Сигизмунд Кржижановский - Fantôme
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- Название:Fantôme
- Автор:
- Издательство:Verdier
- Жанр:
- Год:2013
- ISBN:9782864326205
- Рейтинг книги:3 / 5. Голосов: 1
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— Tiens donc, dit Sklifski avec un sourire. Un petit instant. Je reviens.
De nouveau, on entendit le verre tinter contre le verre. Dans le bleu de l’aube qui suintait à travers la nuit, Sklifski voyait clairement – yeux contre yeux – le visage de l’intrus de la vie : des paupières immobiles, le front enfoncé par les cuillères du forceps, la fente de la bouche visqueuse.
— Alors, votre avis, demanda Sklifski en se penchant vers le trou de la bouche qui remuait de nouveau – les battements du sang dans ses tempes, de plus en plus forts, assourdissait les mots.
— Mon avis se réduit à ceci : vous autres, les humains, vous ne vous rencontrez jamais. Vous ne faites qu’être là et épier les rendez-vous des spectres. D’abord, vous vous inventez les uns les autres. Celui-ci aime toujours dans celle-là une autre, un fantôme qu’il apporte de l’extérieur à son bonheur à deux dos et à quatre bras. C’est pourquoi chaque celui-ci, avant de s’abandonner à l’étreinte, protège d’une manière ou d’une autre celle-là qui n’existe pas de celle-ci qui existe. Le procédé le plus vulgaire : la nuit. La plupart d’entre vous aime dans le noir lorsque vous pouvez revêtir le mannequin couché à côté de vous d’un corps des plus extraordinaires et ce corps, d’une âme des plus fantastiques : le fantasme des fantasmes. Vos vagues attouchements nocturnes n’injectent-ils pas de l’illusion dans le cerveau, ne plongent-ils pas la réalité vulgaire dans une préparation de rêve, comme… Bref : parce qu’on invente l’autre, celle-ci met au monde des enfants. Et si…
— Attends, attends, dit Sklifski en lui coupant la parole, quelque chose de ce genre est déjà venu se frotter à mon cerveau. Il m’est déjà arrivé de penser – comme ça, par hasard – que l’acte d’amour, vois-tu, est une naissance à l’envers : on est étrangement attiré par le lieu d’où on est sorti à l’aide d’une pince. Ce n’est rien d’autre. Je crois que je m’embrouille. Ma tête bourdonne.
Aussitôt, collant presque son visage à celui de Sklifski, Fifka se mit tout près de son oreille. Des taches noires dansaient autour des yeux du docteur dans le bleu de l’aube, l’air bourdonnait, étonnamment brûlant, mais il saisit à travers les taches et les bruissements :
— Non, non, il faut justement que tu m’écoutes jusqu’au bout. Il en reste un peu tout au fond de la bouteille. Ne le renverse pas. Donc. Où en étions-nous ? Je parlais de mon attitude pratique envers l’amour. J’ai déjà dit que toutes ces femelles faites de chair froissée m’étaient étrangères et me faisaient peur. Mais sous le toit de l’atelier, derrière sept tournants d’un escalier en colimaçon, j’ai trouvé ce dont j’avais rêvé plus d’une fois derrière la porte de mon réduit étriqué : là-haut, il y avait un lieu où des modèles étaient conservés comme dans des archives. J’en possédais la clé. Il était rare que quelqu’un monte cet escalier grinçant pour voir ces simulacres de carton. Mais il fallait être prudent. Je choisissais toujours la nuit pour mes rendez-vous secrets, ce moment où il n’y avait personne dans l’atelier et où toutes les portes étaient verrouillées. Alors, une bougie à la main, je montais les marches en spirale : une fois la porte ouverte, je voyais des rangées d’êtres féminins unijambistes qui offraient sans mot dire les cambrures et les rondeurs mortes de leur corps à la lumière de la bougie. Je passais devant sans les toucher. Au bout de la rangée, à gauche, près du mur m’attendait la mienne. Posant la bougie par terre, je m’approchais d’elle, poitrine contre poitrine. Le tendre galbe de ses hanches froides glissait sous mes doigts, les rondeurs vides de ses seins se frottaient contre ma poitrine. Son pied unique grinçait, pitoyable et sans défense, et il me semblait… Mais tu comprends, ce qui m’attirait sur ce fil de rasoir qu’est la volupté ce n’était même pas cela, mais l’idée : pour qu’une personne naisse, il faut que deux vivants s’aiment, mais pour qu’une personne meure, écoute bien, il faut que deux fantômes s’aiment. Et donc.
— Attends, attends… – Doublegens-Sklifski s’agrippa au mur et voulut se relever mais les taches noires, de plus en plus nombreuses, formèrent soudain une ombre. Donc, tu es venu chez moi pour…
Un bref mouvement de la bouche de Fifka apparut à travers les trouées dans l’obscurité, mais les taches devancèrent sa réponse : elles se rejoignirent et… On pourrait d’ailleurs se passer du « et », un point aurait suffi. Mais la tradition – qui ne commence ni ne finit avec moi – exige une sorte de dénouement littéraire, des références à des sources. Soit.
5
Le lendemain matin, les malades venus en consultation chez le docteur Doublegens-Sklifski, avec leurs hernies, leurs boutons et leurs abcès, attendirent longtemps en poussant des soupirs convenus et en jetant des regards en biais en direction de la porte : pas un bruit. Quelqu’un eut l’idée d’aller jusqu’à la fenêtre de la maisonnette où habitait le docteur, juste à côté : peut-être s’était-il endormi à moins qu’il ne fût parti. Après avoir regardé par la fenêtre une bonne minute, l’éclaireur fit des moulinets avec son bras comme appelant à l’aide. Un instant plus tard, plusieurs visages se collèrent à la fenêtre. La porte était entrouverte. Les gens entrèrent. Ils sentirent une odeur d’alcool et de sel de mercure. Le docteur gisait par terre, les mains toutes brûlées, la joue dans une flaque de sel de mercure à moitié évaporée. On le souleva : ses yeux étaient fermés, des inepties s’agitaient sur ses lèvres, tout son corps tremblait. Les patients se regardèrent et diagnostiquèrent un delirium tremens.
À vrai dire, il y a neuf ans, j’étais moi-même un patient du docteur Doublegens-Sklifski. Nous avions fait connaissance grâce à un éclat d’obus qui s’était enfoncé dans ma hanche. Le docteur Sklifski qui me soignait à l’époque, donnait l’impression d’un homme maussade qui fuyait la compagnie et les rencontres ; je ne pense pas qu’il se soit souvenu de moi dans les années qui ont suivi, mais moi, j’avais la mémoire plus longue : une sourde douleur, qui visitait de temps en temps ma vieille blessure mal soignée, entraînait toujours avec elle, sur les fils des associations, l’image du docteur Doublegens : un visage allongé, l’envol audacieux des sourcils, les lèvres cachées sous la moustache rousse pendante, une poignée de main rude et brève.
Tout récemment, en cherchant un nom dont j’avais besoin sur les listes de malades de l’un des hôpitaux moscovites, je tombai aussi sur un nom dont je n’avais pas besoin (ce que je crus sur le moment) : Doublegens-Sklifski. Après une hésitation, je décidai de passer voir le malade, d’autant plus que quelques portes seulement me séparaient de son lit. Sklifski me reconnut tout de suite, sa poignée de main était devenue plus douce et plus prolongée : ses yeux, enflammés et brillants comme chez tous les fiévreux non seulement ne me fuyaient pas, mais au contraire… En un mot : venu pour une minute, je restai deux bonnes heures jusqu’à ce que l’aide-soignante me chuchote à l’oreille qu’une longue conversation risquait de faire du mal au malade. Je sortis en promettant de revenir, car c’est justement durant cette visite que Doublegens-Sklifski avait commencé à me raconter sa rencontre avec le fantôme.
Lors de ma seconde visite, j’entendis la fin de l’histoire. Il est vrai que Sklifski, dont l’état s’était dégradé pendant les trois ou quatre jours où nous ne nous étions pas vus – ses yeux étaient comme entourés de cendres, son visage avait pris une teinte cireuse – parlait avec peine, par à-coups, perdant le fil, s’embrouillant. Malgré cela, une fois rentré, je me mis à écrire. Au début, mon récit avançait bien, mais ensuite, ma plume se heurta à des obstacles ici et là. Car nous autres écrivains, lorsque nous nous emparons d’un fait, nous le disséquons, nous y cherchons cette « ligne de correction » entre ce qui est et ce qui devrait être, pour reprendre les paroles du fantôme. Le coefficient de réalité du fait en question ne m’intéressait nullement : c’était la mauvaise construction du récit qui me désarçonnait. J’aurais voulu comprendre : l’humanisation progressive de Fifka, l’imperceptible glissement du fantomisme vers la téléologie, la transformation des causes en fins, était-ce inventé par Doublegens après coup ou bien donné de façon immédiate et inséparable du phénomène ?
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