Michel Houellebecq - Les particules élémentaires

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L'un est un scientifique de renom, l'autre est anonyme; l'un a choisi une solitude absolue, l'autre ne l'a pas choisie mais la subit quand même ; l'un et l'autre sont frères et n'ont rien en commun, sinon cette propension au malheur. Ou plutôt au "non-bonheur" : bonheur dont les auraient privés les débordements libertaires des années soixante-dix. Chacun de leur côté, en se traînant de fiasco en désastre, et de retraite en désert, ils vont faire de leur vie la preuve de ce désenchantement du monde et révéler enfin la clef des rapports entre les hommes: l'illusion. Lors de sa sortie, ce livre a fait couler beaucoup d'encre, suscité de vives passions et de violents débats, alimentés par la personnalité de son auteur, volontiers provocateur et irrévérencieux. Cela ne fait qu'ajouter à la fascination que provoque la lecture de ce roman, qui remet en cause toutes nos certitudes et nous oblige à réagir. Que l'on aime ou pas le style Houellebecq, il est urgent de lire Les Particules élémentaires. Karla Manuele

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Il devenait de plus en plus évident que Bruno allait mal, qu'il n'avait pas d'amis, qu'il était terrorisé par les filles, que son adolescence en général était un échec lamentable. Son père s'en rendait compte, et se sentait gagné par un sentiment de culpabilité croissant. Pour la Noël 1972 il exigea la présence de son ex-femme, afin d'en discuter. Au fil de la conversation il apparut que le demi-frère de Bruno était dans le même lycée, qu'il était également en seconde (quoique dans une autre classe) et qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés; ce fait le frappa vivement comme le symbole d'une dislocation familiale abjecte, dont ils étaient tous deux responsables. Faisant pour la première fois preuve d'autorité, il exigea que Janine reprenne contact avec son deuxième fils, afin de sauver ce qui pouvait encore l'être.

Janine nourrissait peu d'illusions sur les sentiments que la grand-mère de Michel pouvait éprouver à son égard; ce fut quand même légèrement pire que ce qu elle avait imaginé. Au moment où elle garait sa Porsche devant le pavillon de Crécy-en-Brie la vieille femme sortit, son cabas à la main. «Je peux pas vous empêcher de le voir, c'est votre fils, dit-elle abruptement. Je pars faire des courses, je reviens dans deux heures; je veux que vous soyez partie à ce moment-là.» Puis elle tourna les talons.

Michel était dans sa chambre; elle poussa la porte et entra. Elle avait prévu de l'embrasser, mais lorsqu'elle amorça le geste il recula d'un bon mètre. En grandissant, il commençait à ressembler de manière frappante son père: mêmes cheveux blonds et fins, même visage aigu, aux pommettes saillantes. Elle avait amené en cadeau un tourne-disque et plusieurs albums des Rolling Stones. Il prit le tout sans un mot (il conserva l'appareil, mais devait détruire les disques quelques jours plus tard). Sa chambre était sobre, il n'y avait aucui affiche au mur. Un livre de mathématiques était ouve sur l'abattant du secrétaire. «Qu'est-ce que c'est? demanda-t-elle. - Des équations différentielles.» répondit-il avec réticence. Elle avait prévu de parler de sa vie, de l'inviter en vacances; ce n'était manifestement pas possible. Elle se contenta de lui annoncer une prochaine visite de son frère; il acquiesça. Elle était là depuis presque une heure, et les silences s'éternisaient quand la voix d'Annabelle retentit dans le jardin. Michi se précipita vers la fenêtre, lui cria d'entrer. Janine jeta un regard sur la jeune fille au moment où elle passait la porte du jardin. «Elle est jolie, ta copine…» fit-elle observer avec une légère torsion de la bouche. Michel reçut le mot de plein fouet, son visage s'altéra. En remontant dans sa Porsche Janine croisa Annabelle, regarda dans les yeux; dans son regard, il y avait de la haine.

À l'égard de Bruno, la grand-mère de Michel ne nourrissait aucune aversion; lui aussi avait été victime de cette mère dénaturée, telle était sa vision des choses - sommaire mais finalement exacte. Bruno prit donc l'habitude de rendre visite à Michel tous les jeudis après-midi. Il prenait l'autorail de Crécy-la-Chapelle. Chaque fois que c'était possible (et c'était presque toujours possible), il s'installait en face d'une jeune fille seule. La plupart avaient les jambes croisées, un chemisier transparent, ou autre chose. Il ne s'installait pas vraiment en face, plutôt en diagonale, mais souvent sur la même banquette, à moins de deux mètres. Il bandait déjà en apercevant les longs cheveux, blonds ou bruns; en choisissant une place, en circulant entre les rangées, la douleur s'avivait dans son slip. Au moment de s'asseoir, il avait déjà sorti un mouchoir de sa poche. Il suffisait d'ouvrir un classeur, de le poser sur ses cuisses; en quelques coups c'était fait. Parfois, quand la fille décroisait les jambes au moment où il sortait sa bite, il n'avait même pas besoin de se toucher; il se libérait d'un jet en apercevant la petite culotte. Le mouchoir était une sécurité, en général il éjaculait plutôt sur les pages du classeur; sur les équations du second degré, sur les schémas d'insectes, sur la production de charbon de l'URSS. La fille poursuivait la lecture de son magazine.

Bien des années plus tard, Bruno demeurait dans le doute. Ces choses s'étaient produites; elles avaient un rapport direct avec un petit garçon craintif et obèse, dont il conservait des photographies. Ce petit garçon avait un rapport avec l'adulte dévoré par le désir qu'il était devenu. Son enfance avait été pénible, son adolescence atroce; il avait maintenant quarante-deux ans, et objectivement il était encore loin de la mort. Que lui restait-il à vivre? Peut-être quelques fellations pour lesquelles, il le savait, il accepterait de plus en plus facilement de payer. Une vie tendue vers un objectif laisse peu de place au souvenir. À mesure que ses érections devenaient plus difficiles et plus brèves, Bruno se laissait gagner par une détente attristée. L'objectif principal de sa vie avait été sexuel; il n'était plus possible d’en changer, il le savait maintenant. En cela, Bruno était représentatif de son époque. Lors de son adolescence, la compétition économique féroce que connaissait la société française depuis deux siècles avait subi une certaine atténuation. Il était de plus en plus admis dans l'imaginaire social que les conditions économiques devaient normalement tendre vers une certaine égalité. Le modèle de la social-démocratie suédoise était fréquemment cité, tant par les hommes politiques que par les responsables d'entreprise. Bruno se voyait donc peu encouragé à surclasser ses contemporains par le biais de la réussite économique. Sur le plan professionnel, son seul objectif était - très raisonnablement - de se fondre dans cette «vaste classe moyenne aux contours peu tranchés» plus tard décrite par le président Giscard d'Estaing. Mais l'être humain est prompt à établir des hiérarchies, c'est avec vivacité qu'il aspire à se sentir supérieur à ses semblables. Le Danemark et la Suède, qui servaient de modèle aux démocraties européennes dans la voie de l'égalisation économique, donnèrent également l'exemple de la liberté sexuelle. De manière inattendue, au sein de cette classe moyenne à laquelle s'agrégeaient progressivement les ouvriers et les cadres - ou, plus précisément, parmi les enfants de cette classe moyenne - un nouveau champ s'ouvrit à la compétition narcissique. Lors d'un séjour linguistique qu'il effectua en juillet 1972 à Traunstein, une petite ville bavaroise proche de la frontière autrichienne, Patrick Castelli, un autre jeune Français de son groupe, parvint à sauter trente-sept nanas en l'espace de trois semaines. Dans le même temps, Bruno affichait un score de zéro. Il finit par montrer sa bite à une vendeuse de supermarché - qui, heureusement, éclata de rire et s'abstint de porter plainte. Comme lui, Patrick Castelli était d'une famille bourgeoise et réussissait bien à l'école; leurs destins économiques promettaient d'être comparables. La plupart des souvenirs d'adolescents de Bruno étaient du même ordre.

Plus tard, la mondialisation de l'économie donna naissance à une compétition beaucoup plus dure, qui devait balayer les rêves d'intégration de l'ensemble de la population dans une classe moyenne généralisée au pouvoir d'achat régulièrement croissant; des couches sociales de plus en plus étendues basculèrent dans la précarité et le chômage. L'âpreté de la compétition sexuelle ne diminua pas pour autant, bien au contraire

Cela faisait maintenant vingt-cinq ans que Bruno connaissait Michel. Durant cet intervalle de temps effrayant, il avait l'impression d'avoir à peine changé, l'hypothèse d'un noyau d'identité personnelle, d'un noyau inamovible dans ses caractéristiques majeures, lui apparaissait comme une évidence. Pourtant, de larges pans de sa propre histoire avaient sombré dans un oubli définitif. Des mois, des années entières lui apparaissaient comme s'il ne les avait nullement vécus. Tel n'était pas le cas de ces deux dernières années d'adolescence, si riches en souvenirs, en expériences formatrices. La mémoire d'une vie humaine, lui expliqua son demi-frère beaucoup plus tard, ressemble à une histoire consistante de Griffiths. Ils étaient dans l'appartement de Michel, ils buvaient du Campari, c'était un soir de mai. Ils évoquaient rarement le passé, le plus souvent leurs discussions portaient sur l'actualité politique ou sociale; mais ce soir-là ils le firent. «Tu as des souvenirs de différents moments de ta vie, résuma Michel, ces souvenirs se présentent sous des aspects divers; tu revois des pensées, des motivations ou des visages. Parfois tu te souviens simplement d'un nom, comme cette Patricia Hohweiller dont tu me parlais tout à l'heure, et que tu serais aujourd'hui incapable de reconnaître. Parfois tu revois un visage, sans même pouvoir lui associer de souvenir. Dans le cas de Caroline Yessayan, tout ce que tu sais d'elle s'est concentré dans ces quelques secondes d'une précision totale où ta main reposait sur sa cuisse. Les histoires consistantes de Griffiths ont été produites en 1984 pour relier les mesures quantiques dans des narrations vraisemblables. Une histoire de Griffiths est construite à partir d'une suite de mesures plus ou moins quelconques ayant lieu à des instants différents. Chaque mesure exprime le fait qu'une certaine quantité physique, éventuellement différente d’une mesure à l'autre, est comprise, à un instant donné, dans un certain domaine de valeurs. Par exemple, au temps t, un électron a une certaine vitesse, déterminée avec une approximation dépendant du mode de mesure; au temps t 2, il est situé dans un certain domaine de l'espace; au temps t 3, il a une certaine valeur de spin. À partir d'un sous-ensemble de mesures, on peut définir une histoire, logiquement consistante dont on ne peut cependant pas dire qu'elle soit vraie ; elle peut simplement être soutenue sans contradiction. Parmi les histoires du monde possibles dans un cadre expérimental donné, certaines peuvent être réécrites sous la forme normalisée de Griffiths; elles sont alors appelées histoires consistantes de Griffiths, et tout sa passe comme si le monde était composé d'objets séparés, dotés de propriétés intrinsèques et stables. Cependant, le nombre d'histoires consistantes de Griffiths pouvant être réécrites à partir d'une série de mesures, est en général sensiblement supérieur à un. Tu as une conscience de ton moi; cette conscience te permet de poser une hypothèse: l'histoire que tu es à même de reconstituer à partir de tes propres souvenirs est une histoire consistante, justifiable dans le principe d'une narration univoque. En tant qu'individu isolé, persévérant dans l'existence un certain laps de temps, soumis à une ontologie d'objets et de propriétés, tu n'as aucun doute sur ce point: on doit nécessairement pouvoir t'associer une histoire consistante de Griffiths. Cetta hypothèse a priori, tu la fais pour le domaine de la vie réelle; tu ne la fais pas pour le domaine du rêve.

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