Alexandre Jardin - Des gens très bien
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Saisi d'angoisse, croyant tenir le document probant qui interdira aux miens de refermer les yeux, je cours montrer ces discours à des membres de ma famille. Aucun ne réagit vraiment. J'en reste soufflé.
Pour distinguer une vérité, il ne suffit pas de poser les yeux sur un document ; il faut encore être en mesure d'en apprivoiser le sens, de l'incorporer à un contexte qui lui prête sa signification. Qui, parmi les prélats de l'Eglise d'aujourd'hui, pourrait croire une attestation signée par des sommités médicales déclarant qu'une vierge galiléenne d'il y a deux mille ans ne peut en aucun cas tomber enceinte ? Ceux qui lurent ce document, comme le Zubial, étaient alors, je le crois, psychiquement incapables de relier le pire à un homme aussi droit que Jean Jardin. Il y avait là pour eux une forme d'absurdité, de défi au plus élémentaire bon sens. Comment admettre que le mal pouvait jaillir d'un cœur pur, de l'intégrité faite homme et d'un politique doté d'un sens supérieur de la responsabilité ?
Sans doute aurait-il fallu pour cela qu'une partie de ma famille reconstitue la géographie morale - aux valeurs très hiérarchisées - des hommes de la collaboration. A l'exception d'une poignée d'hystériques, la plupart d'entre eux furent empreints d'une éthique élevée. Des gens très bien sans lesquels la Révolution nationale n'aurait jamais pu réprimer autant ; ni ostraciser puis déporter massivement avec une telle diligence. Ethique évidemment criminelle à nos yeux qui plaçait au premier rang de leurs préoccupations le maintien de la souveraineté nationale et la sauvegarde du principe de légitimité. Au prix, certes, de quelques déportations fâcheuses ; mais à la bourse des valeurs conservatrices de 1940, la souveraineté tricolore semblait mieux cotée que le sort des enfants juifs, surtout non nationaux. Ou portant des noms si peu français (les dénaturaliser avant de les remettre aux Allemands n'était donc pas un bien grand crime). Et puis, le Nain Jaune pouvait s'enorgueillir à bon droit, en patriote cerné de gens très convenables, d'avoir fait arrêter les Juifs par notre police plutôt que d'avoir laissé la bride à la Gestapo. Ce qui eût été, dans son esprit, faire le mal véritable, ouvrir la porte au démon. En défendant à tout prix l'essentiel - notre souveraineté en lambeaux, - il pouvait se décerner à bon compte un étonnant brevet de moralité qui le préservait de toute culpabilité. Dans son cerveau pourtant perfectionné, tout semblait curieusement inversé. En devançant certaines exigences allemandes, lui et ses collabos montraient à Hitler que les fiers Gaulois étaient capables de s'occuper eux-mêmes de leurs Juifs, en toute indépendance, sans recevoir de leçons étrangères. Afin de garder la France française, parbleu ! Car là était sans doute le bien ultime pour ces hommes fabriqués par une époque cocardière, à peine sortie des tranchées. Ah ! les bienfaits (rerrifiants) d'un certain patriotisme sourcilleux et d'une idée si paradoxale de l'indépendance nationale... Parfois, je me suis dit que ces vichystes fous de morale, de contrition et animés d'une étrange passion du sacrifice, eussent pu ouvrir eux-mêmes des camps d'extermination pourvu que les barbelés fussent made in France, les gardiens gaulois et le gaz tricolore.
Que ne ferait-on pas au nom du bien...
Surtout quand on bénéficie du soutien moral de la légalité.
Des années plus tard, en feuilletant Une éminence grise [11], la biographie très fouillée du Nain Jaune, une certitude m'a traversé. Si son biographe affûté - un type bien qui est de mes amis - a pu ne pas parler une seule fois de l'antisémitisme du Nain Jaune dans son texte, c'est de toute évidence que ses yeux ne se sont jamais posés sur des documents aussi hideux que ceux rangés dans ce classeur-là.
Peut-être est-ce là le boulot des petits-enfants ? Sortir de la glaciation, fissurer le silence. Et faire dérouiller les certitudes. Quand on écrit, trop tard n 'existe pas.
Le Zubial lui-même ne pouvait sans doute pas avoir une opinion sur Vichy. Ou seulement par instants fugitifs. Son psychisme entier s'était réfugié dans une logique qui excluait le réel. Fictionner la vie et la vivre follement demeurait son opium.
Que savait le Nain Jaune ?
Un seul de ses petits-enfants eut un entretien franc avec le Nain Jaune : ma demi-sœur Nathalie, de dix ans mon aînée. Les autres naquirent trop tard pour connaître ce privilège ; ou plutôt cette illusion de dialogue ; car ma grande sœur n'obtint ce soir-là que peu d'informations sur la quantité de morale que cet homme de bien avait mobilisée en lui pour collaborer avec les nazis, ostraciser les Juifs, spolier leurs biens. Et livrer leurs enfants.
1975, Vevey. Nathalie a vingt ans.
A la télévision, des images de la Shoah déboulent dans le téléviseur des Jardin ; comme si le passé était venu frapper à la porte du domicile suisse du directeur de cabinet de Pierre Laval. Plus de noir que de blanc heurte les rétines de ma sœur et fissure sa conscience. Une voix off associe le pire à Vichy, à l'action directe du patron du Nain Jaune. Tout cela lui perce le cœur. Courageuse, et saisie d'effroi, elle file rejoindre notre grand-père qu'elle aime comme un père. Ce soir-là, elle a besoin d'éclaircissements, voire de réponses difficiles ; car elle ne peut changer d'hérédité.
Dans sa bibliothèque personnelle du premier étage de la Mandragore - qui lui sert de chambre à coucher, - le Nain Jaune ne se dérobe pas. Homme de maîtrise, habitué aux débords de la vie, il allume une cigarette. Une Gitane cette fois, la guerre est finie et les Balto ne le tentent plus. Sur son bureau trône, dans un petit cadre ancien, la petite photo de Pierre Laval qu'il conserva jusqu'à sa mort ; ainsi qu'un portrait du maréchal Pétain fourbu de dignité. Le Nain Jaune adresse à Nathalie son regard le plus clair en se réfugiant dans une obscurité qui rappelle celle du Caravage ; cette lumière à peine tolérée qui n'éclaire que des êtres déjà morts. La partie qu'il engage avec l'aînée de ses petits-enfants est ardue. Cette fois, c'est lui qui a froid. D'instinct, il sent qu'il y joue infiniment plus que sa réputation sociale : sa postérité, la vraie, celle qui infusera longtemps encore dans le cœur des siens lorsqu'il aura quitté cette terre.
Que savait-il exactement du sort des déportés en 1942 ? La question biaisée est d'emblée posée par Nathalie ; biaisée car elle permet aussitôt à Jean de se défausser en affirmant, les larmes aux yeux, qu'il ne savait pas où les trains partaient. Il lui en donne sa parole ; ce qui, dans la bouche d'un homme comme le Nain Jaune, vaut signature. Comment aurait-elle pu mettre en doute la sincérité de son grand-père ? Sans trembler, Jean fait à Nathalie le coup de la sainte ignorance, très efficace, du « cela excédait ce que l'on pouvait imaginer ». Il murmure qu'à l'époque, à trente-huit ans bien tassés, il croyait déjà bien connaître l'Homme, ses cavités, jusqu'où il pouvait aventurer sa nocivité. Mais, compte tenu de ce que la vie avait logé dans son cerveau, impossible de penser l'impensable, de soupçonner l'incompréhensible.
Comme si le directeur de cabinet de Pierre Laval - qui se frottait quotidiennement aux représentants d'Hitler - avait pu s'illusionner sur la bienveillance des nazis à l'égard des Juifs. Qui peut croire de tels délires ? Comme si cet homme tout en alertes n'avait pas remarqué les très curieuses conditions de transport que le Reich réservait aux Juifs captifs. Comme si le fin politique qu'il était déjà, expert en lucidité, n'avait pas compris depuis des lustres que les paroles et les prophéties du Führer, ce cavalier de la violence, devaient être prises au pied de la lettre. Comme si le Nain Jaune, loin d'être un piéton sous-informé, n'avait pas eu un accès direct aux services secrets français et américains, aux rapports parfois très clairs de certains de nos agents - nous y reviendrons. Comme si Jean Jardin, si curieux de tout, n'avait jamais pu consulter comme tout un chacun les articles des correspondants du New York Times, terriblement lucides sur les massacres massifs perpétrés à l'Est au vu et au su de l'opinion publique de l'Europe orientale. Comme si l'ambassadeur de France à Berlin - André François-Poncet, saisi d'une combustion permanente et d'une ahurissante polygraphie - n'avait pas, avant-guerre, allumé tous les signaux d'alerte. Et décrit par le détail, en quarante volumes de correspondance fort peu diplomatique, la logique éliminationniste de ce régime d'un type parfaitement inédit. Comme si la déportation de vieillards et de gamins juifs dans de prétendus camps de travail à l'Est avait été crédible pour un esprit sensé qui, de surcroît, pouvait constater que le STO (Service du travail obligatoire institué en février 1942) n'expédiait en Allemagne que des gens en âge de travailler. Comme s'il n'avait pas été tout simplement absurde de vider la France d'une variété d'êtres humains n'ayant, au fond, guère de points communs. Comme si, surtout, le seul sujet de la déportation pouvait occulter tout le reste de la politique raciale que Jean avait contribué à mettre en œuvre ; et cela bien avant de servir directement Laval puisque le Nain Jaune avait été nommé, dès janvier 1941, chargé de mission auprès du cabinet d'Yves Bouthillier, ministre des Finances de Vichy, qui traitait de la révulsante aryanisation des entreprises juives. Autant dire un braquage d'Etat, le dépouillement légal et tatillon des enfants d'Israël réduits à la misère par la France officielle.
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