Michel Houellebecq - Les particules élémentaires

Здесь есть возможность читать онлайн «Michel Houellebecq - Les particules élémentaires» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les particules élémentaires: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les particules élémentaires»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

L'un est un scientifique de renom, l'autre est anonyme; l'un a choisi une solitude absolue, l'autre ne l'a pas choisie mais la subit quand même ; l'un et l'autre sont frères et n'ont rien en commun, sinon cette propension au malheur. Ou plutôt au "non-bonheur" : bonheur dont les auraient privés les débordements libertaires des années soixante-dix. Chacun de leur côté, en se traînant de fiasco en désastre, et de retraite en désert, ils vont faire de leur vie la preuve de ce désenchantement du monde et révéler enfin la clef des rapports entre les hommes: l'illusion. Lors de sa sortie, ce livre a fait couler beaucoup d'encre, suscité de vives passions et de violents débats, alimentés par la personnalité de son auteur, volontiers provocateur et irrévérencieux. Cela ne fait qu'ajouter à la fascination que provoque la lecture de ce roman, qui remet en cause toutes nos certitudes et nous oblige à réagir. Que l'on aime ou pas le style Houellebecq, il est urgent de lire Les Particules élémentaires. Karla Manuele

Les particules élémentaires — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les particules élémentaires», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Elle avait toujours été bonne cuisinière, et ce fut sa dernière joie. Elle préparait pour Bruno des repas somptueux, comme si elle avait été à la tête d'une tablée de dix personnes. Des poivrons à l'huile, des anchois, de la salade de pommes de terre: il y avait parfois cinq entrées différentes avant le plat principal - des courgettes farcies, un lapin aux olives, parfois un couscous. La seule chose qu'elle ne réussissait pas bien, c'était la pâtisserie; mais les jours où elle touchait sa pension elle ramenait des boîtes de nougat, de la crème de marrons, des calissons d'Aix. Peu à peu, Bruno devint un enfant obèse et craintif. Elle-même ne mangeait presque rien. Le dimanche matin, elle se levait un peu plus tard; il allait dans son lit, se blottissait contre son corps décharné. Parfois il s'imaginait armé d'un couteau, se relevant dans la nuit pour la poignarder en plein cœur; il se voyait ensuite effondré, en larmes, devant son cadavre; il s'imaginait qu'il mourrait peu après.

À la fin 1966 elle reçut une lettre de sa fille, qui avait eu son adresse par le père de Bruno - elle correspondait avec lui tous les ans à Noël. Janine n'exprimait pas de regrets particuliers pour le passé, qui était évoqué dans la phrase suivante: «J'ai appris la mort de papa et ton déménagement.» Elle annonçait par ailleurs qu'elle quittait la Californie pour revenir habiter dans le Sud de la France; elle ne donnait pas d'adresse.

Un matin de mars 1967, en essayant de préparer des beignets de courgettes, la vieille femme renversa une bassine d'huile bouillante. Elle eut la force de sortir dans le couloir de l'immeuble, ses hurlements alertèrent des voisins. Le soir, en sortant de l'école, Bruno vit madame Haouzi, qui habitait au-dessus; elle l'emmena directement à l'hôpital. Il eut le droit de voir sa grand-mère quelques minutes; ses plaies étaient dissimulées par les draps. On lui avait donné beaucoup de morphine; elle reconnut cependant Bruno, prit sa main entre les siennes; puis on emmena l'enfant. Le cœur lâcha dans la nuit.

Pour la seconde fois, Bruno se trouva confronté à la mort; pour la seconde fois, le sens de l'événement lui échappa à peu près totalement. Des années plus tard, lors de la remise d'un devoir de français ou d'une composition d'histoire réussie, il se promettait encore d'en parler à sa grand-mère. Aussitôt après, bien sûr, il disait qu'elle était morte; mais c'était une pensée intermittente, qui n'interrompait pas réellement leur dialogue. Lorsqu'il fut reçu à l'agrégation de lettres modernes, il commenta longuement ses notes avec elle; à l'époque, cependant, il n'y croyait plus que par éclipses. Pour l'occasion, il avait acheté deux boîtes de crème de marrons; ce fut leur dernière grande conversation. Après la fin de ses études, une fois nommé à son premier poste d'enseignant, il s'aperçut qu'il avait changé, qu'il n'arrivait plus vraiment à entrer en contact avec elle; l'image de sa grand-mère disparaissait lentement derrière le mur.

Le lendemain de l'enterrement eut lieu une scène étrange. Son père et sa mère, qu'il voyait tous les deux pour la première fois, discutèrent de ce qu'ils allaient faire de lui. Ils étaient dans la pièce principale de l'appartement de Marseille; Bruno les écoutait, assis sur son lit. Il est toujours curieux d'entendre les autres parler de soi, surtout quand ils ne semblent pas avoir conscience de votre présence. On peut avoir tendance à en perdre conscience soi-même, ce n'est pas déplaisant. En somme, il ne se sentait pas directement concerné. Cette conversation devait pourtant jouer un rôle décisif dans sa vie, et par la suite il se la remémora de nombreuses fois, sans d'ailleurs jamais parvenir en ressentir une réelle émotion. Il ne parvenait pas établir un rapport direct, un rapport charnel entre lui et ces deux adultes qui ce jour-là, dans la salle à manger, le frappèrent surtout par leur grande taille et leur jeunesse d'allure. Bruno devrait rentrer en sixième en septembre, il fut décidé qu'on trouverait un internat et que son père le prendrait à Paris les week-ends. Sa mère essaierait de le prendre en vacances de temps à autre. Bruno n'avait pas d'objection; ces deux personnes ne lui paraissaient pas directement hostiles. De toute façon, la vraie vie, c'était la vie avec sa grand-mère.

8 L'animal oméga

Bruno est appuyé contre le lavabo. Il a ôté sa veste de pyjama. Les replis de son petit ventre blanc pèsent contre la faïence du lavabo. Il a onze ans. Il souhaite se laver les dents, comme chaque soir; il espère que sa toilette se déroulera sans incidents. Cependant Wilmart s'approche, d'abord seul, et pousse Bruno à l'épaule. Il commence à reculer en tremblant de peur; il sait à peu près ce qui va suivre. «Laissez-moi…» dit-il faiblement.

Pelé s'approche à son tour. Il est petit, râblé, extrêmement fort. Il gifle violemment Bruno, qui se met à pleurer. Puis ils le poussent à terre, l'attrapent par les pieds et le traînent sur le sol. Près des toilettes, ils arrachent son pantalon de pyjama. Son sexe est petit, encore enfantin, dépourvu de poils. Ils sont deux à le tenir par les cheveux, ils le forcent à ouvrir la bouche. Pelé lui passe un balai de chiottes sur le visage. Il sent le goût de la merde. Il hurle.

Brasseur rejoint les autres; il a quatorze ans, c'est le plus âgé des sixièmes. Il sort sa bite, qui paraît à Bruno épaisse, énorme. Il se place à la verticale et lui pisse sur le visage. La veille il a forcé Bruno à le sucer, puis à lui lécher le cul; mais ce soir il n'en a pas envie.

«Clément, ton zob est nu, dit-il, railleur; il faut aider les poils à pousser…» Sur un signe, les autres passent de la mousse à raser sur son sexe. Brasseur déplie rasoir, approche la lame. Bruno chie de peur.

Une nuit de mars 1968, un surveillant l'avait retrouvé nu, couvert de merde, recroquevillé dans les chiottes du fond de la cour. Il lui avait fait passer un pyjama ei l'avait emmené chez Cohen, le surveillant général. Bruno avait peur d'être obligé de parler; il redoutait d'avoir à prononcer le nom de Brasseur. Mais Cohen, pourtant tiré de son sommeil en pleine nuit, l'avait accueilli avec douceur. Contrairement aux surveillants placés sous ses ordres, il vouvoyait les élèves. C'était son troisième internat, et ce n'était pas le plus dur; il savait que, presque toujours, les victimes refusent de dénoncer leurs bourreaux. La seule chose qu'il pouvait faire était sanctionner le surveillant responsable du dortoir des sixièmes. La plupart de ces enfants étaient laissés à l'abandon par leurs parents, il représentait pour eux la seule autorité. Il aurait fallu les surveiller de plus près, intervenir avant la faute - mais ce n'était pas possible, il n'avait que cinq surveillants pour deux cents élèves. Après le départ de Bruno il se prépara un café, feuilleta les fiches des sixièmes. Il soupçonnait Pelé et Brasseur, mais n'avait aucune preuve. S'il parvenait à les coincer il était décidé à aller jusqu'au renvoi; il suffisait de quelques éléments violents et cruels pour entraîner les autres à la férocité. La plupart des garçons, surtout lorsqu'ils sont réunis en bandes, aspirent à infliger aux êtres les plus faibles des humiliations et des tortures. Au début de l'adolescence, en particulier, leur sauvagerie atteint des proportions inouïes. Il ne nourrissait aucune illusion sur le comportement de l'être humain lorsqu'il n'est plus soumis au contrôle la loi. Depuis son arrivée à l'internat de Meaux, il avait réussi à se faire craindre. Sans l'ultime rempart de légalité qu'il représentait, il savait que les sévices infligés à des garçons comme Bruno n'auraient eu aucune limite.

Bruno redoubla sa sixième avec soulagement. Pelé, Brasseur et Wilmart passaient en cinquième, et seraient dans un dortoir différent. Malheureusement, suite à des directives du ministère prises après les événements de 68, on décida de réduire les postes de maître d'internat pour mettre en place un système d'autodiscipline; la mesure était dans l'air du temps, elle avait en outre l'avantage de réduire les coûts salariaux. Il devint plus facile de passer d'un dortoir à l'autre; au moins une fois par semaine les cinquièmes prirent l'habitude d'organiser des razzias chez les plus petits; ils revenaient dans leur dortoir avec une, parfois deux victimes, et la séance commençait. Vers la fin du mois de décembre, Jean-Michel Kempf, un garçon maigre et craintif qui était arrivé en début d'année, se jeta par la fenêtre pour échapper à ses tortionnaires. La chute aurait pu être mortelle, il eut de la chance de s'en tirer avec des fractures multiples. La cheville était très endommagée, on eut du mal à récupérer les éclats d'os; il s'avéra qu'il resterait estropié. Cohen organisa un interrogatoire général qui renforça ses présomptions; malgré ses dénégations, il infligea à Pelé un renvoi de trois jours. Les sociétés animales fonctionnent pratiquement toutes sur un système de dominance lié à la force relative de leurs membres. Ce système se caractérise par une hiérarchie stricte: le mâle le plus fort du groupe est appelé animal alpha; celui-ci est suivi du second en force, animal bêta, et ainsi de suite jusqu'à l'animal le moins élevé dans la hiérarchie, appelé animal oméga. Les positions hiérarchiques sont généralement déterminées par des rituels de combat; les animaux de rang bas tentent d’améliorer leur statut en provoquant les animaux de rang plus élevé, sachant qu'en cas de victoire ils amélioreront leur position. Un rang élevé s'accompagne de certains privilèges: se nourrir en premier, copuler avec les femelles du groupe. Cependant, l'animal le plus faible est en général en mesure d'éviter le combat par l'adoption d'une posture de soumission (accroupissement, présentation de l'anus). Bruno se trouvait dans une situation moins favorable. La brutalité et la domination, générales dans les sociétés animales, s'accompagnent déjà chez le chimpanzé (Pan troglodytes) d'actes de cruauté gratuite accomplis à l'encontre l'animal le plus faible. Cette tendance atteint son comblé chez les sociétés humaines primitives, et dans sociétés développées chez l'enfant et l'adolescent jeune. Plus tard apparaît la pitié, ou identification aux souffrances d'autrui; cette pitié est rapidement systématisée sous forme de loi morale. À l'internat du lycée Meaux Jean Cohen représentait la loi morale, et n'avait aucune intention d'en dévier. Il n'estimait nullement abusive l'utilisation que les nazis avaient fait de la pensée de Nietzsche: niant la compassion, se situant au-delà de la loi morale, établissant le désir et le règne du désir, la pensée de Nietzsche conduisai selon lui naturellement au nazisme. Compte tenu de son ancienneté et de son niveau de diplômes, il aurait être nommé proviseur; c'est tout à fait volontairement qu'il demeurait à son poste de surveillant général. Il adressa plusieurs notes à l'inspection d'académie pour se plaindre de la diminution des postes de maître d'internat; ces notes n'eurent aucune suite. Dans un zoo un kangourou mâle (macropodidés) se conduira souvent comme si la position verticale de son gardien était un défi pour combattre. L'agression du kangourou peut être apaisée si son gardien adopte une posture penchée, caractéristique des kangourous paisibles. Jean Cohen n'avait nullement envie de se transformer en kangourou paisible. La méchanceté de Michel Brasseur, stade évolutif normal d'un égoïsme déjà présent chez des animaux moins évolués, avait transformé un de ses camarades en estropié définitif; elle laisserait probablement chez des garçons comme Bruno des dégâts psychologiques irréversibles. Lorsqu'il convoquait Brasseur dans son bureau pour l'interroger, il ne songeait nullement à lui dissimuler son mépris, ni l'intention qu'il avait d'obtenir son renvoi.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les particules élémentaires»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les particules élémentaires» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Les particules élémentaires»

Обсуждение, отзывы о книге «Les particules élémentaires» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x