Antoine de Saint-Exupéry - CITADELLE

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Citadelle est un livre particulier dans le sens où il n'a jamais été achevé ni retouché (ou très peu) par Saint-Exupéry. L'œuvre est restée à l'état de brouillon dactylographié imparfait avant d'être mis en forme, tant bien que mal, par l'éditeur. Saint-Exupéry aborde ici tous ses thèmes récurrents déjà visités dans ses précédents écrits: l'Amour, l'Apprentissage, la Création, Dieu, les Hommes, les Voyages, etc.

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Car je vous ai vus, ne l'oubliez pas! Je vous ai vus autour des feux nocturnes occupés de rôtir le mouton ou la chèvre et j'ai entendu vos éclats de voix. Je me suis donc à pas lents et dans le silence de mon amour approché de vous. Vous parliez certes de vos fils, et de celui-là qui grandit et de celui-là qui est malade, vous parliez certes de la maison, mais sans trop insister. Et vous ne commenciez de vous animer que lorsque s'asseyait le voyageur qui débarquait de sa caravane lointaine et vous développait les merveilles de là-bas et les éléphants blancs d'un prince et le mariage à mille kilomètres de celle-là dont vous saviez à peine le nom. Ou encore ce remue-ménage des ennemis. Ou qui racontait cette comète ou cet affront ou cet amour ou ce courage devant la mort ou cette haine contre vous ou cette grande sollicitude. Alors vous étiez pleins d'espace et liés à tant de choses, alors elle prenait sa signification votre tente aimée et haïe, menacée et protégée. Alors vous étiez pris dans un réseau miraculeux qui vous changeait vous-même en plus vaste que vous…

Car vous avez besoin d'une étendue que le langage seul en vous délivre.

Je me souviens de ce qu'il advint d'eux quand mon père parqua les trois mille réfugiés berbères dans un Camp au nord de la ville. Il ne voulait point qu'ils se mélangeassent avec les nôtres. Comme il était bon, il les nourrit et les alimenta en étoffes, en sucre et en thé. Mais sans exiger leur travail contre les dons de sa magnificence. Ainsi n'eurent-ils plus à s'inquiéter pour leur subsistance et chacun eût pu dire: «Peu m'importe ce qui ne me concerne point. Si j'ai mon thé, mon sucre et mon âne bien nourri et ma femme à côté de moi, si mes enfants progressent en âge et en vertu alors je suis pleinement heureux et je ne demande rien d'autre…» Mais qui eût pu les croire heureux? Nous allions parfois les visiter quand mon père désirait m'enseigner.

«Vois, disait-il, ils deviennent bétail et commencent doucement de pourrir… non dans leur chair mais dans leur cœur.»

Car tout pour eux perdait sa signification. Si tu ne joues point ta fortune aux dés il est bon cependant que les dés te puissent signifier en rêve des domaines et des troupeaux, des barres d'or, des diamants que tu ne possèdes point. Qui sont d'ailleurs. Mais vient l'heure où les dés ne peuvent plus rien représenter. Et il n'est plus de jeu possible.

Et voilà que nos protégés n'avaient plus rien à se dire. Ayant usé leurs histoires de famille qui se ressemblaient toutes. Ayant achevé de se décrire l'un à l'autre leur tente quand toutes leurs tentes étaient semblables. Ayant achevé de craindre et d'espérer, et d'inventer. Ils usaient encore du langage pour des effets rudimentaires: «Prête-moi ton réchaud», pouvait dire l'un, «Où est mon fils?» pouvait dire l'autre. Humanité couchée sur sa litière, sous sa mangeoire, qu'eût-elle désiré? Au nom de quoi se fût-elle battue? Pour le pain? Ils en recevaient. Pour la liberté? Mais dans les limites de leur univers ils étaient infiniment libres. Noyés même dans cette liberté démesurée qui vide certains riches de leurs entrailles. Pour triompher de leurs ennemis? Mais ils n'avaient plus d'ennemis!

Mon père me dit:

«Tu peux venir avec un fouet, et traverser le campement, seul, en les flagellant au visage, tu ne soulèveras rien de plus en eux qu'en une meute de chiens, quand elle grogne en reculant, et aimerait mordre. Mais aucun ne se sacrifie et tu n'es point mordu. Et tu croises tes bras devant eux. Et tu les méprises…»

Il me disait aussi:

«Ce sont là des carcasses d'hommes. Mais l'homme n'y est plus. Ils peuvent t'assassiner en lâches, derrière ton dos, car la pègre se montre dangereuse. Mais ils ne soutiendront pas ton regard.»

Cependant la discorde s'installa chez eux comme une maladie. Une discorde incohérente qui ne les partageait point en deux camps mais les dressait tous contre chacun, car celui-là les spoliait qui mangeait sa part des provisions. Ils se surveillaient les uns les autres comme des chiens qui tournent autour de l'auge, et voici qu'au nom de leur justice ils commirent des meurtres, car leur justice était d'abord égalité. Et quiconque se distinguait en quoi que ce fût était écrasé par le nombre.

«La masse, me dit mon père, hait l'image de l'homme car la masse est incohérente, pousse dans tous les sens à la fois et annule l'effort créateur. Il est certes mauvais que l'homme écrase le troupeau. Mais ne cherche point là le grand esclavage: il se montre quand le troupeau écrase l'homme.»

Ainsi, au nom de droits obscurs, les poignards qui trouaient des ventres nourrissaient chaque nuit des cadavres. Et, de même que l'on vide les ordures, on les traînait à l'aube aux lisières du campement où nos tombereaux les chargeaient comme un service de voirie. Et je me souvenais des paroles de mon père: «Si tu veux qu'ils soient frères, oblige-les de bâtir une tour. Mais si tu veux qu'ils se haïssent, jette-leur du grain.»

Et nous constatâmes peu à peu qu'ils perdaient l'usage de mots qui ne leur servaient plus. Et mon père me promenait parmi ces faces comme absentes qui nous regardaient sans nous connaître, hébétées et vides. Ils ne formaient plus que ces grognements vagues qui réclament la nourriture. Ils végétaient sans regrets ni désirs ni haine ni amour. Et voici que bientôt ils ne se lavèrent même plus et ne détruisirent plus leur vermine. Elle prospéra. Alors commencèrent d'apparaître les chancres et les ulcères. Et voici que le campement commença d'empuantir l'air. Mon père craignait la peste. Et sans doute aussi réfléchissait-il sur la condition d'homme.

«Je me déciderai à réveiller l'archange qui dort étouffé sous leur fumier. Car je ne les respecte pas, mais à travers eux je respecte Dieu…»

XII

«Car voilà bien, disait mon père, un grand mystère de l'homme. Ils perdent l'essentiel et ignorent ce qu'ils ont perdu. Ainsi l'ignorent de même les sédentaires des oasis accroupis sur leurs provisions. En effet, ce qu'ils ont perdu ne se lit point dans les matériaux qui ne changent pas. Et les hommes contemplent toujours ce même mélange de moutons, de chèvres, de demeures et de montagnes mais qui ne composent plus un domaine…

«S'ils perdent le sens de l'empire, ils ne conçoivent point qu'ils se racornissent et se vident de leur substance et enlèvent leur prix aux choses. Les choses conservent leur apparence, mais qu'est-ce qu'un diamant ou une perle si nul ne les souhaite: autant du verre taillé. Et l'enfant que tu berces a perdu quelque chose de soi s'il n'est plus cadeau pour l'empire. Mais tu l'ignores d'abord car son sourire n'a point changé.

«Ils ne voient pas leur appauvrissement car les objets dans leur usage demeurent les mêmes. Mais qu'est-ce que l'usage d'un diamant? Et qu'est-ce qu'une parure s'il n'est point de fête? Et qu'est-ce que l'enfant s'il n'est point d'empire, et si tu ne rêves pas de faire de cet enfant un conquérant, un seigneur ou un architecte? S'il est réduit à n'être qu'un paquet de chair.

«Ils méconnaissent l'invisible mamelle qui les allaitait nuit et jour, car l'empire t'alimente le cœur comme t'alimente de son amour et change pour toi le sens des choses la bien-aimée qui loin de toi s'est endormie et repose cependant comme morte. Il est là-bas un faible souffle que tu ne peux même pas respirer et le monde pour toi n'est que miracle. Ainsi le seigneur du domaine, dans la rosée de l'aube, porte dans son cœur, en se promenant, jusqu'au sommeil des métayers.

«Mais le mystérieux de l'homme qui se désespère si la bien-aimée s'écarte de lui est que si lui-même cesse d'aimer ou cesse de vénérer l'empire, il ne soupçonne pas son propre appauvrissement. Il se dit simplement: * Elle était moins belle que dans mon rêve ou moins aimable…» et le voilà qui part satisfait au hasard du vent. Mais le monde pour lui n'est plus miracle. Et l'aube n'est plus l'aube du retour ou l'aube du réveil dans ses bras. La nuit n'est plus le grand sanctuaire pour l'amour. Elle n'est plus, grâce à celle-là qui respire dans son sommeil, ce grand manteau du berger. Tout s'est terni. Tout s'est durci. Et l'homme qui ignore le désastre ne pleure pas sa plénitude passée. Il est satisfait par sa liberté qui est liberté de n'exister plus.

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