Antoine de Saint-Exupéry - Courrier Sud

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«Un mur», pensait-il.

Les danseuses commencèrent leur jeu. Le pas des danseuses était élastique et l’âme du ballet leur prêtait une âme. Bernis aimait ce rythme qui les suspendait en équilibre. Un équilibre si menacé mais qu’elles retrouvaient toujours avec une sûreté étonnante. Elles inquiétaient les sens de toujours dénouer l’image qui était sur le point de s’établir, et au seuil du repos, de la mort, de la résoudre encore en mouvements. C’était l’expression même du désir.

Devant lui ce dos mystérieux, lisse comme la surface d’un lac. Mais un geste ébauché, une pensée ou un frisson y propagèrent une grande ondulation d’ombre. Bernis pensait: «J’ai besoin de tout ce qui se meut, là-dessous, d’obscur.»

Les danseuses saluaient, ayant tracé, puis effacé quelques énigmes dans le sable. Bernis fit un signe à la plus légère.

«Tu danses bien.» Il devinait le poids de sa chair, comme la pulpe d’un fruit, et c’était pour lui une révélation de la découvrir pesante. Une richesse. Elle s’assit. Elle avait un regard appuyé et quelque chose du bœuf dans la nuque rasée. Et c’était la jointure la moins flexible de ce corps. Elle n’avait point de finesse dans le visage, mais tout le corps en descendait et répandait une grande paix.

Puis Bernis remarqua ses cheveux collés par la sueur. Une ride creusée dans le fard. Une parure défraîchie. Retirée de la danse, comme d’un élément, elle semblait défaite et malhabile.

«À quoi penses-tu?» Elle eut un geste gauche.

Toute cette agitation nocturne prenait un sens. L’agitation des grooms, des chauffeurs de taxis, du maître d’hôtel. Ils faisaient leur métier qui est, en fin de compte, de pousser devant lui ce champagne et cette fille lasse. Bernis regardait la vie par les coulisses où tout est métier. Où il n’y a ni vice, ni vertu, ni émotion trouble, mais un labeur aussi routinier, aussi neutre que celui des hommes d’équipe. Cette danse même, qui rassemblait les gestes pour en composer un langage, ne pouvait parler qu’à l’étranger. L’étranger seul découvrait ici une construction mais qu’eux et elles avaient oubliée depuis longtemps. Ainsi le musicien, qui joue pour la millième fois le même air, en perd le sens. Ici, elles faisaient des pas, des mines, dans la lumière des projecteurs, mais Dieu sait avec quelles remarques. Et celle-ci uniquement occupée de sa jambe qui lui faisait mal et celle-là d’un rendez-vous – oh! si misérable! – après la danse. Et celle qui pensait: «Je dois cent francs…» Et l’autre peut-être toujours: «J’ai mal.»

Déjà s’était dénouée en lui toute sa ferveur. Il se disait: «Tu ne peux rien me donner de ce que je désire.» Et pourtant son isolement était si cruel qu’il eut besoin d’elle.

XIII

Elle craint cet homme silencieux. Quand elle s’éveille, la nuit, près du dormeur, elle a l’impression d’être oubliée sur une grève déserte.

«Prends-moi dans tes bras!»

Elle éprouve pourtant des élans de tendresse… mais cette vie inconnue fermée dans ce corps, ces rêves inconnus sous l’os dur du front! Couchée en travers de cette poitrine, elle sent la respiration de l’homme monter et descendre comme une vague et c’est l’angoisse d’une traversée. Si, l’oreille collée à la chair, elle écoute le bruit dur du cœur, ce moteur en marche ou cette cognée du démolisseur, elle éprouve le sentiment d’une fuite rapide, insaisissable. Et ce silence, quand elle prononce un mot qui le tire du rêve. Elle compte les secondes entre le mot et la réponse, comme pour l’orage – une… deux… trois… – Il est au-delà des campagnes. S’il ferme les yeux, elle prend et soulève cette tête lourde, comme celle d’un mort, des deux mains, ainsi qu’un pavé. «Mon amant, quelle désolation…»

Mystérieux compagnon de voyage.

Allongés l’un et l’autre et muets. On sent la vie qui vous traverse comme une rivière. Une fuite vertigineuse. Le corps: cette pirogue lancée…

«Quelle heure est-il?»

On fait le point: drôle de voyage. «O mon amant!» Elle se cramponne à lui, la tête renversée, les cheveux mêlés, tirée des eaux. La femme sort ou du sommeil ou de l’amour, cette mèche de cheveux collée au front, ce visage défait, retirée des mers.

«Quelle heure est-il?»

Eh! Pourquoi? Ces heures passent comme de petites gares de province – minuit, une heure, deux heures – rejetées en arrière, perdues. Quelque chose file entre les doigts que l’on ne sait pas retenir. Vieillir, cela n’est rien.

«Je t’imagine très bien, les cheveux blancs, et moi sagement ton amie…»

Vieillir, cela n’est rien.

Mais cette seconde gâtée, ce calme différé, un peu plus loin encore, c’est ceci qui est fatigant.

– Parle-moi de ton pays?

– Là-bas…

Bernis sait que c’est impossible. Villes, mers, patries: toutes les mêmes. Parfois un aspect fugitif que l’on devine sans comprendre, qui ne se traduit pas.

De la main, il touche le flanc de cette femme, là où la chair est sans défense. Femme: la plus nue des chairs vivantes et celle qui luit du plus doux éclat. Il pense à cette vie mystérieuse qui l’anime, qui la réchauffe comme un soleil, comme un climat intérieur. Bernis ne se dit pas qu’elle est tendre ni qu’elle est belle, mais qu’elle est tiède. Tiède comme une bête. Vivante. Et ce cœur toujours qui bat, source différente de la sienne et fermée dans ce corps.

Il songe à cette volupté qui a, en lui, quelques secondes battu des ailes: cet oiseau fou qui bat des ailes et meurt. Et maintenant…

Maintenant, dans la fenêtre, tremble le ciel. O femme après l’amour démantelée et découronnée du désir de l’homme. Rejetée parmi les étoiles froides. Les paysages du cœur changent si vite… Traversé le désir, traversée la tendresse, traversé le fleuve de feu. Maintenant pur, froid, dégagé du corps on est à la proue d’un navire, le cap en mer.

XIV

Ce salon en ordre ressemble à un quai. Bernis, à Paris, franchit avant l’heure du rapide des heures désertes. Le front contre la vitre, il regarde s’écouler la foule. Il est distancé par ce fleuve. Chaque homme forme un projet, se hâte. Des intrigues se nouent qui se dénoueront en dehors de lui. Cette femme passe, fait dix pas à peine et sort du temps. Cette foule était la matière vivante qui vous nourrit de larmes et de rires et maintenant la voici pareille à celle des peuples morts.

TROISIÈME PARTIE

I

L’Europe, l’Afrique se préparèrent à peu d’intervalle pour la nuit, liquidant çà et là les dernières tempêtes du jour. Celle de Grenade s’apaisait, celle de Malaga se résolvait en pluie. En quelques coins les bourrasques se cramponnaient encore aux branches comme à des chevelures.

Toulouse, Barcelone, Alicante ayant dépêché le courrier rangeaient leurs accessoires, rentraient les avions, fermaient les hangars. Malaga qui l’attendait de jour n’avait pas à prévoir de feux. D’ailleurs il n’atterrirait pas. Il continuerait, sans doute très bas, sur Tanger. Il faudrait, aujourd’hui encore, passer le détroit à vingt mètres, sans voir la côte d’Afrique, à la boussole. Un vent d’Ouest, puissant, creusait la mer. Les vagues écrasées devenaient blanches. Chaque navire à l’ancre, la proue au vent, travaillait, de tous ses rivets, comme au large. Le rocher anglais creusait à l’Est une dépression où la pluie tombait à pleins seaux. Les nuages à l’Ouest étaient remontés d’un étage. De l’autre côté de la mer, Tanger fumait sous une pluie si drue qu’elle rinçait la ville. À l’horizon, des provisions de cumulus. Pourtant, vers Larache, le ciel était pur.

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