Roger du Gard - Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]

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Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]: краткое содержание, описание и аннотация

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A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Après l'interminable agonie de leur père, Jacques, bouleversé, découvre que l'homme qu'il croyait dur et sans tendresse aimait ses fils. Dans cette famille en deuil, l'Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l'attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l'imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques…
Les Thibault,

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La voix, de nouveau, avait pris cette intonation chaude, prenante… Jenny fut soudain ressaisie par la peur. Elle se vit, seule avec Jacques, dans ce lieu écarté, nocturne. Elle ébaucha un mouvement pour se lever, pour fuir.

— « Non », dit-il, en faisant un geste autoritaire de la main. « Non, écoutez-moi. Jamais je n’aurais osé aller vers vous, après ce que j’ai fait. Mais, vous voici. Vous êtes là. Le hasard, depuis huit jours, nous a remis face à face… Ah ! si vous pouviez lire au fond de moi, ce soir ! Ça compte si peu, pour moi, en ce moment, mon départ, et ces quatre années, et même… — c’est monstrueux, ce que je vais dire, — et même toute la peine que j’ai pu vous faire ! Oui, tout ça compte si peu, auprès de ce que j’éprouve… Tout ça, pour moi, ce n’est plus rien, Jenny, plus rien, puisque vous êtes là, et que je vous parle enfin ! Vous ne pouvez pas deviner ce qui s’est passé en moi, l’autre jour, chez mon frère, quand je vous ai revue… »

« Et en moi ! » songea-t-elle involontairement. Mais, en cet instant, elle ne pensait à son trouble de ces derniers jours que pour condamner sa faiblesse, et la renier.

— « Tenez », dit-il, « je ne veux pas vous mentir, je vous parle comme à moi-même : il y a une semaine, je n’aurais sans doute pas osé dire que, pendant ces quatre ans, je n’avais pas cessé de penser à vous. Peut-être que je ne le savais pas. Je le sais maintenant. Maintenant, je comprends ce que je traînais en moi de si douloureux, toujours et partout : une nostalgie profonde, une blessure. C’était… C’était votre absence, mon regret de vous. C’était la mutilation que je m’étais faite, et que rien ne pouvait cicatriser. Je vois clair, maintenant, grâce à cette lumière qui s’est faite en moi, tout d’un coup, depuis que vous avez repris votre place dans ma vie ! »

Elle écoutait mal. Elle était tout étourdie. Le battement de ses artères faisait dans sa tête un bruit assourdissant. Autour d’elle, tout était flou et chancelait, les arbres, les façades des maisons. Mais, lorsqu’elle levait le front une seconde, et que ses yeux croisaient ceux de Jacques, elle parvenait à braver son regard, sans faiblir ; et son silence, son expression, son port de tête, semblaient dire : « Quand cesserez-vous de me faire tout ce mal ? »

Il continuait à parler, dans le silence sonore :

— « Vous vous taisez. Je ne devine pas vos pensées. Mais ça m’est égal. Oui, c’est vrai : ça m’est presque égal ce que vous pensez de moi ! tellement je sens que, si vous m’écoutez, je pourrai vous convaincre ! Est-ce qu’on peut nier l’évidence ? Tôt ou tard, tôt ou tard, vous comprendrez, je me sens la force, la patience, de vous reconquérir… Pendant toute mon enfance, mon univers a tourné autour de vous : je ne pouvais imaginer mon avenir que mêlé au vôtre — fût-ce malgré vous. Malgré vous, comme ce soir. Car vous avez toujours été un peu… sévère pour moi, Jenny ! Mon caractère, mon éducation, mes brusqueries, tout, en moi, vous déplaisait. Pendant des années, vous avez opposé à mes avances une espèce d’antipathie, qui me rendait plus gauche, plus antipathique encore ! Est-ce vrai ? »

« C’est vrai », songea-t-elle.

— « Mais, déjà en ce temps-là, ça m’était presque égal, votre antipathie… Comme ce soir… Est-ce que ça pouvait compter auprès de ce que j’éprouvais, moi ? auprès de ce sentiment si fort, si obstiné… et si naturel, si central, que, pendant bien longtemps je n’ai même pas su, ou pas osé, lui donner son vrai nom ? » Sa voix tremblait et devint haletante : « Rappelez-vous… Ce bel été… Notre dernier été à Maisons !… Est-ce que vous n’avez pas compris, cet été-là, qu’il y a une fatalité sur nous ? Et que nous ne lui échapperons pas ? »

Chaque souvenir réveillé en faisait lever d’autres, et la troublait si profondément qu’elle eut de nouveau la tentation de fuir, pour ne plus l’entendre. Et, cependant, elle écoutait, sans perdre une syllabe. Elle était aussi haletante que lui, et concentrait son énergie à maîtriser son souffle, pour ne pas se trahir.

— « Quand il y a eu, entre deux êtres, ce qu’il y a eu entre nous, Jenny — cette attraction, cette promesse, cet immense espoir — quatre ans, dix ans, peuvent passer, qu’importe ? Ça ne s’efface pas… Non, ça ne s’efface pas », reprit-il brusquement. Et, plus bas, comme une confidence : « Ça ne fait que croître et s’enraciner, sans même qu’on le sache ! »

Elle se sentit atteinte au plus intime, comme s’il venait de dénuder une place douloureuse, une plaie cachée, à peine connue d’elle-même. Elle renversa un peu la tête, et appuya sa main au banc, le bras raidi pour garder le buste droit.

— « Et vous êtes toujours la Jenny de cet été-là. Je le sens, je ne me trompe pas. La même ! Seule, comme autrefois. » Il hésita : « Pas heureuse… comme autrefois !… Et moi aussi je suis le même. Seul ; aussi seul qu’autrefois… Ah ! ces deux solitudes, Jenny ! Ces deux solitudes qui, chacune de leur côté, depuis quatre ans, s’enfoncent désespérément dans le noir ! Et qui, tout à coup, se retrouvent ! Et qui pourraient si bien, maintenant… »

Il s’interrompit une seconde. Puis, violemment :

— « Rappelez-vous ce dernier jour de septembre, quand j’ai rassemblé tout mon courage pour vous dire, comme ce soir : “Il faut que je vous parle.” Vous vous rappelez ? Cette fin de matinée, sur la berge de la Seine, avec nos bicyclettes dans l’herbe, devant nous ?… Comme ce soir, c’est moi qui parlais… Comme ce soir, vous ne répondiez pas… Mais vous étiez venue. Et vous m’écoutiez, comme ce soir… Je vous devinais consentante… Nous avions les yeux pleins de larmes… Et, quand je me suis tu, nous nous sommes séparés tout de suite, sans pouvoir nous regarder… Ah ! quelle gravité, dans ce silence ! Quelle tristesse ! Mais une tristesse rayonnante — rayonnante d’espoir ! »

Cette fois, un brusque haut-le-corps la redressa :

— « Oui… », s’écria-t-elle. « Et, trois semaines après !… »

La phrase s’acheva dans un hoquet étouffé. Mais inconsciemment, elle se servait de sa colère pour se masquer à ses propres yeux le vertige qui la gagnait.

Tout ce qui, jusque-là, subsistait en Jacques de crainte ou d’incertitude, venait d’être balayé d’un coup par ce cri de reproche, chargé d’aveu ! Une joie intense le souleva :

— « Ah ! Jenny », reprit-il, d’une voix qui tremblait, « cela aussi, ce brusque départ, il faudra bien que je vous l’explique… Oh ! je ne veux pas me chercher d’excuses. J’ai cédé à un coup de folie. Mais, j’étais si misérable ! Mes études, ma vie de famille, mon père !… Et autre chose aussi… »

Il pensait à Gise. Pouvait-il, dès ce soir ?… Il lui sembla qu’il avançait en tâtonnant le long d’un précipice. Il répéta, très bas :

— « Autre chose, aussi… Je vous expliquerai tout. Je veux être sincère avec vous. Totalement sincère. C’est si difficile ! Quand on parle de soi, on a beau faire, on ne dit jamais toute la vérité… Ces fugues, ce besoin de me libérer en brisant tout, c’est une chose terrible, c’est comme une maladie… J’ai aspiré, toute ma vie, au calme, à la sérénité ! Je m’imagine toujours que je suis la proie des autres ; que, si je leur échappais, je parvenais à recommencer, ailleurs, loin d’eux, une vie entièrement neuve, je l’atteindrais enfin, cette sérénité ! Mais, écoutez-moi, Jenny : je suis sûr, aujourd’hui, que s’il existe au monde un être qui pourrait me guérir, me fixer… — c’est vous ! »

Elle se tourna, une seconde fois, avec la même violence :

— « Est-ce que je vous ai retenu, il y a quatre ans ? »

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