Muriel Barbery - L'élégance du hérisson

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L'élégance du hérisson: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

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Voilà l’histoire : avec maman, on est entrées dans une boutique de lingerie fine. Lingerie fine, c’est déjà intéressant comme nom. Sinon, c’est quoi ? Lingerie épaisse ? Bon, en fait, ça veut dire lingerie sexy ; ce n’est pas là que vous trouverez la bonne vieille culotte en coton des grands-mères. Mais comme c’est rue Saint-Honoré, évidemment, c’est du sexy chic, avec des dessous en dentelle fait main, des strings en soie et des nuisettes en cachemire peigné. On n’a pas eu à faire la queue pour rentrer mais c’aurait été aussi bien parce que, à l’intérieur, c’était au coude à coude. J’ai eu l’impression de rentrer dans une essoreuse. Cerise sur le gâteau, maman est immédiatement tombée en pâmoison en farfouillant dans des dessous de couleur suspecte (noir et rouge ou bleu pétrole). Je me suis demandé où je pouvais me planquer et me mettre à l’abri le temps qu’elle se trouve (petit espoir) un pyjama en pilou et je me suis faufilée vers l’arrière des cabines d’essayage. Je n’étais pas seule : il y avait un homme, le seul homme, l’air aussi malheureux que Neptune quand il manque l’arrière-train d’Athéna. Ça, c’est le mauvais plan « je t’aime ma chérie ». Le misérable se fait embarquer pour une séance mutine d’essayage de dessous chics et se retrouve en territoire ennemi, avec trente femelles en transe qui lui marchent sur les pieds et le fusillent du regard quel que soit l’endroit où il essaye de garer son encombrante carcasse d’homme. Quant à sa douce amie, la voilà métamorphosée en furie vengeresse prête à tuer pour un tanga rose fuchsia.

Je lui ai lancé un regard de sympathie auquel il a répondu par un regard de bête traquée. De là où j’étais, j’avais une vue imprenable sur tout le magasin et sur maman, en train de baver devant un genre de soutien-gorge très très très petit avec de la dentelle blanche (c’est au moins ça) mais aussi de très grosses fleurs mauves. Ma mère a quarante-cinq ans, quelques kilos en trop, mais la grosse fleur mauve ne lui fait pas peur ; en revanche, la sobriété et le chic du beige uni la paralysent de terreur. Bref, voilà maman qui extirpe péniblement d’un portant un mini-soutien-gorge floral qui lui semble à sa taille et qui attrape la culotte assortie, trois étages plus bas. Elle tire dessus avec conviction mais, soudain, fronce les sourcils : c’est qu’à l’autre bout de la culotte, il y a une autre dame, qui tire aussi dessus et qui fronce aussi les sourcils. Elles se regardent, regardent le portant, font le constat que la culotte est la dernière rescapée d’une longue matinée de soldes et se préparent à la bataille tout en se décochant mutuellement une banane d’enfer.

Et voilà les prémices du mouvement intéressant : une culotte à cent trente euros, ça ne mesure quand même que quelques centimètres de dentelle ultrafine. Il faut donc sourire à l’autre, tenir bon la culotte, la tirer à soi mais sans la déchirer. Je vous le dis tout net : si, dans notre univers, les lois de la physique sont constantes, ce n’est pas possible. Après quelques secondes de tentative infructueuse, ces dames disent amen à Newton mais ne renoncent pas. Il faut donc poursuivre la guerre par d’autres moyens, c’est-à-dire la diplomatie (une des citations préférées de papa). Ça donne le mouvement intéressant suivant : il faut faire mine d’ignorer qu’on tire fermement la culotte et faire semblant de la demander courtoisement avec des mots. Donc voici maman et la dame qui tout d’un coup n’ont plus de main droite, celle qui tient la culotte. C’est comme si elle n’existait pas, comme si la dame et maman discutaient tranquillement d’une culotte toujours sur le portant, que personne n’essaie de s’approprier par la force. Où est-elle, la main droite ? Ffuit ! Envolée ! Disparue ! Place à la diplomatie !

Comme tout le monde le sait, la diplomatie échoue toujours quand le rapport de force est équilibré. On n’a jamais vu un plus fort accepter les propositions diplomatiques de l’autre. Du coup, les pourparlers qui ont commencé à l’unisson par un : « Ah, mais je crois que j’ai été plus rapide que vous, chère madame » n’aboutissent pas à grand-chose. Quand j’arrive à côté de maman, nous en sommes à : « Je ne la lâcherai pas » et on peut facilement croire les deux belligérantes.

Évidemment, maman a perdu : quand je suis arrivée à côté d’elle, elle s’est souvenue qu’elle était une mère de famille respectable et qu’il ne lui était pas possible, sans perdre toute dignité devant moi, d’envoyer sa main gauche dans la figure de l’autre. Elle a donc retrouvé l’usage de sa main droite et elle a lâché la culotte. Résultat des courses : l’une est repartie avec la culotte, l’autre avec le soutien-gorge. Maman était d’une humeur massacrante au dîner. Quand papa a demandé ce qui se passait, elle a répondu : « Toi qui es député, tu devrais être plus attentif au délitement des mentalités et de la civilité. »

Mais revenons au mouvement intéressant : deux dames en pleine santé mentale qui tout d’un coup ne connaissent plus une partie de leur corps. Ça donne quelque chose de très étrange à voir : comme s’il y avait une rupture dans le réel, un trou noir qui s’ouvre dans l’espace-temps, comme dans un vrai roman de SF. Un mouvement négatif, un genre de geste en creux, quoi.

Et je me suis dit : si on peut faire mine d’ignorer qu’on a une main droite, qu’est-ce qu’on peut faire mine d’ignorer d’autre ? Est-ce qu’on peut avoir un cœur négatif, une âme en creux ?

14

Un seul de ces rouleaux

La première phase de l’opération se passe bien.

Je trouve la deuxième porte à droite dans le couloir, sans être tentée d’ouvrir les sept autres tant ma vessie est petite, et je m’exécute avec un soulagement que la gêne ne ternit même pas. Il eût été cavalier d’interpeller M. Ozu sur ses cabinets. Des cabinets ne sauraient être d’une blancheur de neige, des murs jusqu’à la cuvette en passant par une lunette immaculée sur laquelle on ose à peine se poser, de crainte de salir. Toute cette blancheur est cependant tempérée — de sorte que l’acte n’y soit pas trop clinique — d’une épaisse, moelleuse, soyeuse, satinée et caressante moquette jaune soleil, qui sauve le lieu de l’ambiance du bloc. Je conçois de toutes ces observations une grande estime pour M. Ozu. La nette simplicité du blanc, sans marbre ni fioritures — faiblesses bien souvent des nantis qui tiennent à rendre somptueux tout ce qui est trivial — et la tendre douceur d’une moquette solaire sont, en matière de W.-C., les conditions mêmes de l’adéquation. Que cherchons-nous lorsque nous nous y rendons ? De la clarté pour ne pas penser à toutes ces profondeurs obscures qui font coalition et quelque chose sur le sol pour accomplir notre devoir sans faire pénitence en se gelant les pieds, spécialement lorsqu’on s’y rend de nuit.

Le papier toilette, lui aussi, aspire à la canonisation. Je trouve beaucoup plus probante cette marque de richesse que la possession, par exemple, d’une Maserati ou d’un coupé Jaguar. Ce que le papier toilette fait au postérieur des gens creuse bien plus largement l’abîme des rangs que maints signes extérieurs. Le papier de chez M. Ozu, épais, mou, doux et délicieusement parfumé, est voué à combler d’égards cette partie de notre corps qui, plus que toute autre, en est particulièrement friande. Combien pour un seul de ces rouleaux ? je me demande en enfonçant le bouton intermédiaire de la chasse d’eau, barré de deux fleurs de lotus, car ma petite vessie, en dépit de sa faible autonomie, a une grande contenance. Une fleur me paraît trop juste, trois seraient vaniteuses.

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