Iegor Gran - Truoc-nog

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On le sait, chaque automne depuis cent ans, le Goncourt est attribué au livre le plus insignifiant de la rentrée.
Si l'utilité de ce prix repoussoir n'est plus à prouver - il montre à nos jeunes écrivains les voies littéraires sans avenir -, il ne faut pas oublier trop vite les goncourables, ces malheureux qui passent deux mois dans une grande détresse morale à attendre le verdict. Ils sont chair et tripes, ces gens-là, et ils ont mal à l'amour-propre. Peu de supplices sont comparables a ceux d'un pauvre bougre en sursis du Goncourt !

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Il entre dans une librairie.

— Vous avez le Quid ?

Le Quid est une institution. Le Quid est rempli d'informations poussiéreuses sur tout et sur rien. Entre tennis de table et production de morue, on y parle aussi de littérature française. Une page est réservée au prix Goncourt. Fébrilement, il découvre les noms des épongés par la postérité.

Nau... Frapié... Farrère...

Les noms tournent. Ils ne disent rien. La litanie des inconnus ressemble à une allée de cimetière. Ce pourrait être un tas de touristes allongés sur une plage bondée. Ils ne font ni chaud ni froid. On les entendrait dans un haut-parleur qu'on ne serait pas plus intrigué. « On demande Maurice Bedel à l'embarquement porte B. » « Le petit Savignon André est attendu par sa maman devant le rayon charcuterie. » « Monsieur Deberly est prié de récupérer sa carte d'identité au service après-vente. » Les noms s'évanouissent comme des moucherons.

Bientôt, lui aussi sera peut-être sur cette liste, antichambre de l'oubli, gravé dans les méandres du Quid (et là seulement), perdu à jamais pour la postérité comme une sonde spatiale à l'électronique défaillante.

Et dire qu'ils avaient cru en leur étoile, ces pauvres bougres, sinon à l'immortalité! Qu'ils se levaient par des matins ensoleillés en s'imaginant doués, qu'ils noircissaient des pages et des pages avec la meilleure volonté du monde, et que leurs parents, boursouflés d'orgueil devant le voisinage, chuchotaient avec ce faux détachement que donne le sentiment de supériorité : « Mon fils est un écrivain », « Il est chez Gallimard », ou une autre plaisanterie. Quelle froide météorite s'étaient-ils mangée quand on les a gratifiés du prix infamant !

Les mains de Goncourable paniquent un peu. Son pouce laisse un sillon humide dans le papier.

— Alors vous le prenez ? fait la libraire.

— Euh.

A quoi bon avoir chez soi cet inventaire sordide qui ne lui apporte aucun réconfort ?

Il le relit attentivement. Cette fois, il a une bonne surprise. Il y a des noms qui sortent de la masse, Proust notamment, et Malraux. Certes, pendant quelques instants, impressionné par l'avalanche des inconnus, il se dit que les Proust et Malraux sont des homonymes, comme le Châteaubriant (Goncourt 1911), ou des cousins bâtards, ou une mauvaise blague. Puis le bon sens reprend le dessus, car se sont bien ces Proust et Malraux qu'il connaît depuis le lycée, il suffit de consulter leurs biographies dans le même Quid , le Goncourt y est mentionné dans une note de bas de page, presque invisible comme si on avait voulu le cacher, sournoise tache sur des parcours littéraires irréprochables. Ils l'ont bel et bien eu, le Goncourt, nos Proust et Malraux! On a du mal à le croire, et pourtant.

Avec Proust et Malraux, Goncourable éprouve un soulagement de mauvaise foi.

— Je prendrai un Proust, madame. Et un Malraux. La Condition humaine , si vous avez. C'est pour ma femme.

Alors des pensées optimistes font leur entrée, suivant Proust et Malraux à la queue leu leu, et poudroient une lueur d'espoir dans la vie plombée de Goncourable. Ainsi le commercial qui vient d'apprendre qu'il n'a pas rempli son quota de savonnettes vendues se console en se disant qu'il est loin du licenciement. Les prud'hommes n'ont pas dit leur dernier mot. Après tout, il ne l'a pas encore, ce Goncourt tant redouté. Il en est loin, d'ailleurs, puisqu'ils sont vingt à être dans son cas. Mathématiquement, il a de grandes chances de passer à côté. Certes la nouvelle est mauvaise, mais nomination ne veut pas dire sanction. La mécanique du Goncourt n'est pas infaillible. Rien n'est joué.

La foudre a d'autres endroits où tomber. On imagine la tête de Philippe. Il en est à sa troisième, le malheureux! En voilà un qui doit être sacrement aigri. Surtout qu'à force d'être nominé, il finira par l'avoir. C'est une règle tacite de la littérature française. Appelez ça « ancienneté dans le métier » ou « acharnement de dinosaure » ou « ultime promotion du grabataire », il reste que les chances de Philippe sont beaucoup plus élevées.

Une sirène d'ambulance passe dans la rue voisine et s'éloigne rapidement. « Encore une qui n'est pas venue pour moi », pense-t-il.

Évidemment, il faut qu'il en parle à son éditeur. Ensemble ils trouveront la manière la plus pragmatique de réagir. Son éditeur a parfois des idées. Comme écrivain, il est loin de Goncourable, d'ailleurs il n'écrit plus depuis quelques années (la peur du Goncourt y est sans doute pour quelque chose), mais il a des relations. Il lui suffirait d'un coup de fil bien placé pour éloigner le cauchemar.

L'éditeur oui, Louise non. Là-dessus Goncourable est formel. Vous parlez d'un cadeau d'anniversaire! Elle va s'affoler, pleurer peut-être. Heureusement elle ne lit pas le Monde . Juste comme ça, en diagonale, pour se donner bonne conscience.

Après avoir réservé le Balzac , Goncourable se débarrasse du journal en le jetant dans le caniveau. Ah, s'il pouvait se délester de sa nomination aussi facilement!

Il passera la soirée à ruminer des idées visqueuses que même le gewurtztraminer ne parviendra pas à colorier. « Il ne m'aime plus comme avant », pensera Louise sans se douter un instant qu'elle est assise en face d'un condamné en sursis du Goncourt.

L'éditeur de Goncourable est d'humeur Louis XV. Il trottine dans son bureau, il se frotte les mains, parfois il sautille sur un pied, il a vingt ans de moins.

C'est un bonhomme réaliste aux joues mal rasées, à l'air nonchalant, mi-roublard mi-clochard, qui ferait penser à un brocanteur de Saint-Ouen. « Un rebelle élégant », dit de lui Goncourable. De délicates lunettes cernent des yeux qui ont beaucoup traîné. Quand il sourit, on voit des taches de thé sur ses incisives. Derrière son front de casemate, délabré et imposant comme le mur des Lamentations, les pensées joyeuses déroulent la farandole autour du Goncourt potentiel. Car quoi qu'on en dise pour la réputation de l'écrivain, l'éditeur, lui, s'en sort plutôt bien, du moins à court terme.

Ne nous voilons pas la face, un Goncourt ce sont de gros, de très gros tirages. D'ailleurs la diffusion payée d'un Goncourt n'est jamais inférieure à celle de Vogue ou du Courrier de l'Ouest , avec une moyenne qui se rapproche plutôt de Jeune & Jolie , quand ce n'est pas Capital . Souvent, un Goncourt = un Renaudot + un Fémina + un Médicis. Les rares Goncourt qui ont fait moins que La Gazette de Drouot ou L'Usine nouvelle , sont considérés par la profession comme de très mauvais Goncourt (c'est un pléonasme).

Un Goncourt est une vache à lait qui rapporte tellement à l'éditeur qu'il peut accepter une cinquantaine d'auteurs véritables, sincères et besogneux, dont les tirages resteront confidentiels. Un Goncourt permet donc d'expérimenter, et contribue à la survie de l'écrivain français à faible rendement. À sa façon, il redistribue la richesse et amoindrit les différences sociales. On pourrait résumer par la formule scientifique suivante : un éditeur sans Goncourt verse de petits à-valoir. C'est pour toutes ces raisons que la profession respecte le Goncourt (tout en ne se privant pas d'en rire). À plus long terme, on peut se demander si le calcul est justifié. Certains pensent que l'opprobre d'un prix Goncourt déteint sur son éditeur, qu'on le veuille ou non. Un Goncourt affaiblit plus qu'il ne sert les intérêts des autres auteurs de la maison, qui deviennent tout de suite suspects aux yeux des vrais amateurs de littérature. Même s'il y a dans ces amalgames une injustice pour les écrivains authentiques qui n'ont rien à voir avec le Goncourt, on ne peut reprocher à l'amateur de mettre les bien portants et le lépreux dans le même sac. C'est humain. On croise encore des vieux pour qui tous les Allemands sont des nazis.

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