Philippe Djian - Frictions

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Cinq séquences d'une vie, cinq démons impossibles à chasser. Tel est le programme de 'Frictions'. Beau gosse, fou de sa mère, marié à un mannequin et ayant trouvé la solution à ses soucis d'argent, le narrateur a tout pour s'en sortir, enfin en théorie, car en pratique c'est beaucoup beaucoup plus compliqué.

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Du seuil, mon père contemplait le spectacle d’un œil terne. Sur le coup, plus personne n’avait quelque chose à dire. Dans cette épouvantable odeur de pisse, je trouvais, qu’on devait sentir à des kilomètres à la ronde, pire que si j’avais mangé des asperges, qui sentait le bébé, et j’en avais plein les jambes. J’avais envie de rabattre la capuche de mon survêt sur ma tête.

Je me suis savonné pendant qu’elle me tenait la douche. Accoudée au rebord de la baignoire, l’air épuisé, elle m’arrosait vaguement les pieds avec une eau trop chaude mais je n’avais pas envie de la ramener.

Entre-temps, mon père avait tourné les talons.

Quand on l’a rejoint, il était penché au-dessus de son sac qu’il refermait d’un geste sec. A présent, la nuit était profonde. Un rayon de lune brillait sur le jardin. Il devait commencer à être tard et il avait son avion. Je me suis assis sur la première chaise que j’ai trouvée pendant qu’il lui tendait une grosse enveloppe, mais il est resté comme un imbécile. Avec le bras tendu vers elle alors qu’elle n’y jetait même pas un seul regard, qu’elle cherchait plutôt ses cigarettes oubliées dans un coin.

Mon père a laissé tomber l’enveloppe sur la table en disant: «Ne me dis pas merci. Ne me dis surtout pas merci.»

Ma mère a cligné des yeux en crachant un jet de fumée bleue vers le sol. Avec la cigarette au bout des doigts, elle a fait un geste qui englobait pas mal de choses:

«T’es au courant que je bosse?, lui a-t-elle fait en prenant le ton d’un serpent sous les herbes. T’es au courant que je subviens à nos besoin sans ton aide?»

Mon père a répondu qu’il s’en balançait. Qu’elle pouvait en faire des confettis si ça lui chantait mais qu’avant elle ferait mieux d’y réfléchir. Elle lui a dit: «Ou alors, pour ton enterrement.»

Mon père lui a ri au nez:

«Un boulot, on l’a jamais pour la vie, un boulot. N’oublie pas ça. Tu sais, ça se perd, un boulot. Et alors, tu seras bien contente de me trouver quand tu iras pointer au chômage. Tu seras bien contente de me trouver là quand un connard t’aura virée.»

Avec ma mère, on s’est regardés car on a pensé à la même chose. On a pensé à la voisine qui cherchait du boulot depuis deux mois et on en connaissait d’autres dans le quartier, des femmes qui tournaient en rond toute la journée, qui passaient leur temps à nettoyer leur baraque ou à lire des magazines, et des hommes aussi, que ça fichait en l’air. Je les voyais, quand ils venaient chercher leur gosse à l’école, et je voyais que c’était pas la joie.

«N’empêche que ça t’étonne que je puisse me débrouiller sans toi. Hein, avoue-le que ça t’étonne. Que ça t’emmerde quelque part que je puisse me débrouiller sans toi. Je te connais, tu sais.»

Ma mère avait rencontré un gars qui lui avait trouvé un emploi de caissière chez Toys’R’Us dans une banlieue voisine. Mon père a hoché la tête: «On sait que tu es capable de te débrouiller. On te fait confiance. Nous aussi, on te connaît. Sois sans crainte.»

Un jour, la voisine m’avait pris par les épaules et regardé droit dans les yeux pendant que mon père et ma mère se disputaient en face après m’avoir fait sortir. Elle m’avait expliqué qu’une femme ne pouvait pas vivre très longtemps sans un homme si elle était normalement constituée, et ce pour des raisons que je comprendrais plus tard. Pendant ce temps, on les voyait sortir puis rentrer dans la maison comme des cinglés.

Mon père a failli m’embarquer, ce soir-là, il s’apprêtait à grimper l’escalier pour boucler mes valises, mais ma mère s’est plantée entre nous deux, bras écartés, et elle a déclaré qu’il faudrait la tuer sur place, faire couler son sang jusqu’à la dernière goutte, et elle n’avait pas l’air de plaisanter. Le lendemain, elle avait les yeux tellement rouges qu’on avait dû aller consulter un occuliste. Toute la journée, elle était restée pendue à mon bras, et parfois même elle frissonnait, il fallait voir ça. A tel point que je préférais regarder ailleurs.

Ma mère a baissé les yeux. Mon père a ajouté: «Merde. Je ne m’inquiète pas pour toi. Je suis blindé.»

Elle qui, en général, ne se laissait pas faire. A l’entendre, elle qui en avait autant à sa disposition. Voilà qu’elle baissait les yeux. Voilà qu’elle baissait les yeux et acceptait son châtiment sans prononcer un mot. On voyait bien qu’elle en avait marre. Mais aussi que ça la blessait pour le coup, comme si on venait de la surprendre au lit avec un homme, je veux dire en plein milieu du truc, à poil et tout, et qu’on était écœurés, mon père et moi.

Il y avait des hommes, mais je ne les voyais jamais. Et elle rentrait toujours à la maison, même s’il était tard, et elle n’était jamais accompagnée. Parfois, la voisine restait avec moi, on regardait des films en mangeant du chocolat ou ce qu’on trouvait, et quand ma mère rentrait, l’autre lui disait: «Sur l’échelle de Richter. Combien?», et ma mère réfléchissait une minute puis lançait un chiffre en se débarrassant de son manteau qui volait sur une chaise. Elle était toute décoiffée.

Qu’est-ce que j’en avais à foutre?

Sous la douche, elle se briquait de fond en comble. Elle s’attachait les cheveux. Elle se frictionnait à mort. Elle me disait: «Raconte-moi ta journée», mais je n’en sortais pas une. Je trouvais que c’était pas la peine. Surtout que je n’avais rien fait de spécial dans la journée. Je restais là, assis sur le rebord de la baignoire à la regarder, en attendant qu’elle vienne pour me coucher. Parfois, on prenait un livre. Parfois on restait allongés, les yeux au plafond, et elle délirait sur le futur, sur tout ce qui pourrait nous arriver de bien, sur tout ce qu’on pourrait faire, sur les paradis qu’on pourrait habiter quand le vent allait tourner, ce dont elle ne doutait pas une seconde. Mais là, je m’endormais assez vite.

Puis mon père a empoigné son sac. Ça m’a fichu un coup au cœur. Il a déclaré qu’il y allait en fixant ma mère d’un air sombre. Je me suis levé d’un bond. Mais pour finir, j’ai été brisé dans mon élan. Comme si je découvrais une plaque de verre qui traversait le salon. Plus personne n’a bougé. Alors mon père a dit: «On va faire court. C’est ce qu’il y a de mieux.»

Ma mère était assise sur la table. Elle a continué à balancer ses jambes en fixant le linoléum. Pour dire comme elle avait l’air de le retenir. Elle se cramponnait à la table, des fois qu’elle se serait envolée. Quant à moi, j’ai choisi d’enfoncer mes mains dans mes poches pour essayer de tenir le coup. C’était difficile de trouver une attitude.

Quand la porte a claqué dans son dos, on n’a pas récupéré tout de suite. On est restés scotchés pire que des statues silencieuses. On aurait entendu une mouche voler. J’avais l’impression qu’un train était passé à toute vitesse devant moi, un train que je n’aurais même pas vu mais qui me décoiffait et sifflait encore à mes oreilles que je sentais brûlantes et d’une couleur intéressante. Quand mon père partait, ça faisait un vide. Ça me faisait penser à une télé qui implosait.

On était donc exactement à la même place, ma mère et moi, au millimètre près, lorsque mon père a refranchi la porte. Il était blanc comme un linge.

«Je peux pas conduire, a-t-il grogné entre ses dents. Je peux tout bonnement pas conduire, putain.»

Il a reposé son sac sur la table en s’affalant sur une chaise. Il nous a gratifiés d’une grimace. «Je vois pas d’autre solution. J’en vois pas. Faut me conduire à l’aéroport.»

Ils se sont regardés.

Puis ma mère est descendue de la table. Elle a fait: «Mais bien sûr.» Sur un ton indéfinissable. «Mais bien sûr.» Et encore: «Oublie pas ton sac» tandis qu’elle sortait la première. C’est vrai que je me suis demandé s’il dormait avec.

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