Antoine de Saint-Exupéry - Courrier Sud

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Et soudain il lui apparut qu’il s’agissait encore d’une croisière et que toute sa vie s’était usée à tenter ainsi de fuir. Et le début du sermon l’inquiéta comme le signal d’un départ.

«Le royaume des Cieux, commença le prédicateur, le royaume des Cieux…»

Il s’appuya des mains au rebord large de la chaire… se pencha sur la foule. Foule entassée et qui absorbe tout. Nourrir. Des images lui venaient avec un caractère d’évidence extra-ordinaire. Il pensait aux poissons pris dans la nasse, et sans lien ajouta:

«Quand le pêcheur de Galilée…»

Il n’employait plus que des mots qui entraînaient un cortège de réminiscences qui duraient. Il lui semblait exercer sur la foule une pesée lente, allonger peu à peu son élan comme la foulée du coureur. «Si vous saviez… Si vous saviez combien d’amour…» Il s’interrompit, haletant un peu: ses sentiments étaient trop pleins pour s’exprimer. Il comprit que les moindres mots, les plus usés, lui paraissaient chargés de trop de sens et qu’il ne distinguait plus les mots qui donnent. La lumière des cierges lui faisait un visage de cire. Il se redressa, les mains appuyées, le front levé, vertical. Quand il se détendit, ce peuple remua un peu, comme la mer.

Puis les mots lui vinrent et il parla. Il parlait avec une sûreté étonnante. Il avait l’allégresse du débardeur qui sent sa force. Des idées lui venaient qui se formaient en dehors de lui, pendant qu’il achevait sa phrase, comme un fardeau qu’on lui passait, et d’avance il sentait monter en lui, confusément, l’image où il la poserait, la formule qui l’emporterait dans ce peuple.

Bernis maintenant écoutait la péroraison.

«Je suis la source de toute vie. Je suis la marée qui entre en vous et vous anime et se retire. Je suis le mal qui entre ne vous et vous déchire et se retire. Je suis l’amour qui entre en vous et dure pour l’éternité.

«Et vous venez m’opposer Marcion et le quatrième évangile. Et vous venez me parler d’interpolations. Et vous venez dresser contre moi votre misérable logique humaine, quand je suis celui qui est au-delà, quand c’est d’elle que je vous délivre!

‘O prisonniers comprenez-moi! Je vous délivre de votre science, de vos formules, de vos lois, de cet esclavage de l’esprit, de ce déterminisme plus dur que la fatalité. Je suis le défaut dans l’armure. Je suis la lucarne dans la prison. Je suis l’erreur dans le calcul: je suis la vie.

«Vous avez intégré la marche de l’étoile, ô génération des laboratoires, et vous ne la connaissez plus. C’est un signe dans votre livre, mais ce n’est plus de la lumière: vous en savez moins qu’un petit enfant. Vous avez découvert jusqu’aux lois qui gouvernent l’amour humain, mais cet amour même échappe à vos signes: vous en savez moins qu’une jeune fille! Eh bien, venez à moi. Cette douceur de la lumière: vous en savez moins qu’un petit enfant. Vous avez découvert jusqu’aux lois qui gouvernent l’amour humain, mais cet amour même échappe à vos signes: vous en savez moins qu’une jeune fille! Eh bien, venez à moi. Cette douceur de la lumière, cette lumière de l’amour, je vous les rends. Je ne vous asservis pas: je vous sauve. De l’homme qui le premier calcula la chute d’un fruit et vous enferma dans cet esclavage, je vous libère. Ma demeure est la seule issue, que deviendrez-vous hors de ma demeure?

«Que deviendrez-vous hors de ma demeure, hors de ce navire où l’écoulement des heures prend son plein sens, comme, sur l’étrave luisante, l’écoulement de la mer. L’écoulement de la mer qui ne fait pas de bruit mais porte les Îles. L’écoulement de la mer.

«Venez à moi, vous à qui l’action, qui ne mène à rien, fut amère…»

Il ouvrit les bras:

«Car je suis celui qui accueille. Je portais les péchés du monde. J’ai porté son mal. J’ai porté vos détresses de bêtes qui perdent leurs petits et vos maladies incurables, et vous en étiez soulagés. Mais ton mal, mon peuple d’aujourd’hui, est une misère plus haute et plus irréparable et pourtant je le porterai comme les autres. Je porterai les chaînes plus lourdes de l’esprit.

«Je suis celui qui porte les fardeaux du monde.»

L’homme parut à Bernis désespéré parce qu’il ne criait pas pour obtenir un Signe. Parce qu’il ne proclamait pas un Signe. Parce qu’il se répondait à lui-même.

«Vous serez des enfants qui jouent.

«Vos efforts vains de chaque jour, qui vous épuisent, venez à moi, je leur donnerai un sens, ils bâtiront dans votre cœur, j’en ferai une chose humaine.»

La parole entre dans la foule. Bernis n’entend plus la parole, mais quelque chose qui est en elle et qui revient comme un motif.

… J’en ferai une chose humaine.

Il s’inquiète.

«De vos amours, sèches, cruelles et désespérées, amants d’aujourd’hui, venez à moi, je ferai une chose humaine.

«De votre hâte vers la chair, de votre retour triste, venez à moi, je ferai une chose humaine…

Bernis sent grandir sa détresse.

«… Car je suis celui qui s’est émerveillé de l’homme…»

Bernis est en déroute.

«Je suis le seul qui puisse rendre l’homme à lui-même.»

Le prêtre se tut. Épuisé il se retourna vers l’autel. Il adora ce Dieu qu’il venait d’établir. Il se sentit humble comme s’il avait tout donné, comme si l’épuisement de sa chair était un don. Il s ‘identifiait sans le savoir avec le Christ. Il reprit, tourné vers l’autel, avec une lenteur effrayante:

«Mon père, j’ai cru en eux, c’est pourquoi j’ai donné ma vie…»

Et se penchant une dernière fois sur la foule:

«Car je les aime…» Puis il trembla.

Le silence parut à Bernis prodigieux.

«Au nom du Père…»

Bernis pensait: «Quel désespoir! Où est l’acte de foi? Je n’ai pas entendu l’acte de foi, mais un cri parfaitement désespéré.»

Il sortit. Les lampes à arc s’allumeraient bientôt. Bernis marchait le long des berges de la Seine. Les arbres demeuraient immobiles, leurs branches en désordre prises dans la glu du crépuscule. Bernis marchait. Un calme s’était fait en lui, donné par la trêve du jour, et que l’on croit donné par la solution d’un problème.

Pourtant ce crépuscule… Toile de fond trop théâtrale qui a servi déjà pour les ruines d’Empire, les soirs de défaite et le dénouement de faibles amours, qui servira demain pour d’autres comédies. Toile de fond qui inquiète si le soir est calme, si la vie se traîne, parce que l’on ne sait pas quel drame se joue. Ah! quelque chose pour le sauver d’une inquiétude si humaine…

Les lampes à arc, toutes à la fois, luirent.

XII

Des taxis. Des autobus. Une agitation sans nom, où il est bon, n’est-ce pas, Bernis, de se perdre? Un lourdaud planté dans l’asphalte. – Allons, dérange-toi! – Des femmes que l’on croise une fois dans sa vie: l’unique chance. Là-bas Montmartre d’une lumière plus crue. Déjà des filles qui s’accrochent. – Bon Dieu! Ouste!… – Là-bas d’autres femmes. Des Hispanos, comme des écrins, qui donnent à des femmes, même sans beauté, une chair précieuse. Cinq cents billets de perles sur le ventre, et quelles bagues! La chair d’une pâte de luxe. Encore une fille anxieuse: «Lâche-moi. Toi! je te reconnais, rabatteur, fous le camp. Laissez-moi donc passer, je veux vivre!»

* * * * *

Cette femme soupait devant lui, en robe du soir échancrée en triangle sur un dos nu. Il ne voit que cette nuque, ces épaules, ce dos aveugle où courent de rapides tressaillements de chair. Cette matière toujours recomposée, insaisissable. Comme la femme fumait une cigarette et, le menton au poing, courbait la tête, il ne vit plus qu’une étendue déserte.

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