Antoine de Saint-Exupéry - Courrier Sud
Здесь есть возможность читать онлайн «Antoine de Saint-Exupéry - Courrier Sud» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Классическая проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Courrier Sud
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 100
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Courrier Sud: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Courrier Sud»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Courrier Sud — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Courrier Sud», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
– Ce que je fais? J’écris des lettres toutes les nuits: je ne dors pas, j’ai des bougies. Mais lorsque le courrier m’arrive, tous les six mois, ça ne va plus comme réponse: je recommence.
Bernis monte fumer avec le vieux sergent sur la terrasse du fortin. Quel désert vide au clair de lune. Que surveille-t-il de ce poste? Sans doute les étoiles. Sans doute la lune…
– C’est vous le sergent des étoiles?
– Ne me refusez pas, fumez, j’ai du tabac. Je n’en avais plus pour le capitaine.
Bernis apprenait tout de ce lieutenant, de ce capitaine. Il eût pu redire leur unique défaut, leur unique vertu: l’un jouait, l’autre était trop bon. Il apprenait aussi que la dernière visite d’un jeune lieutenant à un vieux sergent perdu dans les sables est presque un souvenir d’amour.
– Il m’a expliqué les étoiles…
– Oui, fit Bernis, il vous les passait en consigne.
Et maintenant, il les expliquait à son tour. Et le sergent, apprenant les distances, pensait à Tunis aussi qui est loin. Apprenant l’étoile polaire, il jurait de la reconnaître à son visage, il n’aurait qu’à la maintenir un peu à gauche. Il pensait à Tunis qui est si proche.
«Et nous tombons vers celle-ci avec une vitesse vertigineuse…» Et le sergent se retenait à temps au mur.
– Vous savez donc tout!
– Non, sergent. J’ai eu un sergent qui me disait même: Vous n’avez pas honte, vous, un fils de famille si instruit, si bien élevé, de faire si mal les demi-tours?
– Eh! N’ayez pas honte, c’est si difficile…
On le consolait.
– Sergent, sergent! Ton falot de ronde…
Il montrait la lune.
– Connais-tu ça, sergent, cette chanson:
Il pleut, il pleut, bergère…
Il fredonna l’air.
– Ah! oui, je la connais: c’est une chanson de Tunis…
– Dis-moi la suite, sergent. J’ai besoin de m’en souvenir.
– Attendez voir:
Rentre tes blancs moutons
Là-bas dans la chaumière…
– Sergent, sergent, ça me revient:
Entends sous le feuillage
L’eau qui coule à grand bruit,
Déjà voici l’orage…
– Ah comme c’est vrai! fit le sergent.
Ils comprenaient les mêmes choses…
– Voici le jour, sergent, allons travailler.
– Travaillons.
– Passe-moi la clef à bougies.
– Ah! Bien sûr.
– Appuie ici avec la pince.
– Ah! commandez… je ferai tout.
– Tu vois, ce n’était rien, sergent, je vais partir.
Le sergent contemple un jeune dieu, venu de nulle part, pour s’envoler.
… Venu lui rappeler une chanson, Tunis, lui-même. De quel paradis, au-delà des sables, descendent sans bruit ces beaux messagers?
– Adieu, sergent!
– Adieu…
Le sergent remuait les lèvres, ne se devinant pas lui-même. Le sergent n’aurait pas su dire qu’il gardait au cœur pour six mois d’amour.
VII
«De Saint-Louis du Sénégal pour Port-Étienne: Courrier pas arrivé Saint-Louis stop. Urgence nous communiquer nouvelles.»
«De Port-Étienne pour Saint-Louis: Ne savons rien depuis départ hier 16 h. 45 stop. Effectuerons immédiatement recherches.»
«De Saint-Louis du Sénégal pour Port-Étienne: Avion 632 quitte Saint-Louis 7 h. 25 stop. Suspendez votre départ jusqu’à son arrivée Port-Étienne.»
«De Port-Étienne pour Saint-Louis: Avion 632 bien arrivé 13 h. 40 stop. Pilote signale rien vu malgré visibilité suffisante stop. Pilote estime aurait trouvé si courrier sur trajet normal stop. Troisième pilote nécessaire pour recherches échelonnées en profondeur.»
«De Saint-Louis pour Port-Étienne: D’accord. Donnons des ordres.»
«De Saint-Louis pour Juby: Sans nouvelles France-Amérique stop. Descendez urgence Port-Étienne.»
Juby.
Un mécanicien revient à moi:
– Je vous mets l’eau dans le coffre avant gauche, les vivres dans le coffre droit, à l’arrière une roue de secours et la boîte de pharmacie. Dix minutes. Ça va?
– Ça va.
Bloc-notes. Consignes:
«En mon absence rédiger les comptes rendus journaliers. Payer les Maures lundi. Embarquer sur le voilier les bidons vides.»
Et je m’accoude à la fenêtre. Le voilier qui nous ravitaille une fois par mois en eau douce se balance léger sur la mer. Il est charmant. Il habille d’un peu de vie tremblante, de linge frais tout mon désert. Je suis Noé visité dans l’arche par la colombe.
L’avions est prêt.
«De Juby pour Port-Étienne: Avion 236 quitte Juby 14 h. 20 pour Port-Étienne.»
La route des caravanes est marquée d’ossements, quelques avions marquent la nôtre: «Encore une heure jusqu’à l’avion de Bojador…» Squelettes pillés par les Maures. Repères.
Mille kilomètres de sable puis Port-Étienne: quatre bâtisses dans le désert.
– Nous t’attendions. Nous repartons tout de suite pour profiter du jour. L’un sur la côte, l’autre à vingt kilomètres, l’autre à cinquante. Nous faisons escale au fortin à cause de la nuit: tu changes d’appareil?
– Oui. Soupape en prise.
Transbordement.
Départ.
Rien. Ce n’était qu’un rocher sombre. Je continue à passer ce désert au laminoir. Chaque point noir est une faute qui me tourmente. Mais le sable ne roule à moi qu’un rocher sombre.
Je ne vois plus mes camarades. Ils sont installés dans leur part de ciel. Patience d’éperviers. Je ne vois plus la mer. En suspens sur un brasier blanc, je ne vois rien qui vive. Mon cœur bat: cette épave au loin…
Un rocher sombre.
Mon moteur: un grondement de fleuve en marche. Ce fleuve en marche m’enveloppe et m’use.
Souvent je t’ai vu replié, Bernis, sur ton espérance inexplicable. Je ne sais pas traduire. Il me revient ce mot de Nietzsche que tu aimais:
«Mon été chaud, court, mélancolique et bienheureux.»
J’ai les yeux fatigués de tant chercher. Des points noirs dansent. Je ne sais plus bien où je vais.
– Alors, sergent, vous l’avez donc vu?
– Il a décollé au petit jour…
Nous nous asseyons au pied du fortin. Les Sénégalais rient, le sergent rêve: un crépuscule lumineux mais inutile.
L’un de nous hasarde:
– Si l’avion est détruit… tu sais… presque introuvable!
– Évidemment.
L’un de nous se lève, fait quelques pas:
– Ça va mal. Cigarette?
Nous entrons dans la nuit: bêtes, hommes et choses.
Nous entrons dans la nuit, sous le feu du bord d’une cigarette, et le monde reprend ses vraies dimensions. À gagner Port-Étienne vieillissent les caravanes. Saint-Louis du Sénégal est aux confins du rêve. Ce désert, tout à l’heure n’était qu’un sable sans mystère. Les villes à trois pas s’offraient et le sergent armé pour la patience, le silence et la solitude sentait vaine une telle vertu. Mais une hyène crie et le sable vit, mais un appel recompose le mystère, mais quelque chose naît, fuit, recommence…
Mais les étoiles mesurent pour nous les vraies distances. La vie paisible, l’amour fidèle, l’amie que nous croyons chérir, c’est de nouveau l’étoile polaire qui les balise…
Mais la Croix du Sud balise un trésor.
Vers trois heures du matin, nos couvertures de laine deviennent minces, transparentes: c’est un maléfice de la lune. Je me réveille glacé. Je monte fumer sur la terrasse du fortin. Cigarette… cigarette… Ainsi j’atteindrai l’aube.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Courrier Sud»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Courrier Sud» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Courrier Sud» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.