Michel Houellebecq - Les particules élémentaires

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L'un est un scientifique de renom, l'autre est anonyme; l'un a choisi une solitude absolue, l'autre ne l'a pas choisie mais la subit quand même ; l'un et l'autre sont frères et n'ont rien en commun, sinon cette propension au malheur. Ou plutôt au "non-bonheur" : bonheur dont les auraient privés les débordements libertaires des années soixante-dix. Chacun de leur côté, en se traînant de fiasco en désastre, et de retraite en désert, ils vont faire de leur vie la preuve de ce désenchantement du monde et révéler enfin la clef des rapports entre les hommes: l'illusion. Lors de sa sortie, ce livre a fait couler beaucoup d'encre, suscité de vives passions et de violents débats, alimentés par la personnalité de son auteur, volontiers provocateur et irrévérencieux. Cela ne fait qu'ajouter à la fascination que provoque la lecture de ce roman, qui remet en cause toutes nos certitudes et nous oblige à réagir. Que l'on aime ou pas le style Houellebecq, il est urgent de lire Les Particules élémentaires. Karla Manuele

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À partir de la quatrième, les élèves pouvaient s'inscrire au ciné-club. Les séances avaient lieu le jeudi soir, dans la salle des fêtes de l'internat de garçons; c'étaient des séances mixtes. Un soir de décembre, Bruno s'assit à côté de Caroline Yessayan avant la projection de Nos feratu le vampire. Vers la fin du film, après y avoir pensé pendant plus d'une heure, il posa très doucement la main gauche sur la cuisse de sa voisine. Pendant quelques secondes merveilleuses (cinq? sept? sûrement pas plus de dix), il ne se passa rien. Elle ne bougeait pas. Une immense chaleur envahissait Bruno, il était au bord de l'évanouissement. Puis, sans dire un mot, sans violence, elle écarta sa main. Bien plus tard, très souvent même, en se faisant sucer par telle ou telle petite pute, Bruno devait repenser à ces quelques secondes de bonheur effroyable; il devait repenser, aussi, à ce moment où Caroline Yessayan avait doucement écarté sa main. Il y avait eu chez ce petit garçon quelque chose de très pur et de très doux, d'antérieur à toute sexualité, à toute consommation erotique. Il y avait eu un désir simple de toucher un corps aimant, de se serrer entre des bras aimants. La tendresse est antérieure à la séduction, c'est pourquoi il est si difficile de désespérer.

Pourquoi Bruno ce soir-là avait-il touché la cuisse de Caroline Yessayan, plutôt que son bras (ce qu'elle aurait très probablement accepté, et qui aurait peut-être constitué le début d'une belle histoire entre eux; car c'est tout à fait volontairement qu'elle lui avait parlé juste avant, dans la file d'attente, pour qu'il ait le temps de s'asseoir à côté d'elle, et qu'elle avait posé son bras sur l'accoudoir séparant leurs deux sièges; et de fait elle avait depuis longtemps remarqué Bruno, et il lui plaisait beaucoup, et elle espérait vivement, ce soir-là qu'il lui prendrait la main)? Probablement parce que la cuisse de Caroline Yessayan était dénudée, et qu’il n'imaginait pas, dans la simplicité de son âme, qu'elle ait pu l'être en vain. À mesure que Bruno, avançant en âge, replongeait avec dégoût dans les sentiments de son enfance, le noyau de sa destinée s'épurait, tout apparaissait dans la lumière d'une évidence irrémédiable et froide. Ce soir de décembre 1970, il était sans doute au pouvoir de Caroline Yessayan d'effacer les humiliations et la tristesse de sa première enfance; après ce premier échec (car jamais plus il n'osa, après qu'elle eut doucement retiré sa main, lui adresser de nouveau la parole), tout devenait beaucoup plus difficile. Pourtant Caroline Yessayan, dans sa globalité humaine, n'était nullement en cause. Tout au contraire Caroline Yessayan, petite Arménienne au doux regard d'agnelle, aux longs cheveux bouclés et noirs, échouée à la suite de complications familiales inextricables dans les bâtiments sinistres de l'internat de filles du lycée de Meaux, Caroline Yessayan constituait à elle seule une raison d'espérer en l'humanité. Si tout avait basculé dans un vide navrant, c'était en raison d'un détail minime et presque grotesque. Trente ans plus tard, Bruno en était persuadé: donnant aux éléments anecdotiques de la situation l'importance qu'ils avaient réellement eue, on pouvait résumer la situation en ces termes: tout était de la faute de la minijupe de Caroline Yessayan.

En posant la main sur la cuisse de Caroline Yessayan, Bruno la demandait en fait pratiquement en mariage. Il vivait le début de son adolescence dans une période de transition. Mis à part quelques précurseurs - dont ses parents représentaient d'ailleurs un pénible exemple - la génération précédente avait établi un lien d'une force exceptionnelle entre mariage, sexualité et amour. L’extension progressive du salariat, le développement économique rapide des années cinquante devaient en effet - hormis dans les classes de plus en plus restreintes où la notion de patrimoine gardait une importance - conduire au déclin du mariage de raison. L'Église catholique, qui avait toujours regardé avec réticence la sexualité hors mariage, accueillit avec enthousiasme cette évolution vers le mariage d'amour, plus conforme à ses théories («Homme et femme Il les créa»), plus propre à constituer un premier pas vers cette civilisation de la paix, de la fidélité et de l'amour qui constituait son but naturel. Le Parti communiste, seule force spirituelle susceptible d'être mise en regard de l'Église catholique pendant ces années, combattait pour des objectifs presque identiques. C'est donc avec une impatience unanime que les jeunes gens des années cinquante attendaient de tomber amoureux, d'autant que la désertification rurale, la disparition concomitante des communautés villageoises permettaient au choix du futur conjoint de s'effectuer dans un rayon presque illimité, en même temps qu'elles lui donnaient une importance extrême (c'est en septembre 1955 que fut lancée à Sarcelles la politique dite des «grands ensembles», traduction visuelle évidente d'une socialité réduite au cadre du noyau familial). C'est donc sans arbitraire que l'on peut caractériser les années cinquante, le début des années soixante comme un véritablé âge d'or du sentiment amoureux - dont les chansons de Jean Ferrât, celles de Françoise Hardy dans sa première période peuvent encore aujourd'hui nous restituer l'image.

Cependant, dans le même temps, la consommation libidinale de masse d'origine nord-américaine (chansons d'Elvis Presley, films de Marilyn Monroe) se répandait en Europe occidentale. Parallèlement aux réfrigérateurs et aux machines à laver, accompagnement matériel du bonheur du couple, se répandaient le transistor et le pick-up, qui devaient mettre en avant le modèle comportemental du flirt adolescent. Le conflit idéologique, latent tout au long des années soixante, éclata au début des années soixante-dix dans Mademoi selle Age tendre et dans 20 Ans, se cristallisant autour de la question à l'époque centrale: «Jusqu'où peut-aller avant le mariage?» Ces mêmes années, l'option hédoniste-libidinale d'origine nord-américaine reçut un appui puissant de la part d'organes de presse d'inspiration libertaire (le premier numéro d'Actuel parut en octobre 1970, celui de Charlie Hebdo en novembre). S'ils se situaient en principe dans une perspective politique de contestation du capitalisme, ces périodiques s'accordaient avec l'industrie du divertissement sur l'essentiel: destruction des valeurs morales judéo-chrétiennes, apologie de la jeunesse et de la liberté individuelle. Tiraillés entre des pressions contradictoires, les magazines pour jeunes filles mirent au point dans l'urgence un accommodement, que l'on peut résumer dans la narration de vie suivante. Dans un premier temps (disons, entre douze et dix-huit ans), la jeune fille sort avec de nombreux garçons (l'ambiguïté sémantique du terme sortir étant d'ailleurs le reflet d'une ambiguïté comportementale réelle: que voulait dire, exactement, sortir avec un garçon? S'agissait-il de s'embrasser sur la bouche, des joies plus profondes du petting et du deep-petting, des relations sexuelles proprement dites? Fallait-il permettre au garçon de vous toucher les seins? Devait-on enlever sa culotte? Et que faire de ses organes, à lui?) Pour Patricia Hohweiller, pour Caroline Yessayan, c'était loin d'être simple; leurs magazines favoris donnaient des réponses floues, contradictoires. Dans un deuxième temps (en fait, peu après le bac), la même jeune fille éprouvait le besoin d'une histoire sérieuse (plus tard caractérisée par les magazines allemands sous les termes de «big love»), la question pertinente étant alors: «Dois-je m'installer avec Jérémie?»; c'était un deuxième temps, dans le principe détinitif. L'extrême fragilité de l'accommodement ainsi proposé par les magazines pour jeunes filles - il s'agissait en fait de juxtaposer, en les plaquant arbitrairement sur deux segments de vie consécutifs, des modèles comportementaux antagonistes - ne devait apparaître que quelques années plus tard, au moment où l'on prit conscience de la généralisation du divorce. Il n'en reste pas moins que ce schéma improbable put constituer quelques années, pour des jeunes filles de toute façon assez naïves et assez étourdies par la rapidité des transformations qui se déroulaient autour d'elles, un modèle de vie crédible, auquel elles tentèrent raisonnablement d'adhérer.

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