Muriel Barbery - L'élégance du hérisson

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L'élégance du hérisson: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

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La maladie, diagnostiquée au printemps 1988, le rongea pendant dix-sept mois et l’emporta à la veille de Noël. Une collecte fut organisée par la vieille Mme Meurisse auprès des résidents de l’hôtel et on déposa à ma loge une belle couronne de fleurs, ceinte d’un ruban qui ne portait aucune mention. Seule, elle vint aux obsèques. C’était une femme pieuse, froide et pincée, mais il y avait dans ses façons austères et un peu brusques quelque chose de sincère et lorsqu’elle mourut, un an après Lucien, je me fis la réflexion que c’était une femme de bien et qu’elle me manquerait, quoique, en quinze ans, nous n’ayons guère échangé de paroles.

— Elle a pourri la vie de sa belle-fille jusqu’au bout. Paix à son âme, c’était une sainte femme, avait ajouté Manuela — qui vouait à la jeune Mme Meurisse une haine racinienne — en guise d’oraison funèbre.

Hors Cornélia Meurisse, ses voilettes et ses chapelets, la maladie de Lucien n’apparut à personne comme quelque chose qui fût digne d’intérêt. Aux riches, il semble que les petites gens, peut-être parce que leur vie est raréfiée, privée de l’oxygène de l’argent et de l’entregent, ressentent les émotions humaines avec une intensité moindre et une plus grande indifférence. Puisque nous étions des concierges, il paraissait acquis que la mort était pour nous comme une évidence dans la marche des choses alors qu’elle eût revêtu pour les nantis les vêtements de l’injustice et du drame. Un concierge qui s’éteint, c’est un léger creux dans le cours du quotidien, une certitude biologique à laquelle n’est associée nulle tragédie et, pour les propriétaires qui le croisaient chaque jour dans l’escalier ou sur le seuil de la loge, Lucien était une non-existence qui retournait à un néant dont elle n’était jamais sortie, un animal qui, parce qu’il vivait une demi-vie, sans faste ni artifices, devait sans doute au moment de la mort n’éprouver aussi qu’une demi-révolte. Que, comme chacun, nous puissions endurer l’enfer et que, le cœur étreint de rage à mesure que la souffrance dévastait notre existence, nous achevions de nous décomposer en nous-mêmes, dans le tumulte de la peur et de l’horreur que la mort inspire à chacun, n’effleurait l’esprit de personne en ces lieux.

Un matin, trois semaines avant Noël, alors que je revenais des courses avec un cabas bourré de navets et de mou pour le chat, je trouvai Lucien habillé, prêt pour sortir. Il avait même noué son écharpe et, debout, m’attendait. Après les déambulations harassées d’un mari que le trajet de la chambre à la cuisine vidait de toute force et ensevelissait d’une effrayante pâleur, après des semaines à ne le point voir quitter un pyjama qui me semblait l’habit même du trépas, le découvrir l’œil brillant et la mine polissonne, le col de son manteau d’hiver bien remonté jusqu’à des joues étrangement roses, manqua de me faire défaillir.

— Lucien ! m’exclamai-je et j’allais faire le mouvement d’aller vers lui pour le soutenir, l’asseoir, le déshabiller, que sais-je encore, tout ce que la maladie m’avait appris de gestes inconnus et qui, ces derniers temps, étaient devenus les seuls que je savais faire, j’allais poser mon cabas, l’étreindre, le serrer contre moi, le porter, et toutes ces choses encore, lorsque, le souffle court, avec au cœur une étrange sensation de dilatation, je m’arrêtai.

— Il y a juste le temps, me dit Lucien, la séance est à une heure.

Dans la chaleur de la salle, au bord des larmes, heureuse comme jamais je ne l’avais été, je lui tins une main tiède pour la première fois depuis des mois. Je savais qu’un afflux inespéré d’énergie l’avait levé de son lit, lui avait donné la force de s’habiller, la soif de sortir, le désir que nous partagions une fois encore ce plaisir conjugal et je savais aussi que c’était le signe qu’il restait peu de temps, l’état de grâce qui précède la fin, mais cela ne m’importait pas et je voulais seulement profiter de cela, de ces instants dérobés au joug de la maladie, de sa main tiède dans la mienne et des vibrations de plaisir qui nous parcouraient tous deux parce que, grâce en soit rendue au ciel, c’était un film dont nous pouvions partager ensemble la saveur.

Je pense qu’il mourut tout de suite après. Son corps résista trois semaines encore mais son esprit s’en était allé à la fin de la séance, parce qu’il savait que c’était mieux ainsi, parce qu’il m’avait dit adieu dans la salle obscure, sans regrets trop poignants, parce qu’il avait trouvé la paix ainsi, confiant dans ce que nous nous étions dit en nous passant de mots, en regardant de concert l’écran illuminé où se racontait une histoire.

Je l’acceptai.

A la poursuite d’Octobre rouge était le film de notre dernière étreinte. Pour qui veut comprendre l’art du récit, il n’est que de le voir ; on se demande pourquoi l’Université s’obstine à enseigner les principes narratifs à coups de Propp, Greimas ou autres pensums au lieu d’investir dans une salle de projection. Prémices, intrigue, actants, péripéties, quête, héros et autres adjuvants : il vous suffit d’un Sean Connery en uniforme de sous-marinier russe et de quelques porte-avions bien placés.

Or, disais-je, j’ai appris ce matin sur France Inter que cette contamination de mes aspirations à la culture légitime par d’autres inclinations à la culture illégitime ne constitue pas un stigmate de ma basse extraction et de mon accès solitaire aux lumières de l’esprit mais une caractéristique contemporaine des classes intellectuellement dominantes. Comment l’ai je appris ? De la bouche d’un sociologue, dont j’aurais passionnément aimé savoir s’il aurait lui-même aimé savoir qu’une concierge en chaussons Scholl venait de faire de lui une icône sacrée. Etudiant l’évolution des pratiques culturelles d’intellectuels autrefois baignés de haute éducation du lever au coucher et désormais pôles de syncrétisme par où la frontière entre la vraie et la fausse culture se trouvait irrémédiablement brouillée, il décrivait un titulaire de l’agrégation de lettres classiques qui eût autrefois écouté du Bach, lu du Mauriac et regardé des films d’art et d’essai, et qui, aujourd’hui, écoute Haendel et MC Solaar, lit Flaubert et John Le Carré, s’en va voir un Visconti et le dernier Die Hard et mange des hamburgers à midi et des sashimis le soir.

Il est toujours très troublant de découvrir un habitus social dominant là où on croyait voir la marque de sa singularité. Troublant et peut-être même vexant. Que moi, Renée, cinquante-quatre ans, concierge et autodidacte, je sois, en dépit de ma claustration dans une loge conforme, en dépit d’un isolement qui aurait dû me protéger des tares de la masse, en dépit, encore, de cette quarantaine honteuse ignorante des évolutions du vaste monde en laquelle je me suis confinée, que moi, Renée, je sois le témoin de la même transformation qui agite les élites actuelles — composées de petits Pallières khâgneux qui lisent Marx et s’en vont en bande voir Terminator ou de petites Badoise qui font leur droit à Assas et sanglotent devant Coup de foudre à Notting Hill — est un choc dont je peine à me remettre. Car il apparaît très nettement, pour qui prête attention à la chronologie, que je ne singe pas ces jouvenceaux mais que, dans mes pratiques éclectiques, je les ai devancés.

Renée, prophète des élites contemporaines.

— Eh bien, eh bien, pourquoi pas, me dis-je en extirpant de mon cabas la tranche de foie de veau du chat puis en exhumant, au-dessous, bien emballés dans un plastique anonyme, deux petits filets de rougets barbets que je compte laisser mariner et conséquemment cuire dans un jus de citron saturé de coriandre.

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