Ne me fais pas chier.»

Le hall de l’aéroport était encore animé. Une fille à moitié endormie est venue me servir un banana split, pour finir ma mère avait dit okay et elle avait pris un truc amer, rouge à mort, et lui un whisky. Et il me regardait et il regardait ma mère. Puis il se remettait à inspecter les environs. Il gardait son sac en travers de ses genoux. A une autre table, une femme pleurait en silence et l’homme qui était assis devant elle lui caressait la main.

Ma mère s’est levée pour aller chercher des cigarettes. Mon père m’a dit: «Ça nous laisse un peu de temps, tous les deux. Juste toi et moi.» Mais il n’a rien ajouté d’autre. Il a glissé les yeux ailleurs pendant que je terminais ma glace et que l’autre à présent pleurait à chaudes larmes dans un mouchoir.

Ma mère est revenue. Elle faisait des efforts pour garder son calme. Elle fumait nerveusement. Depuis qu’on avait quitté la maison, elle était comme ça. Et aussi plus pâle que d’habitude. Et aussi plus pâle que les autres fois.

Mon père, la toile de son pantalon était tendue autour de son genou. Il avait posé sa jambe sur une chaise et il l’observait parfois en prenant un air grave. Puis il a fixé ma mère qui venait de poser des lunettes de soleil sur son nez. On ne voyait plus ses yeux.

«Dis donc, lui a-t-il fait. Je peux quand même te demander un service, de temps en temps. Hein, ça va pas te tuer, pour une fois.»

Là-dessus, j’étais plutôt d’accord. On ne pouvait pas dire qu’on l’avait souvent dans les jambes. En deux ans, on ne l’avait vu que cinq ou six fois et la plupart du temps en coup de vent, il était toujours pressé. Comme ses associés. Ma mère ne voulait pas les voir. Ils attendaient dans la voiture de mon père pendant des heures, ou bien ils sortaient pour se dégourdir les jambes sur le trottoir tandis que ma mère et lui s’engueulaient, toujours pour les mêmes histoires. Mais, en général, il s’arrangeait pour venir seul et on dédoublait les matelas dans ma chambre quand il pouvait rester un jour ou deux. On se souhaitait une bonne nuit, mutuellement. Quand il dormait, je me tournais vers lui et j’en profitais pour l’examiner sans être emmerdé. Je trouvais qu’il paraissait plus jeune quand il dormait. Ma mère lui répétait sans arrêt qu’il n’était qu’un gosse, mais ça se voyait un peu quand il dormait, enfin j’avais cette impression.

Juste à ce moment-là, ils ont annoncé que l’avion de mon père avait une demi-heure de retard.

Ma mère a dit: «Je crois pas que je vais tenir une demi-heure. Ça m’étonnerait beaucoup.» Elle allumait ses cigarettes les unes après les autres. Quand ça n’allait pas, ma mère se transformait en locomotive. Et ensuite, elle se plaignait d’avoir mal à l’estomac et elle m’envoyait chez la voisine pour chercher du Maalox et l’autre me répétait: «Ton père finira par la tuer avec ses conneries, rappelle-toi ce que je te dis.» Je faisais pas de commentaires.

Ils se sont dévisagés en silence. Puis mon père a voulu lui flanquer une baffe mais il a pratiquement loupé son coup car ma mère était aussi une rapide dans son genre. Elle était bonne au tennis. N’empêche que ses lunettes se sont retrouvées de guingois sur son nez. «Je te conseille de faire un effort», a lâché mon père entre ses dents. Et pendant qu’il lui disait ça, il a refermé sa main sur mon bras. Et il a ajouté: «Sinon, je t’empêche pas de filer. Tu sais, on te retient pas.» Finalement, elle a baissé la tête.

Ça leur a donné soif. Mon père a envoyé un signe à la fille qui bâillait de plus belle en se frottant les bras et il nous a commandé la même chose. Malgré l’électricité qui la traversait, ma mère avait l’air de se contrôler depuis qu’il me tenait. Elle était toujours avec nous. Et ça, c’était une manche que mon père remportait. Il nous tenait tous les deux.

J’ai entamé mon nouveau banana split en me demandant si mon estomac n’était pas assez rempli pour la nuit. Ma mère a vidé son verre d’un trait. J’ai senti que ça lui donnait un coup de fouet.

Mon père avait fini par me lâcher, mais j’étais à portée de sa main, les yeux vissés sur une montagne de Chantilly qui avait un fort goût de lait, ce que j’aimais pas trop, et j’aurais pas su où aller de toute façon. Mon père avait des gouttes de sueur sur le front. Il s’est remis à inspecter les environs.

Quand il a vu que je le regardais, il m’a dit: «C’est pas moi qui fous toute la merde. Je suis pas tout seul.»

Et comme il était penché sur moi, ma mère a bondi de son siège et elle lui a arraché son sac. Pendant qu’il se redressait en jurant pour la voir détaler à travers la salle, j’ai reculé brusquement sur ma chaise pour qu’il ne puisse pas m’attraper.

La cafétéria était grande ouverte sur le hall de l’aéroport. Mon père et moi avions les yeux braqués sur ma mère qui détalait avec le sac sous le bras et ça m’a paniqué de la voir partir. J’ai failli l’appeler, mais ça ne venait pas. Mon père s’est tourné vers moi. J’ai reculé. Il a grogné: «Putain de merde», en descendant sa jambe de la chaise comme si c’était du bronze. Mais allez rattraper une femme qui fonce tête baissée avec des godasses de sport, quand on a une jambe raide et qu’on sort d’une journée épuisante. Quand nos regards se sont croisés, j’ai compris qu’il pensait la même chose que moi. Je l’ai vu tituber sous le coup d’une rage impuissante. On avait renversé nos chaises. On était mal, tous les deux.

Puis j’ai entendu une voix qui criait mon nom. Et l’air qui rentrait de nouveau dans mes poumons. Elle était là-bas, dans le hall. Elle s’était arrêtée, elle était plantée dans le sol. Elle serrait le sac contre sa poitrine et se tordait dans tous les sens pour me faire signe d’arriver. Il m’a dit: «Reste là», mais ça sonnait davantage comme une prière. Ca m’a fait hésiter. On ne se voyait pas tous les jours.

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